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luciole1

La spirale des poètes

Messages recommandés

Acteur ou lecteur du monde poétique. Vous pouvez poster, ici les poésies que vous aimez ou celles que vous écrivez, etc....

Je commence par un poème de Jaques Prévert

Pour faire le portrait d'un oiseau


Peindre d'abord une cage
avec une porte ouverte
peindre ensuite
quelque chose de joli
quelque chose de simple
quelque chose de beau
quelque chose d'utile
pour l'oiseau

Placer ensuite la toile contre un arbre
dans un jardin
dans un bois
ou dans une forêt
se cacher derrière l'arbre
sans rien dire
sans bouger...

Parfois l'oiseau arrive vite
mais il peut aussi bien mettre de longues années
avant de se décider

Ne pas se décourager
attendre
attendre s'il le faut pendant des années
la vitesse ou la lenteur de l'arrivée
de l'oiseau n'ayant aucun rapport
avec la réussite du tableau

Quand l'oiseau arrive
s'il arrive
observer le plus profond silence
attendre que l'oiseau entre dans la cage
et quand il est entré
fermer doucement la porte avec le pinceau
puis
effacer un à un les barreaux
et ayant soin de ne toucher aucune des plumes de l'oiseau
faire ensuite le portrait de l'arbre
en choisissant la plus belle de ses branches
pour l'oiseau
peindre aussi le vert feuillage et la fraîcheur du vent
la poussière du soleil
et le bruit des bêtes de l'herbe dans la chaleur de l'été
et puis attendre que l'oiseau se décide à chanter

Si l'oiseau ne chante pas
c'est mauvais signe
mais s'il chante c'est bon signe
signe que vous pouvez signer
alors vous arrachez tout doucement
une des plumes de l'oiseau
et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau.

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Oui, je vais vous mettre «le pendu», pour rester dans l'ambiance

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LE PENDU

Tu te réjouis de sa défaite,
Tandis que la mine défaite,
Il déambule en titubant
De portes vertes en couloirs blancs.

Entends-tu le nouveau silence ?
Au bout d'une corde balance
Son pauvre amour privé de rimes
Il n'écrit plus quand il déprime.

Entends-tu ce nouveau silence ?
Le poète a perdu sa muse
Tandis qu'au loin, le Roi s'amuse
Villon pendouille à la potence.

Catherine

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L'amour a son instinct,
il sait trouver le chemin du coeur
comme le plus faible insecte marche à sa fleur
avec une irrésistible volonté.
- Honoré de Balzac –


Aimer, ce n'est pas regarder l'un l'autre,
c'est regarder ensemble dans la même direction.
- Antoine de Saint-Exupery –

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Oui, j'ai bien vu le regard du petit Mougly suivre celui de la panthère noire.

Dans l'histoire, tu es Mougly ou la panthère ?

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LE VIN DES ANGES

QUAND JE BOIS LE VIN DES ANGES
JE N'ALLUME PAS LA BOITE NOIRE
QUAND JE BOIS LE VIN DES ANGES
J'ECOUTE DU CALYPSO
QUAND JE BOIS LE VIN DES ANGES
JE SUIS FRACASSE
QUAND JE BOIS LE VIN DES ANGES
JE RESPIRE
QUAND JE BOIS LE VIN DES ANGES
JE CHANTE DANS MON ESPACE
QUAND JE BOIS LE VIN DES ANGES




SB05

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JEAN DE LA FONTAINE

Le Coq et le Renard

Sur la branche d'un arbre était en sentinelle
Un vieux Coq adroit et matois.
"Frère, dit un Renard, adoucissant sa voix,
Nous ne sommes plus en querelle :
Paix générale cette fois.
Je viens te l'annoncer ; descends, que je t'embrasse.
Ne me retarde point, de grâce ;
Je dois faire aujourd'hui vingt postes sans manquer.
Les tiens et toi pouvez vaquer
Sans nulle crainte à vos affaires ;
Nous vous y servirons en frères.
Faites-en les feux dès ce soir.
Et cependant viens recevoir
Le baiser d'amour fraternelle.
- Ami, reprit le coq, je ne pouvais jamais
Apprendre une plus douce et meilleur nouvelle
Que celle
De cette paix ;
Et ce m'est une double joie
De la tenir de toi. Je vois deux Lévriers,
Qui, je m'assure, sont courriers
Que pour ce sujet on envoie.
Ils vont vite, et seront dans un moment à nous.
Je descends ; nous pourrons nous entre-baiser tous.
-Adieu, dit le Renard, ma traite est longue à faire :
Nous nous réjouirons du succès de l'affaire
Une autre fois. Le galand aussitôt
Tire ses grègues, gagne au haut,
mal content de son stratagème ;
Et notre vieux Coq en soi-même
Se mit à rire de sa peur ;
Car c'est double plaisir de tromper le trompeur.


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L'Oiseau blessé d'une flèche

Mortellement atteint d'une flèche empennée,
Un Oiseau déplorait sa triste destinée,
Et disait, en souffrant un surcroît de douleur :
"Faut-il contribuer à son propre malheur !
Cruels humains ! vous tirez de nos ailes
De quoi faire voler ces machines mortelles.
Mais ne vous moquez point, engeance sans pitié :
Souvent il vous arrive un sort comme le nôtre.
Des enfants de Japet toujours une moitié
Fournira des armes à l'autre. "



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Le Corbeau voulant imiter l’Aigle

L'Oiseau de Jupiter enlevant un mouton,
Un Corbeau témoin de l'affaire,
Et plus faible de reins, mais non pas moins glouton,
En voulut sur l'heure autant faire.
Il tourne à l'entour du troupeau,
Marque entre cent Moutons le plus gras, le plus beau,
Un vrai Mouton de sacrifice :
On l'avait réservé pour la bouche des Dieux.
Gaillard Corbeau disait, en le couvant des yeux :
Je ne sais qui fut ta nourrice ;
Mais ton corps me paraît en merveilleux état :
Tu me serviras de pâture.
Sur l'animal bêlant à ces mots il s'abat.
La Moutonnière créature
Pesait plus qu'un fromage, outre que sa toison
Etait d'une épaisseur extrême,
Et mêlée à peu près de la même façon
Que la barbe de Polyphème.
Elle empêtra si bien les serres du Corbeau
Que le pauvre animal ne put faire retraite.
Le Berger vient, le prend, l'encage bien et beau,
Le donne à ses enfants pour servir d'amusette.
Il faut se mesurer, la conséquence est nette :
Mal prend aux Volereaux de faire les Voleurs.
L'exemple est un dangereux leurre :
Tous les mangeurs de gens ne sont pas grands Seigneurs ;
Où la Guêpe a passé, le Moucheron demeure.


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L'Aigle et l'Escarbot

L'Aigle donnait la chasse à maître Jean Lapin,
Qui droit à son terrier s'enfuyait au plus vite.
Le trou de l'Escarbot se rencontre en chemin.
Je laisse à penser si ce gîte
Etait sûr ; mais ou mieux ? Jean Lapin s'y blottit.
L'Aigle fondant sur lui nonobstant cet asile,
L'Escarbot intercède, et dit :
"Princesse des Oiseaux, il vous est fort facile
D'enlever malgré moi ce pauvre malheureux ;
Mais ne me faites pas cet affront, je vous prie ;
Et puisque Jean Lapin vous demande la vie,
Donnez-la-lui, de grâce, ou l'ôtez à tous deux :
C'est mon voisin, c'est mon compère. "
L'oiseau de Jupiter, sans répondre un seul mot,
Choque de l'aile l'Escarbot,
L'étourdit, l'oblige à se taire,
Enlève Jean Lapin. L' Escarbot indigné
Vole au nid de l'oiseau, fracasse, en son absence,
Ses oeufs, ses tendres oeufs, sa plus douce espérance :
Pas un seul ne fut épargné.
L'Aigle étant de retour, et voyant ce ménage,
Remplit le ciel de cris ; et pour comble de rage,
Ne sait sur qui venger le tort qu'elle a souffert.
Elle gémit en vain : sa plainte au vent se perd.
Il fallut pour cet an vivre en mère affligée.
L'an suivant, elle mit son nid plus haut.
L'Escarbot prend son temps, fait faire aux oeufs le saut :
La mort de Jean Lapin derechef est vengée.
Ce second deuil fut tel, que l'écho de ces bois
N'en dormit de plus de six mois.
L'Oiseau qui porte Ganymède
Du monarque des Dieux enfin implore l'aide,
Dépose en son giron ses oeufs, et croit qu'en paix
Ils seront dans ce lieu ; que, pour ses intérêts,
Jupiter se verra contraint de les défendre :
Hardi qui les irait là prendre.
Aussi ne les y prit-on pas.
Leur ennemi changea de note,
Sur la robe du Dieu fit tomber une crotte :
Le dieu la secouant jeta les oeufs à bas.
Quand l'Aigle sut l'inadvertance,
Elle menaça Jupiter
D'abandonner sa Cour, d'aller vivre au désert,
Avec mainte autre extravagance.
Le pauvre Jupiter se tut :
Devant son tribunal l'Escarbot comparut,
Fit sa plainte, et conta l'affaire.
On fit entendre à l'Aigle enfin qu'elle avait tort.
Mais les deux ennemis ne voulant point d'accord,
Le Monarque des Dieux s'avisa, pour bien faire,
De transporter le temps où l'Aigle fait l'amour
En une autre saison, quand la race Escarbote
Est en quartier d'hiver, et, comme la Marmotte,
Se cache et ne voit point le jour.


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Le Paon se plaignant à Junon

Le Paon se plaignait à Junon :
Déesse, disait-il, ce n'est pas sans raison
Que je me plains, que je murmure :
Le chant dont vous m'avez fait don
Déplaît à toute la Nature ;
Au lieu qu'un Rossignol, chétive créature,
Forme des sons aussi doux qu'éclatants,
Est lui seul l'honneur du Printemps.
Junon répondit en colère :
Oiseau jaloux, et qui devrais te taire,
Est-ce à toi d'envier la voix du Rossignol,
Toi que l'on voit porter à l'entour de ton col
Un arc-en-ciel nué de cent sortes de soies ;
Qui te panades, qui déploies
Une si riche queue, et qui semble à nos yeux
La Boutique d'un Lapidaire ?
Est-il quelque oiseau sous les Cieux
Plus que toi capable de plaire ?
Tout animal n'a pas toutes propriétés.
Nous vous avons donné diverses qualités :
Les uns ont la grandeur et la force en partage ;
Le Faucon est léger, l'Aigle plein de courage ;
Le Corbeau sert pour le présage,
La Corneille avertit des malheurs à venir ;
Tous sont contents de leur ramage.
Cesse donc de te plaindre, ou bien, pour te punir,
Je t'ôterai ton plumage.



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Les deux Perroquets, le Roi, et son fils

Deux Perroquets, l'un père et l'autre fils,
Du rôt d'un Roi faisaient leur ordinaire.
Deux demi-dieux, l'un fils et l'autre père,
De ces oiseaux. faisaient leurs favoris.
L'âge liait une amitié sincère
Entre ces gens : les deux pères s'aimaient ;
Les deux enfants, malgré leur coeur frivole,
L'un avec l'autre aussi s'accoutumaient,
Nourris ensemble, et compagnons d'école.
C'était beaucoup d'honneur au jeune Perroquet ;
Car l'enfant était Prince, et son père Monarque.
Par le tempérament que lui donna la parque,
Il aimait les oiseaux. Un Moineau fort coquet,
Et le plus amoureux de toute la Province,
Faisait aussi sa part des délices du Prince.
Ces deux rivaux un jour ensemble se jouants,
Comme il arrive aux jeunes gens,
Le jeu devint une querelle.
Le Passereau, peu circonspec,
S'attira de tels coups de bec,
Que, demi-mort et traînant l'aile,
On crut qu'il n'en pourrait guérir
Le Prince indigné fit mourir
Son Perroquet. Le bruit en vint au père.
L'infortuné vieillard crie et se désespère,
Le tout en vain ; ses cris sont superflus ;
L'oiseau parleur est déjà dans la barque ;
Pour dire mieux, l'Oiseau ne parlant plus
Fait qu'en fureur sur le fils du Monarque
Son père s'en va fondre, et lui crève les yeux.
Il se sauve aussitôt, et choisit pour asile
Le haut d'un Pin. Là dans le sein des Dieux
Il goûte sa vengeance en lieu sûr et tranquille.
Le Roi lui-même y court, et dit pour l'attirer :
Ami, reviens chez moi : que nous sert de pleurer ?
Haine, vengeance, et deuil, laissons tout à la porte.
Je suis contraint de déclarer,
Encor que ma douleur soit forte,
Que le tort vient de nous : mon fils fut l'agresseur.
Mon fils ! non. C'est le sort qui du coup est l'auteur.
La Parque avait écrit de tout temps en son livre
Que l'un de nos enfants devait cesser de vivre,
L'autre de voir, par ce malheur.
Consolons-nous tous deux, et reviens dans ta cage.
Le Perroquet dit : Sire Roi,
Crois-tu qu'après un tel outrage
Je me doive fier à toi ?
Tu m'allègues le sort : prétends-tu par ta foi
Me leurrer de l'appât d'un profane langage ?
Mais que la providence ou bien que le destin
Règle les affaires du monde
Il est écrit là-haut qu'au faîte de ce pin
Ou dans quelque Forêt profonde,
J'achèverai mes jours loin du fatal objet
Qui doit t'être un juste sujet
De haine et de fureur. Je sais que la vengeance
Est un morceau de Roi, car vous vivez en Dieux.
Tu veux oublier cette offense :
Je le crois : cependant il me faut pour le mieux
Eviter ta main et tes yeux.
Sire Roi mon ami, va-t'en, tu perds ta peine ;
Ne me parle point de retour ;
L'absence est aussi bien un remède à la haine
Qu'un appareil contre l'amour.

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Le Faucon et le Chapon

Une traîtresse voix bien souvent vous appelle ;
Ne vous pressez donc nullement :
Ce n'était pas un sot, non, non, et croyez-m'en,
Que le Chien de Jean de Nivelle.
Un citoyen du Mans, Chapon de son métier
Etait sommé de comparaître
Par-devant les lares du maître,
Au pied d'un tribunal que nous nommons foyer.
Tous les gens lui criaient pour déguiser la chose,
Petit, petit, petit : mais, loin de s'y fier,
Le Normand et demi laissait les gens crier :
Serviteur, disait-il, votre appât est grossier ;
On ne m'y tient pas ; et pour cause.
Cependant un Faucon sur sa perche voyait
Notre Manceau qui s'enfuyait.
Les Chapons ont en nous fort peu de confiance,
Soit instinct, soit expérience.
Celui-ci qui ne fut qu'avec peine attrapé,
Devait le lendemain être d'un grand soupé,
Fort à l'aise, en un plat, honneur dont la volaille
Se serait passée aisément.
L'Oiseau chasseur lui dit : Ton peu d'entendement
Me rend tout étonné. Vous n'êtes que racaille,
Gens grossiers, sans esprit, à qui l'on n'apprend rien.
Pour moi, je sais chasser, et revenir au maître.
Le vois-tu pas à la fenêtre ?
Il t'attend : es-tu sourd ? - Je n'entends que trop bien,
Repartit le Chapon ; mais que me veut-il dire,
Et ce beau Cuisinier armé d'un grand couteau ?
Reviendrais-tu pour cet appeau :
Laisse-moi fuir, cesse de rire
De l'indocilité qui me fait envoler,
Lorsque d'un ton si doux on s'en vient m'appeler.
Si tu voyais mettre à la broche
Tous les jours autant de Faucons
Que j'y vois mettre de Chapons,
Tu ne me ferais pas un semblable reproche.

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L'Araignée et l'Hirondelle

O Jupiter, qui sus de ton cerveau,
Par un secret d'accouchement nouveau,
Tirer Pallas, jadis mon ennemie,
Entends ma plainte une fois en ta vie.
Progné me vient enlever les morceaux ;
Caracolant, frisant l'air et les eaux,
Elle me prend mes mouches à ma porte :
Miennes je puis les dire ; et mon réseau
En serait plein sans ce maudit oiseau :
Je l'ai tissu de matière assez forte.
Ainsi, d'un discours insolent,
Se plaignait l'Araignée autrefois tapissière,
Et qui, lors étant filandière,
Prétendait enlacer tout insecte volant.
La soeur de Philomèle, attentive à sa proie,
Malgré le bestion happait mouches dans l'air,
Pour ses petits, pour elle, impitoyable joie,
Que ses enfants gloutons, d'un bec toujours ouvert,
D'un ton demi-formé, bégayante couvée,
Demandaient par des cris encore mal entendus.
La pauvre Aragne n'ayant plus
Que la tête et les pieds, artisans superflus,
Se vit elle-même enlevée.
L'Hirondelle, en passant, emporta toile, et tout,
Et l'animal pendant au bout.
Jupin pour chaque état mit deux tables au monde.
L'adroit, le vigilant, et le fort sont assis
A la première ; et les petits
Mangent leur reste à la seconde.

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Les deux Pigeons

Deux Pigeons s'aimaient d'amour tendre.
L'un d'eux s'ennuyant au logis
Fut assez fou pour entreprendre
Un voyage en lointain pays.
L'autre lui dit : Qu'allez-vous faire ?
Voulez-vous quitter votre frère ?
L'absence est le plus grand des maux :
Non pas pour vous, cruel. Au moins, que les travaux,
Les dangers, les soins du voyage,
Changent un peu votre courage.
Encor si la saison s'avançait davantage !
Attendez les zéphyrs. Qui vous presse ? Un corbeau
Tout à l'heure annonçait malheur à quelque oiseau.
Je ne songerai plus que rencontre funeste,
Que Faucons, que réseaux. Hélas, dirai-je, il pleut :
Mon frère a-t-il tout ce qu'il veut,
Bon soupé, bon gîte, et le reste ?
Ce discours ébranla le coeur
De notre imprudent voyageur ;
Mais le désir de voir et l'humeur inquiète
L'emportèrent enfin. Il dit : Ne pleurez point :
Trois jours au plus rendront mon âme satisfaite ;
Je reviendrai dans peu conter de point en point
Mes aventures à mon frère.
Je le désennuierai : quiconque ne voit guère
N'a guère à dire aussi. Mon voyage dépeint
Vous sera d'un plaisir extrême.
Je dirai : J'étais là ; telle chose m'avint ;
Vous y croirez être vous-même.
A ces mots en pleurant ils se dirent adieu.
Le voyageur s'éloigne ; et voilà qu'un nuage
L'oblige de chercher retraite en quelque lieu.
Un seul arbre s'offrit, tel encor que l'orage
Maltraita le Pigeon en dépit du feuillage.
L'air devenu serein, il part tout morfondu,
Sèche du mieux qu'il peut son corps chargé de pluie,
Dans un champ à l'écart voit du blé répandu,
Voit un pigeon auprès ; cela lui donne envie :
Il y vole, il est pris : ce blé couvrait d'un las,
Les menteurs et traîtres appas.
Le las était usé ! si bien que de son aile,
De ses pieds, de son bec, l'oiseau le rompt enfin.
Quelque plume y périt ; et le pis du destin
Fut qu'un certain Vautour à la serre cruelle
Vit notre malheureux, qui, traînant la ficelle
Et les morceaux du las qui l'avait attrapé,
Semblait un forçat échappé.
Le vautour s'en allait le lier, quand des nues
Fond à son tour un Aigle aux ailes étendues.
Le Pigeon profita du conflit des voleurs,
S'envola, s'abattit auprès d'une masure,
Crut, pour ce coup, que ses malheurs
Finiraient par cette aventure ;
Mais un fripon d'enfant, cet âge est sans pitié,
Prit sa fronde et, du coup, tua plus d'à moitié
La volatile malheureuse,
Qui, maudissant sa curiosité,
Traînant l'aile et tirant le pié,
Demi-morte et demi-boiteuse,
Droit au logis s'en retourna.
Que bien, que mal, elle arriva
Sans autre aventure fâcheuse.
Voilà nos gens rejoints ; et je laisse à juger
De combien de plaisirs ils payèrent leurs peines.
Amants, heureux amants, voulez-vous voyager ?
Que ce soit aux rives prochaines ;
Soyez-vous l'un à l'autre un monde toujours beau,
Toujours divers, toujours nouveau ;
Tenez-vous lieu de tout, comptez pour rien le reste ;
J'ai quelquefois aimé ! je n'aurais pas alors
Contre le Louvre et ses trésors,
Contre le firmament et sa voûte céleste,
Changé les bois, changé les lieux
Honorés par les pas, éclairés par les yeux
De l'aimable et jeune Bergère
Pour qui, sous le fils de Cythère,
Je servis, engagé par mes premiers serments.
Hélas ! quand reviendront de semblables moments ?
Faut-il que tant d'objets si doux et si charmants
Me laissent vivre au gré de mon âme inquiète ?
Ah ! si mon coeur osait encor se renflammer !
Ne sentirai-je plus de charme qui m'arrête ?
Ai-je passé le temps d'aimer ?


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Le Milan, le Roi, et le Chasseur

A son Altesse Sérénissime Monseigneur le Prince de Conti

Comme les Dieux sont bons, ils veulent que les Rois
Le soient aussi : c'est l'indulgence
Qui fait le plus beau de leurs droits,
Non les douceurs de la vengeance :
Prince, c'est votre avis. On sait que le courroux
S'éteint en votre coeur sitôt qu'on l'y voit naître.
Achille qui du sien ne put se rendre maître,
Fut par là moins Héros que vous.
Ce titre n'appartient qu'à ceux d'entre les hommes
Qui, comme en l'âge d'or, font cent biens ici-bas.
Peu de Grands sont nés tels en cet âge où nous sommes,
L'Univers leur sait gré du mal qu'ils ne font pas.
Loin que vous suiviez ces exemples,
Mille actes généreux vous promettent des Temples.
Apollon, Citoyen de ces Augustes lieux,
Prétend y célébrer votre nom sur sa Lyre.
Je sais qu'on vous attend dans le Palais des Dieux :
Un siècle de séjour doit ici vous suffire.
Hymen veut séjourner tout un siècle chez vous.
Puissent ses plaisirs les plus doux
Vous composer des destinées
Par ce temps à peine bornées !
Et la Princesse et vous n'en méritez pas moins :
J'en prends ses charmes pour témoins ;
Pour témoins j'en prends les merveilles
Par qui le Ciel, pour vous prodigue en ses présents,
De qualités qui n'ont qu'en vous seuls leurs pareilles
Voulut orner vos jeunes ans.
Bourbon de son esprit ces grâces assaisonne,
Le Ciel joignit en sa personne
Ce qui sait se faire estimer
A ce qui sait se faire aimer.
Il ne m'appartient pas d'étaler votre joie ;
Je me tais donc, et vais rimer
Ce que fit un Oiseau de proie.
Un Milan, de son nid antique possesseur,
Etant pris vif par un Chasseur,
D'en faire au Prince un don cet homme se propose.
La rareté du fait donnait prix à la chose,
L'Oiseau, par le Chasseur humblement présenté,
Si ce conte n'est apocriphe,
Va tout droit imprimer sa griffe
Sur le nez de sa Majesté.
- Quoi ! sur le nez du Roi ?- Du Roi même en personne.
- Il n'avait donc alors ni Sceptre ni Couronne ?
- Quand il en aurait eu, ç'aurait été tout un :
Le nez Royal fut pris comme un nez du commun.
Dire des Courtisans les clameurs et la peine
Serait se consumer en efforts impuissants,
Le Roi n'éclata point : les cris sont indécents
A la Majesté Souveraine.
L'Oiseau garda son poste : on ne put seulement
Hâter son départ d'un moment.
Son Maître le rappelle, et crie, et se tourmente,
Lui présente le leurre, et le poing ; mais en vain.
On crut que jusqu'au lendemain
Le maudit animal à la serre insolente
Nicherait là malgré le bruit
Et sur le nez sacré voudrait passer la nuit.
Tâcher de l'en tirer irritait son caprice.
Il quitte enfin le Roi, qui dit : Laissez aller
Ce Milan, et celui qui m'a cru régaler.
Ils se sont acquittés tous deux de leur office,
L'un en Milan, et l'autre en Citoyen des bois :
Pour moi, qui sais comment doivent agir les Rois,
Je les affranchis du supplice.
Et la Cour d'admirer. Les Courtisans ravis,
Elèvent de tels faits, par eux si mal suivis :
Bien peu, même des Rois, prendraient un tel modèle ;
Et le Veneur l'échappa belle,
Coupable seulement, tant lui que l'animal,
D'ignorer le danger d'approcher trop du Maître.
Ils n'avaient appris à connaître
Que les hôtes des bois : était-ce un si grand mal ?
Pilpay fait près du Gange arriver l'aventure.
Là, nulle humaine Créature
Ne touche aux animaux pour leur sang épancher.
Le Roi même ferait scrupule d'y toucher.
Savons-nous, disent-ils, si cet Oiseau de proie
N'était point au siège de Troie ?
Peut-être y tint-il lieu d'un Prince ou d'un Héros
Des plus huppés et des plus hauts :
Ce qu'il fut autrefois il pourra l'être encore.
Nous croyons, après Pythagore,
Qu'avec les Animaux de forme nous changeons :
Tantôt Milans, tantôt Pigeons,
Tantôt Humains, puis Volatilles
Ayant dans les airs leurs familles.

Comme l'on conte en deux façons
L'accident du Chasseur, voici l'autre manière.
Un certain Fauconnier ayant pris, ce dit-on,
A la chasse un Milan (ce qui n'arrive guère),
En voulut au Roi faire un don,
Comme de chose singulière.
Ce cas n'arrive pas quelquefois en cent ans ;
C'est le non plus ultra de la Fauconnerie.
Ce chasseur perce donc un gros de Courtisans,
Plein de zèle, échauffé, s'il le fut de sa vie.
Par ce parangon des présents
Il croyait sa fortune faite :
Quand l'Animal porte-sonnette,
Sauvage encore et tout grossier,
Avec ses ongles tout d'acier,
Prend le nez du Chasseur, happe le pauvre sire :
Lui de crier ; chacun de rire,
Monarque et Courtisans. Qui n'eût ri ? Quant à moi,
Je n'en eusse quitté ma part pour un empire.
Qu'un Pape rie, en bonne foi
Je ne l'ose assurer ; mais je tiendrais un Roi
Bien malheureux, s'il n'osait rire :
C'est le plaisir des Dieux. Malgré son noir souci,
Jupiter et le Peuple Immortel rit aussi.
Il en fit des éclats, à ce que dit l'Histoire,
Quand Vulcain, clopinant, lui vint donner à boire.
Que le peuple immortel se montrât sage ou non,
J'ai changé mon sujet avec juste raison ;
Car, puisqu'il s'agit de morale,
Que nous eût du Chasseur l'aventure fatale
Enseigné de nouveau ? L'on a vu de tout temps
Plus de sots Fauconniers que de rois indulgents.

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Le Chat et les deux Moineaux

A Monseigneur le duc de Bourgogne

Un chat contemporain d'un fort jeune Moineau
Fut logé près de lui dès l'âge du berceau ;
La Cage et le Panier avaient mêmes Pénates.
Le Chat était souvent agacé par l'Oiseau :
L'un s'escrimait du bec, l'autre jouait des pattes.
Ce dernier toutefois épargnait son ami.
Ne le corrigeant qu'à demi
Il se fût fait un grand scrupule
D'armer de pointes sa férule.
Le Passereau moins circonspect,
Lui donnait force coups de bec.
En sage et discrète personne,
Maître Chat excusait ces jeux :
Entre amis, il ne faut jamais qu'on s'abandonne
Aux traits d'un courroux sérieux.
Comme ils se connaissaient tous deux dès leur bas âge,
Une longue habitude en paix les maintenait ;
Jamais en vrai combat le jeu ne se tournait ;
Quand un Moineau du voisinage
S'en vint les visiter, et se fit compagnon
Du pétulant Pierrot et du sage Raton.
Entre les deux oiseaux, il arriva querelle ;
Et Raton de prendre parti.
Cet inconnu, dit-il, nous la vient donner belle
D'insulter ainsi notre ami !
Le Moineau du voisin viendra manger le nôtre ?
Non, de par tous les Chats ! Entrant lors au combat,
Il croque l'étranger. Vraiment, dit maître Chat,
Les Moineaux ont un goût exquis et délicat !
Cette réflexion fit aussi croquer l'autre.
Quelle Morale puis-je inférer de ce fait ?
Sans cela toute Fable est un oeuvre imparfait.
J'en crois voir quelques traits ; mais leur ombre m'abuse,
Prince, vous les aurez incontinent trouvés :
Ce sont des jeux pour vous, et non point pour ma Muse ;
Elle et ses Soeurs n'ont pas l'esprit que vous avez.


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Le Faucon et le Chapon

Une traîtresse voix bien souvent vous appelle ;
Ne vous pressez donc nullement :
Ce n'était pas un sot, non, non, et croyez-m'en,
Que le Chien de Jean de Nivelle.
Un citoyen du Mans, Chapon de son métier
Etait sommé de comparaître
Par-devant les lares du maître,
Au pied d'un tribunal que nous nommons foyer.
Tous les gens lui criaient pour déguiser la chose,
Petit, petit, petit : mais, loin de s'y fier,
Le Normand et demi laissait les gens crier :
Serviteur, disait-il, votre appât est grossier ;
On ne m'y tient pas ; et pour cause.
Cependant un Faucon sur sa perche voyait
Notre Manceau qui s'enfuyait.
Les Chapons ont en nous fort peu de confiance,
Soit instinct, soit expérience.
Celui-ci qui ne fut qu'avec peine attrapé,
Devait le lendemain être d'un grand soupé,
Fort à l'aise, en un plat, honneur dont la volaille
Se serait passée aisément.
L'Oiseau chasseur lui dit : Ton peu d'entendement
Me rend tout étonné. Vous n'êtes que racaille,
Gens grossiers, sans esprit, à qui l'on n'apprend rien.
Pour moi, je sais chasser, et revenir au maître.
Le vois-tu pas à la fenêtre ?
Il t'attend : es-tu sourd ? - Je n'entends que trop bien,
Repartit le Chapon ; mais que me veut-il dire,
Et ce beau Cuisinier armé d'un grand couteau ?
Reviendrais-tu pour cet appeau :
Laisse-moi fuir, cesse de rire
De l'indocilité qui me fait envoler,
Lorsque d'un ton si doux on s'en vient m'appeler.
Si tu voyais mettre à la broche
Tous les jours autant de Faucons
Que j'y vois mettre de Chapons,
Tu ne me ferais pas un semblable reproche.

---------------------------------------------------------------

Les Poissons et le Cormoran

Il n'était point d'étang dans tout le voisinage
Qu'un Cormoran n'eût mis à contribution.
Viviers et réservoirs lui payaient pension.
Sa cuisine allait bien : mais, lorsque le long âge
Eut glacé le pauvre animal,
La même cuisine alla mal.
Tout Cormoran se sert de pourvoyeur lui-même.
Le nôtre, un peu trop vieux pour voir au fond des eaux,
N'ayant ni filets ni réseaux,
Souffrait une disette extrême.
Que fit-il ? Le besoin, docteur en stratagème,
Lui fournit celui-ci. Sur le bord d'un Etang
Cormoran vit une Ecrevisse.
Ma commère, dit-il, allez tout à l'instant
Porter un avis important
A ce peuple. Il faut qu'il périsse :
Le maître de ce lieu dans huit jours pêchera.
L'Ecrevisse en hâte s'en va
Conter le cas : grande est l'émute.
On court, on s'assemble, on députe
A l'Oiseau : Seigneur Cormoran,
D'où vous vient cet avis ? Quel est votre garand ?
Etes-vous sûr de cette affaire ?
N'y savez-vous remède ? Et qu'est-il bon de faire ?
- Changer de lieu, dit-il. - Comment le ferons-nous ?
- N'en soyez point en soin : je vous porterai tous,
L'un après l'autre, en ma retraite.
Nul que Dieu seul et moi n'en connaît les chemins :
Il n'est demeure plus secrète.
Un Vivier que nature y creusa de ses mains,
Inconnu des traîtres humains,
Sauvera votre république.
On le crut. Le peuple aquatique
L'un après l'autre fut porté
Sous ce rocher peu fréquenté.
Là Cormoran le bon apôtre,
Les ayant mis en un endroit
Transparent, peu creux, fort étroit,
Vous les prenait sans peine, un jour l'un, un jour l'autre.
Il leur apprit à leurs dépens
Que l'on ne doit jamais avoir de confiance
En ceux qui sont mangeurs de gens.
Ils y perdirent peu, puisque l'humaine engeance
En aurait aussi bien croqué sa bonne part ;
Qu'importe qui vous mange ? homme ou loup ; toute panse
Me paraît une à cet égard ;
Un jour plus tôt, un jour plus tard,
Ce n'est pas grande différence.

------------------------------------------------------------------

La Chauve-Souris, le Buisson, et le Canard

Le Buisson, le Canard, et la Chauve-Souris,
Voyant tous trois qu'en leur pays
Ils faisaient petite fortune,
Vont trafiquer au loin, et font bourse commune.
Ils avaient des Comptoirs, des Facteurs, des Agents
Non moins soigneux qu'intelligents,
Des Registres exacts de mise et de recette.
Tout allait bien ; quand leur emplette,
En passant par certains endroits
Remplis d'écueils, et fort étroits,
Et de Trajet très difficile,
Alla tout emballée au fond des magasins
Qui du Tartare sont voisins.
Notre Trio poussa maint regret inutile ;
Ou plutôt il n'en poussa point,
Le plus petit Marchand est savant sur ce point ;
Pour sauver son crédit, il faut cacher sa perte.
Celle que par malheur nos gens avaient soufferte
Ne put se réparer : le cas fut découvert.
Les voilà sans crédit, sans argent, sans ressource,
Prêts à porter le bonnet vert.
Aucun ne leur ouvrit sa bourse.
Et le sort principal, et les gros intérêts,
Et les Sergents, et les procès,
Et le créancier à la porte,
Dès devant la pointe du jour,
N'occupaient le Trio qu'à chercher maint détour
Pour contenter cette cohorte.
Le Buisson accrochait les passants à tous coups.
Messieurs, leur disait-il, de grâce, apprenez-nous
En quel lieu sont les marchandises
Que certains gouffres nous ont prises.
Le plongeon sous les eaux s'en allait les chercher.
L'oiseau Chauve-Souris n'osait plus approcher
Pendant le jour nulle demeure :
Suivi de Sergents à toute heure,
En des trous il s'allait cacher.
Je connais maint detteur qui n'est ni souris-chauve,
Ni Buisson, ni Canard, ni dans tel cas tombé,
Mais simple grand Seigneur, qui tous les jours se sauve
Par un escalier dérobé.

----------------------------------------------------------------

Les Souris et le Chat-Huant

Il ne faut jamais dire aux gens :
Ecoutez un bon mot, oyez une merveille.
Savez-vous si les écoutants
En feront une estime à la vôtre pareille ?
Voici pourtant un cas qui peut être excepté :
Je le maintiens prodige, et tel que d'une fable
Il a l'air et les traits, encor que véritable.
On abattit un pin pour son antiquité,
Vieux Palais d'un hibou, triste et sombre retraite
De l'oiseau qu'Atropos prend pour son interprète.
Dans son tronc caverneux, et miné par le temps,
Logeaient, entre autres habitants,
Force Souris sans pieds, toutes rondes de graisse.
L'Oiseau les nourrissait parmi des tas de blé,
Et de son bec avait leur troupeau mutilé ;
Cet Oiseau raisonnait, il faut qu'on le confesse.
En son temps aux Souris le compagnon chassa.
Les premières qu'il prit du logis échappées,
Pour y remédier, le drôle estropia
Tout ce qu'il prit ensuite. Et leurs jambes coupées
Firent qu'il les mangeait à sa commodité,
Aujourd'hui l'une, et demain l'autre.
Tout manger à la fois, l'impossibilité
S'y trouvait, joint aussi le soin de sa santé.
Sa prévoyance allait aussi loin que la nôtre :
Elle allait jusqu'à leur porter
Vivres et grains pour subsister.
Puis, qu'un Cartésien s'obstine
A traiter ce Hibou de montre et de machine !
Quel ressort lui pouvait donner
Le conseil de tronquer un peuple mis en mue ?
Si ce n'est pas là raisonner,
La raison m'est chose inconnue.
Voyez que d'arguments il fit :
Quand ce peuple est pris, il s'enduit :
Donc il faut le croquer aussitôt qu'on le happe.
Tout : il est impossible. Et puis, pour le besoin
N'en dois-je pas garder ? Donc il faut avoir soin
De le nourrir sans qu'il échappe.
Mais comment ? Otons-lui les pieds. Or, trouvez-moi
Chose par les humains à sa fin mieux conduite.
Quel autre art de penser Aristote et sa suite
Enseignent-ils, par votre foi ?

Ceci n'est point une fable ; et la chose, quoique merveilleuse et presque incroyable, est véritablement arrivée. J'ai peut-être porté trop loin la prévoyance de ce Hibou ; car je ne prétends pas établir dans les bêtes un progrès de raisonnement tel que celui-ci ; mais ces exagérations sont permises à la poésie, surtout dans la manière d'écrire dont je me sers.

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Conte de la Clairière


Il était une fois une charmante sauterelle heureuse de posséder de très jolies cuisses. Elle bondissait à travers la clairière et rendait jaloux ses congénères par ses sauts vertigineux et acrobatiques. Les travailleuses abeilles la connaissaient bien et prenaient garde de l'éviter pendant la récolte du pollen. Ce n'était pas une grande sauterelle mais une simple et mignonne sauterelle à la constitution robuste sachant se préserver du danger. Les grenouilles n'étaient pas ses amis, et les hérissons aussi. Par un beau jour d'été, une aventure lui arriva. La matinée avait passé, la rosée séchée, et le soleil de midi commençait à piquer quand la clairière fut survolée par un oiseau inconnu. Son passage provoqua le silence, toute la faune s'interrogeait sur la nature du volatile. Finalement l'oiseau se posa sur le poteau d'une barrière. Curieuse la sauterelle, par petit bond s'en approcha. C'était un oiseau inconnu, tout le monde le disait, mais était-il dangereux. La sauterelle à proximité de la barrière ouvrit de grands yeux lorsqu'elle détailla les plumes multicolores qui le recouvraient. Venait-il de l'arc-en-ciel pour être ainsi vêtu.

Bêtise, disaient les uns, les corbeaux viennent-ils du fond de la nuit. Mais non ils sortent des oeufs dans les nids. Alors d'où vient-il. Les plus bavards se chamaillaient sur le sujet tandis que la sauterelle hagard ne le quittait pas des yeux. Elle hésita un moment puis se décida à s'en rapprocher encore, et d'un grand bond atterri sur la barrière.

L'oiseau avait de grands yeux ronds, et aussi un gros-bec tout rond. Ce n'était pas dans les formes habituel des oiseaux du coin.

La sauterelle voyait bien qu'il n'était pas méchant, pour elle en tout cas. Elle se risqua à lui parler et lui demanda:

-D'où viens-tu ?

- De la maison des hommes, je m'en suis échappé.

- Est-ce alors les hommes qui t'ont ainsi colorié ?

Tout en rigolant il répondit:

- Je suis un perroquet !

Alors la sauterelle le charma en lui montrant ce qu'elle savait faire et lui parla de la clairière et de tous ceux qui y vivaient car elle souhaitait qu'il reste. Il était si beau avec ses couleurs, que ça l'excitait comme une puce.

Le perroquet demanda :

- Qui est le seigneur des oiseaux, ici ?

- C'est le héron, répondit la sauterelle.

- Il ne s'occupe pas des malheurs, mais offre sa confiance, c'est un seigneur léger et majestueux, élancé à l'air amoureux. Souvent il vient se reposer sur une branche du grand chêne, assez haut pour avoir une vue de l'étang, car il a l'oeil perçant et est un pêcheur de poisson. Tout en parlant la sauterelle ne cessait de sautiller, et termina en lui demandant de l'emmener, car elle connaissait le coin sur le bout des antennes. Le perroquet se tourna et, d'un bond, la sauterelle s'agrippa aux longues plumes rouges. Puis l'oiseau multicolore s'envola, tournoya dans la clairière et se dirigea vers le grand chêne ou en effet le héron se reposait d'un oeil. Le beau temps de l'après-midi rendait paisibles les âmes, sauf celle qui avait vu le perroquet et qui s'en trouvait enchantée. Quelle ne fut pas la surprise du héron somnolant en voyant le perroquet chevauché par la petite sauterelle qu'il reconnaissait. Mais le héron n'aimait pas être dérangé pendant son sommeil. Il pesta, et jura de tous les noms d'oiseaux, car il n'arrivait pas à trouver le sommeil au bord de l'étang à cause des grenouilles bruyantes. Il venait se réfugier dans le chêne où une chenille le bercée de ces chants mélodieux. C'était la seule chose qui le plongeait dans les bras du sommeil profond. Mais les couleurs vives du visiteur l'intriguèrent, finalement il se calma et trouva les justes mots dignes d'un seigneur.

Le perroquet se présenta comme un évadé de la maison des hommes et désireux de rester dans les environs qui paraissaient paisibles. Sous les oreilles attentives de la sauterelle, les deux grand oiseaux se mirent à discuter d'un tas de choses qui semblaient les mener vers une amitié durable. La sauterelle profita de l'occasion pour discuter avec la chenille cantatrice qui adoucissait le héron de ses si mélodieuses mélopées. La journée était vraiment sous le signe de la rencontre et rien ne présageait ce qui allait arriver, le temps allait changer. Les nuages gris emplirent le ciel, la température se refroidi et l'odeur de terre chargea l'atmosphère. Dans la clairière, tout le monde voyait qu'un orage se préparait, sauf dans l'arbre où les discussions allaient bon train.

Un violent éclair suivi d'un profond grondement arrêta les conversations et jeta la stupéfaction. Puis la pluie dégringola avec une force inhabituelle, une force si pesante que le perroquet en perdit ses couleurs.

Dans la maison des hommes, il avait toujours était protégé, mais là il ne pouvait pas totalement s'abriter. Impuissant face aux désastres, il se mit à pleurer en voyant ses couleurs se diluer et tomber goutte à goutte, de feuille en feuille jusqu'au sol.

Le héron, la chenille, et la sauterelle n'y pouvaient rien. Tous se tenaient fortement au chêne pour ne pas tomber car, outre la pluie le vent vint secouer tout sur son passage. Le héron failli tomber, la sauterelle s'évanouit et fut secourue par la chenille dont les dizaines de pattes étaient accrochées fermement. L'orage dura un bon moment et le perroquet se dit que non de non jamais il n'aurait dû quitter la maison des hommes. Quand le calme revint-il n'osa pas regarder son plumage qui avait perdu tout son éclat. C'était à présent un perroquet blanc gris, presque sale, une couleur moche qui le rendait bien miséreux d'aspect. Le héron en fut aussi chagrin, car lui qui avait un plumage cendré trouvait le perroquet affreux.

La sauterelle repris ses esprits et fut aussi touchée en voyant la mine du perroquet et de son triste sort. Alors une question se posa. Que faire ?

Abattu le perroquet trouva un trou dans le tronc du chêne et s'y jeta. Il avait honte mais ce n'était pas de sa faute.

Les nuages se dissipèrent, le ciel bleu revint, le soleil recommença à chauffer et sécher le sol, mais pas les larmes du perroquet. Le héron proposa de répandre la mauvaise nouvelle, ainsi quelqu'un allait bien avoir une idée pour redonner le goût de vivre au perroquet, ou au moins lui redonner de la couleur. Alors la sauterelle de bond en bond parcouru les environs en criant à tous la mauvaise nouvelle et en demandant que la solution soit trouvée. Jusqu'à la nuit tombante, elle s'époumona et sauta, d'épuisement, elle s'arrêta.

De son côté, le seigneur héron bien inquiet chercha des réponses en questionnant ses congénères volatiles:

- Comment aider notre triste invité, dites-moi ?

- Mais quand on perd ses couleurs y n’a rien à faire, seigneur, lui répondirent-ils tous.

Le rouge-gorge ajouta:

- Il faut changer de plume, c'n’est pas facile et c'est très douloureux.

La nouvelle arriva jusqu'aux oreilles de la reine des abeilles. Elle eut une idée. Si le perroquet était triste sans ses couleurs, alors il fallait trouver de la couleur. Et les seules couleurs qui existent sont dans les fleurs et la terre. Alors voilà, cela demanderait du temps mais il devait être possible de reteindre le perroquet, encore fallait-il connaître les bons mélanges de couleurs.

Pas bête la reine des abeilles...., mais qui pouvait bien être celui ou celle qui serait capable de résoudre réellement le problème. Elle alla consulter le grand sage des abeilles. Mais celui-ci n'était pas très en forme car il se prenait pour une libellule. Il voulait voler au-dessus de l'eau, mais c'était une abeille qui devait butiner !

Alors la reine demanda à son chef de guerre. Mais celui-ci un peu fatigué lui répondit que le sang devait être versé, seule couleur valable pour repeindre un perroquet, et elle n'écouta pas le reste car ça n'en valait pas le coup.

En retournant dans ces appartements, elle découvrit un garde en train de dormir debout. D'un coup sec, elle le réveilla et aussitôt lui posa la question.

- Le papillon, répondit-il tout de go.

- Le papillon a les ailes subtilement décorées, il doit connaître les secrets des mélanges de couleurs.

La reine des abeilles embrassa le garde surpris et le félicita de sa réponse.

Dés l'aube, les abeilles avertirent le héron et cherchèrent le papillon, tandis que le perroquet dormait dans le creux du chêne.

La sauterelle se réveilla lourdement. Elle fit sa toilette dans une goutte de rosée et vit qu'elle avait une bien triste mine, elle s'était trop épuisée à crier la veille. Le perroquet de la maison des hommes était venu se perdre dans le coin et du coup ses couleurs en étaient tombées. Il se passe des choses incroyables disait-elle, lorsqu'une abeille lui annonça qu `on avait trouvé la réponse au sujet du perroquet tout triste. Il fallait trouver le papillon et les couleurs. La sauterelle bondit de joie et le cria encore partout comme la veille. Mais tout le monde en avait marre de l'entendre crier. Alors la sauterelle se calma face à la grogne ambiante et choisi d'aller avertir le perroquet.

Mais au pied de l'arbre, elle ne put sauter jusqu'au trou creusé dans le tronc. C'était beaucoup trop haut. Elle réfléchit et décida de tenter plusieurs sauts pour atteindre les branches. De toutes ses forces elle réussit à atterrir sur une feuille, puis une autre et encore une autre. L'arbre était immense et, après plusieurs sauts, elle se sentit perdue, elle ne voyait plus le tronc de l'arbre. Le soleil pénétrait le feuillage et cela la réconforta.

Elle prêta attentivement l'oreille, un son attira son attention. Une voie gracieuse montait et descendait des gammes..... c'était la chenille sans doute..... Alors elle avança en suivant la voie, en essayant de s'en rapprocher. La chance lui sourit, elle la rejoignit. En l'absence du héron, la chenille travaillait sa voie. Pendant qu'elles discutaient le perroquet arriva. Le plumage fripé, les yeux globuleux, en piteux état. Il tituba sur la branche, sa faiblesse lui fit perdre l'équilibre, et il dégringola à travers le feuillage sous les yeux horrifiés de la sauterelle et de la chenille.

Au même instant un peu plus loin les abeilles avaient trouvé le papillon peintre, celui qui connaissait le mélange des couleurs. Celui-ci apprenant qu'il devrait peindre un oiseau était tout chamboulé. Son habitude était de peindre les fines ailes délicates de ses congénères. Un oiseau devenait une énorme entreprise à mettre en oeuvre. Rien que d'y penser l'angoisse le submergeait. Le héron retrouva la reine des abeilles, la sauterelle et le papillon autour du perroquet inanimé, étalé sur le sol. Le papillon voyant l'oiseau à la forme peu commune demanda:

-Mais de quelle couleur faut-il le peindre.

- Avant il était multicolore, plein de couleur vive, dit le héron.

- J'ai besoin d'un modèle, sinon comment le perroquet va-t'il se reconnaître si on ne le peint pas comme avant ?

Un nouveau problème se posait.

Le papillon avait raison, il n'avait pas l'habitude de peindre n'importe comment. Alors la sauterelle se souvint des quelques détails qui l'avaient frappé, mais cela ne suffisait pas, il lui fallait les tons exacts. L'abeille proposa d'attendre que le perroquet se réveille, et donnât l'ordre aux abeilles de récolter les pétales des fleurs de couleurs vives.

Les abeilles fabriquèrent une énorme palette aux mille couleurs, le papillon n'en croyait pas ses yeux, le chantier se mettait en place. Seigneur héron pensa à amener la chenille cantatrice afin qu'elle réveille en douceur le perroquet toujours évanoui. La chenille commença son répertoire destiné au réveil et plus d'un fut charmé par les mélodies cristallines.

Doucement le perroquet reprit connaissance, péniblement se mit à bouger, et on lui amena de l'eau, le chantier dressé pour lui l'étonna. Le papillon s'empressa de le questionner sur les couleurs à utiliser pour le peindre, puis il se mit à l'ouvrage dès que les quantités nécessaires furent prêtes. Alors sous les Oh et les Ah des habitants de la clairière, le papillon exécuta l'une de ses plus belles oeuvres. Le rouge, le bleu, le vert, le jaune virevoltaient et rendaient tout le monde bien joyeux. Le perroquet aussi reprenait le goût de vivre.

Celui-ci avait cru ne plus être éclatant, celui-ci était rassuré dorénavant. À la suite de cela il décida de rester et de vivre pour égayer tous ceux qui avaient pensé à lui. La sauterelle annonça la nouvelle partout de bond en bond, elle en était heureuse. Oiseau, insecte ou humain, les émotions guident nos vies. Un conte est un conte. Ainsi les quelques phrases qui suivent sont là pour ceux qui en demande plus et profiteront à tous. La tristesse passe, la peine assombrit. Alors viennent ceux qui ont la force de partager. Pour partager la joie de chaque instant. Un réconfort arrive toujours à temps, que l'on soit seigneur ou itinérant.


ML

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UN DE PERDU


Mon amour s'est éteint hier soir
A moins qu'il ne soit jamais né
Je pleure et je connais l'histoire
Un de perdu, dix de retrouvés

Je dois le rencontrer ce soir
Afin d' récupérer mes clés
Les retrouvailles sont illusoires
Je le reçois par honnêteté

J'anticipe sur le désespoir
Dans lequel il va me laisser
Pourtant c'est pas la mer à boire
Un de perdu, dix de retrouvés

Catherine

Sad Sad Sad Sad Sad

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CAFARD

Il est venu ce soir doucement se glisser
Entre mes draps hostiles embués de solitude
Il n'a pas fait un bruit comme à son habitude
Moi, j'avais trop de vide pour l'en déloger.

Il s'est approprié et les seins et le ventre
Que je lui ai loués pour être un peu moins seule
Ma nuit contre l'honneur de sa sinistre gueule
Le frisson qu'il m'inspire à chaque fois qu'il entre.

Et je me suis ouverte à ce monstre visqueux
Je l'ai laissé souiller mon corps pâle et tremblant
Lacérer ma pudeur de son sexe tranchant
Et boire la douleur qui pleurait de mes yeux.

Et tandis qu'il oeuvrait, je suppliais Nerval
D'entendre mes sanglots et de vaincre le mal,
Par pitié, sauve-la tant qu'il n'est pas trop tard
Ta femme s'est livrée aux plaisirs du cafard.

Catherine

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Le Pont Mirabeau

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

_________________


Un oiseau chante

Un oiseau chante ne sais où
C'est je crois ton âme qui veille
Parmi tous les soldats d'un sou
Et l'oiseau charme mon oreille

Écoute il chante tendrement
Je ne sais pas sur quelle branche
Et partout il va me charmant
Nuit et jour semaine et dimanche

Mais que dire de cet oiseau
Que dire des métamorphoses
De l'âme en chant dans l'arbrisseau
Du cœur en ciel du ciel en roses

L'oiseau des soldats c'est l'amour
Et mon amour c'est une fille
La rose est moins parfaite et pour
Moi seul l'oiseau bleu s'égosille

Oiseau bleu comme le cœur bleu
De mon amour au cœur céleste
Ton chant si doux répète-le
À la mitrailleuse funeste

Qui chaque à l'horizon et puis
Sont-ce les astres que l'on sème
Ainsi vont les jours et les nuits
Amour bleu comme est le cœur même

___________

Rencontre

Passant mêle à ta vie l'orgueil et la bonté
Surmonte l'ennemi et bois à sa santé

Honore ton outil sans le laisser inerte
Brise-le par amour au moment de ta perte

Et méprise ceci Jouir sans en pleurer
La vigne sans ivresse et le champ sans ivraie

_________________

Ô naturel désir...

Ô naturel désir pour l'homme être roi
On est revêtu de la carte de son royaume
Les fleuves sont des épingles d'acier semblables à tes veines où roule l'onde trompeuse de tes yeux
Le cratère d'un volcan qui sommeille mais n'est pas éteint
C'est ton sexe brun et plissé comme une rose sèche
Et les pieds dans la mer je fornique un golfe heureux
C'est ainsi que je l'aime la liberté
Et je veux qu'elle seule soit la loi des autres
Mais je suis l'ennemi des autres libertés

Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

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Kti a écrit:
CAFARD

Il est venu ce soir doucement se glisser
Entre mes draps hostiles embués de solitude
Il n'a pas fait un bruit comme à son habitude
Moi, j'avais trop de vide pour l'en déloger.

Il s'est approprié et les seins et le ventre
Que je lui ai loués pour être un peu moins seule
Ma nuit contre l'honneur de sa sinistre gueule
Le frisson qu'il m'inspire à chaque fois qu'il entre.

Et je me suis ouverte à ce monstre visqueux
Je l'ai laissé souiller mon corps pâle et tremblant
Lacérer ma pudeur de son sexe tranchant
Et boire la douleur qui pleurait de mes yeux.

Et tandis qu'il oeuvrait, je suppliais Nerval
D'entendre mes sanglots et de vaincre le mal,
Par pitié, sauve-la tant qu'il n'est pas trop tard
Ta femme s'est livrée aux plaisirs du cafard.

Catherine




:bravo: :bravo: :bravo: Tu as vraiment du talent, continue... :bravo: :bravo: :bravo:

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merci Nerval

(du coup il y est deux fois —avant et après Apollinaire— Lol !)

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ESPOIR

Nerval pour l'espoir, Nerval qui panique
Nerval pour le fun et tant pis pour la nique
Nerval dans mon coeur malgré ces autres hommes
Un oeil sur leur pizza et l'autre sur ma pomme.

Nerval qui s'inquiète et qui ne devrait pas
Je suis quelqu'un qui meurt et pourtant le trépas
Ne semble pas vraiment, de moi, avoir envie
Probable qu'il me sait apte à aimer la vie.

Pas de mp de lui, je me tape la cloche
Souffrir dans son plumard, ça fait vraiment trop moche
Demain il fera jour et peut-être, qui sait
Il osera m'avouer qu'à moi, il a pensé.

Catherine

(on meurt tous, malheureusement, un p'tit peu, chaque jour)

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Waouh, je ne sais quoi dire ! Vais-je passer pour un monstre dans l'autre monde virtuel ? Les Catherine sont-elles toutes des poétesses ?

Aux amours naissantes
Deux cages se briseront
Que feront-elles de la liberté ?
Coup de foudre...
Feu d'artifice ?
Envol ou nouvelle cage ?
Quel trésor fut négligé quand l'amour est douleur ?
L'amour est-il courage ?
Pourquoi est-il tant perçu comme une souffrance ?
Au coup de foudre, tout paraît tellement simple !
Mais qui a compliqué les choses ?
Qui apprendra aux amoureux à protéger leurs rires ?

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Hello mon chou !

Ne signe pas ce poème de Catherine SVP, car ce dernier poème n'est pas de moi !

D'une autre Catherine, sans doute, mais il n'est pas de moi !

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Officiellement.... Mais pas de rigolade !

Mon nom d'auteur est :...... Pas de rigolade !

«Aurore Dupinceau»....


PAS DE RIGOLADE, J'AI DIT !

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C’est alors que j'écrivis un de mes poèmes :


En regard ondule l'érotisme exaltant
séance tenant la turgescence m'enlumine
équivaloir une taille déite
en deça de l'onctuosité omnisciente
et l'opalescence onirique
au reste surit un trépas extatique
irréfragable ouzo savoure l'aplomb
souligne les hanches pourquoi ne
pas exhorter sans ambages
L'hyperbolique valeur qui chavire
une chair sous l'influence hasardée
d'un rapport souple à étayer l'esthète
recelant la retouche en clèmence
sous la férule du semptiternel épicurisme
essaimant la coercition saumâtre
attendu que la secousse nubile exulte
La rémanente rapine
libéralement
ès érudit
les intumescentes lèvres palpent la quintessence


nerval

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Si ce n'est pas bon, dis le moi ?


Il faut avoir le moral
du miel
pour ressembler à
un ours

---------------------

Un jour, l'orgueil m'a dit
que tout se passe en temps
que je veux
et que le printemps
était toujours ravi de me revoir


---------------------------

En pliant les bagages, on n’est jamais nu !

----------------------

Si tu espères un jour
voler sans apparat
Dis toi que tes nerfs
sont les hélices

----------------------

Quel est le mot
que tu aimes ?
toi T.O.I.
car j'y réfléchis plus de
Mille chose



nerval

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BARCELONE

Barcelone jolie, Barcelone complice
A mis, merci, un point final à mon supplice.
Je respire, et revis, et retrouve le goût
De manger, de dormir, et de rire de tout.

Je t’aimais, mon Amour, mais c’est une autre histoire
J’abandonne, après toi, il me reste l’espoir
Si les rues sont fleuries, ensoleillées et calmes
J’ai revu nos endroits sans verser une larme.

Au kiosque où tu m’avais tout d’abord embrassée
A mes deux grands garçons j’ai acheté des jouets.
Devant la fontaine magique des photos
Je me suis arrêtée, sereine, boire un pot.

J’ai reconnu le distributeur de coca
Où tu t’étais fendu d’un sou pour un soda.
Je t’aimais, mon Amour, mais je vaux mieux que ça
J’abandonne, après toi, viendra le Nirvana.

Barcelone Jolie, Barcelone complice
M’a sans compter poussée au bord du précipice
Et m’en tire à présent, et l’incident est clos
Je n’ai plus ni remords, ni regrets, ni sanglot.

Catherine

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Je décide de rien, Nerval...

C'est plus compliqué que ça.

Enfin, j'veux dire que je ne suis pas maître de ce que j'écris.

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Tu es un génie ! c’est pour cela qu’il s'écrit avec un « e »
J'aime le mot génie, car il contient le mot neige !!!

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IL SUFFIRAIT D’UN RIEN


Il suffirait d’un rien, peut-être qu’il me dise :
«Dès demain, si tu veux, je t’emmène à Venise.»
Bisous, palais, pigeons, baldaquin et gondoles…
Alors s’arrêterait la chanson de la folle.

Il suffirait d’un rien, peut-être que reviennent
L’ambition qui depuis la nuit des temps m’entraîne
La soif et l’intérêt d’étudier et d’apprendre
Alors me passerait le désir de me pendre.

Il suffirait d’un rien, peut-être qu’Il s’installe
Dans mon appartement, daigne tomber la malle,
Afficher ses lithos, repeindre les plafonds
Alors détaleraient de mes nuits les démons.

Il suffirait d’un rien, peut-être que grandisse
Mon petit galopin, mon cadeau, mon délice,
Le bébé de mon Homme, honnête, bon et fort
Alors me lâcherait le refrain de la mort :

«Toxico et Accro
Malheureuse Morbide Folle

Accro et Toxico
Malheureuse Malade Folle»

Catherine

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Les mains d'Elsa

Donne-moi tes mains pour l'inquiétude
Donne-moi tes mains dont j'ai tant rêvé
Dont j'ai tant rêvé dans ma solitude
Donne-moi te mains que je sois sauvé

Lorsque je les prends à mon pauvre piège
De paume et de peur de hâte et d'émoi
Lorsque je les prends comme une eau de neige
Qui fond de partout dans mes main à moi

Sauras-tu jamais ce qui me traverse
Ce qui me bouleverse et qui m'envahit
Sauras-tu jamais ce qui me transperce
Ce que j'ai trahi quand j'ai tresailli

Ce que dit ainsi le profond langage
Ce parler muet de sens animaux
Sans bouche et sans yeux miroir sans image
Ce frémir d'aimer qui n'a pas de mots

Sauras-tu jamais ce que les doigts pensent
D'une proie entre eux un instant tenue
Sauras-tu jamais ce que leur silence
Un éclair aura connu d'inconnu

Donne-moi tes mains que mon coeur s'y forme
S'y taise le monde au moins un moment
Donne-moi tes mains que mon âme y dorme
Que mon âme y dorme éternellement.


Louis ARAGON (1897-1982)

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L’EX MARI

Le mari s’est permis
Encor une fois
D’appeler dans la nuit
Encor une fois
Le mari me torture
Encor une fois
Je voudrais qu’il me jure
La croix de bois

Qu’il ne tentera plus
Encor une fois
L’excuse superflue
Encor une fois
Qui lui donne le droit
Encor une fois
De me gêner chez moi.

Catherine

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LE DIMANCHE DES DIVORCÉS



Le dimanche des divorcés
N’en finit pas de solitude
Les enfants leur mère ont laissée
Pour le père et les servitudes
D’un contrat sans conciliation
Formel et dicté par la loi
Les enfants des séparations
N’ont pas le choix.

Maman non plus, pleure maman.
Les amis s’amusent ailleurs
Dans leur famille évidemment
Selon le contrat en vigueur
Le contrat de la parenté
Formel et dicté par la foi
Les amis n’ont pas discuté
N’ont pas le choix

Les amants se sont endormis
N’appellent pas les jours d’astreinte.
Embrigadée de compromis,
L’envie de baiser s’est éteinte
Contrat d’une famille heureuse
Formel et dicté par la joie
Les amants mettent en veilleuse
N’ont pas le choix.

Catherine

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La Courbe de tes yeux

La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.

Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

Parfums éclos d'une couvée d'aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l'innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.

______________________

Dit de la Force et de l'Amour

Entre tous mes tourments entre la mort et moi
Entre mon désespoir et la raison de vivre
Il y a l'injustice et ce malheur des hommes
Que je ne peux admettre il y a ma colère

Il y a les maquis couleur de sang d'Espagne
Il y a les maquis couleur du ciel de Grèce
Le pain le sang le ciel et le droit à l'espoir
Pour tous les innocents qui haïssent le mal

La lumière toujours est tout près de s'éteindre
La vie toujours s'apprête à devenir fumier
Mais le printemps renaît qui n'en a pas fini
Un bourgeon sort du noir et la chaleur s'installe

Et la chaleur aura raison des égoïstes
Leurs sens atrophiés n'y résisteront pas
J'entends le feu parler en riant de tiédeur
J'entends un homme dire qu'il n'a pas souffert

Toi qui fus de ma chair la conscience sensible
Toi que j'aime à jamais toi qui m'as inventé
Tu ne supportais pas l'oppression ni l'injure
Tu chantais en rêvant le bonheur sur la terre
Tu rêvais d'être libre et je te continue.

________________________________

Je t'aime

Je t'aime pour toutes les femmes que je n'ai pas connues
Je t'aime pour tous les temps où je n'ai pas vécu
Pour l'odeur du grand large et l'odeur du pain chaud
Pour la neige qui fond pour les premières fleurs
Pour les animaux purs que l'homme n'effraie pas
Je t'aime pour aimer
Je t'aime pour toutes les femmes que je n'aime pas


Qui me reflète sinon toi-même je me vois si peu
Sans toi je ne vois rien q'une étendue déserte
Entre autrefois et aujourd'hui
Il y a toutes ces morts que j'ai franchies sur la paille
Je n'ai pas pu percer le mur de mon miroir
Il m'a fallu apprendre mot par mot la vie
Comme on oublie


Je t'aime pour ta sagesse qui n'est pas la mienne
Pour la santé
Je t'aime contre tout ce qui n'est qu'illusion
Pour ce coeur immortel que je ne détiens pas
Tu crois être le doute et tu n'es que raison

Tu es le grand soleil qui me monte à la tête
Quand je suis sûr de moi.

_____________________________

Je te l'ai dit

Je te l'ai dit pour les nuages
Je te l'ai dit pour l'arbre de la mer
Pour chaque vague pour les oiseaux dans les feuilles
Pour les cailloux du bruit
Pour les mains familières
Pour l'oeil qui devient visage ou paysage
Et le soleil lui rend le ciel de sa couleur
Pour toute la nuit bue
Pour la grille des routes
Pour la fenêtre ouverte pour un front découvert
Je te l'ai dit pour tes pensées pour tes paroles
Toutes caresse toute confiance se survivent.

Paul Eluard (1895-1952)

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Salut Fidj !

J'ai pas mangé depuis 48 heures

Je me sens faible

Mais bon, j'ai acheté un super plat de dinde aux marrons et ... et

J'ai le tournis... Et aux figues .

J'arrive plus à m'occuper de moi

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Kti prend soin de toi car tu es une femme extraordinaire et on t'aime
boum boum boum boum boum

Est-ce que tu aimes Les Chants de Maldoror de Lautréamont ?

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oui elle aime, je suis sûr que si tu lui offres un plat avec ta photo, elle remange, elle fait la grève de la faim je crois lol! oizo oizo oizo oizo oizo oizo oizo oizo oizo

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LES HIBOUX

Sous les ifs noirs qui les abritent,
Les hiboux se tiennent rangés,
Ainsi que des dieux étrangers,
Dardant leur œil rouge. Ils méditent.

Sans remuer ils se tiendront
Jusqu'à l'heure mélancolique
Où, poussant le soleil oblique,
Les ténèbres s'établiront.

Leur attitude au sage enseigne
Qu'il faut en ce monde qu'il craigne
Le tumulte et le mouvement,

L'homme ivre d'une ombre qui passe
Porte toujours le châtiment
D'avoir voulu changer de place.

_____________________________


LA DESTRUCTION

Sans cesse à mes côtés s'agite le Démon;
Il nage autour de moi comme un air impalpable;
Je l'avale et le sens qui brûle mon poumon
Et l'emplit d'un désir éternel et coupable.
Parfois il prend, sachant mon grand amour de l'Art,
La forme de la plus séduisante des femmes,
Et, sous de spécieux prétextes de cafard,
Accoutume ma lèvre à des philtres infâmes.
Il me conduit ainsi, loin du regard de Dieu,
Haletant et brisé de fatigue, au milieu
Des plaines de l'Ennui, profondes et désertes,
Et jette dans mes yeux pleins de confusion
Des vêtements souillés, des blessures ouvertes,
Et l'appareil sanglant de la Destruction!

__________________________________

L'AMOUR ET LE CRANE

L'Amour est assis sur le crâne
De l'Humanité,
Et sur ce trône le profane,
Au rire effronté,

Souffle gaiement des bulles rondes
Qui montent dans l'air,
Comme pour rejoindre les mondes
Au fond de l'éther.

Le globe lumineux et frêle
Prend un grand essor,
Crève et crache son âme grêle
Comme un songe d'or.

J'entends le crâne à chaque bulle
Prier et gémir :
- « Ce jeu féroce et ridicule,
Quand doit-il finir ?

Car ce que ta bouche cruelle
Éparpille en l'air,
Monstre assassin, c'est ma cervelle,
Mon sang et ma chair!»



Charles Baudelaire (1821-1867)

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PARDON




Pardon Simon, pardon Mathieu
De vous infliger la galère
Car même s’il fallait le refaire
Sans hésiter je recommence
L’amour n’est pas une romance
L’amour échoue et assassine
Pourtant dans sa bonté divine
L’amour ponctue de rejetons
Ses aléas, pardon Simon.

Pardon Mathieu, pardon Simon
Si ta maman lâche ton père
Si ta maman a trop souffert
Sans hésiter je recommence
Encor, j’entrerai dans la danse
Même si quelque part au fond
Me suffisent mes rejetons
Ton papa n’est plus amoureux
Pardon Simon, pardon Mathieu.

Pardon Mathieu, pardon Simon
Je ne suis pas à la hauteur
De la beauté de vos deux cœurs
J’ai fait mon max, je vous le jure
Aussi ne soyez pas trop durs
Maman n’aurait pas pu prévoir
La si triste fin de l’histoire
Maman croyait l’Amour profond
Pardon Mathieu, pardon Simon

Catherine

(poème écrit la veille du drame, le 30 décembre 1991)

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Merci à vous mes amis colors colors colors

DIS-MOI POURQUOI TU PLEURES


Dis-moi pourquoi tu pleures ? As-tu vu comme est clair
Le lever du matin malgré le rude hiver ?
Dis-moi pourquoi tu pleures et renifle un bon coup
Respire le beau temps qui s’en revient chez nous.

As-tu faim ? As-tu froid ? Souffres-tu quelque part ?
D’où vient cette détresse au fond de ton regard ?
Ma main sur tes cheveux peut-elle consoler
Ce chagrin si soudain dont tu ne veux parler ?

Ou tu n’as pas assez dormi, c’est ça ?… Arrête !
Fais-moi plaisir Kti… As-tu mal à la tête ?
Viens vite dans mes bras et sèche donc tes larmes
Pour un petit souci, c’est beaucoup de vacarme…

Mon Dieu mais tu frissonnes et tes sanglots redoublent
Pourquoi ne pas m’avouer le chagrin qui te trouble ?
Calme-toi, ma Chérie, j’entends ton cœur qui bat
Comme si contre mille il menait un combat.

Ces rides sur ton front me déchirent le cœur
Et tes mains sont glacées… C’est moi qui te fais peur ?
— Non maman, simplement cette nuit je rêvais
Que je dormais au chaud d’un homme qui m’aimait.

Catherine

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Celui-là (LA MARIÉE) est déjà passé sur le tchat, mais je le remets, pour la postérité.

Je l'aime tout particulièrement (j'étais pas morte)

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