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terrienne

la lettre hebdo de gérard charollois (13/09)

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Du respect de la vie

La guerre, le terrorisme, l’extermination, l’exploitation, les loisirs de mort nous rappellent que le processus d’hominisation n’est pas achevé.

Leur hideuse présence prouve que l’humain vit encore sa préhistoire.

« Tu ne tueras point », édictèrent ceux qui parlèrent au nom des dieux, reprenant ainsi une sagesse instinctive de l’animal humain.

S’il en allait autrement, la peur et le désordre séviraient dans la tribu, la cité, le peuple, chacun pouvant craindre à tout moment d’être tué.

Cet apparent altruisme marquait d’abord une prudence.

Bien sûr, « tu ne tueras point », excepté les cananéens qu’il faut exterminer jusqu’au dernier, les impies, les infidèles, les blasphémateurs, ce qui fit tout de même beaucoup de monde à trucider et de splendides massacres dans l’Histoire sanglante de l’animal humain.

« tu ne tueras point », excepté ceux des autres races, des autres espèces, de ceux qu’il faut sacrifier pour leurs fautes présumées, pour le seul fait qu’ils existent et qu’il faut bien fortifier ta race, ton sang, ton courage et pour honorer ton dieu épris de supplices humains ou non-humains !

Et puis, la sécularisation de la pensée modernise le mécanisme mental aboutissant à la négation de l’autre.

La lutte nationale, idéologique, ethnique, communautaire, vaut des dérogations au principe.

La valeur normative des prescriptions de la morale d’antan, prônant le respect de la vie, rejoint celle du législateur français lorsqu’il prescrit une protection toute théorique en faveur de la Nature et de l’animal : on pose un généreux principe, puis on y déroge systématiquement.

La pensée écologiste, ici en rupture avec les pensées théocratiques, fait de cette impératif de respecter la vie un socle qui ne devrait souffrir aucune dérogation.

Nous élargissons le cercle de l’empathie en y incluant les cananéens, les infidèles, les blasphémateurs et même les individus des autres espèces.

Mais alors, que disons-nous à la société lorsqu’elle se confronte à une division SS aux poings de fer, d’hier, ou aux égorgeurs fanatisés tuant tout ce qui tombent sous leurs couteaux, aujourd’hui, au nom d’un dieu quelconque ?

Suffirait-il de parler d’écologie à un nazi ou à un fou de dieu pour l’amener à renoncer à son génocide ou à sa bombe ?

Peut-on opposer un pacifisme édifiant, exemplaire, pédagogique à la folie meurtrière de foules égarées ?

Le sage héroïque pourrait soutenir qu’il préfère perdre sa propre vie que d’avoir à perpétrer le meurtre et qu’il est préférable, d’un point de vue éthique, de mourir, ce qu’il faut de toute façon faire un jour en l’état, que de tuer, fut-ce pour sauver sa vie.

Respectons ce sage héroïque, mais admettons que son sacrifice, comme tous les sacrifices d’ailleurs, ne servira à rien. La souffrance, la douleur d’un être n’ajoutera jamais du positif au monde.

Le tueur fanatisé, nullement troublé par la sagesse du pacifiste, poursuivra sa besogne exterminatrice et frappera d’autres victimes.

Aussi, posons comme postulat que le respect de la vie peut commander, dans des cas très exceptionnels, le combat physique pour faire fermer une chambre à gaz et vaincre une horde d’assassins exploitant la crédulité de populations subjuguées.

A une éthique de l’héroïsme insoutenable, préférons un conséquencialisme efficace et pratique.

Refuser ce combat aboutit au résultat inverse recherché par notre impératif éthique : ne pas faire la guerre au régime nazi aboutissait à livrer à la mort des millions de gens, ne pas faire la guerre aux fous d’un dieu générerait attentats et sévices cruels à l’encontre des populations.

Faire la guerre, oui, mais aussi longtemps que cela est nécessaire.

Lorsque le nazi est vaincu, lorsque le taliban est neutralisé, il devient criminel de le soumettre à la peine de mort et aux mauvais traitements.

La guerre demeure toujours un mal, une horreur, une abomination qui doit cesser immédiatement à l’instant où elle cesse d’être indispensable pour que soit rétabli le principe : « tu ne tueras point ».

La guerre peut se justifier pour prévenir le pire. La vengeance n’entre pas dans le champ d’une éthique fondée sur le respect de la vie et le refus d’occasionner la souffrance à quiconque.

La férocité humaine qui prévaut jusqu’à nos jours disqualifie l’être qui se pense « suprême » et qui n’est qu’infernal à d’autres êtres sensibles appartenant à son espèce ou à d’autres espèces.

L’espèce humaine ne deviendra supérieure ni par sa prolifération, ni par ses performances purement technologiques, mais par l’éthique, en adoptant envers autrui, c’est-à-dire TOUT ETRE sensible, un comportement empathique.

Gérard Charollois
CONVENTION VIE ET NATURE POUR UNE ECOLOGIE RADICALE

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Très très bon article, comme toujours ! Ça contraste tellement avec tous ces articles pro-chasse qui polluent nos journaux du Québec ces temps-ci !

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