Aller au contenu
Rechercher dans
  • Plus d’options…
Rechercher les résultats qui contiennent…
Rechercher les résultats dans…
terrienne

et voici donc leur "vrai" visage

Messages recommandés

Les principales ONG françaises de défense de l'environnement, "scandalisées par le mépris qui caractérise la décision" de retirer la taxe carbone, demandent, mardi 23 mars, dans une lettre ouverte au président Nicolas Sarkozy, s'il leur réserve "pour demain l'abandon du Grenelle".

"Vous avez signé le pacte écologique [de Nicolas Hulot]. Vous vous êtes personnellement engagé à faire de la taxe carbone un des piliers de votre politique environnementale", écrivent dix ONG, dont Réseau Action Climat France, Greenpeace, WWF, ou encore Les Amis de la Terre. "Entre la frénésie pro-environnementale des premiers mois de votre mandat et le déni qui caractérise votre politique actuelle, il ne s'est écoulé que trois ans. Que nous réservez-vous pour demain ? L'abandon du Grenelle ou de ce qu'il en reste ?", poursuit la lettre.

Jointe par Le Monde.fr, la présidente du Réseau Action Climat, Sandra Mathy, se déclare "abasourdie" par cette décision. "La France se place désormais totalement en dehors des objectifs européens", déplore-t-elle. "Déjà l'échec des négociations de Copenhague a condamné toute mesure qui s'inscrirait dans un cadre international, la taxe carbone aurait eu le mérite de constituer une mesure structurante au niveau national".

Elle regrette également que cette décision intervienne au lendemain de la défaite de la majorité aux élections régionales. "C'est dommage que les aléas électoraux poussent à ce genre de décision", souligne-t-elle, "d'autant plus que ce n'est pas la première depuis l'échec du gouvernement aux régionales". Hier en effet, le préfet de la Manche a autorisé l'implantation d'un nouveau terminal charbonnier à Cherbourg, un projet qui suscitait l'hostilité des écologistes.

Quant au principe d'une taxe européenne, Sandrine Mathy n'y croit pas, en tout cas pas à court terme. "L'idée d'une taxe qui ne serait possible qu'à l'échelle européenne est un argument fallacieux : il faudrait l'unanimité, or aucun pays n'est prêt à abandonner sa souveraineté en matière de fiscalité", déplore-t-elle. Et de conclure : "cette taxe ne verra pas le jour sans un énorme travail, on peut dire qu'elle est enterrée pour longtemps".

Même son de cloche du côté de Greenpeace France. Karine Gavand, responsable de programme climat, rappelle que Nicolas Sarkozy avait déjà changé de discours avant les élections : "il y a quelques semaines, il avait déjà voulu rassurer les agriculteurs, qui sont déjà exemptés de la taxe carbone alors qu'ils sont les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre". Elle regrette que "l'échec de Copenhague ait clairement fait baisser la pression sur ces thèmes". "Le gouvernement marque un recul par rapport à ses objectifs, et ses résultats électoraux n'y sont pas pour rien : la droite nourrissait l'espoir de capter une partie des votes écologistes. Or, cette stratégie n'a pas fonctionné. Par conséquent, la majorité n'a plus aucune raison de tenir ses objectifs en matière d'environnement."

Selon Karine Gavand, cette décision intervient dans un contexte difficile pour l'écologie, "où les climato-sceptiques se font de plus en plus audibles". Mais pour elle, "l'échec de Copenhague plaide justement pour un retour au niveau national concernant la limitation des gaz à effet de serre".

"En Europe, précise-t-elle, la Suède planche sur un projet de taxe qui mettrait la tonne de carbone à 100 euros, contre 17 seulement pour le projet français !" Cet écart montre à quel point "il est hypocrite de prétendre que le projet français est trop ambitieux, d'autant plus qu'il a été retoqué par le Conseil constitutionnel justement parce qu'il prévoyait trop d'exemptions".

Laurent Hutinet, chargé des questions économiques et sociales à l'association Amis de la Terre, fustige quant à lui les "incohérences" du discours officiel : "L'erreur du gouvernement est d'avoir voulu créer une taxe qui ne dérangerait personne, mais c'est impossible, une taxe est forcément contraignante, il faut l'assumer." Il se montre néanmoins critique vis-à-vis du texte tel qu'il a été conçu par le gouvernement. "Ce projet comprend beaucoup trop d'exonérations et le mécanisme de compensation, prévu pour les ménages et les artisans, rend la taxe inefficace, dans la mesure où celle-ci est censée décourager la consommation d'hydrocarbures", explique-t-il. "D'autant plus que ces compensations devaient être versées indépendamment des revenus du foyer." Néanmoins, le vote de la taxe carbone, même sous une forme imparfaite, aurait permis "qu'un embryon de projet voie le jour, quitte à l'améliorer par la suite".

Plutôt qu'une taxe carbone, les Amis de la Terre plaident pour une taxe universelle sur les énergies, y compris électriques, "mais il faudrait pour cela que l'industrie française propose des alternatives", précise Laurent Hutinet, qui rappelle en outre : "L'énergie est sous-taxée [en France], nous disposons donc d'un peu de marge de manœuvre."

Source : Le Monde

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

×
×
  • Créer...