terrienne 0 Posté(e) le 21 mars 2008 Songeons qu’il fallut des siècles, des controverses furieuses et interminables, des cogitations laborieuses, pour admettre que les différences de races humaines ne justifiaient aucune discrimination. Les puanteurs du racisme ordinaire ne sont pas encore dissipées et le mélange détonnant de haine et de peur qui le sécrète travaille encore les sociétés humaines, bien moins désormais en Europe et en Amérique du Nord que partout ailleurs. Dans ce contexte, ceux qui pensent à la condition animale semblent avoir quelques décennies d’avance sur ceux qui délirent encore sur les peuples élus, les communautés de purs et de vrais qui doivent se protéger, voire combattre les infidèles. Pour nombre d’esprits formatés et paresseux, la question du rapport de l’espèce humaine aux autres espèces demeure sans intérêt. Ils dissertent volontiers de géopolitique, surtout d’économie et d’argent, de technique, mais évacue l’aspect éthique essentiel du lien avec le vivant, rabaissant la problématique à une querelle de dames patronnesses occupées de protection des chats et des chiens, sujet futile, pour ces conformistes qui n’ont rien compris et qui sont exactement dans la position des esclavagistes du 17ème siècle. L’homme reste infernal pour les autres êtres sensibles qu’il utilise, consomme, torture, pourchasse, persécute sans s’interroger un seul instant sur l’incidence éthique de ces comportements acquis, hérités du passé et acceptés par sa conscience anesthésiée que parce qu’ils sont exclus du champ de l’investigation morale. Rien ne justifie qu’un être sensible soit soumis aux mauvais traitements, à la cruauté gratuite et même à l’exploitation forcenée. L’homme ne peut pas regarder en face ce qu’il fait aux animaux, d’où le refus du débat des idées par les tortionnaires instrumentalisant les êtres vivants pour des activités ludiques ou récréationnelles et par les exploiteurs qui en tirent profit. Ils s’en tiennent à l’invective à l’encontre des femmes et hommes de mieux qui remettent en cause chasse, tauromachie, élevage concentrationnaire, abattage rituels et autres manifestations de déni de la souffrance . Les attaques ad hominem et la propagande infantile sont les uniques modes de « communication » des lobbies contre Nature bien incapables d’argumenter au fond. Depuis près de deux siècles, la loi française réprime les actes de cruauté à l’encontre des animaux dits domestiques. Cette loi fut un progrès moral indéniable. Mais, puisqu’un coup de bâton ou de fusil sur un chien constitue très légitimement un acte de cruauté passible de peines correctionnelles, pourquoi le même geste sur un renard ou un cerf ne constituerait-il qu’un banal acte de chasse ? Le renard, le cerf, le sanglier, la sarcelle souffriraient-ils moins que le chat ou le chien , qui ne souffrent pas moins que nous lorsque des plombs broient les chairs et qu’une balle explose les os ? Comment des paravents grotesques pseudo-culturels pourraient-ils faire oublier l’horreur de la tauromachie qui n’est jamais que le spectacle malsain de la torture d’un être sensible ? Irréfutables sont ces évidences tellement criantes, tellement déchirantes que les négationnistes ne répondent que par l’injure personnelle qui me laisse d’une indifférence superbe dès lors que je n’y décèle que l’indigence des positions adverses. L’humanité doit franchir un pas moral décisif et accéder au respect du vivant, ce qui représente le plus grand défi du temps. Pour l’heure, les lobbies de la mort et de l’exploitation ont déjà perdu la bataille des idées. Ils détiennent encore le Pouvoir politique totalement dominé par des esprits formatés à la négation de l’unité profonde de la vie sur terre. Un mouvement de fond est en marche dans la société. Ce mouvement demeure encore souterrain, presque inconscient, sans traduction politique forte permettant de changer les lois et les règlements, mais ce mouvement irrésistible travaille les esprits et les cœurs. Il nous appartient de le faire émerger. Le gouvernement néo-conservateur, complice des tortionnaires et exploiteurs, organise un forum « Grenelle » dit « animal et société « . Traduisons: le roi et l’église organisent la controverse de VALLADOLID. Ce n’est pas encore la Révolution écologiste, mais elle est en gestation. Les gouvernants se sentent contraints d’endormir « l’opinion publique », favorable à l’amélioration de la condition animale, par des discussions médiatisées dont il entend ne tirer aucun autre profit que celui d’occuper l’espace médiatique. Les gardiens des « traditions » verrouillent les pouvoirs publics et interdisent les évolutions qu’appellent les changements de mentalités. Pour les princes financiers qui gouvernent le peuple (pour eux la lie) ne peut être composée que de lourds chasseurs épais et bornés et les régions du sud de la France ne sont peuplées que de sauvages sanguinaires jouissant à la vue d’un taureau supplicié. La vérité est têtue et cette vérité est que l’animal n’est pas une chose, un objet, une machine, mais bien un individu doté d’un système nerveux assez semblable au nôtre lui faisant éprouver le principe du plaisir déplaisir. De ce fait incontestable découle que l’humain doit traiter l’animal non humain comme ce qu’il est : un être sensible. Avec le temps et les modifications des mœurs, certaines évidences, longtemps niées, surprennent par les difficultés qu’elles rencontrèrent pour s’imposer à tous. Un jour prochain viendra où chasse, tauromachie, exploitation et plus généralement destructions de la Nature seront jugés à l’instar de ce que notre époque jugent les combats de gladiateurs, les supplices d’antan, les bûchers, l’esclavage, faits parfaitement admis par les esprits formatés d’autrefois. Le grand malentendu réside dans les fariboles, les mythes grotesques, inventés pour faire croire à l’homme qu’il ne serait pas un animal comme les autres. L’humain s’est offert des billevesées consolatrices, le plaçant sur un piédestal, l’érigeant en centre de l’univers. Or, ce que la science, l’observation, la raison enseignent est que la vie dans sa diversité est fruit du hasard, qu’il n’y a pas de centre, que se décerner à soi-même le titre de maître de l’univers est un signe de pure mégalomanie sans fondement rationnel ni éthique. Mais, vous disent les formatés : « L’intelligence humaine, l’esprit humain, n’ont rien de commun avec ceux des autres espèces ». Et alors : Le diplodocus fut plus puissant que nous et son règne dura plus longtemps. Sa disparition n’a pas fait frémir l’univers, pas plus que la nôtre, individuelle ou collective. Gérard Charollois CONVENTION VIE ET NATURE POUR UNE ECOLOGIE RADICALE. Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites