Aller au contenu
Rechercher dans
  • Plus d’options…
Rechercher les résultats qui contiennent…
Rechercher les résultats dans…
terrienne

Comment l'appétit pour la viande pèse sur le climat

Messages recommandés

LE MONDE | 03.10.08
Baisser de manière drastique la consommation de viande pour contribuer à
ralentir le cours du réchauffement climatique : le discours tenu début
septembre au Royaume-Uni par le président du Groupe intergouvernemental
d'experts sur l'évolution du climat (GIEC), l'Indien Rajendra Pachauri,
lui-même végétarien, avait été très commenté. Un rapport rendu public, mardi
30 septembre, par le Centre pour la stratégie environnementale de
l'université du Surrey (Royaume-Uni) formule, en substance, la même
conclusion.
Selon un des scénarios les plus frappants, l'humanité devrait viser, en
2050, une consommation moyenne de 500 g de viande et d'un litre de lait par
semaine et par personne. Celle-ci est actuellement de 730 g et 1,5 litre
rapportée à l'ensemble de la population de la planète, mais de 1,6 kg et de
4,2 litres au Royaume-Uni.
10 % DES ÉMISSIONS BRITANNIQUES
L'étude détaille les émissions de gaz à effet de serre des diverses étapes
de la production alimentaire dans ce pays, représentatif du reste de
l'Europe occidentale. "Elle compte pour presque un cinquième de ces
émissions, explique Tara Garnett (université du Surrey), auteur du rapport.
L'agriculture y tient le plus grand rôle." Au total, la production de viande
et de produits laitiers représente à elle seule environ 50 % des émissions
de l'ensemble de la production alimentaire britannique, soit un peu moins de
10 % des émissions totales du pays.
La réduction des émissions du secteur alimentaire passe donc nécessairement
"par une optimisation de chaque étape de la chaîne alimentaire (transport,
conditionnement, réfrigération, etc.) mais aussi par un changement de nos
comportements alimentaires", dit-elle.
Selon le rapport, l'hypothèse optimiste veut que les bonnes pratiques
d'élevage et de nouvelles technologies permettent à l'horizon 2050 une
réduction de 50 % des émissions engendrées par la production animale. Mais
l'augmentation prévue des volumes en annulera le bénéfice : l'Organisation
pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) projette en effet un
quasi-doublement de la demande mondiale de viande et de lait entre 2000 et
2050.
Réduire de 50 % les émissions de gaz à effet de serre issues du bétail
passerait donc par une stagnation de la production. Ce qui, à l'horizon
2050, imposerait cette moyenne de 500 grammes de viande et un litre de lait
par semaine.
Cependant, prévient Bruno Dorin, chercheur au Cirad (Centre de coopération
internationale en recherche agronomique pour le développement), "nous
manquons encore cruellement de données pour rendre des avis définitifs". De
plus, il peut être réducteur de n'évaluer la production animale qu'à l'aune
des gaz à effet de serre. "Dans les pays du Nord, les animaux peuvent
valoriser des espaces qui stockent du carbone et de la biodiversité par
rapport aux terres mises en culture, explique-t-il. Au Sud, le bétail est
aussi un moyen d'épargne, de traction, sa production laitière une source de
protéines et de lipides. Les bouses servent de combustible, ce qui ralentit
la déforestation..."
Mais, au-delà de l'enjeu climatique, "les projections de la FAO sont à mon
sens simplement impossibles à tenir, étant donné la pression qu'engendrerait
un doublement de la production sur l'occupation des sols", estime Mme
Garnett.
Stéphane Foucart
Article paru dans l'édition du 04.10.08.

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

×
×
  • Créer...