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la lettre hebdo de gérard charollois (28/10)

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« Ils iront chercher la croissance avec les dents »

La majorité gouvernante, amie des hommes d’affaires et des milieux mondains de l’argent arrogant, aime la croissance, la liberté des entreprises, la levée de toutes les entraves à leurs profits.

C’est même avec les dents que les néo-conservateurs veulent aller chercher la croissance pour enrichir car, pour ces dogmatiques, le bonheur individuel vient de l’enrichissement et l’enrichissement naît de la perpétuelle et infinie croissance.

Ces gens-là ont inventé les arbres qui montent jusqu’au ciel et la croissance illimitée, permanente, frénétique sans laquelle leur système déjà en « faillite » s’écroulerait.

Nous les savions un peu paranoïaques et mégalomanes, ces hommes politiques qu’obsède la conquête du pouvoir. Nous les découvrons totalement schizophrènes puisqu’ils affirment vouloir préserver la terre et se convertir à l’écologie tout en servant les intérêts de leurs commettants de la finance et des affaires qui pillent et accaparent.

Depuis soixante ans, leur croissance quantitative se déploie . Elle fut de l’ordre de 5% par an dans les décennies 1950 et 1960, et demeure de l’ordre de 2% par an depuis deux décennies.

Or, qu’advient-il ?

Quels sont les fruits de ce dogme économique révéré ?

Les droits sociaux conquis par les plus modestes à l’issue de la guerre mondiale deviennent insupportables pour le système et appellent une remise en cause pour sauver les équilibres financiers des régimes de retraites et des assurances maladies, des services publics priés de s’effacer au profit des intérêts très privés.

Soixante ans de croissance continue n’ont servi à rien pour les peuples.

Certes, les citoyens vieillissent davantage et les soins qu’on leur prodigue sont d’un coût supérieur à celui de la médecine d’antan, mais le travail, la technique ne permettent-ils pas de produire mieux et plus efficacement qu’en 1946 ?

La croissance qui impose la « réforme », (régression), n’est donc qu’un leurre, un mirage nocif pour la planète, délétère pour l’homme et parfaitement impuissant pour combler les inégalités et injustices sociales.

La croissance est une impasse suicidaire car il n’est pas sérieux d’envisager qu’elle puisse indéfiniment perdurer dans un monde fini et spatialement limité.

Le développement ne sera pas durable et logiquement ne saurait l’être.

Faut-il une décroissance ?

Est-ce à dire que l’humain doive retourner à un état antérieur, régresser dans ses aspirations au confort et à l’aisance ?

L’écologie serait-elle une école d’ascétisme austère, voire une aspiration masochiste à un monde de privations ?

Bien au contraire.

Concilier l’épanouissement individuel de tout humain et la sauvegarde de la Nature est possible dès lors qu’on change radicalement la trajectoire de la société ploutocratique et irresponsable, que l’on substitue une « croissance purement qualitative » à la croissance mercantile, gaspilleuse, frivole.

La démographie, sujet devenu tabou dans les médias anesthésiés, est la clé de l’option entre un toujours plus et un toujours mieux.

Notre espèce ne saurait impunément cancériser l’espace et éliminer les autres formes de vies qui ne lui seraient pas directement et immédiatement rentables.

Il y a urgence à réduire la natalité ici et ailleurs.

Que voilà une proposition iconoclaste, choquante pour tous les récitants qui vont se lamentant sur le vieillisssement des populations, sans mesurer l’absurdité de leur dogme.

Les conformistes formatés et bêlant disent : il nous faut plus de jeunes pour équilibrer le nombre de vieux et assurer le paiement de leurs retraites. Oui, mais demain, ces jeunes deviendront vieux. Et alors ?

Il faudra encore davantage de jeunes pour supporter ce nombre encore supérieur de vieux et ce indéfiniment !

La logique de la croissance quantitative est inepte. C’est la logique de la cellule cancéreuse qui se multiplie à l’infini jusqu’à tout envahir et tout détruire autour d’elle.

La première décroissance souhaitable est celle de la démographie.

Pour le reste, tout est affaire d’éthique et non de frugalité punitive.

Lors des choix techniques, lors des réalisations améliorant le confort et la prospérité, la question du vivant et de son respect doit s’imposer.

Non, l’éthique écologiste n’est pas soluble dans le néo-conservatisme car elle ne se réduit pas à un catalogue de mesures d’apparence environnementaliste cachant mal des finalités tout autre.

Ainsi, illustration, la taxe dite « carbone » est le modèle de la fausse bonne idée.

Bien sûr, il peut paraître opportun de limiter les gaspillages de matières premières et de freiner les émissions de gaz à effets de serre.

Mais tout économiste sait parfaitement qu’une taxe ne modifie en rien les habitudes de consommation sauf lorsqu’elle atteint un seuil critique douloureux.

Imposer légèrement ou modérément tout produit en fonction de son empreinte écologique sera sans incidence pratique sur les usages, sur la pollution, mais permettra de transférer une charge fiscale des ploutocrates aux citoyens.

Ce qui eut été plus payant écologiquement parlant, pour s’en tenir à l’objectif affiché de lutter contre la carbonisation de l’atmosphère, eut été de taxer lourdement, à l’échelon européen, l’industrie, l’agrochimie, les véritables sources de pollutions, taxer aussi très lourdement les véhicules 4x4, et l’économie n’étant pas tout, limiter strictement les absurdes rallyes, appliquer la loi du 3 janvier 1991 contre la circulation des véhicules à moteur dans les espaces naturels, supprimer toute TVA sur les produits issus de l’agriculture biologique, exempter de toute contribution foncière les terrains érigés en réserves naturelles volontaires, supprimer les « Régimes spéciaux » d’exonération fiscale des carburants pour les transporteurs et exploitants agricoles.

Et surtout, comment penser l’écologie sans modifier le rapport au vivant ?

La relation homme/animal est un sujet interdit de citer chez les néo-conservateurs.

Alors, totalement négatif le battage formidable fait par les médias aux ordres sur « l’environnement » ?

Dans un premier temps, il convient d’observer la nocivité de la manœuvre. Les bonnes gens abusées s’imaginant que tout le monde est écologiste, il est vain de soutenir un parti écologiste. La récupération paie, ce d’autant qu’il se trouve quelques associatifs complaisants pour chanter les louanges des gouvernants et décerner d’excellentes notes.

A terme, les masques tombés avec le temps, les citoyens comprendront qu’il faut faire de l’écologie et que cela ne se fera qu’avec les écologistes.

Il y a une rupture qui ne semble guère en passe d’advenir : celle avec cette vieille loi politique consistant à adopter le vocabulaire et les postures de ses adversaires.

Il suffit de parler de social quand on est réactionnaire, de liberté quand on applique le totalitarisme, de démocratie quand on impose la dictature d’un clan, de paix quand on prépare la guerre et ici et maintenant d’écologie en protégeant les chasseurs, les lobbies, les hommes d’affaires.

Tous les régimes ont usé de cette technique de manipulation.

Pour les ennemis de la terre, elle se révèlera fatale.

A force d’admettre les maux générés par l’humain au vivant, la prise de conscience s’opère et prépare la révolution écologiste, la vraie, celle qui se fera sans la chasse, sans les groupes de pressions qui polluent même les esprits.

Des discours aux lois et des lois aux applications, le chemin risque encore d’être plus long que beaucoup ne se l’imaginent.



Gérard Charollois

CONVENTION VIE ET NATURE POUR UNE ECOLOGIE RADICALE

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