Symbole de nos jardins, le hérisson est un précieux allié : il se nourrit d’insectes, de limaces et de chenilles, contribuant ainsi à l’équilibre naturel.
Pourtant, il compte parmi les espèces les plus fragilisées d’Europe. Chaque hiver, beaucoup ne parviennent pas à hiberner dans de bonnes conditions. La cause ? Le manque d’abris naturels, la tonte excessive, les clôtures infranchissables et les dangers de la route.
L’hiver, son métabolisme ralentit : il entre en hibernation pour économiser son énergie. Mais pour survivre à cette période critique, il a besoin d’un refuge sûr, d’un peu d’eau… et d’un jardin accueillant.
Selon la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux), le hérisson est une espèce en fort déclin, notamment à cause de la fragmentation des habitats et des pratiques de jardinage trop “propres”.
Pour le protéger, plusieurs associations françaises se sont réunies au sein du Collectif des Centres de Soins du Hérisson d’Europe, qui œuvre pour la sauvegarde de l’espèce. Ce collectif est notamment à l’origine du Guide de l’Ami du Hérisson, une référence précieuse pour apprendre les bons gestes à adopter.
Offrir un abri sûr et confortable
En principe, le hérisson sait construire un nid à partir de feuilles et de branchages. Mais dans les jardins trop “propres”, il peine à trouver le bon matériau ou un endroit abrité.
Le Collectif des Centres de Soins du Hérisson d’Europe recommande donc de lui proposer un abri, naturel ou fabriqué. Voici quelques idées :
- un tas de bois et de feuilles mortes dans un coin calme ;
- une cagette retournée recouverte de feuillage ;
- une alcôve de parpaings et planches le long d’un mur ;
- ou une petite cabane en bois (faite maison ou achetée).
La cabane idéale est :
- spacieuse et bien isolée,
- équipée d’un tunnel d’entrée ou d’une chicane contre le vent et les prédateurs,
- en bois non traité, avec une entrée de 10 à 12 cm,
- placée à l’abri du soleil direct, du vent et de la pluie.
Astuce “Les Ptits Kipik” (association nationale pour la protection des hérissons) : ajoutez une bonne couche de feuilles mortes ou de paille par-dessus l’abri pour renforcer l’isolation.
Avant de brûler un tas de feuilles ou de déplacer du bois, vérifiez toujours qu’un hérisson ne s’y est pas installé !
Crédit photo : ©Les P'tits Kipik
Fournir de l’eau toute l’année
On pense souvent à donner de l’eau l’été, mais c’est tout aussi essentiel en hiver. Les hérissons se réveillent parfois brièvement pendant leur hibernation : ils ont alors besoin de boire.
Le Collectif du Hérisson recommande :
- déposer un récipient lourd et peu profond (soucoupe en terre cuite),
- y mettre une pierre plate pour que les insectes puissent se poser sans se noyer,
- changer l’eau chaque jour et nettoyer le récipient pour éviter les maladies,
- ne jamais ajouter d’huile ni de sel,
- placer le point d’eau dans un espace dégagé, loin des prédateurs.
N’utilisez jamais de lait : il provoque de graves troubles digestifs.
La LPO recommande également de veiller à ce que l’eau soit accessible même sous la neige ou le gel, pour aider les hérissons à rester hydratés.
Crédit photo : ©Les P'tits Kipik
Préserver un jardin accueillant
Un jardin trop net, sans feuilles ni recoins, devient inhabitable pour la faune. Pour aider les hérissons, laissez vivre un peu la nature :
- gardez un coin “sauvage” où s’accumulent feuilles, herbes et branchages ;
- laissez les composts ouverts (sans les remuer trop souvent) : ils peuvent y hiberner ;
- évitez les produits chimiques (désherbants, granulés anti-limaces, insecticides) ;
- créez des passages sous les clôtures (10 cm suffisent) pour relier les jardins entre eux.
Ces gestes profitent aussi aux oiseaux, aux crapauds et à de nombreux insectes pollinisateurs.
Selon l’Office français de la biodiversité, même un petit jardin peut devenir un refuge précieux pour la biodiversité locale si l’on respecte ces quelques principes simples.
Faut-il nourrir les hérissons ?
En automne, lorsque les températures commencent à baisser, un petit coup de pouce peut être utile pour les jeunes hérissons qui n’ont pas encore assez de réserves. Vous pouvez leur laisser de temps en temps :
- de la pâtée pour chat (sans poisson) ;
- des croquettes et un petit bol d’eau fraîche.
Pas de lait, pas de pain, pas de restes salés ou sucrés : ils sont dangereux pour leur santé. Une fois la période froide bien installée, inutile de nourrir : les hérissons doivent hiberner naturellement.
Que faire si vous trouvez un hérisson en difficulté ?
Un hérisson actif en plein jour, blessé, très maigre ou allongé dehors par temps froid est probablement en détresse. Dans ce cas :
- placez-le dans une boîte en carton avec une serviette,
- gardez-le dans un lieu calme et tempéré,
- contactez immédiatement un centre de soins agréé
En effectuant une recherche sur Internet, vous trouverez des listes de structures spécialisées. Vous pouvez aussi consulter celles disponibles sur le site de la LPO ou sur celui de l’association Le Sanctuaire des hérissons.
Ne tentez pas de le nourrir ni de le garder chez vous : seuls les professionnels peuvent évaluer son état et le remettre en liberté au bon moment.
En conclusion
Aider les hérissons à passer l’hiver, c’est protéger un maillon essentiel de la biodiversité de nos jardins. Quelques feuilles mortes, un bol d’eau et un abri bien placé peuvent faire toute la différence.
Chaque geste compte : transformons nos jardins en véritables refuges, où les hérissons — et bien d’autres petits habitants — pourront traverser l’hiver en sécurité.
