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la lettre hebdo de gérard charollois (06/10)

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De l’environnementalisme à l’écologie éthique

Pour nombre d’observateurs superficiels, l’écologie est à la mode : discours sur le climat, lutte contre les gaz à effets de serre, économies d’énergies, produits moins pollués.

Des films, des conférences, des déclarations onusiennes, des documentaires dans les médias font que le plus fossilisé, celui qui n’aime ni les ours ni les loups, qui plonge ses racines profond, bien de chez lui et pas du tout d’ailleurs, le plus ancestral du plus petit hameau ruraliste, commence à savoir que tout ne va pas très bien pour la planète.

Même les commis politiques des entreprises privées (de scrupule) dissertent sur la « maison qui brûle » et sur « l’urgence de changer de comportement ».

Bien sûr, il y a loin des paroles vertueuses aux actes pervers car trop d’intérêts, de pesanteurs, d’habitudes empêchent la traduction concrète des proclamations.

Les humains du passé invoquaient leurs « dieux d’amour » pour exterminer leurs ennemis.

Les tenants de la croissance quantitative d’aujourd’hui en appellent au respect de la Nature pour poursuivre leur quête éperdue du profit et du
« développement » insoutenable.

Le vacarme médiatique autour des thèmes environnementaux altère la compréhension de l’écologie éthique.

Peindre en vert les barrières d’autoroutes, améliorer le rendement thermique des logements, substituer un mode de production d’énergie à un autre, peuvent agrémenter le cadre de vie, ce qui est appréciable, sans répondre en rien au grand défi.

La question posée par l’expansion humaine est la suivante :

Y a-t-il place sur la planète pour les autres formes de vies ?

Il est constant que dans l’état de Nature, toute espèce tend à accroître son emprise au détriment des autres. Il y a concurrence dans le règne végétal comme dans le règne animal et durant des centaines de millions d’années des équilibres, toujours instables, permettaient à la diversité biologique de s’épanouir.

De stupides propagandes affirment péremptoirement qu’il faut
« réguler », « gérer », la Nature comme si l’homme avait inventé la forêt.

Présentement, la démographie humaine liée à des techniques de maîtrise absolue de l’espace et à des comportements de vandales compromettent ces équilibres et font émerger un monde totalement artificialisé, voué au seul profit d’une espèce.

L’éléphant d’Afrique, le tigre d’Asie, les singes anthropoïdes ne disposent plus d’espaces suffisants pour vivre sans entrer directement en conflit avec les intérêts agricoles de ces pays.

En Europe, des agriculteurs subventionnés fulminent contre quelques dizaines de loups, d’ours ou de lynx et il se trouve même des arriérés au point de détruire des nids d’hirondelles sur les façades des immeubles, histoire de faire « très propre ».

Dans les campagnes, les petits carnivores sauvages sont encore perçus par des ignorants comme des « nuisibles » et les pigeons des villes véhiculent des maladies imaginaires.

Les grives et les bécasses en voie de raréfaction, dont l’homme ne peut pas instruire le procès faute du moindre grief, sont chassées parce que telle était l’habitude du grand-père et le sanglier l’est parce qu’il prolifère, sans que l’on s’interroge sur la cause de cette soudaine prolifération.

L’écologie éthique relève ce défi, alors que l’environnementalisme ne perçoit la Nature qu’en qualité de décor et parfois en occasion de profit.

Pour l’écologie éthique, l’humain doit cesser d’exterminer et d’être infernal pour les autres êtres sensibles.

L’impératif de sauver la biodiversité n’a rien d’un esthétisme léger, d’une précaution pour l’avenir sur le thème : cela pourrait un jour servir l’homme.

C’est un devoir moral essentiel.

Une espèce n’a pas à payer un « droit de vivre » à l’espèce humaine.

Plutôt que de gaspiller l’argent public dans le soutien des cours des fruits de l’agriculture productiviste qui ne parvient pas à écouler sa surproduction, il conviendrait d’indemniser ceux qui sont plus particulièrement amenés à respecter la biodiversité.

Pour faire concis, je dirai qu’il faut subventionner les loups, les ours et les lynx, pas les moutons.

La course au profit, à la rentabilité, à la croissance affecte d’ailleurs l’agriculture plus que tout autre secteur, comme le démontre actuellement la crise du lait que les ennemis de la terre ne parviennent pas à imputer à la prolifération des busards.

Puisque l’agriculture produit trop, le politique doit agir pour qu’elle produise mieux c’est-à-dire en harmonie avec la Nature.

Mais, les discoureurs officiels préfèrent débiter des propos convenus, des évidences plates qui ne bousculent aucun préjugé.

L’environnementalisme ne s’intéresse qu’à l’homme sur son piédestal. Il crée un écran derrière lequel le saccage du vivant prospère avec son cortège de bétonnage (168 hectares de nature disparaissent chaque jour en ce pays, l’équivalent de la superficie d’un département tous les dix ans). Les commentateurs formatés se félicitent du taux de natalité sans mesurer que nous sommes déjà en état de surpopulation.

L’écologie éthique pense un monde nouveau, une approche bienveillante du vivant.

Les environnementalistes sont nos cousins, avec un petit air de famille et quelques occasions de rencontres, mais nous assumons notre fructueuse différence.

Gérard Charollois
CONVENTION VIE ET NATURE POUR UNE ECOLOGIE RADICALE

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