terrienne 0 Posté(e) le 12 juin 2008 Pour l’universalité des valeurs éthiques Par complexe ou complaisance, par confusion des notions de cultures multiples et de civilisation, certains contemporains, au fond nihilistes, aiment évoquer la relativité des valeurs devant céder face aux particularismes des ethnies et des nations. Les cultures tiennent au folklore, aux costumes, aux chants, aux dialectes, à l’art de construire et de faire de la poterie. La civilisation tient au raffinement des mœurs, à l’accession à la dignité pour soi-même et pour autrui. Les premières sont contingentes, relatives, et la seconde est un horizon d’hominisation. Ainsi, les droits de l’homme, la liberté individuelle, les droits des animaux, de la Nature transcendent le temps et l’espace. Ce ne sont, pour les nihilistes, que de l’écume à la surface des sociétés humaines. Certaines sociétés les admettent, plus ou moins bien, d’autres les nient, mais tout ceci se vaut, pour les relativistes, et il faut apprendre à respecter l’autre, donc accepter ses pratiques contraires auxdits droits, contraires à la civilisation confondue avec une culture déterminée. D’ailleurs, ces sophistes iraient presque jusqu’à énoncer que les crimes des uns sont les vertus des autres . Exemples concrets : L’excision des petites filles préservera les femmes de demain du danger du plaisir, source de désordres dans les tribus. La lapidation de la femme adultère la protège par une saine dissuasion de la tentation, comme les voiles religieux la préservent de la convoitise des hommes. La pendaison des homosexuels contraint les jeunes gens à demeurer dans le droit fil de la Nature voulue par la divinité suprême. Et puis, ajoutent nos sophistes relativistes, l’arbitraire, la contrainte physique, la censure de la pensée ne sont pas ressenties de la même manière en Europe qu’en Afrique ou en Asie. Et puis, le camp permet la rééducation des réfractaires, la privation des droits sociaux stimule l’assisté, la tauromachie permet la survie de la « race taureaux de combat », la chasse développe les vertus viriles et gère la faune dans le respect des traditions ancestrales. Ces raisonnements, tenus par tant d’esprits formatés, marquent un singulier mépris de l’autre qui serait ontologiquement inaccessible aux droits et libertés réservés à une élite morale et intellectuelle. La presse relate en ce mois de juin un inquiétant procès civil dont eu à connaître le tribunal de grande instance de LILLE. Un mari aurait sollicité l’annulation de son mariage au prétexte que son épouse n’était plus vierge et lui avait dissimulé cette particularité, totalement insignifiante pour tout esprit éclairé, mais essentiel pour « la culture » dudit mari. L’article 180 du code civil prévoit en effet que le mariage peut être annulé lorsque l’un des époux a commis une erreur sur la personne (ce qui serait tout de même invraisemblable) ou sur les qualités essentielles de la personne. En accueillant l’action du mari « traditionaliste », le tribunal, selon du moins les commentaires médiatiques, aurait considéré que la virginité de l’épouse constituait une « qualité essentielle de la personne ». Sans doute peut-on espérer, sans grand risque de se tromper, que le juge français n’a pas adhéré à un quelconque délire obscurantiste, mais a trouvé dans ce motif d’annulation, le moyen de libérer cette malheureuse épouse d’un mari dont l’ouverture d’esprit avait beaucoup à envier à celle du vagin de sa compagne. Reste que la décision judiciaire, par le message qu’elle véhicule est regrettable. Le divorce existe pour libérer les époux d’un échec affectif. La solution est moralement déplorable car la justice de ce pays donne l’impression de prêter la main à l’arriération, aux préjugés, à l’ignorance, au mépris de la dignité de la personne, à une censure des mœurs qui n’a pas cours dans une société démocratique. Pas plus qu’une pseudo-culture locale ne justifie la tauromachie, la chasse, l’ébouillantage des chiens, le massacre des phoques, les traditions ancestrales ou une revendication politique identitaire aigrie ne sauraient justifier des atteintes aux droits de l’homme, à la liberté et à la dignité des individus, à la sensibilité des animaux, aux droits de la biodiversité. Ces valeurs civilisatrices ne sont pas relatives, bornées par une frontière. Il n’y a pas de tortures que justifie une tradition locale ininterrompue, ni pour les humains, ni pour les animaux non-humains. Les valeurs fondatrices de la civilisation sont universelles, permanentes, non négociables et seuls les fascistes de tous genres cherchent à s’en abstraire pour accomplir leurs crimes insondables. Il n’y a pas un droit de l’homme pour les Européens et un sous-droit pour les habitants d’autres régions de la terre. Quel que soit le hasard qui le fit naître ici ou ailleurs, l’individu bénéficie des mêmes prérogatives et du même accès à la garantie de son intégrité physique et morale. Oui, aux différences folkloriques, costumières, musicales, linguistiques, culinaires, car « l’ennui naquit un jour de l’uniformité », mais non à la négation de l’altérité de tout être sensible. Méfiez-vous des zélateurs des particularismes exacerbés, ils masquent un nauséabond mépris et font le lit des génocides, des violences, des exclusions. Gérard Charollois CONVENTION VIE ET NATURE POUR UNE ECOLOGIE RADICALE Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites