terrienne 0 Posté(e) le 19 mai 2008 Vous avez dit réforme ? Pour perturber le raisonnement, pervertir l’intelligence, empêcher la réflexion, il suffit de priver un homme de vocabulaire. Le mot, simple signifiant, devient signifié lorsqu’intégré à un raisonnement il participe à son élaboration. Les manipulateurs mentaux maîtrisent magnifiquement la technique d’abrutissement collectif par le détournement sémantique, d’une part, par la substitution de subalternes querelles de personnes aux véritables enjeux de fond, d’autre part. Exploiteurs, affairistes, spéculateurs, prévaricateurs sociaux se disent enjargon logomachique contemporain : « Libéraux ». Quel beau mot, quelle belle chose : la Liberté. Ainsi, depuis deux ou trois ans, les néo-conservateurs en Europe occidentale font une campagne assourdissante sur le thème de la « réforme ». Ils veulent réformer. Ils ont réformé. Ils vont réformer. La réforme s’impose. Les Français veulent des réformes. Les Français attendent des réformes. Et ainsi tournent à longueur de médias la machine à décérébrer, le moulin à parole, l’inversion des concepts, le rapt des valeurs morales. Car, que signifie cette invocation permanente, ressassée de manière obsédante. Une seule chose dans l’esprit des néo-conservateurs qui se gardent de l’énoncer clairement. Pour eux Réforme signifie : « pour le bien de nos entreprises, de nos firmes, de nos profits, vous devez renoncer, vous citoyens exclus de la caste des nantis, à vos droits sociaux, à vos garanties, car sinon les richesses iront ailleurs, là-bas en Chine ou au Cameroun où n’existe ni droit du travail, ni droit de l’environnement. Il faudra bien vous aligner sur le moins disant social et écologique sous peine de voir fuir nos capitaux qui font notre bonheur et notre prospérité». Voilà le fond de leur pensée masquée par l’écran de la « réforme ». Or symboliquement, le mot « réforme » fut longtemps connoté positivement. La réforme, avant d’être parasitée, annonçait un progrès, un mieux, une avancée, une conquête pour le bien public et l’intérêt général. Ainsi, il n’y a qu’une trentaine d’années, GISCARD, partisan déclaré d’une démocratie avancée, (heureux temps où ils étaient complexés), abaissa l’âge de la majorité civile à 18 ans par la loi du 5 juillet 1974, autorisa l’interruption volontaire de grossesse par la loi du 15 janvier 1975, facilita le divorce par la loi du 11 juillet 1975. C’étaient des réformes. La gauche, en 1981 « réforma », en supprimant la peine de mort et même le Conservateur Jacques CHIRAC « réforma » en supprimant le service militaire obligatoire. Mais actuellement, où sont les réformes dont on rebat les oreilles des citoyens déboussolés ? Supprimer des tribunaux, des postes d’enseignants, refuser à la jeunesse du temps l’accès aux concours de la fonction publique par réduction drastique des véritables emplois, allonger le temps de travail obligatoire ne sont que des mesurettes anti-sociales et certainement pas des réformes c’est-à-dire de véritables changements d’institutions, de mœurs et de manières. Et pourtant, combien cette société bloquée parce que sénescente aurait besoin de réformes ! ---Abolir la chasse et la corrida, ce qui ne coûterait pas très cher au pays ; --- modifier radicalement les modes d’élection du Sénat afin d’en faire une assemblée démocratique et non un sénacle de notables de province dont un membre ose pénaliser l’interposition contre des veneurs ce qui est pitoyable et discrédite cette assemblée ; --- Taxer la promotion immobilière, contrôler la main invisible et souvent bien sale du Marché, accroître les financements aux services publics de l’éducation, de la recherche, de la santé, de la protection de la Nature ; --- Combattre le népotisme, la corruption, l’incompétence en contrôlant les pouvoirs d’urbanisme des seuls élus locaux, si souvent bétonneurs et asphalteurs insatiables ; --- Améliorer la démocratie par l’instauration du scrutin proportionnel et le référendum légiférant étendu à d’autres matières que celles énoncées par les articles 11 et 89 de la constitution ; --- Refuser, en économie, les dogmes étatistes ou mercantiles et conduite d’une politique équilibrée conciliant efficacité et respect de l’intérêt général supérieur social et écologique ; Telles seraient les réformes : Tout le contraire de ce que font les sectateurs actuels du Marché, de l’entreprise privée, du commerce forcené. La vie vaut mieux que cette marchandisation du monde qui loin de conduire à davantage de prospérité, gaspille la Nature, torture l’animal et névrose l’homme. Cherchez bien, vous ne découvrirez pas une seule, même toute petite « réforme » esquissée par les néo-conservateurs d’ici et d’ailleurs, conservateurs qui usent d’un concept dont ils détournent délibérément le sens. S’il vous advenait d’en rencontrer une seule, contemplez-là avec gourmandise et dites-vous que c’est une espèce en voie de disparition. Gérard Charollois CONVENTION VIE ET NATURE POUR UNE ECOLOGIE RADICALE. Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites