terrienne 0 Posté(e) le 28 juin 2008 libération - samedi 28 juin 2008 Un scandale de fuite radioactive contrarie les plans de Merkel Le gouvernement allemand se serait bien passé de ce nouveau scandale… En milieu de semaine, l’opinion a appris l’existence d’une fuite radioactive dans une ancienne mine de sel reconvertie en centre de stockage à Asse, dans le centre du pays. L’affaire est d’autant plus sensible qu’Angela Merkel vient tout juste de commencer une offensive de charme pro-nucléaire auprès d’une opinion particulièrement rétive. La chancelière allemande attend les élections de l’automne 2009 pour revenir sur la décision prise par le gouvernement Schröder de fermer toutes les centrales nucléaires du pays d’ici à 2020. Endommagés. Retour à Asse, en Basse-Saxe, où 125 000 fûts faiblement radioactifs ont été entreposés à 750 mètres de profondeur entre 1967 et 1978. Mille trois cents autres fûts de déchets «moyennement» radioactifs (mais contenant onze kilos de plutonium) gisent également à 511 mètres de profondeur. Les couches salines, géologiquement stables depuis soixante-dix millions d’années, sont considérées comme quasiment imperméables. Sauf qu’à cet endroit, le sol est en mouvement. Depuis la révélation de l’affaire, la société chargée de gérer le site a dû reconnaître qu’il lui fallait pomper chaque jour, depuis 1988, les 12 mètres cubes d’eau qui s’infiltrent quotidiennement dans la mine et entrent en contact avec un ou plusieurs fût(s) endommagé(s). Ce qui expliquerait que depuis des années, les mesures réalisées sur place font état d’une contamination au césium 137. «Selon les endroits, les relevés sont de trois à onze fois supérieurs à la norme autorisée», admettent aujourd’hui les autorités du Land. Les Verts et les habitants craignent une possible contamination de l’eau potable de la région. Au-delà des faits, le scandale d’Asse choque d’autant plus en Allemagne qu’il met en évidence les limites des systèmes de contrôle et d’information autour du nucléaire civil. Les autorités régionales, compétentes en la matière, n’ont été informées que récemment des fuites radioactives, et n’ont pas prévenu Berlin. Les liquides pompés de la mine sont réinjectés dans d’autres mines désaffectées, sans autorisation de l’autorité de sûreté nucléaire… Longtemps, Asse a été considéré en Allemagne comme un prototype du futur centre de stockage de Gorleben, dont le projet repose dans les tiroirs du gouvernement depuis des années. Depuis la révélation des fuites, Berlin tente de relativiser les points communs entre les deux sites. La période actuelle est, de fait, décisive pour l’avenir du nucléaire civil outre-Rhin. La CDU, le parti de la chancelière, évoque déjà, dans un document consacré à l’avenir de l’énergie en Allemagne, la «renaissance d’une technique nucléaire hautement moderne». «A moyen terme, on ne peut pas renoncer en Allemagne à l’électricité d’origine nucléaire», insistent les auteurs du document. «Absurde». «Fermer les centrales allemandes dans douze ans pour importer du courant nucléaire de République Tchèque, de France ou de Finlande, c’est absurde», estime pour sa part Merkel. La chancelière multiplie depuis des semaines les déclarations de ce type, destinées à préparer l’opinion à un retour au nucléaire si elle était réélue l’an prochain. «Mais il faudra d’abord résoudre la question du stockage des déchets avant d’envisager la construction de nouvelles centrales», avertissent les auteurs du document de la CDU. C’était avant que n’éclate le scandale actuel. Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites