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leucémie et nucléaire

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Le risque de leucémie augmente de façon "statistiquement significative" chez les enfants vivant près des centrales nucléaires, selon une étude réalisée pour le compte de l'Office fédéral allemand de protection contre les rayonnements.

Cette étude, rendue publique le 8 décembre par le quotidien Süddeutsche Zeitung, a été réalisée par des chercheurs de l'université de Mayence à partir de données épidémiologiques couvrant la période 1980-2003. Parmi les enfants de moins de cinq ans ayant grandi dans un rayon de 5 km autour de l'un des 16 réacteurs allemands, 37 cas de cancer du sang ont été répertoriés, au lieu des 17 attendus en rapportant la moyenne nationale à ces zones. Soit un surcroît de 117 %.


Plus la proximité avec une centrale est grande et plus le risque de cancer infantile est élevé, ajoute l'étude, qui précise que ce risque reste supérieur dans un périmètre de 50 km.

Ces résultats retiennent d'autant plus l'attention qu'ils tranchent avec la plupart des enquêtes déjà menées, dans plusieurs pays, sur ce sujet. "La majorité des études multi-sites ont conclu à une absence d'augmentation de la fréquence des leucémies au voisinage d'une installation nucléaire", souligne Dominique Laurier, expert en épidémiologie des rayonnements ionisants à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) français.

INTERPRÉTATION DÉLICATE

Une corrélation statistique a pourtant été établie pour des sites nucléaires particuliers. En Angleterre, un doublement du risque de leucémie a été mis en évidence chez les enfants des employés de l'usine de retraitement de Sellafield.

En France, une incidence 6 fois supérieure à la "norme" a été observée, chez les enfants de 5 à 9 ans, dans un rayon de 10 km autour de l'usine de retraitement de La Hague (Manche).

L'interprétation de ces résultats reste délicate, un lien statistique ne signifiant pas un lien de causalité. Plusieurs hypothèses ont été avancées. Celle d'une exposition du père à des rayonnements ionisants a été écartée. Celle du brassage de populations autour des grands chantiers nucléaires, favorisant la transmission de virus - certaines leucémies sont d'origine infectieuse - reste à démontrer. Les épidémiologistes invoquent aussi le "hasard" des agrégats statistiques.

De façon générale, observe Dominique Laurier, l'origine d'une leucémie reste le plus souvent inexpliquée : "Sur les quelque 450 cas infantiles déclarés chaque année en France, la cause est très peu souvent connue."

Cette étude relance en Allemagne le débat sur la sortie du nucléaire. Les Verts et le parti de gauche Die Linke, tous deux dans l'opposition, ont exigé une fermeture anticipée des centrales. Les unions chrétiennes CDU-CSU, favorables à un allongement de la durée d'activité des réacteurs nucléaires, ont mis en garde contre des conclusions trop hâtives. De même, le ministre de l'environnement, Sigmar Gabriel (SPD), s'est montré prudent. Il a annoncé qu'il allait faire procéder à un examen précis de ces résultats. Selon M. Gabriel, une augmentation du nombre de cancers chez les enfants ne peut pas être provoquée par la radioactivité issue d'une centrale.

En 2000, le précédent gouvernement SPD Verts avait décidé de mettre fin à l'activité des centrales d'ici à 2021. Faute d'avoir pu trouver un compromis, CDU-CSU et SPD, qui gouvernent ensemble depuis 2005, avaient convenu lors des négociations de coalition de ne pas toucher à cet accord.
Journal Le monde
Pierre Le Hir et Cécile Calla (à Berlin)

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