terrienne 0 Posté(e) le 1 juin 2008 La fracture culturelle Entre les écologistes, d’une part, les ennemis de la terre, d’autre part, il n’y a rien. Les vieux partis politiques clientélistes et dogmatiques ne servent que des intérêts catégoriels grossiers et égoïstes. Le parti du patronat, de l’entreprise privée domine présentement contre le parti des enseignants et des salariés menant une hargneuse lutte des classes à l’envers : « si vous donnez un centime à vos salariés vous aurez 20% de réduction d’impôts ». Ce qui anime ces partis n’est que l’appât du gain, soit pour les plus riches, soit pour les moins riches. Les idées, les valeurs, l’éthique, les convictions philosophiques n’effleurent plus en politique, excepté dans le débat aux marges entre les écologistes et leurs adversaires les destructeurs de la Nature, les exploiteurs du vivant, les tortionnaires d’animaux. Là réside le grand fossé culturel qui sépare irréductiblement les gens de mieux et ceux qui les combattent au nom des traditions, des habitudes, de la paresse morale et intellectuelle. Toutes les époques eurent leurs grandes querelles : républicains contre monarchistes, laïcs contre cléricaux, pacifistes contre militaro-nationalistes, tenants de l’empire colonial contre émancipateurs des peuples. Présentement ce qui clive fondamentalement l’opinion, c’est-à-dire les esprits qui pensent, tient au rapport de l’homme avec sa planète, la diversité biologique, les autres espèces vivantes. Un vigoureux débat télévisé opposa, à une heure nocturne, hélas trop confidentielle, Armand FARRACHI, vice-président de la CVN au Président du parti politique d’extrême-chasse, CPNT qui exhala sa vindicte primaire contre les écologistes qualifiés de « terroristes » et « criminels ». L’objet du courroux cynégétique tient au fait qu’une association, Droits des Animaux, s’interpose depuis quelques mois entre les veneurs et leurs victimes. Dans la bouche des propagandistes pas très sérieux du lobby chasse, ces actes pacifiques deviennent du « terrorisme criminel », pas moins. Or, dans notre société très BIG BROTHER, aucun acte de « terrorisme criminel » ne saurait être perpétré sans que l’Etat n’en soit immédiatement et complètement informé et réprime le moindre acte de violence. Le chasseur est une espèce sur-protégée en ce pays et ne doutons pas un seul instant que si les amis des bêtes se livraient au plus petit acte de violence physique légère sur un veneur, (généralement pesant notable de province), les foudres judiciaires les frapperaient immédiatement. Hélas, pour la propagande cynégétique, rien à exploiter, pas la moindre condamnation, fut-elle contraventionnelle ! Certes, la chasse suscita des violences sanctionnées par des condamnations correctionnelles mais toutes atteignirent des chasseurs, en baie de SOMME comme en ARDECHE. Cette absence de toute violence des interpositions antichasses à courre explique que le zélé sénateur PONIATOWSKI cherche à incriminer spécifiquement « l’entrave à la chasse » ce qui ferait de ce loisir le seul dont l’entrave constituerait une infraction contraventionnelle, ce qui en dit long sur sa réception par le corps social et qui représenterait une victoire morale indéniable des opposants. Lorsqu’un sport, un jeu, une activité ludique ont besoin de s’abriter derrière la loi, c’est qu’ils ne peuvent plus le faire derrière l’éthique. Les armes, la violence, l’injure ne sont pas du côté des défenseurs du vivant, du côté de ces gens de mieux qui veulent élargir le cercle de l’empathie pour y inclure l’animal non humain. Il faut dire qu’apprendre à poignarder des biches, à perforer des blaireaux, à piéger des putois et des corvidés n’est guère une école d’adoucissement des mœurs et des manières et il ne faut pas s’étonner de la brutalité primaire des réactions des ennemis de la terre. A force de ne voir dans l’être vivant qu’un « gibier » ou un « nuisible », on finit par perdre le sens des nuances et par confondre une désobéissance civique passive et pacifique et un « terrorisme criminel ». Ce qui nous oppose à eux ne saurait se résoudre autrement que par l’évolution historique de la société et l’extinction naturelle, avec l’écoulement salutaire du temps, de l’attitude cynégétique. Dans ce monde pollué, urbanisé, artificialisé, anthropisé à l’excès, il n’y a plus place pour la prédation et les consciences éveillées commencent à récuser la mort loisir. Nos conceptions de la vie et de la mort, de la souffrance et du respect, du rôle de chaque être et de chaque espèce divergent de celles des tenants de la mort loisir de manière inconciliable. Nous assumons, sans hargne inutile et sans agression verbale outrancière à l’encontre des personnes adverses, notre combat éthique. Nous récusons l’anthropocentrisme et lui substituons un biocentrisme (néologisme explicite dont nous ne sommes pas les concepteurs) et transcendons l’antiracisme en antispécisme. Tentant dès lors pour les ennemis de la terre de nous dépeindre en adversaires des droits de l’homme, en misanthropes aigres. Ce n’est point là que gît la fracture culturelle fondamentale. Les droits de l’homme, toujours vulnérables et confrontés aux fascismes divers, méritent une défense constante, vigilante, ardente. Nous, écologistes radicaux, affirmons ces droits humains face aux obscurantismes et aux régressions que voudraient imposer certaines mythologies ténébreuses telle celle qui inspira un récent jugement nordique reprochant à une femme d’avoir dissimuler à son mari qu’elle n’était plus « vierge ». Comment concevoir qu’existent encore de pareilles billevesées ? Demander des Droits pour le vivant implique idéologiquement d’exiger aussi les droits de l’individu humain. Nous ne contemplons pas l’apport des Lumières à l’aune des ténèbres de l’esprit, mais en exigeant encore plus de Lumières. Le sentiment et la raison commandent un changement radical de relations avec l’animal et avec la Nature. Assumer le défi culturel n’est pas toujours aisé et nombre de personnes, partageant en secret notre analyse, feignent de composer très pusillanimement avec les destructeurs de la Nature, histoire de ne pas se retrouver dans ce qu’ils pensent à tort être l’inconfortable posture du « premier qui dit la vérité ». De même, face aux divers fascismes étatiques ou obscurantistes et religieux, des esprits complaisants composent et au nom de la tolérance baissent la garde et capitulent. Pour nous, face aux injures farfelues, ce sera calme, détermination, sérénité et courage : l’avenir sera écologiste ou ne sera pas. Gérard Charollois CONVENTION VIE ET NATURE POUR UNE ECOLOGIE RADICALE Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Animal 0 Posté(e) le 1 juin 2008 Comme il a raison... comme toujours ! Bravo Monsieur Charollois ! Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites