terrienne 0 Posté(e) le 21 octobre 2007 Dans son délire mégalomaniaque et son auto-adoration, l’humain a voulu s’affranchir, s’extraire, se distinguer de la Nature, oubliant vite qu’il est d’abord un être biologique soumis à ce titre aux lois de la biologie. Si vous le lui rappelez, il grognera que vous l’invitez à marcher à quatre pattes et que votre affirmation ridicule nie les plus élémentaires évidences. L’humain, voyons, vous rétorquera le conformiste bêlant, a produit des œuvres d’art, de la littérature, des fusées, des scanners, des drogues efficientes contre la souffrance et la maladie, de la protection sociale et des bombes atomiques, des hôpitaux et des camps d’exterminations, des lois qui protègent et des firmes qui exploitent, bref, il n’est ni un termite, bien qu’il prolifère, ni un grand singe qui radote ses traditions sans être capable de progresser dans ses connaissances et ses techniques. Pour la pensée traditionnelle, il y a l’espèce humaine et la culture d’un côté, de l’autre, grouille le reste du vivant formant la Nature. Pour elle, ces deux termes sont irréductibles, inconciliables, intrinsèquement séparés. Seul l’humain accède à la culture et celle-ci n’a rien de naturel puisqu’elle est humaine et spécifiquement humaine. Bien sûr, concède le penseur traditionaliste, l’homme, comme toutes les autres espèces, est le fruit d’une évolution qui dura deux millions d’années à moins que ce soit six millions (les paléontologues ne sont pas encore fixés). Désormais, être parachevé, parfait, indépassable, quasi-divin, l’humain ne saurait plus évoluer et muter dans les millénaires à venir. Toutefois, un doute tout récent s’insinue en Occident à la lumière des acquis nouveaux de la science. La biologie ne serait-t-elle pas prochainement en mesure de générer intentionnellement des mutations jugées salutaires de l’espèce ? L’homme, maître du génome et des techniques de mutation cellulaire, ne pourra-t-il pas s’auto-transformer pour accroître ses performances et pérenniser sa santé ? Jusqu’à présent la Nature, c’est-à-dire ce que l’homme juge extérieur à lui, était génitrice des évolutions. L’homme de demain ne deviendrait-il pas le facteur de sa propre évolution ? D’objet de la transformation, il deviendrait auteur. Ainsi, l’humain s’effraie ou s’éblouit en pensant échapper à la Nature, à sa Nature propre. A le supposer, il ne s’agirait au mieux ou au pire que d’un mirage, d’une ivresse, d’une erreur, non pas dans l’efficience mais dans la portée de cette emprise. L’homme n’échappera jamais à la Nature, puisqu’il en est une partie intégrante. Tout ce que l’humain conçoit, réalise, œuvres d’art ou de techniques, thérapeutiques efficientes ou armes de destructions massives, tout ce qu’il a pensé et édifié et tout ce qu’il fera ne seront jamais que des ouvrages de la Nature. Car, il n’y a pas d’opposition entre culture et Nature. La culture n’est que la Nature de l’humain. Nature qui le pousse à l’intelligence et à la générosité, ou Nature qui l’incite à la violence et à la prévarication, puisque la Nature et la culture ne sont ni bonnes ni mauvaises : elles sont. Ce qui se déroule dans une masse neuronale de 1400 grammes, à l’abri d’un crâne, n’est pas moins biologiquement naturel que ce qui advint dans l’océan primitif où apparurent les premières algues bleues. Tout ce que l’humain fait, c’est la Nature, sa nature, qui le fait. C’est la raison pour laquelle la séparation entre Culture et Nature est un leurre. Nous reconnaissons l’unité profonde du vivant, unité acceptant diversité et immense complexité, Mais unité appelant à la solidarité et invitant à la compassion pour tout ce qui vit. Gérard Charollois CONVENTION VIE ET NATURE POUR UNE ECOLOGIE RADICALE Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites