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pollution et cancers

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Quelle est la contribution des facteurs environnementaux à l'augmentation constatée de l'incidence de certains cancers ? Nouvelle pièce à ce dossier controversé, une expertise collective, réalisée par l'Institut national de la santé et de la recherche en médecine (Inserm) à la demande de l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (Afsset), a été rendue publique jeudi 2 octobre.

Cette revue très complète de la littérature scientifique mondiale recense les cancers liés aux principaux agents cancérogènes, avérés ou suspectés, présents dans l'environnement. Entre 1980 et 2005, compte tenu des évolutions démographiques, l'incidence des cancers s'est accrue de 35 % pour les hommes et de 43 % pour les femmes. Ont-ils augmenté du fait d'un dépistage plus répandu ? "L'évolution de la démographie et des pratiques médicales n'explique pas à elle seule l'augmentation constatée", répond l'expertise.

Un récent rapport de l'Académie de médecine insistait sur le rôle des comportements individuels. Mais il s'en tenait aux cancérogènes avérés, au risque de sous-évaluer la responsabilité de l'environnement. Les experts réunis par l'Inserm ont pris en compte les facteurs de risque environnementaux des cancers "dont l'exposition est subie et non générée par des comportements individuels", ce qui leur a fait, par exemple, inclure le tabagisme passif et exclure le tabagisme actif.

Même s'ils se sont heurtés "dans bon nombre de cas" à l'absence ou à l'insuffisance de "données permettant de quantifier les expositions et de préciser les co-expositions", ils citent plusieurs études montrant une association entre les particules atmosphériques provenant du trafic automobile, du chauffage et des activités industrielles, et le cancer du poumon.

Des travaux estiment qu'"environ 1 300 à 1 900 décès par cancer du poumon pourraient être évités chaque année dans 23 villes européennes si les niveaux de PM2,5 [particules fines] étaient ramenés respectivement à 20 et à 15 microgrammes par millimètre cube (µg/mm3)".

A Paris, Grenoble, Rouen et Strasbourg, 10 % des cancers du poumon sont attribuables à l'exposition aux PM2,5. Or l'Europe s'est dotée d'une norme sur les PM2,5 visant 25µg/mm3 en 2010, qui ne sera contraignante qu'en 2015…

Les radiations ionisantes (rayons X et gamma) peuvent provoquer de nombreux types de cancer : poumon, thyroïde, sein, cerveau, plèvre, leucémies… Les examens radiologiques répétés augmentent le risque de cancer du sein et, peut-être, celui d'autres cancers, précise l'expertise. Le nombre de ces examens s'accroît de 5 à 8 % par an en France.

La France est l'un des plus gros utilisateurs mondiaux de pesticides. Les experts reconnaissent qu'avec près d'un millier de molécules mises sur le marché en France, "les risques liés à la totalité de ces molécules ne peuvent être évalués de façon satisfaisante". Mais l'exposition aux insecticides domestiques dans l'enfance ou via la mère au cours d'une grossesse "a été régulièrement associée aux leucémies et, à un moindre degré, aux tumeurs cérébrales".

"Nous allons travailler à partir de l'expertise de l'Inserm afin de produire un avis, et des recommandations répondront aux besoins de connaissance des décideurs et d'information du public", affirme Henri Poinsignon, directeur général par intérim de l'Afsset.
Paul Benkimoun

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