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Marine-perruche

L’apprentissage des mots chez le perroquet

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L’apprentissage référentiel des mots chez le gris du Gabon


L’apprentissage référentiel des mots chez le gris du Gabon Par Franck Péron - La thèse complète :
http://theses.vet-alfort.fr/telecharger.php?id=1214

Je vous propose un résumé sur la thèse concernée, reprenant chaque partie. Dans un premier temps nous aborderons la communication et le langage dans le monde animal. Puis nous entamerons le choix du modèle (Gris du Gabon, sur l'exemple d'Alex) et l'approche expérimentale avec les méthodes d'apprentissage. Enfin, nous aborderons les résultats de l'expérience, nous ferons un différentiel avec ceux de Irène Pepperberg, en observant les limites et explications possibles.


M. Péron commence la thèse avec une définition de la communication et une approche de celle-ci à travers différentes espèces. Certaines espèces animales sont capables de renseigner à travers leurs techniques de communication (gestes, postures, cris d’alertes, vocalisations spécifiques) leurs congénères sur différents sujets possibles : l’approche ou la présence d’un prédateur, la découverte d’un point d’eau ou d’alimentation et combien, etc. C’est le cas chez les chiens de prairies, les suricates, les marmottes, les singes vervets, els corbeaux et les perroquets par exemple. Des expériences ont pu révéler l’apprentissage du langage, comme l’utilisation du langage des signes chez les singes (chimpanzés ou singes anthropomorphes), ou comme l’utilisation et l’évolution d’un langage culturel (spécifique au groupe) chez les psittacidés. De plus, on constate une catégorisation des éléments du langage, ce qui se révèle être une conduite adaptative (et cognitive) fondamentale. Cela consiste à regrouper des éléments (objets, aliments) en fonction de leurs caractéristiques communes : caractéristiques perceptibles (similarité de couleur, forme, texture), fonctionnelle ou conceptuelle. C’est le cas des abeilles, des babouins, des primates anthropomorphes et des perroquets (révélé grâce à Alex le Gris du Gabon de Irène Pepperberg, et ses nombreuses études). Cette catégorisation se fait plus aisément à travers les mots, ainsi il s’avèrerait que le langage facilite cette capacité cognitive.


Aspect neuroanatomique du comportement vocal

Les perroquets sont aptes à apprendre tout au long de leur vie. Tout comme le langage humain, les perroquets présentent dans leur apprentissage des phases de babillage où ils émettent de nombreuses vocalisations. Ces entrainements et vocalisations sont renforcés par les stimulations et interactions avec les congénères et l’environnement. Les espèces de perroquets aptes à l’apprentissage des mots partagent des structures du cerveau similaire. Le syrinx joue un rôle essentiel dans l’émission des sons, mais les mouvements de leur lange également.



Les capacités cognitives du Gris du Gabon avec Alex, de I. Pepperberg

Le site de la Fondation I. Pepperberg : http://www.alexfoundation.org/dr_irene_pepperberg.html

Irène Pepperberg et son équipe ont réalisé bon nombre d’études sur les capacités cognitives des psittacidés, avec Alex (et d’autres), un Gris du Gabon, à travers l’apprentissage des mots pour communiquer. Il a ainsi su nommer des objets et aliments et faire le lien entre le mot et sa fonction. Il avait su catégoriser les objets par texture, couleur forme, utilité, etc. De plus, il avait acquis la notion d’absence, et de la durée de cette absence (5mn, quelques heures ou une journée d’absence de son humain par exemple), notion repris et travaillé par Johanne Vaillancourt afin de permettre à nos perroquets de compagnie d’anticiper nos actions et de mieux supporter nos absences. Il a su compter jusqu’à 6, et a comparer les objets entre eux (en terme de taille par exemple). Enfin, il pouvait en plus de catégoriser les objets/aliments, les décrire, mais également décrire un évènement.

Grâce aux différentes approches expérimentales, nous savons désormais que le langage et son évolution n’est plus une exclusivité de l’être humain. Les chimpanzés communs et les pygmées ont appris à se servir du langage des signes, les perroquets ont appris à se servir des mots. D’autres études ont révélé la capacité de plusieurs espèces à comprendre le langage humain, comme chez le chien et le dauphin.


Les méthodes d'apprentissage des mots


Il apparait que les interaction et l’enrichissement de celles-ci comme du milieu sont essentiels dans l’apprentissage des mots et l’évolution du langage. La présence d’un modèle est important, tout comme la possibilité de visualiser des erreurs et leurs conséquences, tout comme les réussites et leurs conséquences (renforcement, méthode essai/erreur ou « modèle-rival » de I. Pepperberg). Tout cela permet au perroquet d’assimiler le mot et la fonction de celui-ci (un objet, un aliment, une émotion, un besoin) : c’est l’apprentissage référentiel.

L’étude de M. Péron utilise l’apprentissage des mots de manière référentielle. Les méthodes utilisé reposent sur le Behaviorisme, qui dit que le langage est issu d’un processus de conditionnement. L’étude utilise donc le renforcement, à travers 4 méthodes d'apprentissage :
- La méthode « modèle-rival » d’Irène Pepperberg
- La méthode « intuitive »
- La méthode « répétition-association »
- La méthode de « diffusion »


La méthode « modèle-rival » d’Irène Pepperberg
Un expérimentateur joue le rôle de l’enseignant, l’autre , l’élève, se fait interroger sur le nom de l’objet et sa prononciation correcte, celle-ci, récompensé par des félicitations et l’item lui-même (aliment, objet) (renforcement). Cela lui permet également de comprendre la valeur fonctionnelle de l’objet. Le perroquet est sollicité par l’enseignant mais a également la possibilité de spontanément se manifester. Enfin, les contacts visuels sont renforcés, pour apporter une interaction importante lors de ces exercices.


La méthode « intuitive »
Il faut désigner l’item avec qui le perroquet et l’expérimentateur interagissent. Tout d’abord le perroquet observe l’expérimentateur agir avec l’item, puis le perroquet accède à l’item, ce qui permet d’obtenir plus fortement le caractère référentiel de l’objet mais les interactions sont moins riches puisqu’un seul expérimentateur est impliqué.


La méthode « répétition-association »
Cela se produit en deux étapes. Tout d’abord, l’expérimentateur répète plusieurs fois le mot sans que le perroquet voit l’item, afin de s’assurer que le perroquet est concentré. Il y a un fort contact visuel, mais également des intonations et des changements de rythmes dans la voix. Les aspects référentiels et fonctionnels sont absents. Ensuite, le perroquet qui a assimilé le « mot » le répète. A chaque fois qu’il reproduit le bon mot, il reçoit l’item (aliment ou objet, donc renforcement) et reçoit également des félicitations (renforcement). Cela permet de faire l’association entre le mot et l’objet, les caractères référentiels et fonctionnels sont établis, et les interactions plus nombreuses.


La méthode de « diffusion »
Cette méthode est également en deux étapes. La première consiste en un enregistrement des mots familiers sur une bande son, avec ou sans intonations, qui est diffusée chaque soir durant une heure au perroquet. Il n’y a aucune interaction interspécifique. Ensuite, le perroquet qui répète un mot de l’enregistrement se voit recevoir l’item et reçoit également des félicitations (renforcement). Cela permet de faire l’association entre le mot et l’objet, les caractères référentiels et fonctionnels sont établis, et les interactions plus nombreuses.



Résultats de l’expérimentation





Suite aux expériences, il s’avère qu’il n’y a pas que la technique de Pepperberg (modèle-rival) qui permet l’apprentissage référentiel des mots chez le Gris du Gabon. Il s’avère que la méthode « répétition-association » fonctionne également.

Cependant, cette expérimentation globale n’a pas permit le même succès que l’expérience d’Irène Pepperberg. Les résultats ont été moins concluants et les mots validés moindre.

Cela peut s’expliquer par rapport aux conditions de détention et l’environnement des Gris du Gabon concernés par l’expérience. M. Péron a offert aux trois Gris du Gabon de l'expérience une grande volière où ils disposaient libre entre eux, avec une enrichissement tant sur le plan alimentaire que sur le plan environnemental (des jeux et surtout du foraging lors des repas). Il n'a pas taillé leurs ailes et les expériences se passaient dans la volière sur la partie réservée, ainsi les gris gardaient le libre arbitre de s'envoler et quitter un exercice. Il aurait pu y avoir des défauts d’attention.. Pour Alex de Irène Pepperberg et ses autres Gris, c'est tout de même plus stricte et à mon gout un peu triste. Ils avaient les plumes d'ailes coupées, ils dépendaient ainsi de l'humain pour se déplacer et obtenir quelque chose. Ils étaient séparés chacun dans une cage et n'avaient aucune possibilité d'interactions entre eux. De plus, pour pouvoir manger ou obtenir quelque chose (objet, une sortie etc) ils devaient le demander. les séances ont également été plus intensives. Les Gris avaient moins de possibilités de se déconcentrer. Enfin, elle répétait moins souvent mais permettait plus d’interactions.

Également, l’absence de résultats pour Zoé peut s’expliquer par son âge et ses perturbations hormonales, elle atteignait l’âge de maturité et avait un taux élevé de certaines hormones sexuelles. L’âge des sujets n’a pas été remis en cause dans les résultats.

De plus, l’intérêt des gris pour les items (objets et alimentation) s’est avéré être décroissant au fil des séances d’exercices. Alors que dans les premières dizaines de séances ils essayaient bon nombre de fois de répéter le nom de l’item, au fil de séances ils furent de moins en moins intéressé et n’essayaient plus de dire le mot, n’y voyant surement plus grand intérêt.

Enfin, il y avait peut être un défaut d’intérêt sur les items représentés. Le mot agrume était représentait par un citron en plastique par exemple. Les gris ne recevait pas tellement de renforcement positif par l’objet lui-même si celui-ci ne leur paraissait pas intéressant. Et surtout, certains items apportaient un renforcement négatif, comme le mot semoule. Shango recevait de la semoule quand il le disait, cependant, il n’a pas aimé la semoule et vivait difficilement de recevoir cet item, il a donc cessé d’évoquer ce mot.


Résultat sur la catégorisation des mots


Shango a réussit à catégoriser les mots qu’il a appris et cela de manière spontanée.. Il a su regrouper ses vocalisations dans des catégories : aliments, objets et neutre (coucou, bonjour, ca va). Il a pratiqué la sur-extension des mots, c’est-à-dire un aliment comme « raison » pour demander un autre aliment dont il ne connaissait pas le nom. Cela apparait comme une économie d’efforts de la part du perroquet d’utiliser la sur-extension quand il connait le mot (entendu). Alex savait utiliser différents mots de vocabulaires adaptés à l’objet pour le désigner quand il ne connaissait pas son nom. Par exemple, s’il voyait une amande qu’il désirait sans savoir comment cela s’appelait, il disait « noix » (pour la forme), « marron » (pour la couleur) ou « rugueux » (pour la texture). Il avait donc su catégoriser les mots et faire le lien entre les mots et la fonction ou le caractéristique.

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Bonjour Marine,

J'ai eu la chance d'assister à une conférence du docteur Franck Peron et de passer une soirée avec lui.

Il connaît bien le travail d'Irene Pepperberg mais il est aussi très au fait des différentes approches pratiquées dans différents pays.

Un veto qui effectue un vrai travail de recherche, et pour avoir discuté avec lui, je peux vous dire qu'il se préoccupe du bien être des oiseaux ce qui est tout a À son honneur.

À une époque il avait demandé à récupérer des vidéos d' oiseaux qui dansent, je pense qu'il a commencé un travail en rapport avec la percetion du rythme chez les perroquets.

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La pie bavarde a écrit:

Un veto qui effectue un vrai travail de recherche, et pour avoir discuté avec lui, je peux vous dire qu'il se préoccupe du bien être des oiseaux ce qui est tout a À son honneur.


Je ne le connais pas, mais ce qui est certain c'est que sa préoccupation pour le bien être des oiseaux se ressent à travers son expérimentation et ses explications. Il a offert aux trois Gris du Gabon de l'expérience une grande volière où ils disposaient libre entre eux, avec une enrichissement tant sur le plan alimentaire que sur le plan environnemental (des jeux et surtout du foraging lors des repas). Il n'a pas taillé leurs ailes et les expériences se passaient dans la volière sur la partie réservée, ainsi les gris gardaient le libre arbitre de s'envoler et quitter un exercice.

Pour Alex de Irène Pepperberg et ses autres Gris, c'est tout de même plus stricte et à mon gout un peu triste. Ils avaient les plumes d'ailes coupées, ils dépendaient ainsi de l'humain pour se déplacer et obtenir quelque chose. Ils étaient séparés chacun dans une cage et n'avaient aucune possibilité d'interactions entre eux. De plus, pour pouvoir manger ou obtenir quelque chose (objet, une sortie etc) ils devaient le demander. les séances ont également été plus intensives. Les Gris avaient moins de possibilités de se déconcentrer.


Cela doit être super intéressant que d'étudier la perception du rythme de nos perroquets !

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