Animal 0 Posté(e) le 31 août 2007 Août 2007- Grande convoitise pour les singes de Maurice Les méthodes d’élevage scientifiques des singes ont fait de Maurice une référence en la matière. Le nombre des singes exportés ne fera qu’augmenter dans les années prochaines car le business est aussi assez juteux. Mary-Ann et Owen Griffiths dans leur élevage de singes où toutes les précautions sont prises pour éviter la contamination. Nazir Jaffar a le bout de l’auriculaire de la main droite presque sectionné. Une profonde cicatrice témoigne de la férocité de la morsure dont il a été victime. «Les dents des singes sont extrêmement coupantes. Malgré tout mon expérience, je me suis fait mordre», dit cet homme de 33 ans qui place depuis voilà plusieurs années des pièges à singe dans la nature, à Midlands et dans la région de Montagne-Blanche. Le business lui rapporte gros. «J’ai construit plus de la moitié de ma maison avec l’argent obtenu de la vente des singes que je capture», affirme-t-il. Et il ne compte pas abandonner malgré certaines déboires. «Souvent, on me vole mes pièges avec les singes qui s’y trouvent. L’autre jour, j’avais oublié de nourrir les singes capturés. Ils se sont battus à l’intérieur des cages et quand j’ai ouvert, j’ai été mordu et ils se sont enfuis.» Debout fièrement devant une cage contenant six singes, dont une guenon et ses petits, Jaffar dit qu’il a placé une quinzaine de pièges dans différentes régions du centre de l’île. Il part chaque jour à bicyclette vers 4 heures du matin pour vérifier ses pièges et enlever les animaux pris. Il embarque alors les singes capturés dans des sacs en jute (bal gouni) pour les transporter chez lui. Méthode artisanale qui lui a valu des morsures. Mais l’affaire rapporte gros. Environ Rs 1 000 minimum par singe à Jaffar. Mais ce que Jaffar ne sait pas, ce que des éleveurs payent cash entre Rs 3 000 à Rs 6 000 par singe, dépendant de l’état et l’âge de l’animal. Et le prix de l’animal à l’exportation : «A few thousand dollars», nous dit un exportateur qui ne veut pas préciser les chiffres. Mais on sait que les trois exportateurs de singes du pays donnent 70 dollars au National Park pour chaque singe exporté. Ainsi, le National Park obtient en moyenne Rs 12 millions chaque année avec l’exportation des singes. Le commerce des singes est donc devenu un marché juteux. Et des éleveurs se bousculent en ce moment aux portillons, car le singe mauricien est en ce moment très recherché par les laboratoires étrangers. Un laboratoire américain n’a-t-il pas payé cash Rs 500 millions pour acheter 40 % de l’actionnariat Noveprim, l’élevage de singes du groupe mauricien CIEL l’année dernière ? Depuis cet événement, le gouvernement s’est retrouvé devant deux demandes de permis pour des fermes d’élevage de singes. C’est, paraît-il, la méthode d’élevage qui a fait de Maurice une référence en la matière et donné lieu à une ruée pour les macaques du pays. Un environnement nickel et aseptisé Ce marché juteux donne aussi lieu à des braconniers en tous genres. Ils sont ainsi plusieurs milliers à travailler dans l’ombre, loin du regard des autorités avec leurs «bal gouni». Les éleveurs, eux, ont préféré jusqu’ici travailler dans le secret le plus total. La ferme Bioculture des Griffiths a cependant levé le rideau. «Nous jouerons maintenant la transparence», dit Owen Griffith. La raison de ce revirement se trouve dans le fait qu’une photo montrant un singe ensanglanté dans une cage circule en ce moment sur Internet. «Regardez comment ils traitent les singes à Maurice», dit en substance la légende accompagnant l’horrible photo. Owen Griffith affirme que cette photo ne montre pas un singe venant de Maurice. Selon lui, ce primate a été exporté d’un des pays asiatiques qui élèvent et exportent en masse des singes, sans trop se soucier des normes. Mais à Maurice, le monde des éleveurs accrédités surprend le visiteur par sa propreté et l’absence totale des odeurs qu’on s’attend à trouver dans un tel lieu. Un environnement nickel, aseptisé et javelisé où tous ceux qui entrent, doivent porter masque et bottes pour éviter de contaminer les singes en cage. «Les singes asiatiques sont porteurs du virus de l’herpès, ce qui n’est pas le cas des singes de Maurice. Nous traitons nos singes pour toutes les infections mineures qu’ils auraient pu contracter dans la nature et nous prenons d’énormes précautions pour éviter des contaminations ici dans les cages», dit Mary-Ann Griffiths. Et les précautions ne concernent pas uniquement la contamination. Beaucoup de soins et de recherches pour éviter que les guenons ne s’engraissent pas trop dans les cages, qu’elles allaitent bien leurs petits, que chaque groupe soit constitué d’un mâle dominant séparé des autres dominants, que lors des exportations, des singes du même groupe se trouvent dans les mêmes cages. «Si ou mette deux mâles dans même la cage, zotte pou laguere et blese zotte», nous avait expliqué Nazir Jaffar. Narain L… de Chemin-Grenier, qui a vu des mâles nouvellement capturés s’entretuer dans une cage confirme. Là, on se rend compte que ne pourra être éleveur de singes qui le veut. L’investissement n’est pas tout, car on n’élève pas des singes comme on élève des poulets. «Le choix des singes pour les différentes cages, les aménités placées dans ces cages se fait avec l’aide d’un expert en comportement des primates qui travaille à plein temps chez nous», dit Owen Griffiths. «Et l’alimentation est calculée sur des bases scientifiques, parce que ces singes ne bougent pas autant que dans la nature», explique Mary-Ann Griffith qui précise qu’elle n’a pas recours à des trappeurs indépendants pour capturer des singes pour son élevage. Maurice a, en ce moment, 14 000 singes en élevage, contre 100 000 en Chine. L’île exporte environ 7 000 singes annuellement alors qu’on estime que la population de ces macaques dans la nature est d’environ 60 000. On doit s’attendre à une multiplication de cette exportation avec la réputation que se fait Maurice. Et une multiplication de braconniers en tout genre qui échappent à tout contrôle en ce qui concerne la capture et l’alimentation de ces macaques avant la vente. Air Mauritius ne transporte plus les singes Les mouvements de défense et les sociétés protectrices des animaux sont si actifs que les gouvernements étrangers, les laboratoires et les compagnies mêlées de près ou de loin prennent des précautions. Ainsi Air Mauritius a cessé de transporter les singes des éleveurs mauriciens à la suite des pressions des groupes britanniques. Les importateurs des singes vérifient eux-mêmes avant d’importer pour éviter qu’on vienne manifester devant leurs locaux.« Nous exportons vers les états-Unis et la Grande-Bretagne. Le gouvernement britannique et les laboratoires délèguent régulièrement des inspecteurs pour constater de visu les conditions d’élevage. Les Britanniques viennent d’annuler l’accréditation de la Chine qui a environ 100 000 singes d’élevage. La Chine ne peut plus exporter vers la Grande-Bretagne et cherche aujourd’hui à copier la méthode d’élevage de Maurice », explique Owen Griffiths. Rs 40 millions pour une ferme « Pour mettre sur pied une ferme pouvant élever environ 1 500 singes, il faut investir entre Rs 30 à 40 millions », explique Owen Griffiths, directeur de Bioculture qui est un des plus importants éleveurs et exportateurs de singes à Maurice. Ces singes seront vendus aux éleveurs qui ont des permis pour l’exportation de ces animaux vers des laboratoires américains et européens. De fait, la plupart des laboratoires exigent des singes d’élevage uniquement et non des singes capturés dans la nature. Nazir Jaffar, le trappeur de singes devant ses cages. Raj JUGERNAUTHhttp://www.lexpress.mu/display_article.php?news_id=48024 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites