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la lettre hebdo de gérard charollois (30/12)

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La défiance : arme de démobilisation massive

« l’homme qui croit est un homme qui espère », énonce un prince du temps qui s’affranchit, fort heureusement d’ailleurs, pour lui-même des dogmes néo-conservateurs qu’il feint de vénérer. Oui, sans doute, comme un inquisiteur ou comme un terroriste candidat au martyr !

En fait, l’homme contemporain est sommé par les maîtres du système d’opter entre une crédulité naïve, parfois meurtrière, pour les bigots, et, pour les esprits forts, un relativisme blasé, désabusé, démobilisateur, conduisant à soupirer : « à quoi bon » et « tous pareils ».

Ce monde désanchanté, privé de lendemains nouveaux et de grands soirs festifs ne peut devenir, objectif des manipulateurs d’opinion, qu’un super-marché pour addictifs assujettis à la nouvelle religion, pas moins morphinique que les autres : la consommation.

Pour marchandiser le monde, tuer le citoyen, éliminer les militants, le système ploutocratique assèche toute idée, stérilise tout espoir autre que celui d’un enrichissement boulimique compulsif, vulgaire, arrogant, abrutissant.

Dans ce contexte, le champ politique devient celui des plans de carrière individuelle permettant aux professionnels de la chose d’errer d’une boutique à l’autre puisque tout n’est que relatif.

Comment s’étonner de la désaffection de la société pour les partis réduits au rang de fusées porteuses de petites ambitions subalternes, exempts de valeurs éthiques essentielles.

Ceux qui s’engagent dans la vie publique uniquement pour devenir maires, députés, ministres, Présidents, en temps de calme sécurisant, ne sont pas ceux qui s’engagent aux heures dramatiques où le prix de la course peut être la vie .

En économie, on enseigne que lorsque deux monnaies coexistent sur un territoire, la mauvaise chasse la bonne.

Ici et maintenant, les mauvais carriéristes chassent les hommes de convictions des partis qui ne sont plus que des rampes de lancement d’ambitions personnelles.

Pire, dans cette société mercantile, toute idée apparaît être une idéologie, toute conviction sent l’extrémisme, toute intégrité éthique se dénonce comme intégrisme dangereux.

Animateur du mouvement CONVENTION VIE ET NATURE POUR UNE ECOLOGIE RADICALE, je m’amuse de la paralysie intellectuelle de ces contemporains qui s’effraient de toute radicalité. Voici Edouard HERRIOT, républicain radical, érigé en redoutable extrémiste intégriste fanatique !

Malheur à ceux qui pensent encore dans une société post-historique où il est enjoint à chacun de consommer, de s’enrichir, de produire et de gaspiller sans jamais se poser la moindre question éthique.

La politique : c’est l’affaire des Présidents, de leurs amours théâtralisées, de leurs amis milliardaires, de leurs voyages, de leurs larmes convenues devant les petits enfants violés et les catastrophes du jour, de leurs grosses colères contre les méchants et leurs promesses de protéger les gentils, car eux seuls combattent les méchants et protègent les gentils.

La politique, c’est le petit spectacle bien rôdé du journal télévisé avec les bons héros si forts, si énergiques, si vertueux et pas du tout idéologues.

Cela se passe partout sur la terre, de la Russie, aux USA, en passant par la France et l’Italie.

Le consommateur n’est pas dupe de la communication spectacle. Il sait bien que zorro n’est pas si fort, si énergique, si vertueux. Cette défiance, ce scepticisme résigné condamnent le citoyen au relativisme béat et l’incitent à l’abstention militante sauf si son plan de carrière l’appelle à devenir élu local, ce qui le contraint à s’affilier dans telle ou telle écurie partisane parfaitement interchangeable.

Observez, fait révélateur, que les grandes question fondamentales divisent à l’intérieur de tous les partis et créent de nouvelles frontières. Par exemple, citons, sans être exhaustifs, la construction d’un Etat Européen souverain, l’euthanasie, l’aliénation de la femme par les religions archaïques, l’abolition de la torture tauromachique et de la chasse, le positionnement par rapport aux dictatures et régimes corrompus, l’universalisme des droits de l’homme ou inversement son relativisme ethnique, l’émergence des droits des animaux non-humains.

Les partis politiques actuels sont nés en des temps où les défis intellectuels et pratiques étaient radicalement différents. Ils ne correspondent plus aux clivages moraux de notre temps d’où leur incapacité à répondre aux questions essentielles et à porter des convictions cohérentes et clairement affirmées.

Ce décalage entre les partis et les aspirations se fait cruellement sentir des deux côtés de l’échiquier politique, mais davantage du côté du mouvement, de la justice, du mieux, c’est-à-dire à gauche, que du côté du traditionalisme, du culte de l’argent, de la hiérarchisation assumée, à droite.

Ainsi, si l’écologie politique se condamnait à n’être qu’un vague environnementalisme anthropocentrique, elle perdrait sa raison d’exister et le premier battleur médiatico-financier venu pourrait singer ses préoccupations et disserter gratuitement sur le climat et les produits manifacturés frappés d’une pastille verte.

Le message de la ploutocratie mondiale peut se résumer ainsi : « Rêvez, bonnes gens, de réussite financière insolente, admirez un monde de paillettes et de frimes méprisant pour les humbles et les faibles, et ne vous occupez pas de politique, car en dehors de nous il n’y a qu’utopie fumeuse et impasses; sachez que vous êtes libres, libres de nous réélire pendant mille ans ».

Pendant que vous vous abstenez d’agir, puis de penser, d’autres s’en occupent à votre place et servent leurs intérêts derrière la fumée de leur spectacle de bouffons.

Contre cette défiance suscitée, contre ce relativisme démobilisateur programmé, s’impose l’esprit de résistance.

Il reste tant de Bastilles à prendre, tant de révolutions à accomplir, tant d’obstacles à franchir pour accéder à une société plus douce, bienveillante, respectueuse de tous les êtres sensibles, une société faisant primer le bonheur sur la possession et abolissant la violence contre les hommes et les autres espèces, qu’il faudra beaucoup de femmes et d’hommes de mieux pour faire de la politique.

Faire de la politique pour abolir la corrida et la chasse, mais aussi pour construire une Europe souveraine et supra-nationale, maintenir un Etat laïc garantissant la liberté individuelle de conscience et de mode de vie face aux obscurantismes criminogènes, Un Etat assurant la solidarité sociale, la redistribution et des services publics puissants protégés de la main invisible et si souvent très sale du Marché ennemi des droits sociaux et de la Nature, pour promouvoir une économie équilibrée échappant aux deux dogmes funestes opposés de la planification totalitaire comme de la dévotion pour les entreprises privées.

Cette révolution, cette rupture s’appelle l’écologie qui n’est pas un Marché lucratif pour produits moins nocifs pour l’environnement humain.

Pour nous, l’homme qui espère est celui qui pense et agit en fonction de ses impératifs éthiques.

Il se fait rare et je songe souvent à DIOGENE qui parcourait les rues d’Athènes une lampe allumée à la main, en plein jour, parce qu’il cherchait déjà l’Homme qu’il ne trouvait pas.

Gérard Charollois

CONVENTION VIE ET NATURE POUR UNE ECOLOGIE RADICALE

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