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la lettre hebdo de gérard charollois (24/03)

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Le débat démocratique impossible

Lorsque l’expression d’une pensée est interdite, que le pouvoir politique, médiatique, économique étouffe l’innovation intellectuelle, survient un mai 1968 qui, avec une grille logomachique archaïque et un populisme naïf, fait sauter le couvercle de plomb d’une société bloquée et libère les forces contenues.

Aujourd’hui, comme il y a quarante ans, un conformisme mou, une paresse éthique, une censure consentie, un formatage anesthésiant règnent en ce pays assoupi.

Une militante écologiste assista ces jours-ci à une assemblée générale de céréaliers « irrigants » dans un département du sud-Ouest de la France et fut consternée par les propos haineux tenus par un conférencier à l’encontre de l’écologie.

Citant les pères et les bons auteurs du mouvement de sauvegarde de la planète, ce journaliste d’un organe agricole se livra à un dénigrement systématique des anti-tout, se voulant défenseur servile des OGM, des pesticides, des pompages d’eau de la maïssiculture et même de la création d’un « circuit de course automobile » dans le parc naturel régional PERIGORD LIMOUSIN.

Pour savourer les délires aigres de la « littérature cynégétique » depuis près de trente ans, pour avoir fait l’objet de lettres de délation dignes des temps de sinistre mémoire, pour connaître la rage des promoteurs lorsqu’ils sont contrariés dans leurs appétits de lucre, je constate l’impossibilité, non seulement de tout dialogue, mais même de tout débat d’idées avec les destructeurs de la Nature et les tortionnaires d’animaux.

Bien sûr, s’agissant des « irrigants », je conçois la difficulté d’argumenter et de débattre lorsque l’on sait que 75% des pollutions des eaux sont d’origine agricoles et que ce secteur économique, enfant chéri du pouvoir conservateur, ne participe qu’à hauteur de 4% au coût du traitement de l’eau.

Difficile de justifier que la France soit le deuxième utilisateur mondial de pesticides et que la quasi-totalité des cours d’eau se révèlent pollués par nitrates et biocides en tous genres.

Qu’existent des lobbies contre Nature, des fractions peu éclairées de l’opinion publique, des intérêts bien gardés, des groupes financiers prévaricateurs, des esprits rétrogrades, tout ceci se conçoit et doit être pleinement accepté dans une société qui se voudrait démocratique.

La liberté de pensée, d’expression, d’association doit être reconnue inconditionnellement à tous les courants d’idées, y compris aux pires, aux plus nocifs, aux plus criminels.

Dire qu’il n’y a pas de liberté de pensée et d’expression pour les ennemis de la liberté, de la vie, de la terre, conduit à s’engager sur la pente glissante, très périlleuse, de l’abjecte censure.

Le mal idéologique se combat par le verbe et la réflexion, jamais par la loi et l’interdit.

Le scandale naît de la mainmise de ces lobbies, groupes d’intérêts, forces rétrogrades ultra-minoritaires, sur l’appareil d’Etat et sur des médias édredons où les mêmes stéréotypes sont sans cesse ressassés et dont est bannie toute idée iconoclaste, toute véritable réflexion de fond.

Il est évident que les opposants à la chasse, les réfractaires aux OGM, les sceptiques face à l’expansion routière, les allergiques aux biocides, les détracteurs des rallyes motorisés, les objecteurs de conscience de la torture tauromachique, sont très majoritaires.

Mais leurs voix sont inaudibles, déformées, censurées, caricaturées par des médias formatés rendant compte de faits de société sans se livrer à la moindre analyse de fond, sans esprit critique, car il faut veiller à flatter la paresse naturelle du lectorat.

Ces médias décrivent une partie de chasse, une corrida, un enduro avec ce détachement apparemment désengagé que leurs devanciers auraient manifesté face aux horreurs du passé révolu.

Aucun recul, aucun débat, aucune réfutation car il faut faire dans le consensus mou, l’anesthésie morale.

Le conformisme lâche se drape dans le manteau d’imposture de l’objectivité de la presse, objectivité qui n’existe pas, qui n’a aucune valeur ontologique. La qualité de la presse s’appelle :pluralisme, diversité, confrontation d’opinion.

L’objectivité est le nom trompeur de la voix de son maître.

Les aspirations des citoyens sont étouffées par les manœuvres et l’argent ténébreux des réseaux et groupes de pressions de l’anti-nature.

Il eut été édifiant d’instaurer un véritable débat d’idées entre les tenants de la mort cupide ou récréationnelle et les défenseurs du vivant, de la diversité biologique.

Ce débat n’aura pas lieu car nos antagonistes sont incapables d’argumenter s’en tenant à l’invective primaire et l’anathème. Lorsqu’ils ont éructé : « vous n’êtes que des ayatollahs, des écologistes intégristes », ils se taisent épuisés par cet effort intellectuel et nous expliquent qu’il faut nourrir la planète avec des biocides, réduire sans cesse la faune sauvage, distraire les grands enfants pas très malins, pas très évolués, mais constituant le bon peuple un peu débile. . . . Et puis, tout cela rapporte beaucoup d’argent ! Alors, silence les « ayatollahs intégristes ».

L’Histoire jugera peut-être, s’il doit y en avoir une.

Avouons qu’un joli mois de mai généreux, fleuri, utopique,qu’une jeunesse ardente rêvant à autre chose qu’à intégrer une école de commerce, qu’un peuple debout criant qu’il préfère la qualité de la vie à un addictif pouvoir d’achat, feraient du bien pour que saute le couvercle de plomb d’une société sénescente qui ennuie !

Gérard Charollois

CONVENTION VIE ET NATURE POUR UNE ECOLOGIE RADICALE.

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