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que la peste soit des pesticides

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« On arrête les gangsters, on tire sur les auteurs de hold-up, on guillotine les assassins, on fusille les despotes - ou prétendus tels - mais qui mettra en prison les empoisonneurs publics instillant chaque jour les produits que la chimie de synthèse livre à leurs profits et à leurs imprudences ? »
Roger Heim (1963, préface à la traduction française de l'ouvrage de Rachel Carson Le Printemps silencieux).

« Nous ne faisons plus de la culture en Europe, nous gérons de la pathologie végétale. »
Claude Bourguigon

« Savez-vous qu’il y a des pesticides dans la rosée du matin sur les fleurs ? »
Fabrice Nicolino et François Veillerette

Des pesticides dans la rosée matinale sur les fleurs ? Et dans l’eau de pluie de toutes les villes, dans les sources, les cours d’eau, les nappes les plus profondes… Et dans les sols, dans toute notre alimentation, jusque dans notre bon pain quotidien devenu exécrable. En Picardie, les poiriers reçoivent jusqu’à 27 traitements à l’année ! Il y a des pesticides dans le sang des nouveau-nés, dans le lait maternel, dans la graisse de nos corps. Il y en a même dans l'air intérieur de nos maisons ! Les pesticides sont partout, et leurs molécules s'attaquent directement à la vie des humains et de tous les êtres vivants.

Empoisonnement de l'humanité et des animaux domestiques par l’emploi irraisonné de milliers de pesticides, dont nombre sont mortifères à plus ou moins long terme, avec comme seul objectif un enrichissement de l’élite et mise sous tutelle budgétaire du monde paysan (25 000 suicides de cultivateurs surendettés en Inde) ; contamination de la biodiversité alimentaire ; alimentation non seulement nulle parce qu’exempte de substances nutritives, mais aussi de grande dangerosité ; mort biologique des sols des grandes contrées fertiles dont 30 % sont fatigués ou exténués ; défrichement et déboisement, notamment des forêts tropicales, par une inquisition de la monoculture spéculative ; aridification irrémédiable et accentuation de la désertification planétaire ; pollution irréversible des cours d’eau et des nappes phréatiques ; épuisement galopant des ressources mondiales en eau ; émission d’effarantes quantités de CO2 dans l'atmosphère ; instauration manichéenne d’une insécurité alimentaire mondiale, avec dépendance sous chantage des pays en voie de développement ; éradication de la vraie paysannerie. Voilà, autrement dit, ce qu’affirme la FAO. Depuis donc une soixante d’années, les gouvernements de tous les pays et de toutes les tendances (avec seulement un bémol selon les couleurs politiques) mentent comme des arracheurs de dents et sont complices des transnationales de l’agrochimie, en promouvant une agriculture industrielle hautement toxique, saccageant les valeurs basiques de la planète, exposant la salubrité publique aux pires conséquences, répandant mort et dégénérescence chez les populations. Les enfants d’agriculteurs présentent deux fois plus de malformations génitales que les autres, mais on nous dit que le cause à effet n’est pas prouvé alors que quelque 100 000 molécules de synthèses sont balladeuses dans les sols et les airs agricoles. Faudrait-il écouter les assertions de Monsanto et autres ? Des références comme l’agent orange ne sont-elles pas rassurantes ? Ce qu’il y a de tout à fait diabolique dans la démarche économique de ces groupes chimiques, c’est que de leur grand chaudron de sorcière sortent aussi les médicaments soi-disant aptes à guérir des maladies et des cancers qu’ils nous inoculent froidement. Et ce qu’il y a de déroutant, c’est que tout un chacun semble plutôt se réjouir de s’empoisonner et n’offre pas la moindre résistance à dépenser son pauvre salaire dans les pires saloperies qui, en grossissant les salles d’attente des médecins et des hôpitaux, contribuent à la ruine de la sécurité sociale. Pour les nations où elle existe… ailleurs ils n’ont qu’à crever !

N’oublions pas que l’on ne sait toujours rien des effets à long terme de ces milliers de produits chimiques de synthèse qui sont déversés avec prodigalité dans notre environnement. Et que l’agriculture est la première désignée quand il s’agit de parler de pollution.

Un pesticide, ou biocide, est une substance capable de contrôler, d’attirer, de repousser ou de détruire des organismes vivants considérés comme nuisibles ou de s'opposer à leur développement. On en distingue trois catégories génériques : les insecticides, les herbicides et les fongicides. Il existe des pesticides de contact, qui agissent sur un point précis de l’organisme, et des pesticides systémiques, qui se propagent intrinsèquement. D’innombrables données, pour la plupart assez récentes et sujettes à contestations de la part des secteurs intéressés, suggèrent que les agriculteurs développent plus de cancers spécifiques que la moyenne des gens, et donc qu’il existe un lien réel entre les pesticides et l’apparition de certains cancers environnementaux. Les types de cancers suspectés sont de types hémopathies malignes (leucémies, lymphomes malins, myélomes), cancers cérébraux, cancers cutanés, sarcomes des tissus mous, cancer de l’estomac, cancer de la prostate, du testicule et de l’ovaire et cancer des lèvres. On a également répertorié 47 pesticides perturbateurs du système hormonal, soupçonnés d’agir comme modulateurs endocriniens, c’est-à-dire qu’ils peuvent mimer le comportement des hormones. Ils seraient associés au développement des cancers du sein, de la prostate, des testicules et à l’endométriose. L’effet cancérigène des biocides chimiques est lié à la manipulation (main d’œuvre), à la consommation (consommateurs des fruits et légumes chargés en résidus) et à l’environnement (respiration, notamment dans les zones agricoles d’épandages récurrents). Comme on le sait, c’est aussi la dose qui fait le poison. Dans les exploitations de maraîchage intensif, les quotas sont toujours dépassés.

L'agriculture occidentale moderne est une agriculture hors-sol produisant des aliments-poisons. C'est une agriculture militarisée ou terroriste, comme on voudra, qui bombarde le sol de tout un arsenal de produits toxiques. 96 % de nos cours d'eaux et 61 % de nos nappes phréatiques sont pollués par un joyeux cortège de 230 pesticides, avec comme molécule prééminente l'atrazine, remarquable génératrice de cancers (du sein et des ovaires), de maladies cardiovasculaires, de dégénérescences musculaires, de lésions des poumons et des reins, … (Source : enquête IFEN 2005).

Le recours aux produits chimiques pour la protection des cultures date en Europe du XIXe siècle, avec l’utilisation viticole du soufre, puis des sels de cuivre comme fongicides en 1885, et enfin de l’irruption du sulfate de fer en qualité d’herbicide et des premiers insecticides. Depuis, tous les efforts ont été investis pour une lutte sans répit pour contrer l’incidence des adventices, vaincre les maladies et les effets de toute concurrence pourtant aussi loyale que biologique, et que nous nommons ravageurs. Depuis la prise de conscience des années 1970, la filière phytosanitaire nous fait accroire à la légitime tendance vers des substances au profil toxique moindre et d’un impact moins brutal sur l’environnement. Au su des chiffres relatifs aux cancers environnementaux et d’une marginalisation forcenée et élitaire de l’agriculture biologique, force est de constater qu’il n’en est rien. La question alimente plus les discussions que les étals du fruitier-légumier.

La France est un des plus gros consommateurs de pesticides au monde. Avec 100 000 tonnes à l’année pour ses 660 000 exploitations agricoles, elle arrive au 4e rang mondial après les États-Unis, le Japon et le Brésil. Le budget annuel des seuls herbicides utilisés entre 1983 et 1992 en Grande-Bretagne pour détruire une douzaine d'espèces de plantes nuisibles s'élève à 344 millions de dollars. Un Occidental ingère chaque année le chiffre fantastique d’1,5 kilogramme de pesticides divers (herbicides, insecticides, fongicides, etc.). Nos migraines spontanées et récurrentes ont une explication, comme nos coups de stress ou d’apathie. Le cancer est un plat courant, on nous le sert au quotidien. Les maladies dégénératives connaissent une hausse vertigineuse. Nous sommes cernés par l’obésité. Ouvrez votre frigo et poussez un cri d’horreur !

Preuve que l’agrochimie est redoutable : l’agriculture est le secteur professionnel le plus touché par les maladies liées à l’usage des produits toxiques. Les épidémiologistes ont montré que les personnes âgées ayant été exposées aux biocides ont 5,6 fois plus de risques de développer la maladie de Parkinson et 2,3 fois plus la maladie d’Alzheimer. Enfin, c’est au sein du monde agricole que l’on observe un taux anormalement élevé de tumeurs cérébrales, de cancers des ganglions et de la prostate, et de leucémies. Et j’ai préalablement parlé du taux anormal de naissances avec déformations génitales chez les agriculteurs.

La France est l’un des plus gros, voire le plus gros utilisateur de biocides. Et quand la France est en outre-mer, elle se gêne d’autant moins. La culture de la banane soumise au chlordécone, un insecticide organochloré de la famille du DDT utilisé contre un charançon ravageur, a pollué les sols et les eaux de la Martinique et de la Guadeloupe depuis plus de 20 ans. Provoquant cancer (foie), malformations et stérilité (délétion de la spermatogenèse) à l’homme et aux animaux, c’est un polluant organique persistant et non dégradable. La redoutable substance fut interdite aux États-Unis dès 1976, seulement en 1990 en France (nous sommes moins douillets…), mais son trafic vers les Antilles fut toléré par les services de l’état français jusqu’en 2003, date à laquelle on en aurait retrouvé encore dix tonnes en Martinique. Utilisé sans vergogne et dans l’indifférence générale comme traitement incontrôlé des bananeraies antillaises de 1972 à 1993, le chlordécone est à l’origine d’un désastre sanitaire dénoncé depuis longtemps, mais dont le professeur Dominique Belpomme, cancérologue, s’était fait l’écho lors de la remise à l’Assemblée d’un rapport accablant. Soi-disant trop outré, ce rapport a rapidement été décrédibilisé. L’excès chimique passe mieux que celui de l’expertise. Il n’en demeure pas moins que les îles antillaises sont infestées pour longtemps, que les populations y vivent dans des conditions de dangerosité sanitaire et qu’à juste titre les associations martiniquaises et guadeloupéennes estiment que cette pollution tolérée est une insidieuse dépossession des terres faite aux agriculteurs, exaction parfaitement colonialiste. Qui dira que les Antilles « françaises » figurent dans l’Hexagone et qu’elles n’ont pas été empoisonnées ?

Que ce soit par la faute des nitrates ou des pesticides, disposer d’une eau de qualité n’est plus un droit citoyen. Certains secteurs, soutenus par les gouvernements, ont délibérément dégradé les eaux de surface et souterraines. En France, 96 % des cours d’eau et 61 % des nappes phréatiques contiennent au moins un pesticide (Source : Institut français de l’Environnement). 75 % des eaux françaises sont ainsi contaminées et seront inaptes à satisfaire l’objectif fixé pour 2015 par la Directive européenne quant au bon état des eaux.

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Quant au tissu terrestre, 80 % du Vivant étant concentré sur les trente premiers centimètres d’épaisseur du sol, la mort biologique de ce dernier est chose accomplie dans toutes les contrées où sévit une telle agriculture.

En dépit du combat d’un trop petit nombre de consommateurs lucides, peu soutenus, peu écoutés et même raillés par les intoxiqués potentiels, bien moindre que celui qui su faire reculer le tabagisme, les quantités mises en œuvre par les exploitants agricoles n’ont pas sensiblement baissé. On est encore très loin du « strict nécessaire » en matière de produits phytosanitaires, dont l’usage augmente et ne diminue guère depuis 1992 : 315 000 tonnes de pesticides, d'une valeur de 7 milliards d'euros, ont été disséminées dans l'environnement européen en 2002. 5 % des fruits et légumes vendus en Europe présentent encore des valeurs résiduelles en biocides supérieures aux plafonds autorisés. La commission de l’Union européenne conteste l'existence d'un lien de causalité entre l'usage de pesticides et l'apparition de certaines maladies, position évidemment confortée par l'Association européenne de la protection des plantes (ECPA), laquelle regroupe 80 % des producteurs de pesticides de l'Union européenne (Bayer, Monsanto, BASF, DuPont de Nemours, etc.), représentant 28 000 emplois et un chiffre d'affaires de 6,8 milliards d'euros en 2006.

Le marché national des produits de protection des plantes est dominé par les fongicides : entre 50 et 60 % du total, notamment employés dans l’arboriculture, la viticulture et la céréaliculture. La seconde catégorie des substances phytosanitaires utilisées est constituée des herbicides, avec 28 à 37 % du tonnage des produits actifs employés. Systématiquement désherbées chimiquement, ce sont les unités de céréales et de maïs qui en absorbe la majeure partie. Viennent enfin les insecticides (et acaricides) qui ne représentent que quelque 5 % de l’ensemble, avec les aléas annuels causés par les fluctuations des attaques. Les oranges, les citrons, les mandarines, les pêches et les fraises outrepassent toujours les normes admises, déjà très généreuses. Les autres aliments frais, pourtant conseillés pour la santé (!) les plus contaminés, sont les concombres et les salades (Source : Direction française de la répression des fraudes). Par suite des modifications apportées au blé et à toutes les céréales, le pain, notre bon pain quotidien, symbole judéo-chrétien, est aussi devenu un vrai poison.

Quant aux engrais, des 20 à 30 kilogrammes d’azote à l’hectare préconisés, ils ont atteint tranquillement 250 kilogrammes sur des parcelles de plus en plus vastes, sans relief et démunies de haies.

Une humanité qui non seulement s’autodétruit par un endoctrinement borgne qui remonte à la religion dominante révélée, mais qui laisse la porte ouverte aux pires ingérences dans le quotidien de sa vie, qui acquiesce et ri face à l’honneur, dont le corps n’est plus un temple mais un tas de fumier, c’est une humanité qui atteste d’une perte de conscience. Exaltés par des matchs de foot, des romans à l’eau de rose, des révélations d’anecdotes dérisoires de crétins finis, l’aboulie universelle nous a fait opter pour la niaiserie et renoncer à ce qui est prioritaire pour le présent et le futur de la Terre. Nous avons offert nos vies à toutes les manipulations, nos idoles sont des bourreaux, lutter contre la peine de mort n’avait aucun sens puisque nous courront après. L’argument coutumier des avocats du diable quant à la longévité de nos vies est un mythe, l’avènement de l’agrochimie mortifère date seulement des années 1960, ses effets sur la Nature (mort biologique du sol, anéantissement de la biodiversité lisible par la disparition de la moindre fleur ségétale) furent quasiment immédiats, mais la répercussion sur la santé du consommateur humain ne fait son apparition que maintenant, au niveau des générations directement exposées.

Chimique et cynique

Quand les gouvernants sont plus enclins à libérer les OGM en défiant tout principe de précaution qu’à laisser le jardinier répandre sa séculaire ratatouille d’orties pour prévenir le mildiou, la rouille et l'oïdium… Ou quand on interdit la propagation du savoir-faire pour rendre obligatoire l’emploi des poisons… Voici l’anecdote d’un acharnement édifiant.

La servitude volontaire des gouvernements aux lobbies agrochimiques est donc archi admise et la France vient encore de témoigner d’un acte de collaboration de plus au service du terrorisme écologique. Les biocides industriels sont cancérigènes. Ils sont aussi néfastes pour l’environnement. Nul ne l’ignore, surtout aux surdoses où ils sont utilisés. Alors, pour être logique avec le souci écologique, sous couvert d’une amélioration de la sécurité sanitaire et de la qualité des produits, l'Assemblée nationale et le Sénat français ont adopté la loi nº 2006-11 du 5 janvier 2006 d’orientation agricole, interdisant les herbicides naturels. Quiconque recommande désormais le savoir-faire ancestral de panacées dont l’innocuité est évidente, en fabrique ou en détient, est passible de deux ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende. Cette loi n’autorise désormais la recommandation et l’utilisation que des produits disposant d’une autorisation de mise sur le marché, lesquels correspondent à des biocides de synthèse. En 2006, des agents de la Direction nationale des enquêtes de concurrence et de consommation et de la répression des fraudes, ceux des service régionaux de la protection des végétaux ont lancé des opérations répressives à l’encontre de promoteurs de traitements alternatifs pour le jardinage et l’agriculture, le coauteur d'un livre sur le sujet a même fait l'objet d'une perquisition domiciliaire !

Voici un redoutable traitement biologique au purin d’orties qui risque désormais de vous mener tout droit au tribunal : faire macérer durant une quinzaine de jours 1,5 kilogramme de feuilles d'orties hachées dans 10 litres d'eau de pluie, puis filtrer la macération. Pour une pulvérisation au sol contre les maladies cryptogamiques, diluer 2 litres de purin d’orties dans 10 litres d’eau. Vu la richesse en sels minéraux, c’est aussi un activateur de croissance. En brumisation à l’encontre des pucerons, diluer un litre de décoction dans 10 litres d’eau. Sans dilution, la mixture est un bon activateur de compost. Un second délit consiste à détenir votre purin en le conservant dans un récipient hermétique, à l'abri de la lumière et à 18-20° C. La faute est aggravée si vous le recommandez à vos amis amateurs d’agriculture biologique.

Bien que la loi ne soit pas censée remettre en cause la confection domestique des biocides naturels non homologués, mais uniquement leur commercialisation, son application, attestée par plusieurs actions de poursuites, est éloquente. Il est donc déconseillé de recourir à des recettes issues de mixtures inoffensives et fabriquées maison telles les pulvérisations à l’ail qui éloignent les insectes causeurs de défoliations, ou pire celles anti-insectes composé d’eau, d’un peu d’alcool à 90° et de quelques gouttes essentielles de thym, de sauge et de lavande, voire encore celles à base de piment, d’aneth et d’ail hachés en égale quantité dans de l’eau, qui écartent les fourmis des plantes. L’utilisateur de pomme de terre peut se retrouver sous le coup de la loi s’il la mélange à de l’eau chaude et y ajoute une micro dose de liquide vaisselle, méthode efficace contre les pucerons. Mêmes menaces des foudres de la justice encourues pour celui qui viendrait à broyer de la coquille d’oeuf ou à étendre des cendres aux pieds des plantes contre les gastéropodes, ou encore à utiliser des feuilles de fougères pour éloigner les chenilles de la piéride du chou, voire à pulvériser du savon de Marseille sur les rosiers pour éliminer les insectes suceurs. Enfin, la simple détention d’eau bouillante destinée à désherber respectueusement vos allées vous exposera aux poursuites lucides du législateur. Vous riez ?

Manger de la merde est un acte citoyen

Après avoir tué tous les paysans vrais, on nous parle beaucoup d’écologisation agricole (Commission Européenne, L’agriculture et l’environnement, 2004), d’une agriculture raisonnée, aux méthodes soi-disant moins dommageables (rien d’autre que la même sous un autre vocable), du concept de production fruitière intégrée défini par l’Organisation internationale de lutte biologique (OILB), moins dommageable pour l’environnement, moins préjudiciable pour la santé humaine, minimisant les effets secondaires indésirables. C’est un magnifique sujet de communication, il donne lieu au culte de nouveaux mots, à des effets d’annonces d’un lyrisme agreste, mais il ne dispense même pas les faucheurs d’OGM des tribunaux. Et qu’achète, que mange le consommateur « dorloté » de nos démocraties sécurisées ? Que proposent les grandes surfaces et les champions du hard discount aux gagne-petit piégés par les bas prix ? Faut-il conseiller aux « invisibles », aux nouveaux gueux des sociétés nanties, aux enfants de Don Quichotte, de commander leurs ingrédients biologiques en ligne, de choisir leurs pommes talées aux étals des échoppes spécialisées de Neuilly-sur-Seine, ou de se faire livrer un panier « découverte », fermier ou « campanier » à domicile par « coccinelle et doryphore » ? Rendu dans les métropoles, le bio ne fréquente pas les mal famés.

Parlons, par exemple, des cerises du commerce. Les cerisiers reçoivent chaque saison entre dix et quarante traitements de pesticides. Voici, en vrac, la chimie qui leur est le plus souvent associée : fongicide, pesticides, hormones, azote, phosphore, potassium, tétrachlorure de carbone, bisulfite de carbone, chlopyriphosméthyle, chlorure de nitrosyle, acide ascorbique, silicate de calcium, permanganate de potassium, hydrox toluène de butyle, antioxydants (ascorbate de sodium, alpha-tocophérol de synthèse, Butylhydroxytoluène ou éthoxyquine...), émulsifiants (alginate de calcium, alginate de propylène-glycol ou polyéthylène glycol), conservateurs (acide formique), colorants (capsanthéine), agents liants (lignosulfate, stéarate de sodium), appétant (glutamate de sodium), antibiotiques et anticoccidiens, agents actifs de surface (acide cholique), antibiotiques (flavophospholipol, monensin sodium...). Avant d’être commercialisées, les cerises sont décolorées à l'anhydride sulfureux et recolorées de façon uniforme à l'acide carminique ou à l'érythrosine. Elles sont plongées dans une saumure contenant du sulfate d'aluminium et à la sortie elles reçoivent un conservateur comme le sorbate de potassium. Elles sont enfin enduites d'un sucre qui provient de betteraves qui, comme les blés, ont reçu leur dose d'engrais et de pesticides. Ce sucre est extrait par défécation à la chaux et à l'anhydride sulfureux puis décoloré au sulfoxylate de sodium, avant d’être raffiné au norite et à l'alcool isopropylique. Il est enfin azuré au bleu anthraquinonique ...

« Le temps des cerises…
J’aimerai toujours le temps des cerises
C’est de ce temps-là que je garde au cœur
Une plaie ouverte …
Et Dame Fortune, en m’étant offerte
Ne pourra jamais fermer ma douleur
J’aimerai toujours le temps des cerises
Et le souvenir que je garde au cœur ».

La chanson est évocatrice des luttes populaires contre l’oppresseur, le fruit est associé à l’idée de liberté, de solidarité et de résistance. Où en sommes-nous ?

Nous pourrions, tout de même, nous interroger sur une scandaleuse inversion des valeurs. Pourquoi en sommes-nous arrivés à ce que le bio, c'est-à-dire le naturel, le bon, le salutaire, le « normal » nous soit proposé comme le rare, l’exceptionnel, l’inaccessible, le hors de prix ? Une amnésie citoyenne, ajoutée à un décervelage médiatique, doux ingrédients de nos démocraties, nous permettent d’accepter un des plus criminels détournements, opéré par le système au fil de décennies de fieffés intérêts agrochimiques. C’est ainsi que la merde létale offerte comme plat courant nous semble légitime et qu’il nous paraît parfaitement logique qu’une saine nourriture soit taxée d’un bonus. Tout un chacun est depuis belle lurette rompu, non seulement à la fadeur et à la médiocre qualité d’un fruit ou d’un légume, mais aussi à la dangerosité révélée de sa consommation. La pomme du Paradis perdu et celle de la sorcière de Blanche Neige ont peut-être leur rôle à jouer dans l’inconscient de cette conception. Alors, au royaume des obèses obsédés par l’anorexie, on courbe l’échine et on se bâfre. Et on se dit qu’il faut avoir les moyens pour manger sain, qu’il faut aller faire ses courses on ne sait où pour ne pas se faire avoir, que c’est un privilège de retrouver le goût de la tomate, la saveur de la pêche, qu’il est normal qu’un fruit acheté le midi soit pourri (ou vomi) le soir. Comme si pour voyager sauf, il fallait éviter les charters… D’ailleurs, il faut les éviter.

L'Homme contre-nature (extrait)

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