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Maladies Neuro/Pesticides utilisés à l'Île d'Orléans, Québec

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REPORTAGE



AUTOUR DE L’ÎLE / JANVIER 2011

PAGE 5



MALADIES NEUROLOGIQUES

Les agriculteurs et leurs proches plus exposés



Normand Gagnon



Une étude américaine toute récente,

menée auprès de personnes âgées ayant

été au cours de leur vie en contact direct

ou indirect avec des pesticides, établit une

corrélation nette entre cette exposition et

la survenue des premiers symptômes de

maladies neurologiques.



L’échantillon de cette enquête de grande

ampleur menée par des chercheurs de l’Université

de Duke1 a été constitué parmi les résidants de la

communauté rurale du comté

de Cache dans l’Utah (É.U.) en ciblant les

personnes âgées de plus de 65 ans ne présentant

pas de troubles mentaux au début de

l’investigation. Durant une période s’échelonnant

sur plus de 14 ans, une cohorte de

3 084 personnes eurent à remplir des questionnaires

détaillés sur leurs occupations et

sur leur exposition à différents types de pesticides;

ils furent également soumis au début

de l’étude et à intervalles réguliers à des tests

permettant de diagnostiquer les premiers

symptômes de démence sénile et de la maladie

d’Alzheimer.



Dans l’échantillon étudié (3 084 personnes),

500 individus parmi les 572 exposés

aux pesticides, dont 40 % travaillaient sur

une ferme, avaient développé une démence

et, pour 344 d’entre eux, la maladie d’Alzheimer

dans ses premières phases. De plus,

108 des personnes exposées ont été plus tard

diagnostiquées comme séniles.

Les pesticides en cause identifi és par les

participants appartenaient aux familles des

organophosphorés, des organochlorés, des

carbamates et des bromures de méthyle.

L’analyse des résultats montre que, tous

pesticides confondus, l’augmentation des

risques des individus exposés par rapport à

ceux qui ne l’avaient pas été est équivalente

pour la démence sénile (+38%) et la maladie

d’Alzheimer (+ 42 %). Il est également

démontré que ces hausses pour l’exposition

aux organophosphorés sont de 31 % pour

la démence sénile et 53 % pour la maladie

d’Alzheimer et, dans le cas des organochlorés,

de 33% pour la démence sénile et 49%

la maladie d’Alzheimer. Il semble donc que

les pesticides puissent provoquer des effets

nocifs à long terme sur le système nerveux

central.



L’auteure principale de l’étude, la

Dr. K.M. Hayden, interrogée par Medscape

Medical News2 se montre toutefois prudente

quant à l’interprétation des résultats, laissant

entendre qu’établir la relation causale nécessiterait

de nouveaux travaux de recherches.

D’autres toutefois, comme le professeur de

neurologie R. Peterson de la Clinique Mayo,

de Rochester, n’hésitent pas à affirmer que

les organophosphorés sont bien connus

comme inhibiteurs de l’acétylcholinestérase,

une enzyme associée au bon fonctionnement

des cellules nerveuses. Ce dernier invoque

en appui à son point de vue que plusieurs

des médicaments actuellement utilisés dans

le traitement de la maladie d’Alzheimer

permettent justement d’augmenter le taux

d’acétylcholine produite normalement grâce

à l’acétylcholinestérase.



La démence sénile correspond à un affaiblissement

des facultés cognitives et intellectuelles

: mémoire, jugement, concentration,

raisonnement, langage, etc. Elle se manifeste

à un âge avancé et évolue habituellement par

paliers sur une longue période.

Les premiers symptômes de la maladie

d’Alzheimer débutent en général plus tôt,

autour de la soixantaine et parfois avant. La

détérioration des fonctions intellectuelles est

plus massive et profonde que dans d’autres

formes de démences.



1 K.M. Hayden et coll., Occupational exposure to pesticides increases the

risk of incident AD, Neurology, 11 mai 2010, vol. 74, no. 19, p.1524-

1530.

2 Fran Lowry, Repeated Exposure to Pesticides Increases Alzheimer’s

Disease Risk, Medscape Medical News, 19 mai 2010.



L’usage des pesticides à l’île d’Orléans



Les conclusions de l’étude du comté de

Cache en Utah, à savoir que les pesticides

augmentent sensiblement les risques de voir

apparaître au cours de la vieillesse des maladies

du système nerveux, peuvent-elles

s’appliquer aux agriculteurs de l’île, à leurs

proches et à ceux qui vivent près des fermes?

Sans doute car les méthodes agricoles

d’usage courant se sont standardisées depuis

quelques décennies et les produits antiparasitaires

disponibles sur le marché sont

sensiblement les mêmes partout dans le

monde et sont fabriqués par une poignée de

multinationales comme Dow et Monsanto.

La liste de 25 pesticides identifi és comme

les plus vendus à la COOP de Saint-Pierrede-

l’Île d’Orléans renferme 19 produits appartenant

aux mêmes catégories que celles

identifi ées dans l’étude en question. 12 sont

des organochlorés, 3 des organophosphorés

et 4 des carbamates. Les autres ne sont pas

nécessairement sans risque mais leur neurotoxicité

n’a pas été démontrée.

Le fongicide Dithane par exemple, en

plus d’être un irritant de la peau, des yeux,

des voies respiratoires et digestives, s’est

avéré provoquer des tumeurs chez l’animal.

Un des organochlorés, l’herbicide

Gramoxone, est interdit en Europe car on

le soupçonne d’être lié à la maladie de Parkinson,

une autre maladie dégénérative du

système nerveux. Il faut retenir aussi que

la quasi-totalité des pesticides organiques

disponibles sur le marché sont hautement

toxiques.

Une extrême prudence dans l’usage de

ces produits semble donc s’imposer notamment

en respectant scrupuleusement

la marche à suivre des fabricants même si

cela doit avoir pour effet de transformer

les épandeurs en véritables martiens (vêtements

spéciaux, masques, gants, etc.). Mais

en amont de cette prudence, peut-être faudrait-

il aussi considérer, comme l’a fait le

réseau européen Endure, des alternatives à

l’usage massif des pesticides: rotations sur

plusieurs années de culture diversifi ées,

répartition des cultures et des espaces non

cultivés permettant de freiner les pullulations

d’insectes nuisibles, entre autres.





Les 25 pesticides les plus vendus à la COOP de Saint-Pierre

Nom commercial Nom chimique Catégorie Usage


Maestro Captane Organochloré Fongicide

Lorox-L Linuron Organochloré Herbicide

Roundup

WheaterMax Glyphosate Organophosphoré Herbicide

Bravo 500 Chlorothalonile Organochloré Fongicide

Ripcord Alpha-cyperméthrine Organochloré Insecticide

Mathador 120 Lambda-cyhalothrine Organochloré (et fl uoré) Insecticide

MCPA Amine 500 Méthaxon Organochloré Herbicide

Cobutox 625 Esther de l’acide dichlorophénoxybutyriqe

Organochloré Herbicide

Cuivre fi xe Fongicide

Dithane Mancozèbe Thiocarbamate Fongicide

Gramoxone Paraquat Organochloré (sel) Herbicide

Kocide 2000 Hydroxyde de cuivre Fongicide et

bactéricide

Malathion 500 Malathion Organophosphoré Insecticide

Polyram 80DF Métirame Thioarbamate Fongicide

Primextra Magnum S-métolachlor Organochloré Herbicide

Refi ne M Mélange dont MCPA Organochloré Herbicide

Scala Pyriméthanile Fongicide

Sevin Carbaryle Carbamate Insecticide

Sinbar Terbacile Organochloré Herbicide

Sovran Krésoxime de méthyle Fongicide

Superior Oil 70 Huile minérale Insecticide

Touchdown Total Glyphosate Organophosphoré Herbicide

Venture-L Fluazifop de p-butyle Organo fl uoré Herbicide

Nova Myclobutanile Organochloré Fongicide

Manzate pro-Stick Mancozèbe Thiocarbamate Fongicide



Journal Autour de l’Île
Voir l'article
Édition de janvier 2011

http://www.autourdelile.com/editions-anterieures-3/

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