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la lettre hebdo de gérard charollois (21/12)

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Ecologie radicale, fondamentale, « biocentriste » ?



Les philosophes du siècle dit des Lumières combattirent l’obscurantisme religieux, sans accéder toutefois à l’athéisme, posant la question de la liberté individuelle, de la limitation d’un pouvoir jusque-là absolu et de droit divin, lançant les bases de ce qui devint les « Droits de l’Homme ».

Les pensées de MONTESQUIEU, de VOLTAIRE, ROUSSEAU, DIDEROT, HELVETIUS, CONDORCET divergeaient souvent et parfois véhémentement, mais toutes tendaient à ébranler des siècles de certitudes immuables, un ordre solidement établi, un empire intellectuel et moral bâti pour durer mille ans.

Ces pensées fécondèrent l’époque contemporaine et nous leur devons bien des acquis politiques, sociaux, juridiques qui rendent ce monde meilleur que celui qui précéda les conquêtes de l’esprit libre.



Les penseurs du siècle suivant, émus légitimement par la misère ouvrière, par les enfants exploités dans les mines et les filatures, victimes déjà des maîtres de forges du temps, conçurent, non pas le socialisme, mais les socialismes extrêmement disparates, plus ou moins utopistes, plus ou moins « scientifiques », plus ou moins solubles dans la liberté individuelle, mais ô combien nécessaires face à l’avilissement de l’homme par l’homme lorsque règne le culte du profit maximum. L’humanité est tout autant redevable à PROUDHON, BENTHAM, MARX, BAKOUNINE et même au farfelu Charles FOURIER qu’à ROUSSEAU et VOLTAIRE.

Pourquoi ?

Parce que celui qui brise la loi du silence et s’insurge contre l’injustice a toujours raison et est bien excusable de se tromper en voulant édifier une doctrine close, indépassable.

Sa révolte face aux crimes, au conformisme bêlant de ses contemporains avachis et contents de l’être vaut par elle-même, avant son système, ses constructions parachevées.

Et aujourd’hui ?



L’état de la société, l’emprise technologique sur la planète, les découvertes scientifiques contemporaines posent la question fondamentale du rapport à la Nature, aux autres espèces.

Jusqu’à présent, l’ordre moral orientait l’homme vers une divinité ésotérique ou vers lui-même, conçu comme centre de l’univers, tout le reste n’étant là que pour satisfaire ses besoins, sa cruauté, ses fantasmes sacrificiels ritualisés.



L’écologie conteste ces théocentrismes et anthropocentrismes pour reconnaître une valeur à la biosphère dont l’humain n’est jamais qu’un élément parmi d’autres.



A l’instar des Lumières et des socialismes, les écologismes sont divers. Certains n’effleurent la problématique du rapport au vivant que pour offrir à l’homme un cadre de vie agréable, de qualité, viable et équilibré. La Nature est indispensable mais comme décor, réservoir de molécules utiles, source d’alimentation et de maintien d’un environnement supportable et sain.

D’autres, dont nous sommes, reconnaissent, d’une part, à l’animal la qualité d’être sensible, impliquant l’admission de droits, d’autre part, la valeur intrinsèque de la diversité biologique par-delà l’utilité qu’elle peut avoir pour une seule espèce.



Cette écologie sera appelée radicale, puisqu’elle va à la racine de la pensée, fondamentale ou « biocentriste », concept sur lequel il convient de ne pas se méprendre.



« Biocentrisme », parce que la vie humaine ou non-humaine mérite respect. L’invocation de la vie peut rappeler les élucubrations des créationnistes « prolife » chers aux ultra-conservateurs religieux américains ou islamistes.

En fait, ces « prolife » sont des adorateurs d’une divinité et non des défenseurs des êtres sensibles : chasse, tauromachie, traditions sanguinaires ne les rebutent nullement. La vie qu’ils vénèrent est celle des cellules souches et des gamètes humains. Leur pensée est typiquement obscurantiste et exclut l’animal non-humain du cercle de leur empathie qui d’ailleurs exclut bien vite les humains n’entrant pas dans leur petite communauté étriquée.

Le biocentrisme ou écologie fondamentale élargit ce cercle à tout ce qui éprouve, ressent, palpite, aspire à vivre.



Notre écologie emporte condamnation de la chasse, mort loisir, de la tauromachie, mort spectacle, des abattages rituels, des maltraitances diverses infligées à des humains ou à des non-humains, refus des destructions de sites naturels.



Loin de récuser les acquis des Lumières et des socialismes, nous bâtissons sur ce socle de raffinement des mœurs et des manières pour accéder à davantage de Droits, de Liberté, de compassion, de reconnaissance de l’altérité de tous les êtres sensibles.

Ici, pas de régression, de nostalgie d’un âge d’or qui n’a jamais existé mais invitation ardente à parachever le processus d’hominisation.

Pour devenir humain, il faut guérir l’esprit de cruauté, de domination brutale, de cupidité qui rabaisse certains hommes bien au-dessous de la condition animale qu’ils prétendent mépriser.



Ainsi, nous exhortons nos contemporains, comme le firent les philosophes des Lumières, les socialistes du 19e siècle, à une rupture conceptuelle, à une nouvelle façon d’être et d’agir.

Contre nous, non plus les prêtres du Moyen-âge et leur inquisition, non plus les maîtres de forges et leur arrogance, mais des lobbies qui tuent, exploitent, polluent, spéculent au grand détriment de la Nature.

Parce que nous posons de véritables questions à la société de dévastation, parce que les connaissances nouvelles impliquent l’admission de notre éthique, nos antagonistes répondent par la haine, le dénigrement, la censure faute de pouvoir le faire par le bûcher, le bannissement et la prison comme le firent les réactionnaires des siècles passés en réponse aux défis des iconoclastes de leurs temps.

Merci, VOLTAIRE, FEUERBACH, NIETZSCHE et tous les autres, sans vous, les ennemis de la terre nous feraient subir le sort de Giordano BRUNO !

Gérard Charollois

CONVENTION VIE ET NATURE POUR UNE ECOLOGIE RADICALE

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