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la lettre hebdo de gérard charollois (09/03)

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Liberté et Sécurité

L’Histoire oscille, pendule des mentalités et des modes intellectuelles, entre des temps de liberté, d’émancipation, de générosité, d’ouverture, d’innovations morales, et des temps de régressions, de fermetures, d’aigreurs, de peurs, d’aspirations sécuritaires obsessionnelles, d’une part, des temps juvéniles et d’autre part, des temps de « maisons de retraites ».

Pour avoir traversé ces deux époques successives sans avoir adhéré à aucune, j’en mesure les limites et les vanités.

Naturellement immunisé contre les utopies universitaires des années 60, je peux d’autant mieux résister au flux réactionnaire des deux dernières décennies qui virent revenir en force le culte indécent de l’argent arrogant, la morgue des entrepreneurs conquérants et affairistes, assassins de la terre et de sa biosphère.

La droite conservatrice au pouvoir, friande de beaux faits divers sordides, adopte une loi pénale nouvelle tous les six mois afin d’exciter la peur chez le vieux (ce n’est pas une question d’âge mais d’état d’esprit).

Histoire de montrer que les « bons » sont bien protégés des « méchants » dont sont complices tous ceux qui ne sont pas du parti conservateur, il faut cultiver l’esprit de vindicte sociale.

Rétroactivité de la loi pénale, constitutionnalité des lois, portées des décisions d’un Conseil constitutionnel par trop politique, caractère de peine ou de mesure de sûreté de la relégation moderne, deviennent batailles de juristes agitant les medias où l’on pense encore un peu.

Du fatras d’arguments échangés par ceux qui aiment la liberté et ceux qui aiment l’ordre, je retirerai une notion parfaitement détournée de son contexte et de son esprit : le principe de précaution.

Présenté comme le fruit de l’écologie, ce principe désormais inscrit dans la constitution française via la charte de l’environnement, justifierait, pour les réactionnaires qui l’ont combattu lorsqu’il s’applique à la Nature, le retour de la lettre de cachet.

Puisque prévenir vaut mieux que guérir, disent-ils, extirpons de la société les « méchants » avant qu’ils aient nui.

Enfermons-les dans des établissements « socio-médico-judiciaires », au besoin à vie, non pour ce qu’ils ont fait mais pour ce que l’on présume qu’ils pourraient faire.

Cela conduit à s’interroger sur ce qu’est le principe de précaution.

Ne pas laisser un enfant en bas-âge se pencher à la fenêtre du cinquième étage d’un immeuble illustre le principe de précaution.

Ne pas laisser un industriel cupide mettre sur le marché une molécule potentiellement toxique, ne pas autoriser la réalisation d’une infrastructure dévastatrice de la biodiversité, encadrer strictement une technologie susceptible de se révéler dangereuse, retirer une substance dès lors que des risques soupçonnés d’incidence sur la santé se manifestent, voilà des applications concrètes de ce principe : principe écologique, par ses objets, écologiste par sa philosophie.

Peut-on en déduire que retirer un homme de la société pour l’empêcher potentiellement et hypothétiquement de nuire, s’apparente à cette éthique de prudence et d’heuristique de la peur ?

Ma réponse est négative.

La démarche éthique de l’écologie va à l’encontre de la pensée néo-conservatrice.

L’écologie enseigne la peur pour autrui, pour les plus faibles, pour la Nature, pour les générations futures, pour les animaux. C’est une peur oblative, altruiste, tournée d’abord vers l’autre.

La peur cultivée par les néo-conservateurs est une manifestation d’instinct égoïste, grincheux, revanchard, voire sadique, car derrière l’idée de châtiment prédomine bien souvent la haine de l’autre, plus que l’indignation devant le crime.

Evidemment, la Liberté ne va pas sans la sécurité.

Les deux méritent d’être défendues, mais la première est tellement plus fragile que la seconde et l’humain vécut plus souvent sous des régimes « d’ordre absolu » que sous des régimes de Liberté garantie.

Attention citoyens : la Liberté demeure une valeur menacée par le coup de vieux d’une société atomisée par le Marché.

D’ailleurs, loin d’être parachevé, le combat d’Antoine CONDORCET pour la liberté de pensée, d’expression, de mode de vie reste d’actualité.

Nous vivons encore sous le régime discret mais efficace de la « PRAVDA », vérité officielle diffusée par les médias télévisés où la dissidence est bannie.

Nos idées du respect des êtres sensibles et de l’amour de la Nature sont quasiment interdites d’expression, alors que la moindre gesticulation des maîtres du temps occupe tout l’espace médiatique.

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Cette semaine un « cynégécrate » m’adresse un courriel inutilement agressif, non pas sur le terrain légitime des idées, mais contre ma personne.

Il me fait le délicieux reproche d’user de termes complexes (vous savez la culture, c’est comme la confiture ….).

Comme je le comprends : La pauvreté du vocabulaire de certains leaders politiques contemporains marquent la pauvreté de leur pensée, car les deux sont indissociablement liés.

Sauvons les mots, au même titre que les espèces, pour sauver la pensée.

Lisant cet éditorial, le lecteur chasseur se plongera peut-être dans son dictionnaire pour y chercher l’acception du mot : oblatif.

A force de s’instruire, peut-être découvriront-ils que la mort, ce néant absolu, n’est pas digne d’être une culture, peut-être deviendront-ils oblatifs envers tous les êtres sensibles !

Gérard Charollois

CONVENTION VIE ET NATURE POUR UNE ECOLOGIE RADICALE.

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