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terrienne

la lettre hebdo de gérard charollois (11/05)

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La grande peur des tastes mort



La presse relata ces mois derniers les actions militantes d’un mouvement « Droits des animaux » qui, dans la moitié Nord de la France, s’interposa très pacifiquement entre les chasseurs à courre et leurs victimes, interrompant ainsi quelques sinistres cérémonies de sang, de cruauté et de mort.

Ce ne furent pas tant les journées gâchées que déplorèrent les tueurs agréés que la publicité faite autour de leur loisir anachronique que récusent très majoritairement les citoyens.

La chasse, vous le savez, n’est pas école de courage.

C’est la guerre, mais faite à des lapins qui n’ont pas de fusils.

Valeureux le chasseur ?

Des dizaines de milliers de promeneurs parcourent durant l’été les Pyrénées sans qu’aucun d’entre eux n’ait jamais été dévoré par un ours.

Mais lorsqu’un chasseur, porteur de son gros fusil et entouré de ses semblables rencontre une ourse, la peur le saisit et il doit pour se protéger donner la mort à la dernière représentante d’une souche ursine.

Pour se défendre de la seule présence gênante des militants du mouvement « Droits des animaux », le chasseur propose, sous la plume d’un sénateur peu progressiste et qui ne s’appelle pas Victor SCHOELCHER, l’introduction au code pénal d’une ridicule contravention d’entrave au droit de chasser.

Nous connaissons le parlement Français, ses délires pro-cynégétiques, son total décalage avec l’opinion publique et nous ne doutons pas de l’adoption de toutes les billevesées proposées par le groupe « chasse » des assemblées.

En amenant les législateurs chasseurs à pénaliser les manifestations de terrain d’opposition à la chasse à courre, les militants de la cause animale remportent une magnifique victoire morale.

La féodalité a peur.

Peur des concessions, peur du droit communautaire, peur de l’évolution des mentalités, peur des écrits de ceux qui la combattent et qu’ils imaginent intimider par des procédés dérisoires et des attaques personnelles indignes d’un partisan d’une quelconque cause.

Un démocrate, un homme de convictions, un esprit honnête et loyal sûr de son bon droit, se bat pour ses idées, ses valeurs par l’argumentation, le verbe, la réfutation.

Tout le reste est méprisable.

Les ennemis de la terre, ceux qui veulent tuer le plus possible, sous des prétextes les plus fallacieux ont peur des ours, peur des renards, peur des cormorans (nazis, pour reprendre les termes mémorables d’un de leurs députés), peur des écologistes, peur du débat, peur des idées, peur de la démocratie, peur d’un avenir qui les exclut.

La chasse est un loisir moralement condamnable et désormais condamné.

Tuer pour le plaisir représente non seulement une agression contre l’animal mais aussi une insulte à l’espèce humaine.

Par-delà les incidences écologiques désastreuses de ce passe-temps contre Nature, c’est l’éthique qui commande l’abolition de la chasse loisir.

Les dix mille chasseurs à courre (les boutons dans leur jargon grotesque) tueront à l’abri des gendarmes, mais pas de la réprobation citoyenne.

La proposition de loi du président du groupe chasse du sénat sent tout de même un peu la panique et l’autoritarisme d’une Bastille assiégée.

Pour notre part, écologistes défenseurs du vivant, insensibles aux menaces, aux agressions subalternes et nauséabondes, nous continuerons inlassablement à rappeler, par le seul combat des idées, que l’animal est un être sensible, que toute espèce a sa place dans la Nature et doit la conserver, que la vie ne vaut que par la diversité.

En notre temps, en Europe, tuer des animaux libres est une faute morale et écologique.

Il n’y a pas de bon chasseur si ce n’est celui qui cesse de chasser, non pas parce qu’il n’y a plus de vrai « gibier » mais parce qu’il a compris qu’un être vivant n’est jamais un « gibier ».

Il n’y a pas de bonne réforme de la chasse car on ne réforme pas la torture, l’esclavage, le bagne, la peine de mort.

On abolit.

Et dire que dans quelques décennies, de vieux conservateurs rances, des nantis conformistes, des planqués du juste milieu commémoreront par des discours ennuyeux les Révolutionnaires qui osèrent un jour affirmer que l’animal non humain n’est pas une chose, un objet, une machine et que la Nature n’est pas un stand de tirs !

Ceux qui commémorent les révolutions salutaires du passé ne sont pas ceux qui les auraient faites en leur temps.

Gérard Charollois
CONVENTION VIE ET NATURE POUR UNE ECOLOGIE RADICALE

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