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L'aspergillose : diagnostique et traitement - Perruches et oiseaux

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L'aspergillose, un dilemme thérapeutique pour le vétérinaire


Oiseaux exotiques, Mars 2011
Dr Vétérinaire, ancienne interne en médecine zoologique à la faculté de médecine vétérinaire Saint-Hyacinthe, clinique de la gare, Québec, Taverny.

"L'aspergillose est une maladie grave et assez courante chez les oiseaux, causée par un champignon du genre aspergillus. Chez les oiseaux de compagnie, c'est la maladie fongique la plus fréquente. Malheureusement le dépistage et le traitement de cette maladie sont complexes. Cet article explique les raisons.


Les aspergillus sont présents à peu près partout dans notre environnement. On trouve des sports de ce champignon en grandes quantités dans le sol, les cosses des graines, la litière etc, et il est donc pratiquement illusoire de vouloir l'éliminer complètement.

Nos oiseaux constituent un milieu de culture idéal pour ce champignon. Leur température corporelle supérieure à celle des mammifères facilite sa croissance. Le champignon s'installe principalement aux endroits où il est en contact avec un maximum d'oxygène, à savoir, les sacs aériens, les poumons, les sinus, la trachée et le syrinx (organe du chant des oiseaux). De plus, les oiseaux n'ont pas d'épiglotte : la trachée est ouverte en permanence, ce qui facilite l'entrée de l'agent pathogène. Les perruches vivent donc en équilibre instable avec ce champignon, grâce à un système immunitaire qui les protège et élimine tout pathogène avant qu'il ne s'installe.

Mais en cas de déficience immunitaire, ce champignon se multiplie et l'oiseau tombe malade. De même que nous tombons plus facilement malades en période de stress, car notre système immunitaire est affaibli, la captivité occasionne un stress important chez certaines espèces sauvages, qui développent alors une aspergillose. Une prévention par les médicaments est effectuée systématiquement dans les centres de sauvetage d'oiseaux de proie. Chez les oiseaux de compagnie nés en captivité, l'aspergillose est souvent secondaire à un problème qui cause un déficit immunitaire, comme par exemple le circovirus de la maladie du bec et des plumes, ou une malnutrition. Enfin, le taux d'infection des oiseaux dépend aussi de la quantité d'aspergillus présents dans l'environnement. Des locaux mal ventilés, une mauvaise hygiène, ou une surpopulation favorisent la présence du champignon et peuvent augmenter le taux d'infection.

L'homme et d'autres mammifères (chien, cheval, etc.) peuvent aussi être atteints d'aspergillose, mais ilne s'agit pas d'une zoonose (maladie transmissible de l'animal à l'homme) proprement dite, puisque ce champignon est présent naturellement dans l'environnement. En général, comme chez les oiseaux, les mammifères atteints sont immunodéprimés.

Les symptômes de l'aspergillose peuvent être aigus, avec des mortalités brutales, ou bien chroniques. On peut alors observer des difficultés respiratoires, une modification de la voix, des sinusites qui se manifestent par des écoulements au niveau des narines,et des éternuements. Des symptômes non respiratoires peuvent aussi être observés : compression du plexus nerveux lombaire (ensemble de nerfs qui contrôlent la partie postérieure du corps) et paralysie, problèmes cutanés, infections osseuses, atteintes oculaires. Pendant que le champignon prolifère, l'organisme cherche à contenir l'infection. Pour cela il édifie une sorte de "coque" autour de la colonie de champignons, que l'on nomme "granulome aspergillaire". Ces granulomes sont parfois observables sur les radiographies mais tout dépend de leur taille et de leur localisation. En cas de granulome au niveau de la trachée, le conduit trachéal peut être obstrué, nécessitant une intervention d'urgence. Cette intervention consiste à poser une canule dans un sac aérien afin de créer une dérivation au niveau du système respiratoire. L'oiseau respire alors par sa canule, le temps que le granulome soit traité. On comprend qu'un dépistage précoce serait avantageux par rapport à ce genre d'intervention d'urgence.


Il est illusoire de dépister l'aspergillose chez une perruche en cherchant de l'ADN de champignon. Comme l'aspergillose est présent dans l'environnement, on a de grandes chances d'obtenir un résultat faussement positif! La seule façon d'obtenir un résultat fiable est de faire une biopsie d'un granulome et d'envoyer cette biopsie au laboratoire. Mais une biopsie à l'intérieur d'un sac aérien ne peut se faire que chirurgicalement, ou par endoscopie, techniques qui nécessitent une anesthésie générale. Or, cette anesthésie est particulièrement risquée pour une perruche déjà en mauvais état général. L'idéal serait donc de dépister la maladie par simple prise de sang.

On pourrait penser qu'il suffit de doser les anticorps (les "soldats" du système immunitaire) dans le sang de la perruche, mais une perruche qui a été en contact avec l'aspergillus et qui l'a éliminée avec succès risque d'avoir beaucoup d'anticorps. De plus, on sait que l'aspergillus a lui aussi une parade pour contrer le système immunitaire : une gliotoxine, qui diminue la production des anticorps chez la perruche infectée. En cas de forte infestation, on observera soit donc beaucoup d'anticorps (le système combat), ou au contraire presque pas (la maladie gagne avec la gliotoxine). Une étude de 2009 a montré qu'il n'existait pas de différence significative entre les taux d'anticorps d'une perruche saine et d'une perruche malade.

Les chercheurs ont donc mis au point d'autres tests, mais ceux ci sont pas parfait non plus. Un des tests utilisé chez l'homme est étudié pour l'oiseau : l'ELISA galactomannane. La galactomannane est un sucre libéré dans le sang de la perruche lorsque le champignon se multiplie. Ce test permet de détecter 67% des cas. Certains sites d'infection sont plus difficiles à détecter qu'une infection généralisée, entrainant des résultats faussement négatifs. Des faux positifs sont aussi possibles. La recommandation actuelle est donc d'effectuer le test ELISZ galactomannane, puis une électrophorèse des protéines qui évalue l'état immunitaire global de l'oiseau, et la sérologie aspergillaire. En fonction des résultats des 3 tests, l'aspergillose est considérée comme très peu probable, possible ou hautement probable.

Enfin, certains traitements antifongiques peuvent être toxiques pour les individus affaiblis. L'amphotéricine B peut déclencher des insuffisances rénales si elle est utilisée par voix générale. Le traconazole, traitement de choix, est risqué chez les gris du gabon et autres car il peut avoir une toxicité hépatique. Les doses doivent être réduites si possible. le traitement médical dure entre 4 et 6 mois. mieux vaut donc être sûr du diagnostique avant d'imposer une telle contrainte à votre perruche et à sonn propriétaire. L'aspergillose est donc une maladie grave, parfois fatale. Le diagnostique est complexe et nécessite une motivation exemplaire de la part du propriétaire. En aucun cas une simple sérologie ne permet d'établir un diagnostique. Une cause sous-jacente médicale ou environnementale (surpopulation,malnutrition) doit être recherchée si l'infection est avérée. Quant au traitement, il est souvent difficile et prolongé. "



Oiseaux exotiques, Mars 2011

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