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la lettre hebdo de gérard charollois (23/10)

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Des micros pour des charlots

La France aborde une campagne électorale, moment privilégié pour étudier les préoccupations de fond d’une société et la nature des courants qui la vivifient.
Le centre gauche qui, selon toute heureuse vraisemblance, l’emportera en 2012, propose, conformément à sa vocation, de panser les plaies, d’atténuer les maux, de calmer les arrogances, sans parvenir à guérir le malade, ce qui offrirait au parti des milliardaires l’occasion de récupérer le pouvoir politique en 2017, si son système pervers ne devait pas s’effondrer mondialement d’ici-là.
La droite de l’argent, parti du 1% de la société, agite le fumigène d’une crise systémique dont son idéologie est la cause, dont ses dogmes sont les agents pathogènes.
Car cette crise est le fruit du thatchérisme-Reaganisme (la révolution conservatrice), dont le parti républicain Etasunien, l’UMP, le parti CONSERVATEUR Anglais, la démocratie-chrétienne Allemande servent les intérêts.
Pour eux, le Marché est roi et sa main invisible exige dérèglementation, privatisation, révision générale des politiques publiques, c’est-à-dire guerre faite aux services publics, libération des prédations par la finance et les promoteurs sans scrupule.
Leur doctrine, triomphante dans le monde entier, enfanta le naufrage social, moral, économique, écologique et le burlesque est qu’ils invoquent ce marasme dont ils sont les auteurs pour excuser leurs échecs.

Et les écologistes ?

Ils plongent vers un sérieux trou d’air faute d’assumer ce qu’ils devraient être : les avocats du vivant, de la nature, de la réconciliation de l’humain avec la biodiversité, les défenseurs des êtres sensibles.
Ils ne font, en moins flamboyant, que de la pure contestation sociale, oubliant qu’un original vaut mieux qu’une copie.
D’ailleurs, il se pourrait que Jean-luc MELANCHON, tribun cultivé, découvre de surcroît l’écologie. Historiquement, nombre de penseurs de gauche furent les précurseurs de l’antispécisme.
La générosité, le sens de la justice, la colère devant l’inéquité ne se divisent pas et le mépris de l’animal accompagnera toujours le mépris des humains.
La chasse, la corrida, d’essence fasciste, soutendent « viva la muerte », ce qui, bien évidemment n’implique nullement que tout adepte de ces loisirs et spectacles de sang soit fasciste. L’évidence tient ici à la culture, à la symbolique, au rituel de violence, de mort, de négation de la souffrance d’êtres sensibles.
Contrairement à une opinion répandue, le grand déficit des partis politiques de notre temps n’est pas le peuple, mais les « intellectuels ».
Qu’est-ce qu’un parti politique dans la France contemporaine ?
Un syndicat d’élus ou de gens qui aspirent à l’être.
La pensée, les idées de fond, les débats éthiques manquent gravement à la vie politique.
La communication, la frime, la superficialité l’emportent d’où l’appauvrissement du débat.
Degré zéro de la réflexion, contraste saisissant avec l’ardeur et la qualité des joutes d’antan.

Ainsi, penser l’écologie implique une remise en question radicale de la dévastation cupide perpétrée par les affairistes, le changement de rapport à l’animal non-humain, donc l’abolition de la chasse et de la corrida, l’édiction de normes contraignantes réservant une place à la biodiversité sur la terre.
Or, les écologistes politiques Français n’osent pas soutenir le grand débat.
En perdant leur raison d’être, ce qui ne les trouble nullement, ils vont perdre les élections, ce qui leur sera plus douloureux.
(la tauromachie et la chasse à courre sont des pratiques culturelles méridionales ou locales tolérables !)

Propos honteux.

Ce qu’il convient de déplorer est qu’en optant pour un prévisible échec à la présidentielle, les électeurs des primaires de l’écologie ont singulièrement affaibli le poids de leur mouvement dans les négociations à venir avec leurs partenaires progressistes.
Avec 3% de voix à la présidentielle, au lieu des 8% qu’aurait obtenu un candidat parlant de nature et d’écologie, ils ne pourront guère exiger plusieurs ministères, beaucoup de circonscriptions parlementaires.
Leur influence en sera réduite.
Faut-il penser : dommage pour la nature ?
Quand on veut faire de la démagogie, on ferait bien de consulter les enquêtes d’opinion, ce qui éviterait d’énoncer des insanités éthiques et de bêler à l’unisson d’une poignée d’ennemis de la terre.
Vraiment, il y a des trous d’air bien mérités.
Seules valent l’audace de la pensée, l’innovation éthique, le courage de la bienveillance.
Ces vertus politiques attendent leurs défenseurs, mais ils ne tarderont plus.
La crise ne se résoudra pas par quelques gesticulations aux sommets internationaux dominés par le clergé du Marché.
Il faudra changer de cap, remettre le vivant au centre et sublimer la cupidité qu’exacerbe la société dite capitaliste.

Y aura-t-il, dans les mois à venir, une force novatrice pour porter ce message ou faudra-t-il se contenter de congédier ceux qui depuis dix ans font faire au pays de grands bonds en arrière ?

Gérard CHAROLLOIS
CONVENTION VIE ET NATURE
MOUVEMENT D’ECOLOGIE ETHIQUE ET RADICALE
POUR LE RESPECT DES ÊTRES VIVANTS ET DES EQUILIBRES NATURELS

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