terrienne 0 Posté(e) le 24 novembre 2007 Les pouvoirs publics, aux ordres des intérêts économiques et des lobbies, se moquent éperdument de la biodiversité. Partout, nonobstant les vertueuses proclamations du GRENELLE de l'environnement, la fièvre bétonnière exerce ses ravages. Aucun frein n'est apporté à l'appétit des promoteurs, des élus locaux, des spéculateurs. Faute de pouvoir l'empêcher, nous, CVN, avions la lucidité de le dire très tôt! G. C. ----- message transféré Subject: France, ta biodiversité fout le camp Biodiversité : tout le monde s'en fout Le 1 er novembre, l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a publié un communiqué expliquant, éléments scientifiques à l'appui, qu'un tiers des poissons d'eau douce des cours d'eau européens était menacé de disparition à court terme, vu le mauvais état des fleuves et rivières et l'abandon dans lesquels ils sont laissés depuis une vingtaine d'années, depuis que le retraité de l'Elysée a promis de se baigner un jour dans la Seine; un jour... De nombreux poissons vivant ou plus exactement survivant en France sont concernés par cette menace. On ne peut pas dire que cette nouvelle ait provoqué une grande émotion. Alors qu'elle constitue le symbole de la dégradation des écosystèmes. La montagne de discussions du Grenelle de l'environnement, malgré le travail opiniâtre de Marie-Christine Blandin qui co-présidait le groupe sur la biodiversité, paraît pour l'instant avoir accouché d'une souris qui n'est pas très verte. Une seule « décision » visible pour l'instant : la mise en place à travers la France d'une « trame verte » dont l'existence, a expliqué le Medef, ne sera en aucun cas contraignante. Autrement dit, une biodiversité réduite au consensus : partout où l'on ne construira et n'aménagera pas, on vous promet de ne pas toucher à la nature. Quant aux réserves naturelles et autres espaces plus ou moins protégés, le Grenelle s'est limité aux voeux pieux : comme le faisait remarquer Allain Bougrain-Dubourg, aucun objectif précis n'a été formulé et nul ne sait vers quoi ni vers quels chiffres s'orientent ces voeux. Et il craint en plus que les parlementaires mettent à bas les quelques avancées sur la nature. Lesquelles n'ont fait pour l'instant l'objet d'aucun chiffrage. En somme, aide-toi, la nature t'aidera ! Il est vrai que ni la protection active des espèces emblématiques ni celle des mammifères, des oiseaux, des batraciens et des plantes qui disparaissent en silence et dans l'indifférence ne donneront du travail aux entreprises de travaux publics. Tiens, au fait, où en est le plan ours, où en sont les projets de réintroduction ? Silence dans les rangs, on vous parle de choses sérieuses, c'est-à-dire des travaux d'isolation qui vont pouvoir contribuer à la sacro-sainte croissance. Sur le thème travailler plus pour détruire plus, ce qui ne donnera pas du boulot aux chômeurs. La nature, cher ami, elle, ne compte pas dans le PNB... Alors que justement, la religion de la croissance est fatale à la biodiversité : elle ronge le littoral, augmente les surfaces artificialisées, grignote la montagne et banalise de plus en plus d'espaces dont les espèces visibles et invisibles se retirent sur la pointe des pattes. Dans les banlieues déjà saccagées, nous aurons bientôt droit à quelques supermarchés de plus, avec parkings et flots de voitures. Merci Attali, nouvel avocat de l'ultralibéralisme dont les avocats jurent que le marché peut tout sauver. Y compris les espèces sauvages. Monsieur Michel-Edouard Leclerc se montre très content de la libéralisation commerciale annoncée ; et ses hyper-confrères aussi, eux qui, au moins, ne prétendent pas travailler pour notre bonheur. La carotte râpée sous vide quatre fois plus chère que la carotte en vrac va continuer à militer pour la sauvegarde de ce qui reste du milieu naturel ! Que la France soit, du point de vue de la biodiversité, la plus riche de l'Europe, ne préoccupe ni les élus ni les décideurs. Toutes ces histoires de plantes, d'oiseaux et de mammifères sauvages les fait sourire. La nature, c'est pour s'essuyer les pieds, pour organiser des pique-niques, pour le décor, pour installer des golfs, pour agrémenter les bords d'autoroute, pour les parcs bien léchés et bien fleuris ou pour les ronds-points municipaux aux végétations maigrelettes. L'essentiel n'est pas de préserver la nature mais de faire semblant en faisant bonne figure, avec photo dans le journal, dans le concours des villages fleuris. Résultat de cette indifférence qui perdure malgré le travail inlassable des naturalistes : 226 espèces d'oiseaux sont menacées en Europe et 155 en France. Pour les mammifères, 42 % d'entre eux sont en danger à travers une Europe dont le nouveau traité oublie sans complexe la nature et la biodiversité. Rien en dehors de la bouillie habituelle sur le développement durable. Il est évident pour la majorité des décideurs qu'il n'est pas question de s'appesantir sur les bestioles en danger ou qui disparaissent: cela ne rentre pas dans les comptes de la Nation et la Cour des Comptes n'est pas chargée de surveiller l'effectif des loutres. Pas étonnant dans ces conditions que la direction de l'environnement de la Commission de Bruxelles éprouve les plus grandes difficultés à mobiliser les pays pour atteindre ses objectifs d'ici à 2010 : en fait, tout le monde s'en fout. Les crapauds, l'aigle de Bonelli, l'outarde canepetière et le grand hamster disparaissent ? Où est le problème ? Ils ne sont pas près de se mettre en grève... Par Claude-Marie Vadrot, auteur de Espèces en Danger, enquête sur la biodiversité française (éd. Les carnets de l'info)sion: 7.5.503 / Virus Database: 269.16.2/1142 - Release Date: 20/11/2007 17:44 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites