terrienne 0 Posté(e) le 14 octobre 2008 «L’homme a en lui le goût de détruire. Et ce n’est pas le prêchi-prêcha des bien-pensants qui mettra fin à cette malédiction, que nous portons dans nos gènes... La saloperie humaine est la même partout. Fort de ce constat, je ne vois pas ce qu’on peut faire d’autre que d’injurier l’humanité, de dénoncer son absurdité et sa cruauté...» Patrick Declerck «De tous les êtres, les moins insupportables sont ceux qui haïssent les hommes. Il ne faut jamais fuir un misanthrope.» Emil Michel Cioran CRISE SUR CRISES (La crise sur le gâteau...) Depuis le 30 septembre, les USA et l’UE viennent de dépenser de quoi nourrir durant un siècle les 900 millions d’humains souffrant de famine . Le hold-up du siècle Ce renflouement a pour mission de protéger la masse obscène de richesses qui ont été accumulées au cours des huit dernières années.... Laissez les riches souffrir, pour une fois. Laissez-les payer pour ce sauvetage. Le plus grand hold-up de l'histoire de ce pays se déroule au moment même ou vous lisez ces lignes. Aucune arme à feu n'est utilisée, mais 300 millions de personnes ont été prises en otages. Ne nous méprenons pas : Après avoir dérobé 500 milliards de dollars qui ont été empochés depuis 5 ans par leurs soutiens les profiteurs de guerre, après avoir garni de plus d'une centaine de milliards de dollars les poches de leurs amis les pétroliers depuis deux ans, Bush et ses potes - qui doivent bientôt quitter la Maison Blanche - sont en train de piller le Trésor américain de chaque dollar qu'ils peuvent récupérer. Ils prennent dans le coffre autant qu'ils pourront en emporter en se dirigeant vers la sortie. Peu importe ce qu'ils disent, peu importe les mots terrifiants qu'ils emploient. Ils recourent encore une fois à leurs vieux trucs consistant à créer la peur et la confusion afin de rester parmi les 1% les plus riches. Michael Moore, Common Dreams, 29 septembre 2008 (extrait) Crise financière hypothéquant un système d'exploitation planétaire à courte vue et pour laquelle on déniche partout des centaines de millions de dollars ; Crise alimentaire que l'on entretient à feu doux ; Crise écologique condamnant irréversiblement nos lendemains ; Quelle est notre crise, quelle est votre crise ? Je sais, les défenseurs de l'environnement sont des gens exaspérants... On supporte mieux les mille et une pubs quotidiennes qui nous abusent que le billet d'un écologiste trop radical, on saurait même voter pour quelqu'un qui nous veut du mal. Cette heuristique qui consiste à remuer le couteau dans la plaie en martelant le sombre discours ne plait pas à tout le monde. Le recours à un pessimisme lucide pourrait pourtant induire une peur raisonnée, réactive, susceptible d'un grand sursaut, de nous délivrer d'une complaisance béate qui procède de l'antalgie. Sinon, quoi faire à l'échelon individuel ? Renoncer à l'automobile, cultiver son potager, cesser de persécuter les mauvaises herbes et les sales bêtes ? C'est tout à fait respectable mais d'un effet zéro si non accompagné du réveil du plus grand nombre de terriens. La communication bien comprise, l'envoi de signaux de détresse à une humanité apparemment indifférente, désormais préoccupée par une économie en chute libre, me semble plus judicieuse et porteuse d'espoir que le repli secret dans la vérité écologique d'un égocentrique retour aux champs. Il faut le faire, mais il faut le dire. Et se battre pour le dire. J'oserais même aller jusqu'à cautionner cette formule qui a si mauvaise presse : « Faites ce que je dis, et non ce que je fais », dans la mesure où la chose dite offre un meilleur écho, un plus large impact que la chose faite en catimini, pour la seule éthique personnelle. Enfin, ça se discute. Dans la précédente lettre, nous avions un message très altruiste à l'attention et à l'intention de rien moins que 4 ou 5 milliards de nos frères et de nos sœurs victimes de la précarité, de la pauvreté, de la disparité, de la crise alimentaire par la faute historique de nos prééminences guerrière, économique et spoliatrice : nous avons consommé pour vous, ne suivez pas notre mauvais exemple, restez ascètes ! Quelques jours plus tard, à en croire les économistes et les journalistes financiers qui se ruent sur les médias pour relayer la peur panique à l'angoisse première, ce n'est plus qu'un message pour nous-mêmes que nous nous adressons : c'est le début de la fin, il ne nous reste plus qu'à bouffer notre béton. Récession pour d'éternels trimestres selon les uns, déflation ou dépression finale pour les autres, d'une manière ou d'une autre c'est le grand pataquès. Il ne faut pas être grand clerc pour pressentir les écueils qu'engendre une éternelle fuite en avant, masochisme économique institutionnalisé. Experts et exégètes n'avaient pu prévoir et prévenir ce que le dernier des "sauvages" pouvait pressentir, loin des ficelles boursières, par la simple et sage observation : un système qui fait fit des interdépendances et qui s'autodévore, c'est une humanité qui s'autogénocide. Mais heureusement, tout repartira bien vite pour la dernière ligne droite, dans l'inconscience et la surconsommation, la crise financière sera jugulée et présentée comme un incident de parcours. L'horizon recule au fur et à mesure qu'on avance, c'est comme un mirage. L'espèce humaine est unique, c'est la seule à buter plusieurs fois sur la même pierre. Reste que ça sent la fin, la fin d'un productivisme débridé qui se heurte logiquement à la finitude du monde, à des ressources qui ne sont pas infinies et à des manières scandaleuses de se jouer de la Terre-mère. Ils vont replâtrer leur système économique pernicieux qui marchera de plus en plus de guingois, ils diront qu'il ne s'agissait que d'un incident de parcours, que d'une crispation financière résultant du forfait de quelques voyous de leurs amis. Mais la crise écologique, elle, n'est pas qu'un mauvais entr'acte. On ne reconstruit pas les écosystèmes, on ne régénère pas les sols désertifiés, le rythme actuel d'extinction des espèces est de 100 à 1 000 fois supérieur à ce qu'il a été en moyenne sur des centaines de millions d'années, et la reconquête des ces végétaux et de ces animaux n'est pas pensable dans des niches écologiques irréversiblement saccagées par l'entremise de notre anthropocentrisme mercantile. Tout bilan sociétal qui n'a que la banque comme point focal et ignore l'état des lieux est l'œuvre de malfrats et répond au critère de la malversation. Ma grand-mère appelait ces gens des escrocs en col blanc. Le genre s'est tant banalisé qu'actuellement le vocable est obsolète. Bien sûr que ce sont les mêmes qui torpillent vos économies, vous forcent à consommer inutile, vous étrangle et vous expulse par l'usure de leurs crédits, détournent l'argent de vos impôts, spéculent sur la famine, engendrent des hordes de réfugiés de l'environnement, tout en détruisant impunément la biosphère. L'irrespect est leur profession de foi. Voulez-vous que je vous en montre un, dans la rue ou à la télé ? Faciles à reconnaître, ils ne se prennent pas pour de la merde. Mais comme on les aime bien, on est habitué, on va les aider à continuer. Jusqu'au bout car il y aura un bout. Nous sommes atteints du syndrome de Stockholm : propension paradoxale des otages partageant longtemps la vie de leurs geôliers à développer une empathie ou une contagion émotionnelle avec ces derniers. Et comme nos maîtres sont schizophrènes, l'hôpital est dans la ville. De nombreuses citations bien trop connues viennent à propos : «Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson pêché, alors vous découvrirez que l'argent ne se mange pas.» Précepte des Indiens Cris (Canada) «Celui qui croit qu’une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est un fou, ou un économiste.» Kenneth Boulding «Avant, j'étais sceptique sur le réchauffement climatique, mais maintenant je suis absolument convaincu que le monde part en vrille.» Richard Brandson «Le plein de la société correspond au creux de la nature, la percée et les dimensions positives de la première sont symétriques du recul et des dimensions négatives de la seconde.» Serge Moscovici «L'homme a atteint les limites de la biosphère. Nous vivons un moment historique. Et nous sommes dans un cul de sac.» Hervé Kempf «La cause fondamentale de notre crise de civilisation n'est pas économique, mais écologique : c'est la dégradation profonde, rapide et continue du cadre de vie physique et social. Les Français sont malades de leur environnement. Depuis une vingtaine d'années, notre société est en état de régression incessante. La croissance économique ne s'est traduite que par l'augmentation des biens matériels. Mais, au regard de critères humanistes, les Français étaient de plus en plus malheureux, même avant la récession actuelle, par suite de la dégradation de leur état de santé moral, psychique et physique et de la qualité de leur vie. Bien le plus précieux, l'homme était sans cesse plus gaspillé. Du président Fallières au président Coty, en près d'un demi-siècle, la délinquance juvénile avait diminué d'un quart. Depuis lors, en quinze ans, elle vient de tripler. De 1960 à 1970, le nombre des salariés admis au congé de longue maladie pour psychose ou névrose a triplé. Pour supporter leur "bien-être" croissant, les Français, en 1974, ont dû absorber soixante-treize millions de boîtes de médicaments tranquillisants, antidépressifs ou psychostimulants : trois fois plus qu'en 1964. À quoi s'ajoute la montée si alarmante de la drogue ou de cette "para-drogue" qu'est le tabac. Même sur le plan de la santé physique, l'évolution récente est très préoccupante. Pour la première fois depuis longtemps, la mortalité générale a cessé de baisser au cours de la dernière décennie. Et si le taux de mortalité continue à diminuer pour les nourrissons, il augmente, par suite des accidents de la route, pour les jeunes de quinze à vingt-cinq ans. La science médicale a fait reculer considérablement les fléaux "naturels", tels que la tuberculose. Mais nous sommes maintenant victimes des maux que nous créons nous-mêmes : ces accidents de la route qui tuent cinq fois plus de Français qu'il y a vingt ans et en mutilent dix fois plus, ou les cancers du poumon - fruit conjoint de la pollution atmosphérique et du tabac - devenus dans ces vingt dernières années trois fois plus meurtriers. (…) Le coût humain considérable de toutes ces nuisances est encore accru par leur coût économique énorme. Les accidents de la route en 1972 ont fait perdre à la France 25 milliards, et la délinquance impose à la société une charge annuelle de 26 milliards. Comme s'y ajoute le coût des accidents du travail, de l'alcoolisme, du tabagisme, des maladies psychiatriques, des pollutions, le total est extrêmement élevé. D'autant plus que ces nuisances, loin d'être déduites du chiffre d'affaires de la production nationale, s'y ajoutent au point que les nuisances finissent par devenir un des constituants - et même un des moteurs - de la croissance ! Ce gaspillage de l'homme est aggravé par la dilapidation de trois ressources rares et non renouvelables : la nature, l'espace, les matières premières. Dans ces domaines, le seuil de rupture écologique est maintenant atteint. L'espace a été gaspillé par une politique d'aménagement du territoire qui a concentré démesurément la population dans la région parisienne et quelques grandes métropoles régionales, et vidé l'espace rural, cumulant ainsi les insatisfactions et les charges de l'encombrement et celles de la désertification. Biens vitaux, l'air, l'eau, la verdure sont si dégradés que la joie de vivre disparaît des villes et que l'avenir de l'espèce humaine est désormais en péril, tandis que le gâchis de certaines matières - pétrole, gaz, bois, caoutchouc, métaux non ferreux - inonde de déchets les pays consommateurs tout en pillant les pays fournisseurs, au point de tarir avant la fin du siècle les ressources les moins abondantes. Paradoxe et scandale pour beaucoup d'économistes : la croissance économique rapide de ces dernières années a entraîné une insatisfaction croissante. Non pas parce qu'elle a créé des inégalités supplémentaires dans la distribution des biens matériels, mais parce qu'elle a détruit des biens immatériels fondamentaux : les joies tirées de la nature, les relations d'amitié grâce à des communautés d'habitat et de travail à taille humaine, une civilisation rurale équilibrante, des cultures régionales vivantes...» Philippe Saint-Marc (Socialiser la Nature, Le Monde, 19-20 octobre 1975). Ces vidéos d'éco-dérision doivent nous faire rire jaune : Salut, bonne dépression et lisez les magnifiques ouvrages de Le Clézio ! Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites