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Margaux02

Les besoins environnementaux et sociaux du Gris du Gabon, le vrai!

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Les besoins environnementaux et sociaux du gris





Aujourd'hui le perroquet gris du Gabon est le psittacidé de gros gabarit préféré des français, pour 3 raisons principales:
- il est facile à trouver
- il est supposé être calme
- il est un imitateur hors pair

Tout ceci peut-être démenti, ces critères reflètent une image complètement erronée de cet animal sauvage!

Je crois qu'il est temps de lever le voile sur la véritable nature du perroquet gris du Gabon, la vedette des perroquets de compagnie, mais aussi et surtout, l'une des espèces les plus sensibles, délicates et inadaptée à la vie captive!

Une vie de solitaire imposée:

Quelle ironie! Un sort si injuste pour un animal si sociable, à l'instinct grégaire aussi développé! Les gris du Gabon vivent à l'état sauvage en grands groupes, des centaines, parfois même des milliers d'individus qui se déplacent pour trouver eau et nourriture. Chez les autres espèces de taille similaire, les groupes sont bien moins imposants, même si les besoins sociaux sont identiques. La vie en groupes offre de nombreux avantages, et l'importance du nombre d'individus garantit la sécurité de chacun. Il y a plus de paires d'yeux pour repérer des prédateurs, pour localiser les points d'eau, pour évaluer un danger, pour trouver de la nourriture...

En captivité 90% des gris du Gabon sont maintenus sans congénère de leur espèce! Ces individus ne doivent leur sécurité qu'à eux même! Il n'y a certainement pas de rapaces ou autres prédateurs qui surgiront de nul part pour attaquer un perroquet dans une maison. Mais le sait-il? Certainement pas!
Le gris du Gabon, comme tout perroquet est une proie, maintenir son attention pour assurer sa propre protection, réagir rapidement en cas de danger supposé sont des comportements normaux et instinctifs! Le groupe est rassurant, et les perroquets savent instinctivement que lorsqu'ils sont isolés, ils sont en danger, ils sont exposés!
La solitude imposée génère des problèmes, une anxiété, une nervosité accrue, bref, un mal être permanent. Jamais un perroquet seul ne se sentira pleinement rassuré.

Les humains dans la maison sont considérés comme membres du groupe, quand ils sont là, le perroquet se sent mieux. Mais il y a bien un moment où l'oiseau doit rester seul! Et dans ce cas, c'est un véritable calvaire qu'il vit! Un stress considérable à l'origine de troubles du comportement comme: l'anxiété de séparation, l'hyper-dépendance, les cris excessifs, l'auto-délétion...




Un environnement exigu:

Qu'on se le dise, le gris du Gabon n'est pas un perroquet calme qui reste volontiers toute la journée sur son perchoir! Aucune espèce de perroquet n'est calme!
Dans la nature, les gris du Gabon sont d'excellents voiliers, bien que la caractéristique principale des psittacidés soit leur faculté de grimpeur, il faut comprendre que dans ce cadre, le moyen de déplacement préféré reste le vol! Les perroquets peuvent parcourir plusieurs dizaines de km par jours d'un trait pour trouver nourriture, eau, des endroits pour s'occuper et se reposer en toute tranquillité. La recherche de nourriture représente environ les 2/3 du quotidien d'un perroquet tel que le gris du Gabon. Et cette recherche comprend le parcours sur de grandes distances, en vol! Il n'est pas non plus un simple moyen de déplacement, car les perroquets aiment voler!
Quand les animaux ne cherchent plus leur nourriture, ils se reposent, passent quelques minutes à lisser leurs plumes, interagissent entre eux, jouent, virevoltent, tournoient, ils s'occupent et s'amusent! A l'état sauvage il est plutôt rare d'observer un groupe de gris du Gabon complètement inactif en pleine journée! Qu'en est-il en captivité?

Les cages que l'on trouve dans le commerce ne sont pas du tout adaptées aux gris du Gabon! Pour la simple raison qu'elles ne permettent pas le vol en dehors des sorties! Un environnement qui incite à la léthargie. Un gris du Gabon calme n'est pas un individu serein, mais un individu qui s'ennuie royalement (pour rester polie)!

L'ennui et l'impossibilité d'exprimer le vol incitent au développement de troubles du comportement. Un perroquet qui se sait incapable d'exprimer son arme de défense première: la fuite, se sent en danger.
Quelle est la 2ème arme de défense du perroquet? La morsure!
Ces individus en milieux exigus sont donc plus anxieux et développent une panoplie de troubles divers et variés: protection du territoire, agressivité accrue, liés au stress mais aussi à la frustration. Car le vol est un plaisir, une occupation, un besoin physique et psychologique à part entière! Il faut vraiment voir ces imposants perroquets se déplacer dans les airs pour le comprendre! Ils le feraient avec autant d'aisance qu'une perruche s'ils avaient la place!





Une vie sous-stimulante:

A l'état sauvage, les gris du Gabon ne s'ennuient jamais! Quand il ne s'agit pas de chercher de la nourriture, il s'agit de s'amuser, d'interagir avec les congénères, ou de se reposer.
L'ennui et l'impossibilité d'exprimer ces comportements naturels représentent une frustration énorme pour un gris du Gabon captif! Mal être qui se traduit, comme toujours, par des troubles du comportement.

Exemple simple: En moyenne en captivité, chez le gris du Gabon, le lissage des plumes représente 20 à 40% des activités de la journée. Dans la nature, le lissage des plumes représente 5 à 10% du temps, si on comprend le lissage mutuel avec les congénères!

D'ailleurs, presque 100% des perroquets captifs présentent des troubles du plumage qui vont du sur-lissage au picage/mutilation.

Voici un sur-lissage léger localisé:



Un sur-lissage plus important:


Un picage/sur-lissage avancé:


Un picage sévère:


Gris du Gabon sauvage:


Le lissage des plumes devient en captivité une activité pour combler l'ennui. Les gris du Gabon sont en outre des perroquets particulièrement intelligents, et comme tout être intelligent ils ont besoin de "s'occuper l'esprit"! Il est d'ailleurs difficile d'occuper un tel animal plusieurs heures avec un simple jouet! Ils se lassent vite, ils ont besoin de nouveauté régulièrement!
Les perroquets à l'état sauvage sont habitués à la nouveauté, aucune journée ne ressemble à la précédente! Alors qu'en captivité cette espèce est réputée sensible aux changements!?

Un repas servi sur un plateau:

Dans l'environnement des gris du Gabon, la nourriture est abondante, mais nécessite toutefois un comportement de recherche (foraging). Le perroquet doit chercher les fruits les plus mûrs, dois s'efforcer d'aller les cueillir ou les chercher à terre, de les déchiqueter pour en aspirer le ju ou grignoter la noix, de fouiller au sol pour trouver aussi des minéraux, eau pour s'abreuver et ce aussi longtemps qu'il le faut pour se rassasier.
L'ennui et l'inhibition de la recherche de nourriture, des comportements exploratoires sont encore responsables du mal être du perroquet captif et de ces caractéristiques données à tort à cette espèce!
Il est d'ailleurs intéressant de noter que les perroquets en captivité, qui ont appris à chercher leur nourriture, préfèrent opter pour ces comportements plutôt que d'aller se nourrir dans leur gamelle toute prête et bien présentée!
Sans parler du fait que la nourriture captive est bien différente de celle des gris du Gabon sauvages! Plus monotone, moins appétissante, stimulante et intéressante... ce qui crée des frustrations, mais aussi trop grasse, carencée, ce qui crée des problèmes de santé.




Un humain comme partenaire:

La solitude imposée pousse ces animaux très sociaux à chercher de la compagnie là où ils le peuvent, et en général chez l'être vivant qu'ils côtoient le plus en captivité, l'homme!
La formation du couple est instinctive, il faut savoir que chez la plupart des espèces d'oiseaux, le lien qui uni 2 partenaires d'un couple est plus important que lien qui uni les parents à leur progéniture (inverse des mammifères). Un perroquet solitaire cherche naturellement, et ce avant sa maturité sexuelle, à trouver un partenaire de vie. Faute de mieux, mais aussi à cause de processus d'imprégnation liés à l'élevage à la main, le perroquet solitaire se tourne vers son "ami" humain.

Seulement, une fois adulte, le perroquet à des attente vis à vis de ce partenaire, des attentes, sensées être mutuelles. Or, un humain ne se comporte pas comme un perroquet et ne peut répondre parfaitement à ses demandes.

Dans la nature, les couples formés sont unis pour la vie et ne se séparent JAMAIS en dehors des périodes de reproduction. S'ils ne sont pas à portée de vue, alors ils sont au moins à portée d'ouïe! Les couples sont plus que soudées, leurs habitudes et comportements sont, au fil du temps, en parfait synchronisme! Si par malheur l'un des membres disparaît, cette perte représente un réel déchirement pour l'individu restant, qui peut continuer à appeler, chercher son compagnon des jours durant.
A l'état sauvage cependant, les prétendants ne manquent pas, et l'individu une fois célibataire ne le reste pas bien longtemps!

En captivité, aucun humain ne peut prétendre rester 24h/24 avec son perroquet! Et encore moins répondre à ses attentes en tant que partenaire! Un perroquet adulte, qu'il soit captif ou sauvage, exprimera tôt ou tard des comportements reproducteurs, il attendra de son compagnon des réponses à ses tentatives! Les 2 individus recherchent le nid, l'aménagent un tant soit peu, ils s'accouplent plusieurs fois, ensuite a lieu la couvaison, l'élevage des jeunes si tout va bien, la distribution des tâches entre partenaire... aucun humain (à ma connaissance) n'est capable d'offrir cela à son partenaire perroquet!

La frustration générée, associée à l'inhibition des comportements reproducteurs, au trouble de l'identité lié à la solitude mais aussi et surtout à l'imprégnation donnent lieu à un véritable mal être!




Une routine contre-nature:

Les perroquets gris du Gabon ont des tendances sédentaires quand il s'agit de trouver un endroit pour dormir, régulièrement les groupes occupent les mêmes arbres pour passer la nuit. Seulement, la journée, les perroquets n'effectuent pas les mêmes parcours, ni les mêmes activités! Dans la nature sauvage, il est évident qu'aucune journée ne ressemble à une autre!
Les perroquets sont par nature curieux, ils aiment explorer et découvrir, même s'ils font parfois preuve de méfiance! Leur environnement naturel est très stimulant pour des animaux si intelligents, dont l'exploration prend une grande place dans les activités quotidiennes!
En captivité, la réalité est toute autre, la routine est souvent imposée à ces oiseaux intello, horaires respectés, mêmes activités proposées, pas de changements d'environnement... bref, rien de bien stimulant! Dans un tel contexte il n'y a rien d'étonnant à ce que les gris du Gabon deviennent apathiques (calmes?)! Pire encore, la routine les sensibilise aux changements, cela signifie que les oiseaux sont incités à réagir négativement à toute nouveauté!
Ces comportements sont anormaux, bien différents de ceux qu'on observe à l'état sauvage et qui dénotent, encore une fois, d'un réel mal être, d'une incompatibilité du gris du Gabon avec le cadre captif!
Le groupe est vecteur de sécurité, il devient évident que les perroquets solitaires habitués à la routine réagissent plus exagérément aux imprévus!




Nouveau mode de communication imposé:

L'incompatibilité du gris du Gabon avec l'homme est d'autant plus vraie que l'un est proie et l'autre prédateur. Notre langage, et comportements instinctifs sont très différents de ceux des perroquets. Nos attentes aussi.
Ensuite, la communication chez le perroquet est très complexe, des cris variés certes, mais surtout un langage corporel très riche! Je ne connais aucun propriétaire qui soit capable de traduire justement et entièrement ce que son perroquet lui indique! Et pourtant, même statique sur un perchoir un gris du Gabon est loin d'être "muet"! Il nous parle sans cesse!
Mais pour les handicapés sensoriels que nous sommes, nous n'accordons aucune signification particulière à la gestuelle des animaux, quand bien même nous l'aurions repéré!
Aucune attitude n'est anodine pour un perroquet! Ainsi, un humain devrait être capable d'éviter une morsure par exemple! Un perroquet prévient TOUJOURS avant de mordre! A nous de déceler l'avertissement (qui est pourtant très explicite chez les gris du Gabon)!
Dans un cadre captif, les perroquets sont bien souvent déséquilibrés, et notre incapacité à comprendre leur langage les pousse à s'adapter. Ainsi, un perroquet dont l'avertissement à la morsure devient inutile apprendra tout naturellement à passer directement à l'attaque!

Les gris du Gabon sont réputés être de grands parleurs, et entendre un perroquet imiter le langage humain a toujours quelque chose de plaisant.
Enfin... pas avant de savoir que la parole est considérée dans la plupart des cas comme un trouble du comportement.
En effet, un perroquet qui sait se faire comprendre par son humain n'aura pas à apprendre un nouveau mode de communication artificiel! Aussi, les perroquets ont un langage très subtil, ce qui veut dire qu'ils sont particulièrement observateurs. Nous avons tendance à encourager les comportements que nous trouvons drôles par exemple, et ce de façon inconsciente la plupart du temps.
Par exemple, un perroquet sait que s'il parle, s'il utilise le langage humain, il obtiendra l'attention de ce dernier.

La parole est donc un comportement qui reflète une détresse, un manque d'attention, une frustration et non un bien être! Un perroquet qui se sait incompris, qui ne peut interagir naturellement et qui doit donc adopter des subterfuges de la sorte n'est pas épanoui!

A l'état sauvage, de nombreuses espèces d'oiseaux imitent des sons qu'ils entendent, y compris les gris du Gabon, et ce à des fins utiles, mais il s'agit bien de situations tout à fait différentes. Par exemple, un gris du Gabon utilisera le cri du rapace pour faire comprendre à son groupe à quel prédateur ils ont affaire. Il s'agit d'un comportement naturel (cri d'alerte) modifié et non d'un nouveau mode de communication imposé. Cela dit l'imitation reste une attitude relativement peu observée dans la nature.







Je terminerai ce post par une petite conclusion. Nos perroquets gris du Gabon ne se laissent pas mourir malgré toutes ces incompatibilités par ce qu'ils sont une espèce intelligente et adaptable. Mais l'adaptation et l'épanouissement sont 2 points très différents.
Les gris du Gabon ont évolué depuis des millions d'années vers ce qu'ils sont aujourd'hui. Ce n'est pas en quelques générations de reproduction en captivité qu'on va réussir à faire d'eux des animaux domestiques parfaitement adaptés à ce mode de vie! Aujourd'hui, malgré tous nos petits efforts d'étude et de compréhension, le malaise du perroquet en captivité persiste encore. Il est temps de changer notre vision de cet animal superbe, sensible et intelligent, de les regarder comme des perroquets libres et sauvages et non comme des animaux exotiques qui peuvent potentiellement nous apporter un peu d'amusement!
Les gris du Gabon sont capables d'une empathie considérable envers l'homme, mais ce sera toujours à leur insu.
Si vous aimez vraiment ces perroquets, alors n'en adoptez pas!




M.Deman

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