terrienne 0 Posté(e) le 12 juin 2008 Ce sont les régions les plus poissonneuses du globe : avec moins de 3 % des surfaces océaniques, elles fournissent 20 % à 30 % des captures mondiales de pêche - essentiellement sardines et anchois. Ce sont aussi les écosystèmes parmi les plus sensibles au réchauffement et à la surpêche. Appelées "écosystèmes d'upwelling de bordure est des océans" (EUBE), ces zones sont situées sur la façade ouest des continents, où alizés et courants marins favorisent des remontées d'eau froide très riches en substances nutritives. Pour évaluer l'impact que peut avoir le réchauffement climatique sur cette manne, l'Institut de recherche pour le développement (IRD) a co-organisé une conférence internationale à Las Palmas de Gran Canaria (Espagne), du 2 au 6 juin. On recense quatre principaux EUBE, correspondant à de grands courants marins. Dans l'Atlantique nord, on distingue la zone du courant des Canaries (Espagne, Maroc, Mauritanie et nord du Sénégal) et au sud, celle du courant de Benguela (sud de l'Angola, Namibie, Afrique du Sud). Dans le Pacifique sud, il s'agit du courant de Humboldt (Pérou et Chili) et, dans le nord, du courant de Californie (Etats-Unis et nord du Mexique). "Ces écosystèmes sont très violents et impétueux par rapport au reste de l'océan. Et l'imbrication des variabilités décennales, séculaires, voire millénaires, rend difficile l'analyse des tendances à long terme", explique Pierre Fréon, directeur de recherche au Centre de recherche halieutique méditerranéenne et tropicale (IRD/Ifremer/université de Montpellier II) à Sète (Hérault). Les observations effectuées sur place, les modèles numériques et les images satellites permettent d'avoir un premier aperçu de l'effet de la montée des températures sur la faune océanique. Les modèles relatifs à la physique des océans, couplés à ceux qui traitent des comportements de la vie marine, du plancton aux poissons jusqu'aux prédateurs supérieurs - dont l'homme -, montrent que ces écosystèmes sont moins résistants au réchauffement quand ils sont intensément exploités. Le réchauffement n'est pas homogène dans les quatre EUBE. Les données satellites indiquent que, sur les vingt-deux dernières années, la température des eaux s'est élevée de 1,5 oC dans la région du courant des Canaries et de seulement 0,5 oC dans les trois autres EUBE. Cela a entraîné une baisse de la productivité du phytoplancton au large du Sénégal et de la Mauritanie dans le premier cas, et une hausse ailleurs. HABITAT COMPRIMÉ Mais cette augmentation a des effets inattendus. Par leur respiration, puis leur décomposition quand ils sont morts, les êtres vivants font baisser la quantité d'oxygène dans l'eau de mer de surface. Dans le même temps, la montée des températures limite le brassage des eaux et augmente la stratification de l'océan. Résultat : dans plusieurs écosystèmes d'upwelling, les scientifiques ont constaté que l'habitat des espèces aux stades larvaire et adulte se retrouve comprimé dans les couches superficielles. Ce qui est le cas au large de la Namibie, du Pérou et du Chili. "Et dans certains cas extrêmes, comme en Afrique du Sud, ajoute Pierre Fréon, l'écosystème s'emballe. Le manque d'oxygène, associé à la production de toxines, conduit les langoustes à sortir de l'eau et à envahir les plages, où elles meurent de dessication par centaines de tonnes. Ce n'est pas un phénomène nouveau, mais sa fréquence semble s'accentuer." En Namibie, la diminution des alizés, alliée à la surpêche et à la diminution de l'oxygène, s'est traduite par la disparition de la sardine et par la prolifération des méduses et des gobies. Les scientifiques notent aussi que le réchauffement induit des changements importants dans le comportement alimentaire de certains animaux. En Afrique du Sud, par exemple, les pélicans attaquent les poussins d'autres espèces, tels les fous du Cap, en raison de la raréfaction de leurs proies naturelles. On constate aussi un décalage des cycles saisonniers de certaines espèces dépendant les unes des autres. Au sud du Benguela, les sardines et les anchois repoussent de plus en plus vers l'est leur zone de reproduction. Du coup, les fous du Cap et les manchots d'Afrique, qui se reproduisent en colonies importantes sur certaines îles, ont vu leurs proies disparaître, ce qui a limité leur reproduction. Christiane Galus Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
mars11 0 Posté(e) le 13 juin 2008 Assez effrayant tout ça. Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites