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Pollution sonore...

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Le dimanche 10 juin 2007


Le bruit, souce d'inconfort



Le bruit vient de multiples sources : des motos, des autos, des climatiseurs et... des tondeuses à gazon.
Photo Robert Skinner, La Presse


Cécile Gladel

La Presse

Collaboration spéciale

Le vrombissement du moteur d'une moto vous réveille en sursaut la nuit. L'alarme d'une voiture met fin à une conversation. Le système de ventilation de l'entreprise voisine ronronne continuellement. Le voisin passe sa tondeuse au moment où vous dînez entre amis dans le jardin...


Devant la hausse des sources de bruit et en l'absence d'une réglementation québécoise, l'Ordre des orthophonistes et des audiologistes du Québec (OOAQ) lance son deuxième concours Villes et villages paisibles. Dans la lignée des Villes et villages fleuris.

Ce concours récompensera les municipalités québécoises qui ont fait un effort pour réduire le bruit sur leur territoire. L'objectif ? Sensibiliser la population et les gouvernements en attendant que le ministère de la Santé et des Services sociaux émette un avis public promis pour l'automne.

L'OOAQ veut inciter les municipalités à adopter des mesures pour diminuer le bruit. «Il y a toutes sortes d'actions que peuvent prendre les villes : campagne d'information, respect des règlements, politique d'achat de matériel non bruyant, etc. On souhaite, grâce à ce concours, publiciser toutes les idées novatrices. Cela pourrait faire boule de neige dans d'autres villes du Québec», explique Louis Beaulieu, président-directeur général de l'OOAQ.

«La pollution sonore affecte tout le monde dans toutes les sphères de la vie. Ce n'est pas très éloigné de la pollution atmosphérique. Le bruit pénètre le corps et l'âme», dit le président fondateur du Regroupement québécois contre le bruit, Patrick Leclerc.

Au Québec, chaque municipalité et arrondissement adopte ses propres règlements. Dans le Plateau-Mont-Royal, par exemple, trois règlements ont été institués depuis la création des arrondissements en 2001, s'ajoutant ainsi au règlement de la Ville de Montréal en vigueur depuis 1976, mais jamais révisé. Le dernier en date stipule que les machineries sur les toits (climatiseur, thermopompe) doivent respecter certaines exigences en matière de bruit.

«Ces règlements ont été adoptés parce que des citoyens se sont battus bec et ongles durant de nombreuses années», insiste Huguette Loubert, membre de l'Association des résidants du Plateau qui a rédigé le Code du bon voisinage.

Sauf que les règlements ne servent à rien si personne ne les fait respecter. Seulement deux inspecteurs du bruit sont assignés aux neufs arrondissements. «Cela prend plus de six mois pour avoir une évaluation d'un bruit qui nous dérange», se désole Mme Loubert.

Richard Larocque, de l'Institut national de la santé publique, considère en effet que les outils sont sur la table, mais inutilisés. «Si l'ensemble des règlements existants était appliqué, ce serait plus paisible», explique-t-il. Il donne l'exemple des motos et automobiles équipées de silencieux modifiés. «C'est interdit par le Code de la route.»

L'OOAQ espère que le concours leur donnera un petit coup de pouce comme l'an dernier. La municipalité de Val-Joli, dans les Cantons-de-l'Est, a remporté le prix d'excellence pour les mesures de réduction du bruit causé par les nombreux camions traversant la municipalité. Un exemple suivi par Tadoussac et La Tuque. Il s'agissait simplement d'installer des sonomètres en bordure de la route indiquant le nombre de décibels produits par les camions.

Une action qui devrait être suivie par de nombreuses autres, selon Gilles Perron, maire de Val-Joli. «Actuellement, tout le monde se renvoie la balle au gouvernement et personne ne fait rien. Les municipalités ont besoin d'aide pour agir», dit-il.

Par ailleurs, l'audiologiste et professeure de l'Université d'Ottawa, Chantal Laroche, estime que le meilleur règlement municipal serait celui de Repentigny, qui utilise la notion d'émergence comme en France. «Cette notion établit qu'un bruit ne doit pas dépasser d'un certain nombre de décibels le bruit de fond normal. En France, le bruit émergent ne doit pas dépasser 5 dB le jour et 3 dB la nuit», explique-t-elle.



Des solutions ?



«La clé sera toujours de contrôler le bruit à sa source», souligne Louis Beaulieu, ajoutant qu'il y a aussi une question de civisme.

Par ailleurs, la réglementation déficiente au Canada ainsi que le manque d'implication des manufacturiers sont montrés du doigt. «Il faut que nos gouvernements adoptent des règlements qui préviennent au lieu de guérir sans succomber au lobbying des manufacturiers qui clament que rendre leurs appareils plus silencieux leur coûtera trop cher. Pourtant, ils sont obligés de le faire pour la France, pourquoi ne le feraient-ils pas en Amérique du Nord ?» dit Chantal Laroche.

Cette dernière déplore aussi que les plans d'urbanisme des villes permettent la construction résidentielle aux abords des autoroutes, des quartiers industriels, des voies ferrées, etc.

«On ne fait pas de prévention, on développe. Je conseille toujours aux gens qui achètent une maison d'ouvrir les yeux, mais aussi les oreilles. Allez vous asseoir proche de la maison convoitée et écoutez.» Chantal Laroche espère qu'une politique nationale sur le bruit pourra un jour faire le grand ménage dans ce tintamarre.

http://www.cyberpresse.ca/article/20070610/CPACTUEL/706100589/6685/CPACTUEL

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Le dimanche 10 juin 2007


Ces bruits qu'on passe sous silence




Ça peut commencer de bonne heure, l'usage des écouteurs! Malheureusement, un nombre croissant de jeunes souffrent d'une perte auditive comparable à celle que l'on voit généralement chez les adultes.
Photo AP

Charles Meunier

La Presse

Collaboration spéciale

La pollution par le bruit, en dépit de louables efforts de sensibilisation, est laissée pour compte. Pourtant, ce ne sont pas les raisons qui manquent de s'en préoccuper.

De la grossesse à l'âge adulte, le bruit cause des dommages à la santé des êtres humains et vraisemblablement des animaux. Certains sont connus alors que d'autres, tout aussi pernicieux, sans jeu de mots, sont passés sous silence. Il ne faut pas oublier non plus les conséquences du bruit que l'on soupçonne et qui font actuellement l'objet de travaux de recherche destinés à les évaluer avec précision.

Le bruit est dangereux sur le plan physiologique et psychologique et ses manifestations nous rejoignent dans la quasi-totalité de nos activités. Comme le précise Chantal Laroche, audiologiste et professeure titulaire à l'Université d'Ottawa, c'est là le danger: «On finit par croire que le bruit que l'on supporte est normal. À telle enseigne que même les constructeurs ne voient aucun problème à justifier le vacarme que font leurs machines. Ils affirment que ce sont leurs clients qui veulent du bruit. Un peu comme si la performance d'un engin était directement proportionnelle au bruit qu'il produit. Derrière tout cela, il y a une question d'insouciance chez ceux qui font du bruit et ceux qui le subissent, quoique ces derniers commencent à élever la voix et à marquer des points, notamment sur le plan juridique.» Fait à noter, Chantal Laroche sait fort bien de quoi elle parle. Elle fut témoin experte dans la cause qui a opposé un groupe de citoyens membres de la Coalition pour la protection de l'environnement du parc linéaire Le P'tit Train du Nord aux motoneigistes et aux municipalités concernées.

L'oreille cassée

Sans entrer dans le détail de l'anatomie et du fonctionnement de l'oreille, il convient d'insister sur le fait que c'est un organe fragile qui s'use avec le temps et le bruit. Une oreille compte environ 15 000 cellules recouvertes de cils microscopiques qui transforment la pression sonore en influx électriques qui sont acheminés au cerveau. La perte de ces cellules sensorielles est irréversible.

Quand la pression sonore est trop grande, les cellules auditives sont surchargées. Elles peuvent endurer un certain stress, mais elles seront gravement atteintes si le bruit est fort, l'exposition longue et fréquente. Nous sommes ici en présence de deux considérations fondamentales: la force du bruit et sa durée.

Un exemple: le iPod. Comme le fait remarquer Tony Leroux, audiologiste et professeur à l'École d'orthophonie et d'audiologie de l'Université de Montréal: «Ce n'est pas le fait d'avoir la source sonore à proximité du tympan qui pose problème. Un concert rock produira des sons encore plus puissants. C'est le temps d'utilisation. Une étude menée dans les années 90 sur les baladeurs a révélé qu'ils étaient utilisés jusqu'à 38 heures par semaine. Rien n'indique que les iPod le soient moins, d'autant plus que l'autonomie de leurs piles est beaucoup plus longue que celle des baladeurs de la précédente génération. Et comme les iPod sont souvent utilisés dans des lieux publics, bruyants par définition, on augmente le volume.»

Or, selon les experts de l'oreille, écouter de la musique à plus de 95 décibels, c'est-à-dire au-delà de la norme fixée à 75 décibels durant huit heures par l'Organisation mondiale de la santé, augmente de beaucoup les risques. C'est comme avoir une tronçonneuse en marche dans les mains. «À cette intensité, rappelle Tony Leroux, on ne devrait pas dépasser 15 minutes d'exposition par jour.» Voilà qui donne la mesure du danger auquel s'exposent les amateurs de iPod qui sont accrochés à leur appareil plusieurs heures durant.

À ce chapitre, on constate que de plus en plus de jeunes souffrent d'une perte auditive comparable à celle que l'on associe généralement aux adultes qui ont travaillé durant de nombreuses années dans des milieux bruyants. Cette donnée vaut tout autant pour le Québec que pour le reste du Canada.



Principales causes et méfaits



Les sources de pollution par le bruit, à vrai dire, ne se comptent plus tellement elles sont nombreuses. Chantal Laroche énumère les principales: «Les moyens de transport, y compris les véhicules récréatifs, l'industrie et même le milieu scolaire, que l'on oublie parfois, où élèves et enseignants sont touchés. Diverses études européennes et américaines ont d'ailleurs démontré que les enfants qui fréquentent les écoles fortement exposées au bruit accusent des déficits d'attention, de concentration et, par conséquent, de performance.»

Les effets sur la santé de l'oreille sont pour la plupart connus. Même en sachant que nous devenons de plus en plus sourds en vieillissant et que c'est là un processus normal, on constate que, de plus en plus, la perte d'audition survient bien avant la soixantaine. Nous savons également que la pollution par le bruit nuit au cœur. Sous l'effet d'une agression sonore, le cœur bat plus vite et la tension artérielle augmente subitement. Les perturbations du sommeil font également partie des effets néfastes du bruit sur la santé. À cela, il faut ajouter une variété de conséquences psychologiques qui vont de l'agressivité subite et inexplicable à l'épuisement professionnel.

Comme le fait remarquer Martine Gendron, coordonnatrice du Laboratoire d'études sur l'audition de l'Université de Montréal: «Lorsque le bruit ambiant devient trop fort et qu'il perdure, notre corps se met en mode vigilance, comme si un danger était imminent et que nous allions devoir nous défendre contre une agression. Le rythme cardiaque augmente, la respiration se fait plus rapide. Le corps ne peut pas résister indéfiniment et impunément à cette tension, il s'épuise et divers problèmes de santé peuvent apparaître.»

Il ne faudrait pas non plus oublier que le bruit tue. «Il est faux de prétendre que le bruit ne tue pas, affirme Tony Leroux. Dans la dernière décennie, on a répertorié entre 20 et 30 accidents mortels attribuables à un bruit ambiant élevé qui avait empêché les victimes d'entendre les véhicules s'approcher.»

Le remède pour contrer les effets du bruit sur la santé est fort simple: il consiste à réduire le volume du son dans toutes nos activités, à diminuer le temps d'exposition aux bruits polluants et à renouer avec la tranquillité et le silence.

http://www.cyberpresse.ca/article/20070610/CPACTUEL/706100583/6685/CPACTUEL

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