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Animal

Pour le foie gras

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RAPPEL-

Le samedi 16 décembre 2006

MARIE-CLAUDE LORTIE

Pour le foie gras


Marie-Claude Lortie

La Presse


Je sais que je vais recevoir une tonne de lettres et d’appels de défenseurs des droits des animaux. On va m’accuser de cruauté envers les canards, de luxe inutile, de décadence gastronomique et je ne sais quoi.

Mais vous ne me convaincrez pas.

Je suis pour le foie gras.

Parce que c’est délicieux. Et parce qu’au Québec, c’est un produit local, ce qui est tout un privilège, me soulignait hier le chef Martin Picard.

Oui, il faut gaver les canards pour que leur foie grossisse. Mais sachant que ça dure à peine trois secondes, deux fois par jour, pendant moins d’un mois, vous ne me ferez pas pleurer. Surtout si c’est fait dans les règles de l’art, par des producteurs qui savent ce qu’ils font, comme c’est le cas au Québec.

Cela dit, si vous n’aimez pas le foie gras, si vous êtes végétarien ou végétalien ou macrobiote, grand bien vous fasse. Et si c’est la purée de tofu à l’huile de chanvre qui vous fait plaisir à Noël, tant mieux.

Mais ne venez pas jouer dans mon assiette. On s’entend?

Non, on ne s’entend pas. Parce que vous voulez m’obliger à ne plus manger de foie gras. Même si c’est un produit qu’on achète très rarement, vu le prix.

On apprend aujourd’hui dans l’article de Stéphanie Bérubé (à la une) que des anti-foie gras font pression sur certains commerçants, dont Costco, pour qu’ils n’en vendent plus.

Vous savez quoi? Ils leur font bien plaisir à ces gros commerçants. Ils sont même probablement morts de rire. Parce que tant qu’on leur parle de foie gras, on ne leur parle pas de toutes les cochonneries industrielles venues d’on ne sait jamais trop où, qu’ils écoulent jour après jour après jour…

Notre foie gras est un bon produit local naturel. Il ne fait que quelques kilomètres avant d’arriver dans notre assiette. On sait qui nourrit les volailles, d’où vient le maïs. Un peu plus, et on aurait des surnoms pour les oiseaux.

Pour être sûre, j’ai fait une petite visite impromptue à quelques canards, chez la famille François, à Rougemont. On est loin des conditions industrielles affreuses dans lesquelles grandissent les poules, dont les œufs sont vendus allègrement par les grandes chaînes.

Le vrai scandale, ce sont les céréales de couleur fluo, le yaourt bleu lave-glace, les boissons sans l’ombre d’un fruit et les tonnes d’autres produits qui n’ont jamais touché aucun terroir et qu’on vend dans les grandes chaînes commerciales, pour les enfants.

Ça, c’est vraiment révoltant.

http://www.cyberpresse.ca/article/20061216/CPACTUEL/61215004&SearchID=73266183959835

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Le Jeudi 12 Juillet 2007

Foie gras: la bataille est ailleurs.

Marie-Claude Lortie

Je l’ai déjà dit et je le répète, je n’arrive pas à comprendre le sens des valeurs des militants extrêmes pour les droits des canards.

Ils s’inquiètent du sort de ces petites bêtes alors que la guerre fait rage en Irak, que les petites filles se font exciser en Afrique, que la démocratie se fait baillonner en Chine.

Ils s’inquiètent du sort des canards alors que des écosystèmes entiers sont en péril à cause de la pollution et des changement climatiques, que les lacs québécois sont empoisonnés aux algues bleues, que le Groenland est en train de fondre.

Ils s’inquiètent de la présence de foie gras dans un nombre infiniment petit d’assiettes alors que des dizaines de millions de personnes mangent à tous les jours de la bouffe industrialisée remplie de produits chimiques et additifs de toutes sortes, qui, entre autres choses, nous pollue, décime notre patrimoine agricole et est en train de nous aliéner complètement de tout ce qu’il y a de naturel dans l’acte de manger.

Non, eux, ce qui les tourmente, c’est le traitement que l’on réserve aux petites bêtes qui leur rappellent le petit coin-coin Arthur de leurs contes d’enfance, ces êtres aux yeux noirs et ronds, si doux, comme des personnages de manga. Que des vers de terre soient coupés en quatre et accrochés vivants à des hameçons tous les jours par des pêcheurs, ça, ce n’est pas grave. Les vers ne sont pas assez attachants. Mais des canards ? Ah, les canards. C’est Saturnin, c’est Donald, c’est Caliméro ou le Vilain petit canard. Comme les blanchons, ils sont trop mignons. Ils ont droit au respect et même à notre affection.

Malgré mon exaspération, je ne crois pas qu’il faille complètement manquer d’humanité envers les bêtes et en ce sens, il est correct que cette histoire concernant les canards d’Élevages du Périgord ait été rendue publique. Cette entreprise vient de recevoir des investissements importants — de la Société générale de financement, notamment — et peut-être que la pression de la croissance fait qu’on y tourne les coins ronds ? Qui sait ? Les dirigeants ont très bien répondu en condamnant les gestes que l’on voit dans la vidéo tournée par les militants anti-foie-gras et en prenant tout de suite des mesures contre les employés visés. La vidéo montre en effet assez clairement la présence d’individus manquant sérieusement de jugement.

Et il était peut-être bon que cette sonnerie d’alarme se fasse entendre pour assurer que la production de foie gras au Québec reste à une échelle où on peut, justement, prendre le temps de bien faire les choses pour que les canards soient traités le mieux possible.

Reste, comme le disait Isabelle François des Champs d’Élisé, un autre producteur de Montérégie, que les canards doivent mourir, à un moment dans le processus. Et l’acte de tuer n’est jamais poétique.

Reste aussi que les canards qui sont là sont élevés pour être mangés. On n’est pas dans Bambi.

Si vous allez sur Youtube voir la vidéo, profitez-en pour regarder tous les autres films tournés dans toutes sortes d’autres élevages industriels par des militants contre la cruauté envers les animaux. Et vous verrez que des problèmes, il y en a d’immenses, dans des secteurs agro-alimentaires qui visent pas mal plus de consommateurs que le foie gras.

Les vraies batailles, que ce soit pour l’humanité en général ou l’agro-alimentaire en particulier, sont ailleurs.

Pourquoi ces militants ne vont-ils pas voir les élevages de boeuf américains qui servent aux chaînes de fast-food ? De poulet ? D’oeufs ?

La première bataille doit viser l’industrialisation à outrance, les antibiotiques, les hormones, les moulées douteuses qui pavent la voie à la vache folle. Parce que cette viande là, au moins, des millions de gens en mangent.

Le foie gras, c’est marginal. Très peu de gens en consomment, très peu souvent. S’attaquer à ça, c’est se donner faussement bonne conscience tout en manquant complètement le vrai bateau. C’est perdre son temps alors qu’il y a des problèmes criants ailleurs.

Défenseurs des droits des canards, vous n’avez vraiment pas de quoi être fiers.

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http://blogues.cyberpresse.ca/lortie/?p=170

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