terrienne 0 Posté(e) le 11 janvier 2009 Le choix de la vie et le refus de la mort « Toute femme accouche sur une tombe » Samuel BECKET La pression démographique humaine et des comportements de voyous déprédateurs dotés de moyens techniques et mécanisés puissants compromettent la pérennité de la Nature, fait disparaître les autres espèces, toutes les autres espèces, l’une après l’autre. Pour sauver la Nature, il convient dès lors de contenir cette invasion par l’espèce humaine de tout l’espace disponible et, plus encore, d’inviter les humains à respecter les autres formes de vies. Les contempteurs de l’écologie feignent de croire que nous préconisons des mesures coercitives, voire farfelues, pour interdire la reproduction humaine : sanctions pénales contre les couples ayant plus de deux enfants, stérilisations forcées et autres délires autoritaires. Non, l’écologie n’est pas soluble dans le fascisme. L’humanité et la vie sur terre ne seront pas sauvées malgré elles et par des dispositions aussi inefficaces que moralement indignes. La liberté individuelle est une valeur en soi, un objectif sans cesse à rechercher en tout domaine. Les Etats, garants de l’intérêt général, doivent concilier la liberté individuelle de procréer et l’abandon des mesures natalistes qu’ils adoptèrent pour produire massivement, dans le passé, d’innombrables poitrines patriotiques à opposer aux balles des patriotes d’en face, et, plus récemment, de nombreux consommateurs producteurs, variables juteuses de profit pour les ploutocrates. La politique dite « d’allocations familiales » est totalement à repenser pour en faire un instrument de redistribution sociale déconnectée du nombre d’enfants. Pas question d’interdire, de punir, d’imposer mais des incitations à réduire l’expansion démographique. Et puis, il faut gagner la bataille culturelle contre les dogmes traditionalistes de la croissance infinie pour leur substituer une approche consciente, responsable, bienveillante de la biosphère. Chose lue sous les plumes formatées de la non-pensée traditionnelle : « Votre refus de la natalité marque un refus de la mort ». Comme si toute vie, de la plus primitive, celle des algues unicellulaires de la mer des origines à la bactérie et aux organismes les plus complexes des animaux supérieurs ne représentait pas une constante opposition et une opiniâtre résistance à la mort. L’homme, ayant pris conscience de sa finitude, s’inventa même des arrières-mondes, des fables et des mythes pour s’octroyer une éternité consolatrice, négation de la mort biologique. Dire que la pensée écologiste refuse la mort n’ajoute rien au débat, puisque la vie est un refus de la mort, une guerre perdue d’avance mais une guerre tout de même contre cet inéluctable. D’ailleurs, l’humoriste a pu donner de la vie cette excellente définition : « C’est une maladie héréditaire, sexuellement transmissible et toujours mortelle ». Toujours mortelle ? Voilà bien une idée insupportable. Pour qui ? Pour tout ce qui vit sans exception et simplement parce que la vie est une lutte contre la mort. Pour ceux aussi, dont nous sommes, qui refusons la cancérisation de la planète par une seule espèce, comme par nos antagonistes qui clamaient « croissez et multipliez » en s’inventant des dieux pour échapper justement à l’idée insoutenable de leur finitude ? Mélanger le débat sur la démographie et l’acceptation de l’idée de la mort est un contre sens philosophique. Les dogmes traditionalistes n’étaient pas moins négateurs de la mort que les pensées modernes. Ils niaient ce fait par l’invention d’un au-delà anxiolytique et merveilleux. Notre refus de la croissance démographique résulte d’un choix éthique : nous voulons que la terre soit hospitalière pour toutes les formes de vies. Concrètement, disons que 20% du territoire doivent être mis en réserve biologique intégrale, que l’urbanisation, l’agriculture productiviste, les infrastructures de transports doivent reculer pour laisser à la Nature sa place, nonobstant les appétits des promoteurs et le conformisme d’élus locaux anesthésiés qui psalmodient : « Nous ne voulons pas devenir une réserve d’indiens », sommet de la sottise technocratique. Gérard Charollois CONVENTION VIE ET NATURE POUR UNE ECOLOGIE RADICALE Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites