Quelques années déjà et pourtant...
Nous sommes venus au refuge, mais il n'était pas question d'adoption.
On t'a vu couchée dans un coin. Tu m'impressionnais un peu, grosse Margot. Je préférais garder mes distances, même si tu étais en liberté. Un matin de naples, ça a quand même une sacrée tête! On a pensé à toi tout le week-end, alors qu'on ne t'avait même pas carressé. Sans doute étions nous même passés innaperçus pour toi. Aprés trois ans de refuge, tu ne devais plus préter attention aux visiteurs.
Et finalement, voilà, on est venu te chercher! Nous sommes passés devant toi, sans te toucher. Tu te faisais dorer au soleil devant l'entrée. On s'est installé à une table pour remplir les papiers. Et soudain, mon conjoint se retrouve avec ta grosse tête sur ses cuisses. Tu l'avais senti qu'on était là pour toi! ça nous a fait tout bizarre.
Tu avais déjà 8 ans, du mal à marcher, des escarts un peu partout, plus trop de dents, tu étais incontinente, des yeux tout verts de saleté et un ventre qui gonflait au moindre stress. Mais nous on te trouvait belle! Au moment du départ pour la maison, tu t'es presque mise à courir. Et tu es montée toute seule dans la voiture! Quelques semaines plus tard, tu sentais bon le shampoing, les larmes artificielles te donnaient un beau regard tout marron, et tu ne faisais plus pipi sur toi. On te forçait à faire du sport avec ton copain beauceron Hugo qui vivait chez nous aussi. Et tu courrais presque! Sur quelques mêtres mais tu courrais quand même, et tu jouais aussi!
Quand quelqu'un s'approchait, tu te collais à moi. Pas parce que tu avais peur! Mais tu me protégeais! Tu étais une vieille chose horrible aux yeux de tous. Mais le simple fait de soulever une babine faisait fuir n'importe quel chien qui s'approchait de toi. Tu avais la classe Margotine.
Le soir, on devait monter le son de la télé à cause de tes ronflements. Et Hugo ne pouvait plus dormir dans son panier car, avant chaque dodo, tu aller y déposer toute la bave que tu pouvais semer. Du coup il se couchait dans ton lit rose. Et toi tu allais te coucher sur lui....le pauvre.
On en a eu des fous rires avec toi. Des inquiétudes aussi. Ton ventre qui gonflait sans cesse, ça on ne pouvait rien y faire. Les dilatations de l'estomac, ça ne se soigne pas. On t'a sauvé une fois, suite à un retournement d'estomac. Mais est venu le jour où les dilatations l'ont fait se perforer.
Tu t'es endormie dans la voiture. On t'emmenait chez le vétérinaire pour abréger tes souffrances. Merci d'être partie comme ça.
On se console en se disant que tu auras été heureuse 8 mois avec nous. La vie ne t'avait pas fait de cadeau avant. Mais 8 mois, c'est quoi sur 8 ans? Plusieurs chiens ont partagé ma vie. Je n'ai jamais eu de préférence. les animaux qui partagent ma vie, je les aime simplement. Mais ta perte est la plus douloureuse. Car 8 mois, c'est rien. A chaque fois qu'on parle de toi, je souris, car je n'ai que de bons souvenirs. Mais ma gorge se sert malgré tout.
J'espère que tu es bien là où tu es maintenant, avec Hugo sans doute qui nous a quitté deux ans plus tard. On pense à vous.