terrienne 0 Posté(e) le 31 décembre 2008 Contre le dépérissement de l’Etat L’animal humain est par nature, par essence, instinctivement cupide, égoïste, prévaricateur, fraudeur de l’impôt, exploiteur de ses semblables. Périodiquement, les médias s’étonnent d’apprendre qu’un « respectable ploutocrate », très estimé par ses pairs, couvert « d’honneurs qui déshonorent » et de crédit qui enrichit, s’avère n’être qu’un escroc de haute volée. Sauf le respect qu’on ne leur doit pas, il serait permis de dire qu’ils le sont tous puisque leur système repose sur la loi de la course à l’enrichissement individuel par la prise de risques (pour les autres surtout), sur le bon coup financier, la bonne spéculation au bon moment. Le Marché épouse parfaitement le vice ontologique de la bête. Et que nul ne se console en imaginant que l’Américain, l’Occidental, sont seuls atteints. Le spectacle de l’économie criminogène chinoise, brésilienne et autres prouve que le mal est universel : pour s’enrichir le spéculateur n’hésitera jamais à empoisonner ses semblables, à fourguer des marchandises dangereuses, à piller les ressources naturelles, à torturer l’animal, à anéantir la diversité biologique, ne pratiquant la vertu commerçante que si cela rapporte de la confiance chez le client. Ne pas laisser libre cours à cet instinct de prévarication implique la présence d’un encadrement social garantissant la protection des plus faibles, si souvent les plus sages, et la prévalence de l’intérêt général humain et écologique. L’Etat est l’instrument de cet encadrement tant par la loi qui préserve et prévient que par l’impôt qui redistribue et freine les appétits insatiables. Les économistes qui sont à la société contemporaine ce que les médecins de MOLIERE furent à la santé, tentent de masquer les tares congénitales du système en place sur la planète, système allant comme un gant à l’animal cupide puisqu’il le somme de faire ce qu’il désire le plus : « enrichis toi ! ». Certains esprits de progrès avaient compris, dès le 19e siècle, qu’entre le fort et le faible, c’est la loi qui protège et libère, cependant que la liberté économique opprime. Les marxistes rêvaient, au stade final de la société communiste, d’un dépérissement de l’Etat, devenu inutile à des hommes parfaits. Les « libéraux conservateurs » n’ont de cesse d’affaiblir l’Etat, de le restreindre à un rôle de pur gendarme chargé de maintenir l’ordre et de garder les prisons pour les déviants. Ces sectateurs masqués du dieu Marché suppriment des emplois publics, (les seuls vrais emplois), privatisent les services publics, réduisent l’impôt redistributeur. En période d’euphorie, ils chantent que les contraintes sociales sont des boulets aux pieds légers des créateurs qui innovent. Mais, que survienne la « crise » et les preneurs de risques appellent au secours l’Etat providence pour refinancer leurs banques, garnir leurs carnets de commandes en infrastructures polluantes et nocives pour la Nature et tellement lucratives. Que survienne la « crise » : les économistes découvrent que les sociétés comportant un secteur public fort, comme la France, résistent relativement mieux que celles qui ont cru à la loi stupide du Marché qui s’autorégule. Alors, en économie : soviétisme ou ploutocratie ? NI l’un, ni l’autre, égaux dans la nocivité, mais un équilibre entre une part de liberté d’entreprendre encadrée par les droits sociaux et écologiques et une éducation de l’animal humain : « enrichis toi de savoir et d’éthique, car l’argent n’est pas tout et malheur à une société peuplée de gardiens de camps et de traders ». Il n’est plus temps de dominer la Nature mais de maîtriser les instincts pour accéder à une nouvelle civilisation congédiant deux comportements humains tellement autolytiques : la cruauté et la cupidité. Gérard Charollois CONVENTION VIE ET NATURE POUR UNE ECOLOGIE RADICALE Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites