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la lettre hebdo de gérard charollois (08/11)

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Animal et éthique

L’espèce humaine, qui croît et se multiplie sans frein et en toute bonne conscience, s’avère infernale pour l’animal et toxique pour la Nature, dénommée aussi biodiversité.

Par commodité, par habitudes ancestrales, par cupidité et paresse intellectuelle et morale, par sadisme, l’homme contemporain ne parvient guère à s’émanciper de la conception absurde de l’animal machine, l’animal chose, l’animal marchandise, l’animal défouloir des pulsions de mort.

Le Droit, sous-produit de la morale et de l’état des connaissances d’une société, reconnaît timidement le caractère sensible de l’animal soit dans des lois, comme en France le 10 juillet 1976, soit dans des constitutions et des traités internationaux.

Néanmoins, le droit positif français perdure à considérer l’animal comme un bien meuble, un objet, fut-il mobile par lui-même.

Le principe étant posé du caractère sensible des animaux, les législateurs s’empressent d’assortir les normes juridiques d’innombrables dérogations aboutissant à nier le principe.

Ainsi, en France, si les actes de cruauté sont prohibés sous peine de sanctions correctionnelles, les « courses de taureaux et combats de coqs » sont admis dans les localités pâtissant d’une tradition non encore interrompue.

L’animal de compagnie ou tenu captif est sauvegardé en tant qu’être sensible, mais l’animal sauvage subit les tirs, les piégeages, les enfumages de terriers, comme si un renard souffrait moins qu’un chien.

Le moindre groupuscule de pressions de l’arriération morale obtient d’un législateur docile et méprisant pour le peuple, des dérogations négationnistes du caractère sensible de l’animal.

Le principe n’est affirmé que pour rendre l’hommage du vice à la vertu.

En apparence, la condition animale s’améliore.

Nombre de contemporains, frustrés de nature et de vie sauvage, partagent leurs logements avec chiens ou chats, tissant avec ces compagnons des liens affectifs de grande qualité.

Notre époque ne supporterait plus les mauvais traitements qu’infligeaient naguère les cochers aux chevaux dans les rues des villes, mauvais traitements qui, heurtant la sensibilité publique, amenèrent les premières lois de protection des animaux (loi GRAMONT 1850).

Mais, inversement, l’élevage industriel, cupide et âpre à l’instar de la société marchande, réduit l’animal à une réification absolue.

Des groupes de pressions interdisent toute évolution des législations concrètes, soit au nom des traditions, soit au nom du profit.

Ce monde demeure un enfer pour les animaux, révélateurs par leurs martyrs de deux grandes tares de l’animal humain : la cupidité et le sadisme.

La cupidité explique l’élevage concentrationaire où volailles, porcs et bovins subissent des conditions de vie immondes. C’est ici la course au profit, à la production maximisée qui se révèle dans toute son horreur.

Le sadisme explique les loisirs et jeux dans lesquels les animaux servent de victimes expiatoires, tels la chasse et la tauromachie.

Nul ne peut ignorer cependant l’unité profonde du vivant.

Les similitudes anatomo-physiologiques observables dès les siècles passés se trouvent confortées par les analyses génétiques contemporaines.

Penser que l’humain est d’essence différente des autres formes de vies relèvent de l’obscurantisme, de la déraison, du mythe, d’un ridicule orgueil.

L’humain n’est que l’animal doté des meilleures capacités cognitives, au même titre que d’autres espèces s’illustrent par leurs performances à la course, au vol, à la nage, au sens de l’orientation.

Existent, pour tout paramètre de performance physique ou psychique, des différences de degrés pas de nature.

Fonder la supériorité ontologique de l’humain sur les autres espèces sur ses capacités reviendrait à générer des discriminations entre les humains eux-mêmes en fonction desdites capacités fort disparates.

Dès lors que l’enfant en bas-âge, le vieillard sénile, le débile profond ne possèdent pas ces capacités qui font le propre de l’homme, faut-il leur dénier tout droit, toute dignité ?

Faute d’un critère tenant aux aptitudes, il pourrait être répliqué qu’un humain demeure un humain quel que soit son état mental.

La dignité tiendrait alors à l’appartenance à une espèce.

Dans ce cas, pourquoi ne pas fonder des discriminations sur la race, le sexe ou tout autre facteur de classification ?

En éthique, le spécisme n’a pas davantage de fondement que le racisme.

Il n’est qu’un préjugé sans assise.

Tout animal perçoit la souffrance comme le bien-être au moyen d’un système nerveux présentant dans ses localisations et ses modes de fonctionnements neuronaux de grandes similitudes.

Comment, dès lors, accepter que ces êtres sensibles, tellement semblables, soient réduits au rang des marchandises, simples produits de l’industrie de la viande ou soient soumis à la torture pour faire jouir des foules malsaines au nom de pseudo-traditions qui, si elles en étaient, justifieraient par ce seul fait d’être abolies, puisque la civilisation n’existe que par le jeu de l’abandon des traditions.

L’homme utilise l’animal pour accroître ses connaissances via les expérimentations multipliées à l’infini et génératrices de souffrances atroces, le réduit à de simples produits dans les élevages concentrationnaires et le confond avec un jouet à la chasse, mort-loisir ou à la corrida, mort-spectacle.

Le chasseur et le tortionnaire de taureaux n’éprouveraient pas la même jouissance sans l’effroi, la peur, la douleur qu’ils occasionnent, sans le sang qui ruisselle.

Poursuivre un leurre à la chasse à courre, affronter une machine d’acier ne leur occasionneraient aucun plaisir puisque le plaisir réside dans la souffrance et la mort provoquées à une victime vivante, sensible, acculée.

Il n’y a rien là que des évidences que nul ne peut réfuter.

Les lobbies et les tastes mort préfèrent dès lors fuir le débat, discréditer ceux qui osent parler haut, fort et clair.

Les défenseurs des animaux sont dépeints par les médias abreuvés de propagande contre nature, en marginaux, associaux, souvent terroristes.

« Ils en font trop pour les bêtes et pas assez pour les hommes malheureux eux aussi ». « Telle espèce prolifère et menace le bien public. Les pigeons propagent des maladies, ainsi que le renard, vecteur de rage et d’échinococcose ».

Grossiers mensonges qui ne cachent qu’une rage : celle de tuer.

Les pigeons ne propagent pas de maladies et l’échinococcose tue infiniment moins d’humains que la chasse

Piètre propagande, car la chasse loisir, la corrida, l’élevage concentrationnaire ne soulagent en rien les misères humaines.

Oui, la Nature menace gravement l’homme mais de nos jours, uniquement par sa mort provoquée.

Oui, les animaux non-humains menacent l’homme mais uniquement en ce qu’ils lui servent d’entraînements à l’instinct de violence. Celui qui apprend à égorger la bête égorgera sans frémir son ennemi du jour et celui qui joue de l’arme à feu contre la faune en usera aisément contre autrui. Culturellement, il y a des façons de tuer que des sociétés humaines appliquent tant aux animaux qu’à leurs adversaires humains. Ce ne sont point des « arts de vivre » mais des arts de tuer, des accoutumances au meurtre.

L’agressivité des lobbies contre Nature à l’encontre des écologistes protecteurs des animaux répond à une évolution fondamentale de la protection animale.

Depuis le milieu du 19ème siècle, cette protection, bénéficiant surtout aux chevaux, aux chiens et chats, s’apparentait à une charité apitoyée, à des œuvres de bienfaisances dont les diverses SPA furent les actrices.

Désormais, la pensée philosophique et politique s’empare du sujet.

Les divers Fronts de Libération animale par le monde ne mendient plus la charité pour les autres espèces mais en appellent à la justice.

Naguère, en protégeant l’animal de compagnie, le législateur préservait davantage la sensibilité humaine face aux actes de cruauté, que l’animal lui-même.

La contestation contemporaine des actes de cruautés et de maltraitances se fait au nom de l’éthique et va à la racine des maux que l’humain, en cours d’hominisation, inflige au vivant.

Des écoles de pensées multiples proposent une rupture avec un anthropocentrisme absurde, l’espèce humaine n’étant en rien figée et étant appelée à subir, comme toutes les formes de vies, une évolution inéluctable.

La compassion, à l’instar de son antipode, le mépris de la vie, ne se divisent pas.

Le plus fondamental défi éthique du temps gît dans ce combat pour un changement radical du rapport de l’humain avec l’être sensible non humain et avec la Nature.

Les lobbies pourront-ils longtemps encore escamoter le débat sous l’invective et les accusations farfelues ?

L’opinion publique prend conscience, trop lentement sans doute mais inexorablement, de l’ampleur du crime que l’espèce commet à l’encontre du vivant.

La chape de silence, l’altération des données du débat n’opéreront pas toujours et il apparaîtra aussi évident aux humains de demain qu’il fallait abolir la chasse, la corrida, les actes de cruauté et de mépris envers l’animal, comme apparut hier l’injustice de l’esclavage.

Spécisme, racisme, sexisme obéissent à la même perversion de l’intelligence, à savoir, la négation de l’autre.

Faut-il reconnaître des droits à l’animal non humain ?

L’animal non-humain ne revendique aucun autre droit que celui de vivre dans le respect de ses exigences physiologiques.

La supériorité cognitive de l’homme lui confère en revanche un devoir envers les autres formes de vies.

Puisque l’humain est devenu omniprésent sur la planète et omnipotent par sa technique, il doit se muer en protecteur bienveillant, empathique, attentif à respecter le vivant qui lui est désormais confié.

Ce devoir éthique implique une modification des relations des êtres entre eux, au sein de l’espèce humaine.

Malgré les belles intentions affichées par l’ensemble des idéologies d’antan, l’homme fut au cours de son histoire bien pire qu’un loup pour l’homme, car cette comparaison serait insultante pour les loups. Il fut le plus grand tueur d’hommes et aujourd’hui encore, le plus exploiteur de ses semblables.

C’est que les vieilles idéologies préconisaient la concurrence, la compétition, la domination, la conquête, au lieu de promouvoir la solidarité, la générosité, le souci d’autrui.

En cela, la révolution écologiste est prometteuse pour l’homme d’une société moins cruelle, moins âpre, une société où la qualité de la vie prévaut sur l’accaparement et la dilapidation de tout.

Ces vieilles idéologies théocentristes et anthropocentristes placèrent longtemps la planète terre au centre de l’univers et l’homme au centre du grand tout.

Or, il n’y a pas de centre, ni la terre, ni l’humain n’intéressent l’univers.

La seule certitude est que la vie existe ici et maintenant et qu’elle vaut bien la peine d’être défendue, aimée, protégée tant dans sa diversité que dans les individus qui la composent.

Il n’y a pas d’opposition entre l’humain et le non-humain mais un besoin de réconciliation et d’élargissement du cercle de l’empathie.

Cet élargissement n’est jamais que la constante de la civilisation.

Il y eut la famille, le clan, la tribu, la cité, la nation, la race, puis l’humanité entière. Le temps est venu d’intégrer la biosphère dans le champ de l’empathie et de la reconnaissance.

Tel est le sens de notre combat d’idées et de valeurs.


Gérard CHAROLLOIS
CONVENTION VIE ET NATURE POUR UNE ECOLOGIE RADICALE

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