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terrienne

la lettre hebdo de gérard charollois (28/04)

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« tu ne tueras point … »


Ce commandement divin adressé à MOÏSE serait de nature à rendre aimable, fréquentable et bienfaisant le monothéisme, par ailleurs source d’interdits stupides, de refoulement anxiogène.

Le problème avec les interprètes des dieux, de tous les dieux, est qu’ils enseignent tout et le contraire de tout.

En son temps, ce péremptoire ordre de ne pas tuer se trouvait démenti puisque le peuple élu était invité à massacrer les Cananéens.

Qu’importe les incohérences et les trahisons de ceux qui firent parler les dieux pour inviter aux croisades, aux bûchers, aux conquêtes, aux guerres saintes et toutes les guerres furent saintes pour tous les camps de tous les temps (God bless America. Gott ist mit uns).

L’injonction de Yahve rejoint l’éthique écologiste invitant à mettre l’acte de tuer hors la loi.

A ce commandement biblique, je rapprocherai une pensée plus contemporaine, celle de mai 1968.

Non pas le mois de mai des maoïstes et autres adorateurs de dictateurs sénescents et criminels, mais le mois de mai de l’esprit libertaire, émancipateur, généreux, imaginatif, défricheur de vies nouvelles débarrassées du carcan des vieilles lunes.

Vous savez : « Il est interdit d’interdire ».

Oui, j’affirme à la fois et avec cohérence : « tu ne tueras point » et « Il est interdit d’interdire ».

Mais me dira l’assassin, le génocideur, le bourreau aux pieds de son échafaud ou à la porte de sa chambre à gaz, le chasseur devant sa biche aux abois ou son canard sauvage, le tauromaniaque trépignant sur le gradin de son arène sanglante, notre liberté est dans la mort que nous donnons, dont nous jouissons, qui nous transporte et nous habite.

En retenant notre bras, en condamnant notre idéologie, nos loisirs, nos spectacles, nos convictions exterminatrices et nos goûts de la traque et du combat, vous faites œuvre liberticide.

Paradoxe, mais non contradiction.

Prenons un autre exemple topique.

Il est interdit d’interdire les modes de vie de chacun et en particulier dans l’ordre de la vie privée, de la vie intime, de la vie sexuelle.

Dans ce domaine n’existe ni bien, ni mal mais des aptitudes, des options, des besoins éminemment personnels et tous aussi respectables les uns que les autres.

Tous, sans exception ?

Oui.

Sous toutefois cette réserve d’évidence : la liberté des uns s’arrête toujours là où commence celle des autres.

Que chacun vive comme il l’entend, mais en respectant autrui et en s’abstenant de lui imposer ses choix, ses instincts, ses options.

Le viol n’est pas une manifestation de liberté dans une acception libertaire et hédoniste car il est une agression.

Le meurtre n’entre pas davantage dans le champ de la liberté de chacun.

Tu ne tueras point. Celui qui fit ainsi parler un dieu imaginé songeait sans doute à son propre peuple, à sa tribu. Il n’envisageait peut-être pas l’ensemble des peuples.

L’empathie s’adressa d’abord, dans la préhistoire et l’antiquité, au clan, à la cité, à l’ethnie.

Il fallut bien des combats idéologiques pour élargir le cercle de l’empathie à l’humanité entière, c’est-à-dire à l’espèce.

Il advint que des hommes nient cette extension et, tout près de nous dans le temps, organisent, planifient des exterminations de populations entières auxquelles était refusée la dignité de vivre.

Pour l’heure, globalement, l’humanité s’accorde pour appliquer, certes imparfaitement mais grossièrement, l’interdit du meurtre à l’ensemble des humains sans considération de nationalité, de race, d’opinion.

L’animal non humain échappe encore pour les esprits rétrogrades au cercle de l’empathie, d’où la persistance de la chasse, mort-loisir et de la corrida, mort-spectacle.

Il faut interdire la chasse et la tauromachie en ce qu’elles sont des actes de violence, de cruauté exercés à l’encontre d’êtres sensibles, au même titre qu’il fallut interdire l’homicide.

Il est interdit d’interdire de vivre.

La fureur des hommes contraint d’édicter une interdiction de tuer qui devrait, si le processus d’hominisation était parachevé, s’inscrire spontanément dans la conscience de chacun.

Gérard Charollois
CONVENTION VIE ET NATURE POUR UNE ECOLOGIE RADICALE.

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