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la lettre hebdo de gérard charollois (11/11)

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Bruits de bottes vertes et cliquetis de tiroirs caisses



Pendant que des hommes en armes et en rage de tuer occupent les campagnes au détriment de tous les usagers pacifiques de la nature, que les politiciens sans honneur font la danse du ventre devant les cynégécrates en violation des aspirations de la majorité des citoyens, les structures corporatistes du lobby chasse soumettent l’Etat.

Après son édifiant rapport de décembre 1999, la cour des comptes, par avis de référé de sept pages daté du 27 juillet 2012, épingle les abus et les dérives financières d’un Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage aux mains des dirigeants cynégétiques.

Ces abus se sont aggravés pendant les sept dernières années.

Etonnant n’est-ce pas !

La cour constate que, grâce aux somptueux cadeaux faits par le calamiteux gouvernement RAFFARIN BACHELOT de 2002 à 2005, l’argent public coule à flot vers les caisses de cet établissement public dont le conseil d’administration est tenu par les gens de la chasse, depuis la régression résultant de la loi du 23 février 2005.

Que révèle ce rapport ?

Le budget de cet établissement public a augmenté de 30 % de 2004 à 2011 et que dans ce budget la part des taxes fiscales perçues au titre des validations de permis de chasser est passée de 86 % à 60 %.

La cour des comptes explique cette réduction de la part de financement provenant du monde de la chasse par la réduction du nombre des chasseurs, ce dont il faut se réjouir, mais aussi par un accroissement du financement public au titre des charges de missions d’intérêt général !

Et la cour de relever des comportements partisans de cet office dont le conseil d’administration est présidé, bien évidemment, par un président de fédération départementale des chasseurs. Ainsi, elle souligne que des partenariats ont été abandonnés avec la LIGUE POUR LA PROTECTION DES OISEAUX, cette association ayant sans doute manqué de docilité envers sa majesté cynégétique.

Surtout on peut lire, en ce convaincant rapport, que l’Office aurait perdu des procès au profit de 38 fédérations départementales de chasseurs ce qui absorba des fonds importants.

Tout de même singulier qu’un établissement public dont le conseil d’administration est contrôlé par les chasseurs, que préside un président de fédération départementale, perde des procès contre lesdites fédérations !

À suivre !

Pour conserver un minimum de crédibilité, un établissement public doit être indépendant de tout groupe de pression et au seul service de l’intérêt général radicalement inverse de celui du loisir de mort.

Comment les études ornithologiques conduites par un organisme ainsi étroitement contrôlé pourraient-elles justifier une réduction du temps d’ouverture de la chasse, alors que le lobby s’est constamment battu devant les tribunaux administratifs pour nier les phénomènes migratoires en fin d’hiver ?

Une impérieuse réforme consisterait à démanteler les structures corporatistes de la chasse française héritées de l’ordonnance PETAIN du 28 juin 1941 qui créa les « sociétés départementales des chasseurs » devenues fédérations.

Ces associations militantes bénéficient de l’adhésion obligatoire et de la cotisation de tout chasseur. Elles obtinrent d’une classe politique servile des prérogatives exorbitantes du droit commun, jouissant d’un quasi-monopole sur une faune qu’elles réduisent à du « gibier ».

En démocratie, la chasse devrait s’organiser, comme toute activité, sur des bases de droit commun, c’est-à-dire en libres et concurrentes associations.

L’office national en charge de la faune sauvage devrait garantir l’intérêt général de la préservation de la nature en se libérant de l’emprise des cynégécrates.

Aussi longtemps que ces réformes élémentaires ne seront pas accomplies, la France ne sera pas un Etat de droit, mais connaîtra des dérives scandaleuses.

Si l’argent public était seul en cause, l’affaire relèverait des juridictions budgétaires compétentes, mais les animaux sauvages, la tranquillité des citoyens, la sécurité des randonneurs, les souhaits de 87 % des Français de voir protéger l’animal sauvage des actes de mauvais traitements sont piétinés.

Parlementaires, ayez un sursaut de dignité !

Ecoutez les appels des citoyens à en finir avec les privilèges d’une minorité qui s’approprie l’espace et la nature !

Un animal, être sensible, n’est jamais un « gibier » et la biodiversité agonisante exige une protection intégrale et non une imposture qu’ils appellent « gestion ».

La chasse : un crime contre le vivant, une nuisance pour les habitants des campagnes, un puits pour l’argent public, un révélateur de la médiocrité de la classe politique, un discriminant entre esprits résistants et pusillanimes, une aberration corporatiste dans une société démocratique, une illustration du conformisme de la presse de province qui, pour complaire à ce qu’elle imagine être son lectorat, recopie sans le moindre recul les communiqués de l’indigente propagande du lobby, voilà qui mérite la mobilisation de tous ceux qui n’aiment ni la violence, ni le corporatisme, ni la loi des lobbies.

En ce pays, ceux qui osent s’opposer à cette féodalité sont censurés, ostracisés, marginalisés dans les organes consultatifs et au besoin, menaces dérisoires, dénoncés aux tribunaux comme délinquants !

La chasse à la Française est le seul loisir au monde qui obtint des gouvernants une protection pénale spécifique puisque son entrave devint une contravention selon un décret du 4 juin 2010.

Les cynégécrates virent dans cette réglementation la preuve rassurante de leur influence sur le personnel politique, alors qu’un tel décret constitue un formidable aveu de faiblesse et de peur face à une contestation qui se lève et que les murs de la Bastille chasse ne parviendront pas à contenir.

Il y a plus sinistre, plus honteux, plus inquiétant que les bruits de bottes et les cliquetis des tiroirs caisses, c’est le silence des lâches !

Lâches, ceux qui sans tuer eux-mêmes peuvent sans frémir entendre les détonations des armes à feu dont les projectiles déchirent les chairs et broient les os !

Lâches, ces hauts fonctionnaires et décideurs qui, préfèrant une injustice à un prétendu désordre, n’osent pas combattre le braconnage !

Lâches, ces élus qui mesurent parfaitement la nocivité des destructions de faune mais imaginent démagogique de relayer les exigences de quelques centaines de tueurs qui veulent ici ou là piéger « la galinette cendrée », sous prétexte que les anciens qui sentaient bon la terre qui ne ment pas, le faisaient !

Lâches, ces rédacteurs d’articles s’alarmant devant la prolifération des sangliers sans chercher à savoir que la chasse est le problème et non la solution !

A-t-on encore, en ce pays, la liberté de le dire ?

La chasse n’est pas réformable. Il faut l’abolir.
Gérard CHAROLLOIS

CONVENTION VIE ET NATURE

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