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Max|mum-leterrarium

Prasinohaema, un mystérieux lézard vert de la tête au sang

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Prasinohaema, un mystérieux lézard vert de la tête au sang



Le lézard Prasinohaema, vivant sur une île de Nouvelle-Guinée, a visiblement une couleur préférée : le vert. Son sang, ses os et l'ensemble de ses tissus sont verts. Une coloration étrange dont les scientifiques tentent de découvrir l'origine. Les roses sont rouges, les violettes sont bleues… mais ces lézards sont bien verts, de la tête au pied et jusqu'au sang ! Leur nom ? Prasinohaema. Décrits pour la première fois dans un article de la revue Science, ces sauriens ont tout de suite intéressé Christopher Austin, biologiste à l'Université de Louisiane.

"J'ai immédiatement été captivé. J'ai également remarqué que personne n'avait vraiment étudié ces lézards pour comprendre l'origine de ce sang vert", affirme-t-il au National Geographic. C'est pour cette raison que le chercheur a décidé de mener une vaste étude sur les reptiles de ce genre lors de son doctorat à l'Université du Texas. Pourquoi du sang vert ? Les lézards Prasinohaema vivent principalement sur l'une des îles de la Papouasie-Nouvelle Guinée, qui se trouve être également un endroit à la biodiversité particulièrement dense. Mais il existe plusieurs espèces du même genre Prasinohaema (du grec prasinos "vert" et haima le "sang"). Au début de son étude, Christopher Austin s'est aperçu que l'animal possédait "une très forte concentration du pigment biliaire, la biliverdine". Chez de nombreuses espèces, dont l'être humain, l'oxygène est transporté par l'hémoglobine, ce qui donne au sang sa couleur rouge. Lorsque l'hémoglobine s'affaiblit, elle est amenée jusqu'au foie où elle est dégradée en plusieurs molécules dont fait partie la biliverdine. Comme son nom le laisse suggérer, cette molécule possède une teinte verte. Elle est responsable de l'aspect verdâtre que peut prendre une ecchymose. Normalement, la majeure partie de la biliverdine est dégradée en bilirubine (de couleur jaune) qui va ensuite passée dans le plasma avant de rejoindre le foie. Elle va alors subir des réactions supplémentaires avant d'être éliminée dans l'urine grâce aux reins et dans les fécès grâce à la flore intestinale. Toutefois, il semblerait que chez les lézards, seule une partie de la biliverdine soit dégradée. Subsistent ainsi de grandes quantités de cette substance qui vont donner à l'organisme du lézard cette singulière couleur verte. Mais le vert n'est pas limité au sang. "Le sang est vert, les os sont verts, les tissus sont verts, même la langue est verte !", détaille Christopher Austin. Un caractère qui n'est partagé par aucun autre vertébré. Une couleur toujours mystérieuse Selon le scientifique, ce qui est le plus étonnant c'est que la biliverdine est toxique. Pour l'être humain, une seule trace de biliverdine ou de bilirubine (sous forme "libre") dans le sang entraîne une coloration jaunâtre de la peau. En temps normal, la jaunisse est une maladie qui ne se déclare que chez les personnes atteintes de troubles du foie ou les nouveaux-nés. En effet, à la naissance, le foie des bébés ne sait pas encore comment transformer l'hémoglobine. Un excès de l'un des deux pigments biliaires dans le sang peut, en revanche, être mortel. "C'est vraiment surprenant, parce qu'avec de tels taux de pigments biliaires dans le sang, les lézards devraient être complètement jaunes, voire morts", s'étonne le chercheur. Il explique, selon lui, que les lézards ont subi une mutation qui leur a permis de supporter la biliverdine, probablement afin de se protéger des parasites de type Plasmodium. Ces derniers sont connus pour causer la malaria, non seulement chez les humains mais également chez les oiseaux et les reptiles. Christopher Austin estime ainsi que la présence de biliverdine, à la place de l'hémoglobine, rend plus difficile l'infection par les parasites. Cependant, cela reste une hypothèse qui doit encore être vérifiée. Actuellement, le scientifique tente de séquencer le génome du Prasinohaema. L'objectif sera ensuite de le comparer avec celui d'autres lézards possédant un sang rouge. Il devrait ainsi pouvoir identifier les différences génétiques, et vérifier la résistance du lézard au parasite de la malaria. (Crédits photo : Christopher Austin / Louisiana State University Museum of Natural Science)

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