terrienne 0 Posté(e) le 6 mars 2009 Il y a en ce moment sur les écrans de TV français une étrange campagne publicitaire, au slogan énigmatique: "Qui mange du boeuf, mange du boeuf". Sur les documents fournis par l'industrie de la viande lors des rencontres "animal-société", discutant la proposition d'une instance de concertation sur l'évolution de la législation concernant le bien-être animal, on peut lire ceci (document émanant de la fédération des professions avicoles): La Profession agricole a fait part des plus grandes réserves vis-à-vis de cette instance de concertation. Cette structure risque en effet d’ouvrir une porte vers une surenchère permanente en matière de bien-être animal, pouvant aller jusqu’à une réécriture de la réglementation existante, l'introduction de nouveaux sujets allant au-delà des propositions retenues dans le cadre des Rencontres Animal et Société, voire à terme une remise en cause des systèmes actuels de production voire même de la consommation de viande. Si une instance de concertation devait quand même voir le jour, la Profession Agricole pose un certain nombre de préalables : La signature, par les associations invitées, d’un code de déontologie, par lequel elles s’interdiraient de promouvoir publiquement un modèle alimentaire sans produits animaux, et s’engageraient à concevoir l’amélioration des conditions d’élevage de façon compatible avec « la sauvegarde de l’indépendance et de la sécurité alimentaires ». L’exemple souvent cité de la concertation au sein du Centre d’Information des Viandes (CIV), s’appuie justement sur ce type d’engagement. En d'autres termes, si les producteurs de viandes ont le droit de promouvoir un régime carné (avec des arguments chocs et raisonnés comme le slogan évoqué ci-dessus), les défenseurs du végétarisme doivent s'abstenir de promouvoir le renoncement à la viande. Or la diminution de la part carnée de nos régimes alimentaires serait un choix de bon sens, d'un point de vue sanitaire et écologique - pour ne pas parler des questions morales. Ce type d'argumentaire (inciter les gens à manger un produit afin de ne pas mettre en péril une filière professionnelle), est répété, on le sait, par les chaînes de télé qui agitent la menace de chute de revenus si l'on interdisait la promotion de produits sucrés destinés aux enfants. Mais une fois ce débat devenu public, il faut s'interroger sur la promotion des produits alimentaires en général, car le soupçon d'une priorité accordée, par la puissance publique, aux intérêts des producteurs sur ceux des consommateurs, vient à l'esprit. Les préceptes, les recommandations, à force d'être confiés aux mêmes agences publicitaires qui, selon leurs clients, viendront à défendre tout et son contraire, se noient progressivement dans la masse des slogans. Notre esprit, progressivement, adopte cette forme de pensée. Les slogans remplacent progressivement les dictons et les maximes populaires qui avaient cet avantage d'être gratuits et désintéressés. La sagesse populaire laisse place, dans la formulation, au savoir-faire publicitaire, et il devient difficile, voire impossible, de discerner non plus le vrai du faux, mais l'information de la propagande. Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites