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luciole1

La spirale des poètes

Messages recommandés

LA MARIEE


L’amour sourit, l’Amour abîme
L’amour est un montage russe
D’un côté rouge et l’autre prusse
Subtil est celui qui sublime.

La voix console un coup donné
L’Amour oublie et évapore
L’important reste le remord
Jusqu’à quand peut-on pardonner ?

Les mains caresse les blessures
Les baisers calment la terreur
«Ma chérie, de quoi as-tu peur ?»
L’Amour canaille presque sûr

Qu’il n’y aura pas de séquelles
Les enfants dorment à côté,
Les voisins l’année ont fêté
Et la mariée restera belle.

Mais l’Amour est allé trop loin
A tout jamais ne reviendra
A chaque instant se souviendra
Subtil est celui qui parvient

A oublier.

(écrit le surlendemain du drame, le 2 janvier 1992)

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Spleen

Les roses étaient toutes rouges
Et les lierres étaient tout noirs.

Chère, pour peu que tu ne bouges,
Renaissent tous mes désespoirs.

Le ciel était trop bleu, trop tendre,
La mer trop verte et l'air trop doux.

Je crains toujours, - ce qu'est d'attendre !
Quelque fuite atroce de vous.

Du houx à la feuille vernie
Et du luisant buis je suis las,

Et de la campagne infinie
Et de tout, fors de vous, hélas !


A Charles Baudelaire

Je ne t'ai pas connu, je ne t'ai pas aimé,
Je ne te connais point et je t'aime encor moins :
Je me chargerais mal de ton nom diffamé,
Et si j'ai quelque droit d'être entre tes témoins,

C'est que, d'abord, et c'est qu'ailleurs, vers les Pieds joints
D'abord par les clous froids, puis par l'élan pâmé
Des femmes de péché - desquelles ô tant oints,
Tant baisés, chrême fol et baiser affamé ! -

Tu tombas, tu prias, comme moi, comme toutes
Les âmes que la faim et la soif sur les routes
Poussaient belles d'espoir au Calvaire touché !

- Calvaire juste et vrai, Calvaire où, donc, ces doutes,
Ci, çà, grimaces, art, pleurent de leurs déroutes.
Hein ? mourir simplement, nous, hommes de péché.


Paul VERLAINE (1844-1896)


________________________________



IDYLLE HIGH-LIFE

La galopine
A pleine main
Branle la pine
Au beau gamin.

L’heureux potache
Décalotté
Jouit et crache
De tout côté.

L’enfant rieuse
A voir ce lait
Et curieuse
De ce qu’il est,

Hume une goutte
Au bord du pix,
Puis dame ! en route,
Ma foi , tant pis !

Pourlèche et baise
Le joli bout,
Plus ne biaise
Pompe le tout !

Petit vicomte
De je-ne-sais,
Point ne raconte
Trop ce succès,

---

Fleur d’élégances,
Oaristys
De tes vacances
Quatre-vingt-dix :

Ces algarades
Dans les châteaux,
Tes camarades,
Même lourdeaux,

Pourraient sans peine
T’en raconter
A la douzaine
Sans inventer ;


Et les cousines,
Anges déchus,
De ses cuisines
Et de ces jus

Sont coutumières,
Pauvre trognons,
Dès leurs premières
Communions ;

Ce, jeunes frères,
En attendant
Leurs adultères
Vous impendant.


Paul VERLAINE
(extrait de "FEMMES" puis de "HOMBRES")~ 1890 et 1891

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Invité val
Madrigal Triste

Charles Baudelaire

Que m'importe que tu sois sage!
Sois belle! et sois triste! Les pleurs
Ajoutent un charme au visage;
L'orage rajeunit les fleurs.

Je t'aime surtout quand la joie
S'enfuit de ton front terrassé;
Quand ton coeur dans l'horreur se noie;
Quand sur ton présent se déploie
Le nuage affreux du passé.

Je t'aime quand ton grand oeil verse
Une eau chaude comme le sang;
Quand malgré ma main qui te berce,
Ton angoisse, trop lourde, perce
Comme un râle d'agonisant.

J'aspire, volupté divine!
Hymne profond, délicieux!
Tous les sanglots de ta poitrine,
Et crois que ton coeur s'illumine
Des perles que versent tes yeux!
....

Je sais que ton coeur, qui regorge
De vieux amours déracinés,
Flamboie encor comme une forge,
Et que tu couves sous ta gorge
Un peu de l'orgueil des damnés;

Mans tant, ma chère, que tes rêves
N'auront pas reflété l'Enfer,
Et qu'en un cauchemar sans trêves,
Songeant de poisons et de glaives,
Eprise de poudre et de fer,

N'ouvrant à chacun qu'avec crainte,
Déchiffrant le malheur partout,
Te convulsant quand l'heure tinte,
Tu n'auras pas senti l'étreinte
De l'irrésistible Dégoût,

Tu ne pourras, esclave reine
Qui ne m'aimes qu'avec effroi,
Dans l'horreur de la nuit malsaine,
Me dire, l'âme de cris pleine:
"Je suis ton égale, ô mon Roi!"[/b]

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SI TU L'AVAIS VOULU

Une nuit, cette nuit, si tu l’avais voulu
J’aurais garé ma mobylette dans ta rue
Et doucement monté l’escalier de service
Pour surprendre tes rêves, et tu aurais ouvert
Ta porte à ma folie, et je t’aurais offert
Mon corps nu sous ma jupe et le feu de mes cuisses.

Je t’aurais apporté, mêlé à mes cheveux
Le parfum capiteux des amours improvistes
Sans un mot, sans un bruit, j’aurais voulu que glisse
Ta main sous ma chemise et au fond de tes yeux
J’aurais voulu voir naître un désir impérieux.

Puis tu aurais posé mon corps sur notre lit
Et malgré l’impatience de tes doigts agiles
Tu l’aurais lentement dévêtu.... Docile,
J’aurais fermé les yeux de me sentir ainsi
Toute entière exposée aux feux de ton regard.

Et ton souffle s’affole et ta langue s’égare
Au fin fond de ma bouche et l’eau que tu me donnes
Liquéfie mes soupirs, tandis que tes doigts fouillent
Mon sexe humide et chaud qui jouit et s’abandonne
Et la fièvre qui monte attise ton ardeur
Tes gestes sont plus fous, et je hurle et je pleure

Alors que tu deviens le maître de chacun
Des mystères du ventre que tu prends enfin.

Catherine

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Invité val
Ouch! Quelle passion, quel feu! J'en ai le souffle coupé.

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J'avoue, ma Val, que je me suis fendue pour la mobylette !!!!

Vu que je sors en combinaison ignifugée avec trois casques sur la tête et deux pitt bulls, l'un devant, l'autre derrière...

Et uniquement quand le soleil décline... Et qu'il fait plus de dix degrés dehors...

On peut dire que là oui, j'me suis surprise !

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«Je t'aime» en :
Anglais, I love you
En Allemand, Ich liebe diche
En Italien, Ti amo
En Espagnol, Te quiero
En portugais, Eu amo-te ou Amo-te
En catalan, T'estim molt
En basque, Nere Maitea
En grec, S'agapo
En breton, Karout a ran ac'hanout
En créole, En ka emé ou
En latin, Amo te
En gitan, Camav tu
En hébreu, Ani ohev otakh
En néerlandais, Ik hou van jou
En flamand, Ik hou van jou
En danois, Jeg elsker dig
En finnois, Mina ragastan sinoa
En norvégien, Jeg elsker deg
En suédois, Jag älskar dig
En polonais, Kocham chen
En russe, Ya tibia loublou
En persan, Doust tet daran
En turc, Seni seviyorum
En serbe, Vichte lepa
En chinois, Wo ai ni
En japonais, Aïshiteïmasou
En thaïlandais, Tchan lak teu
En sri lankais, Mame obete aderey
En bambara, N'bifé


__________________________



LE NOMBRIL

Nombril, je t’aime, astre du ventre,
Œil blanc dans le marbre sculpté,
Et que l’amour a mis au centre
Du sanctuaire où seul il entre,
Comme un cachet de volupté.

Théophile GAUTIER (1811-1872)

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RUPTURE

Peut-être tu t’endors en comptant les moutons
Suppliant le sommeil de te laisser rôtir
Encor, à la chaleur du temps où nous aimions
Ensemble rire.

Peut-être tu soupires en sentant ton lit vide
Tandis que le réveil comme chaque matin
Te rappelle à la vie que tu trouves insipide
Et au chagrin.

Peut-être tu enfiles un pull que j’ai porté
Et le cœur te bat vite et tu voudrais vieillir
Plutôt que jour à jour tous les jours supporter
Mon souvenir.

Peut-être tu t’amuses à soulever les jupes
Mais l’objet désiré chaque fois te déçoit
Tu espérais l’aimer mais ton corps n’est pas dupe
Ce n’est pas moi.

Peut-être tu m’en veux de n’avoir pas prévu
A quel point mon absence allait te faire souffrir
Peut-être tu me hais, mais toi pourquoi m’as-tu
Laissée partir ?

Catherine

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Il vous plaît pas mon poème de rupture ?

:pleur: :pleur: :pleur: :pleur:

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LE MAL DE VOUS

M’en voudrez-vous si je l’avoue
Mon Chéri j’ai le mal de vous
Ces jours passant et qui me laissent
Sans mot de toi qui me délaisses
Me semblent si longs que j’en crève
Et même si parfois en rêve
Je te regarde vivre enfin
C’est plus triste encor le matin
Que je m’éveille sans espoir
Oh mon amour, si notre histoire
Ne doit pas survivre à l’hiver
Ne te montre pas si sévère
Epargne-moi de regretter
Tous ces galants découragés
Pour que tu puisses être le roi
Dans ma vie ces six prochains mois.

J’ai le mal de vous mon chéri
Ecrivez-moi, je vous en prie.

Catherine

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Invité val
Magnifique Kti! Wink

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Spectaculaire !

Lorsque l'on n'aime pas les poètes, on finit aux oubliettes !!


Trompe l'Oeil

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… Comment caresser une femme,
en parcourant 21 départements français ?

Il faut d'abord s'en faire une Allier,
s'assurer qu'elle est Seine
et bien en Cher
et que Savoie vous séduit.

Lorsqu'on sent son Eure venue,
on commence par lui caresser le Haut-Rhin
puis on descend vers le Bas-Rhin.

On contourne alors l'Aisne
pour entrer dans la Creuse.

La, ça se Corse,
on trouve quelque chose de bien Doubs.

Sans perdre le Nord,
et pour gagner ce Paris,
on attend que ça Vienne
et si on ne se débrouille pas comme un Manche,
on peut entrer en Gard
et y rester jusqu'à l'Aube.

En Somme, il ne s'agit Pas-de-Calais
ni de s'endormir comme un Loire
si l'on veut devenir un Hérault…

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:bravo: :bravo: :bravo: :bravo: :bravo:

En voilà Ain qu'à tout pigé !

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MARIE A TROMPE SON MARI


Marie a trompé son mari.
Frappée, elle a découché cette nuit
S’est envoyée en l’air avec un trapéziste,
Et ce matin, Marie est triste.
Sa morale s’en mêle et ses idées s’emmêlent.
Elle est fière, n’est-il pas,
D’avoir franchi le pas,
Transgressé ses tabous
En mal d’amour et de mots doux.
L’ange de l’adultère ne manquait pas de classe
Et Marie a 30 ans
Et le temps passe…
Elle est déçue aussi,
Quoique les bras furent tendres
Et l’ébat bon à prendre.
Mais le plaisir fugace de cette presque garce
N’a pas atteint la fulgurance
De ses passions d’adolescence.
Le plastique peut-être…
Et puis le cœur n’y était pas
Et on dira ce qu’on voudra
On redira ce qu’on voudra
L’ardeur, le tact et la tendresse,
Ne suffisent pas dans la détresse.
Elle aurait bien voulu l’aimer
Ce blond tout droit tombé du ciel
Pour lui prouver qu’elle était belle
Mais Marie est fidèle,
Elle le hait cet équilibriste
Et c’est pourquoi Marie est triste.

Catherine

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Les enfants qui s'aiment

Les enfants qui s'aiment s'embrassent debout
Contre les portes de la nuit
Et les passants qui passent les désignent du doigt
Mais les enfants qui s'aiment
Ne sont là pour personne
Et c'est seulement leur ombre
Qui tremble dans la nuit
Excitant la rage des passants
Leur rage leur mépris leurs rires et leur envie
Les enfants qui s'aiment ne sont là pour personne
Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuit
Bien plus haut que le jour
Dans l'éblouissante clarté de leur premier amour.

------------------------

À toi mon amour

Je suis allé au marché aux oiseaux
Et j'ai acheté des oiseaux
Pour toi
mon amour
Je suis allé au marché aux fleurs
Et j'ai acheté des fleurs
Pour toi
mon amour
Je suis allé au marché à la ferraille
Et j'ai acheté des chaînes
De lourdes chaînes
Pour toi
mon amour
Et puis je suis allé au marché aux esclaves
Et je t'ai cherchée
Mais je ne t'ai pas trouvée
mon amour.

---------------------

Page d'écriture

Deux et deux quatre
quatre et quatre huit
huit et huit seize...
Répétez ! dit le maître
Deux et deux quatre
quatre et quatre huit
huit et huit font seize
Mais voilà l'oiseau-lyre
qui passe dans le ciel
l'enfant le voit
l'enfant l'entend
l'enfant l'appelle :
Sauve-moi
joue avec moi
oiseau !
Alors l'oiseau descend
et joue avec l'enfant
Deux et deux quatre...
Répétez ! dit le maître
et l'enfant joue
l'oiseau joue avec lui...
Quatre et quatre huit
huit et huit font seize
et seize et seize qu'est-ce qu'ils font ?
Ils ne font rien seize et seize
et surtout pas trente-deux
de toute façon
et ils s'en vont.
Et l'enfant a caché l'oiseau
dans son pupitre
et tous les enfants
entendent sa chanson
et tous les enfants
entendent la musique
et huit et huit à leur tour s'en vont
et quatre et quatre et deux et deux
à leur tour fichent le camp
et un et un ne font ni une ni deux
un à un s'en vont également.
Et l'oiseau-lyre joue
et l'enfant chante
et le professeur crie :
Quand vous aurez fini de faire le pitre !
Mais tous les autres enfants
écoutent la musique
et les murs de la classe
s'écroulent tranquilement.
Et les vitres redeviennent sable
l'encre redevient eau
les pupitres redeviennent arbres
la craie redevient falaise
le porte-plume redevient oiseau.

Jacques Prévert (1900-1977)

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DECEPTION

L’ascenseur au bruit sourd monte de marche en marche
Jusqu’à moi, ton Amour, où te conduit sa marche
Plus que quelques instants pour que sonne l’instant
Ou tu m’apparaîtras, splendide et triomphant.

A la porte de chez nous
Ca sentira le ragoût
J’aurai mis des pâquerettes
Et dressé nappe de fête.

En jupon blanc
Pour mon amant
L’air guilleret
Je t’ouvrirai.

Mais l’ascenseur sans cœur dépasse le palier
Et tu n’es pas dedans, non plus dans l’escalier
Il est déjà deux heures et j’ai l’air imbécile
Debout dans cette entrée tout à fait inutile.

A la porte de chez nous
Je regarde par le trou
Le ragoût a accroché
Et les fleurs se sont fanées.

Et cet oeil noir
Vide d’espoir
M’a vu pleurer
Comme un bébé.

Catherine

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J'ai tant rêvé de toi

J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant
Et de baiser sur cette bouche la naissance
De la voix qui m'est chère?

J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués
En étreignant ton ombre
A se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas
Au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante
Et me gouverne depuis des jours et des années,
Je deviendrais une ombre sans doute.
O balances sentimentales.

J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps
Sans doute que je m'éveille.
Je dors debout, le corps exposé
A toutes les apparences de la vie
Et de l'amour et toi, la seule
qui compte aujourd'hui pour moi,
Je pourrais moins toucher ton front
Et tes lèvres que les premières lèvres
et le premier front venu.

J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé,
Couché avec ton fantôme
Qu'il ne me reste plus peut-être,
Et pourtant, qu'a être fantôme
Parmi les fantômes et plus ombre
Cent fois que l'ombre qui se promène
Et se promènera allègrement
Sur le cadran solaire de ta vie.


Si tu savais

Loin de moi et semblable aux étoiles et à tous les accessoires de la mythologie poétique,
Loin de moi et cependant présente à ton insu,
Loin de moi et plus silencieuse encore parce que je t'imagine sans cesse,
Loin de moi, mon joli mirage et mon rêve éternel, tu ne peux pas savoir.
Si tu savais.
Loin de moi et peut-être davantage encore de m'ignorer et m'ignorer encore.
Loin de moi parce que tu ne m'aimes pas sans doute ou, ce qui revient au même, que j'en doute.
Loin de moi parce que tu ignores sciemment mes désirs passionnés
Loin de moi parce que tu es cruelle.
Si tu savais.
Loin de moi, ô joyeuse comme la fleur qui danse dans la rivière au bout de sa tige aquatique, ô triste comme sept heures du soir dans les champignonnières.
Loin de moi silencieuse encore ainsi qu'en ma présence et joyeuse encore comme l'heure en forme de cigogne qui tombe de haut.
Loin de moi à l'instant où chantent les alambics, l'instant où la mer silencieuse et bruyante se replie sur les oreillers blancs.
Si tu savais.
Loin de moi, ô mon présent tourment, loin de moi au bruit magnifique des coquilles d'huîtres qui se brisent sous le pas du noctambule, au petit jour, quand il passe devant la porte des restaurants.
Si tu savais.
Loin de moi, volontaire et matériel mirage.
Loin de moi, c'est une île qui se détourne au passage des navires.
Loin de moi un calme troupeau de boeufs se trompe de chemin, s'arrête obstinément au bord d'un profond précipice, loin de moi, ô cruelle.
Loin de moi, une étoile filante choit dans la bouteille nocturne du poète. Il met vivement le bouchon et dès lors il guette l'étoile enclose dans le verre, il guette les constellations qui naissent sur les parois, loin de moi, tu es loin de moi.
Si tu savais.
Loin de moi une maison achève d'être construite.
Un maçon en blouse blanche au sommet de l'échafaudage chante une petite chanson très triste et, soudain, dans le récipient empli de mortier apparaît le futur de la maison : les baisers des amants et les suicides à deux et la nudité dans les chambres des belles inconnues et leurs rêves- à minuit, et les secrets voluptueux surpris par les lames de parquet.
Loin de moi,
Si tu savais.
Si tu savais comme je t'aime et, bien que tu ne m'aimes pas, comme je suis joyeux, comme je suis robuste et fier de sortir avec ton image en tête, de sortir de l'univers.
Comme je suis joyeux à en mourir.
Si tu savais comme le monde m'est soumis.
Et toi, belle insoumise aussi, comme tu es ma prisonnière.
Ô toi, loin de moi, à qui je suis soumis.
Si tu savais.



If you only knew

Far from me and like the stars, the sea and all the trappings of poetic myth,
Far from me but here all the same without your knowing,
Far from me and even more silent because I imagine you endlessly.
Far from me, my lovely mirage and eternal dream, you cannot know.
If you only knew.
Far from me and even farther yet from being unaware of me and still unaware.
Far from me because you undoubtedly do not love me or, what amounts to the same thing, that I doubt you do.
Far from me because you consciously ignore my passionate desires.
Far from me because you are cruel.
If you only knew.
Far from me, joyful as a flower dancing in the river at the tip of its aquatic stem, sad as seven p.m. in a mushroom bed.
Far from me yet silent in my presence and still joyful like a stork-shaped hour falling from on high.
Far from me at the moment when the stills are singing, at the moment when the silent and loud sea curls up on its white pillows.
If you only knew.
Far from me, o my ever-present torment, far from me in the magnificent noise of oyster shells crushed by a night owl passing a restaurant at first light. If you only knew. Far from me, willed, physical mirage.
Far from me there's an island that turns aside when ships pass.
Far from me a calm herd of cattle takes the wrong path, pulls up stubbornly at the edge of a steep cliff, far from me, cruel woman.
Far from me, a shooting star falls into the poet's nightly bottle.
He corks it right away and from then on watches the star enclosed in the glass, the constellations born on its walls, far from me, you are so far from me.
If you only knew.
Far from me a house has just been built.
A bricklayer in white coveralls at the top of the scaffolding sings a very sad little song and, suddenly, in the tray full of mortar, the future of the house appears: lovers' kisses and double suicides nakedness in the bedrooms strange beautiful women
and their midnight dreams, voluptuous secrets caught in the act by the parquet floors.
Far from me, If you only knew. If you only knew how I love you and, though you do not love me, how happy I am, how strong and proud I am, with your image in my mind, to leave the universe.
How happy I am to die for it.
If you only knew how the world has yielded to me.
And you, beautiful unyielding woman, how you too are my prisoner.
O you, far-from-me, who I yield to.
If you only knew.


Robert Desnos (1900-1945) A la Mystérieuse

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Invité val
Magnifique Nerval! Y en a-t'il de toi? Terriblement prenant.

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Je veux une vie en forme d'arête

Je veux une vie en forme d'arête
Sur une assiette bleue
Je veux une vie en forme de chose
Au fond d'un machin tout seul
Je veux une vie en forme de sable dans des mains
En forme de pain vert ou de cruche
En forme de savate molle
En forme de faridondaine
De ramoneur ou de lilas
De terre pleine de cailloux
De coiffeur sauvage ou d'édredon fou
Je veux une vie en forme de toi
Et je l'ai, mais ça ne me suffit pas encore
Je ne suis jamais content

Boris Vian

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Celui-ci est déjà passé sur le tchat, mais à une heure tardive.

Je le remets pour Val :


SOS PQ

Il n’y a pas de plus grand stress :
Plus de quoi se torcher les fesses !
Là je frôle le désespoir :
Plus de papier sur le portoir !

On s’essuie donc avec les mains ?
On lèche après ? C’est pas demain !
Mais bientôt viendra le Sauveur
Je l’attends d’jà depuis une heure.

Mon fils Mathieu passe sa route
Ma fille Marie-Charlotte écoute
Mon fils Simon passe à l’action :
«Maman, du Sopalin, c’est bon ?»

Glisse trois feuilles par la fente
— Merci mon grand, je suis contente
Tu me rends-là un fier service
Quel bonheur de t’avoir pour fils !

Catherine

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TRENTE ANS


Juste une petite chose
Une petite bouée dans l’océan
Une virgule dans le roman
Une «Bonne Journée !» chez le marchand
Un bisou pour ses chenapans
Qui ne savent pas encore…
Juste un petit truc, presque rien
La blouse blanche du médecin
Le tablier tâché du boucher
Le jean’ sale du père des gamins
Juste rien.

Juste une bouche qui n’a pas de droits
Crier, hurler, pleurer
Déjà parler est difficile
Juste une larme sur sa joue
Juste un soupir de sa gorge
Juste un semblant, un faux fuyant
Juste la vie, le souffle, et elle s’en va.
Juste trente ans.

Catherine

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Lettre de George Sand à Alfred de Musset

Je suis très émue de vous dire que j'ai
bien compris l'autre soir que vous aviez
toujours une envie folle de me faire
danser. Je garde le souvenir de votre
baiser et je voudrais bien que ce soit
là une preuve que je puisse être aimée
par vous. Je suis prête à vous montrer mon
affection toute désintéressée et sans cal-
cul, et si vous voulez me voir aussi
vous dévoiler sans artifice mon âme
toute nue, venez me faire une visite.
Nous causerons en amis, franchement.
Je vous prouverai que je suis la femme
sincère, capable de vous offrir l'affection
la plus profonde comme la plus étroite
en amitié, en un mot la meilleure preuve
que vous puissiez rêver, puisque votre
âme est libre. Pensez que la solitude oú j'ha-
bite est bien longue, bien dure et souvent
difficile. Ainsi en y songeant j'ai l'âme
grosse. Accourrez donc vite et venez me la
faire oublier par l'amour où je veux me
mettre.

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Les pas

Tes pas, enfants de mon silence,
Saintement, lentement placés,
Vers le lit de ma vigilance
Procèdent muets et glacés.

Personne pure, ombre divine,
Qu'ils sont doux, tes pas retenus !
Dieux !... tous les dons que je devine
Viennent à moi sur ces pieds nus !

Si, de tes lèvres avancées,
Tu prépares pour l'apaiser,
A l'habitant de mes pensées
La nourriture d'un baiser,

Ne hâte pas cet acte tendre,
Douceur d'être et de n'être pas,
Car j'ai vécu de vous attendre,
Et mon coeur n'était que vos pas.

Paul Valéry

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JE CHERCHE


Je cherche un homme que je ne connais pas mais dont les traits me seront familiers dès le premier regard
Je voudrais lui parler de rien, tout de suite, et qu’il ait envie de m’entendre.
Je sortirai des inepties, mes yeux dedans ses yeux, et sa bouche sourira, contente.
Je voudrais le désirer, d’emblée, et en entier. M’imaginer comblée entre ses bras serrés, saoulée par son entreinte.
Je voudrais que sa voix me rassure,
Je cherche un homme, un vrai, un pur



Je cherche un homme que je ne connais pas mais qui vient trop souvent me réveiller la nuit
Je voudrais qu’il s’amuse de mes enfantillages, choisisse mon parfum et me rende jolie,
Accepte la vraie vie,
Me regarde dans les yeux quand il me déshabille,
Murmure à mes oreilles des paroles gentilles
Je voudrais que sa bite soit dure
Je cherche un homme, un vrai, un pur.


Je cherche un homme que je ne connais pas mais qui se balade tranquille dans la nature
Je voudrais le rencontrer, le respirer, le boire jusqu’à plus soif
Je voudrais jouir, et jouir, et jouir et plein d’orgasmes
L’aimer pour le plaisir, sans craindre le sida
Ne pas flipper si le présa...
L’aimer sans qu’il m’en veuille, profiter de l'aventure
Je cherche un homme, un vrai, un pur.

Catherine

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J'Y SUIS POUR RIEN


J'suis écrivain
je n'y peux rien

J'suis romancière
C'est la galère

Mon coeur me tue
Ma plume me sauve

A demi nue
Sous les alcoves

Je crache, je jouis
je sais ma prose

Incandescante
Et insultante

Mais c'est comme ça
Si tu veux pas

Tu me lis pas

Catherine

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Tableau de Gustave Courbet


_____________________

De la volupté en art

Aussi j'aime tes courtisanes,
Amant du vrai, grand Titien,
Roi des tons chauds et diaphanes,
Soleil du ciel vénitien.

Pour rendre sa beauté complète,
Laisse-moi faire, grand vieillard,
Changeant mon luth pour ta palette,
Une transposition d'art;

Et poète trempant ma phrase
Dans l'or de tes glacis ambrés,
Comme un peintre montrer sans gaze
Des trésors par l'amour ambrés.

Théophile Gautier, «Musée Secret»


______________________________


La Femme au perroquet de Gustave Courbet (1819-1877)
Date : 1866
Artiste : Jean-Désiré-Gustave Courbet
Matériaux : Peinture à l'huile sur toile
Dimensions : 129x195cm
Lieu : Metropolitan Museum of Art



Acquisition : Legs de madame H. O. Havemayer (1929)

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Oui Nerval,

C'est comme ça qu'on est belle.

Grosse ou mince, quelle est l'importance !

Du moment qu'on soit dévétue

Sous l'oeil de l'homme qui nous trouve belle.

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LE TANGO


Absent le 4, parti le 8
J’appelle et le tango
Sorti le jour, la nuit exit
Le tango joue sur son bateau.

Ailleurs demain, hier en fuite
J’insiste et le tango
Le tango me saoule et m’excite
Il dit que tu es là bientôt.

Demain, hier, l’Amour, ta bite
Et il rit le tango
Trois pas, deux coups, viens je t’invite
Viens m’enlacer sur ton bateau

Absent le 4, parti le 8
J’insiste et le tango
Trois pas, deux coups, viens je t’invite
Ton tango m’a rendue marteau

Catherine

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Éloge et pouvoir de l'absence

Je ne prétends point être là,
ni survenir à l'improviste,
ni paraître en habits et chair,
ni gouverner par le poids visible de ma personne,
ni répondre aux censeurs, de ma voix; aux rebelles,
d'un oeil implacable; aux ministres fautifs,
d'un geste qui suspendrait les têtes à mes ongles.

Je règne par l'étonnant pouvoir de l'absence.
Mes deux cent soixante-dix palais tramés entre eux
de galeries opaques s'emplissent seulement de mes traces alternées.

Et des musiques jouent en l'honneur de mon ombre;
des officiers saluent mon siège vide;
mes femmes apprécient mieux l'honneur des nuits ou je ne daigne pas.

Égal aux Génies qu'on ne peut récuser puisqu'invisibles,
-nulle arme ni poison ne saura venir ou m'atteindre.

Victor Segalen

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RACONTE-MOI PAPA


Raconte-moi papa, les petits points brillants
Tu sais, ceux que dévoile une nuit sans nuage
C’est vrai qu’il me faudrait tout un échafaudage
Pour en attraper un, même si j’étais grand ?

Les copains à l'école n’ont pas voulu savoir
Qu’une nuit, moi j’ai pu, poser mes doigts dessus
Mais dis-moi, d’après toi, se sentait-il perdu
Pour vouloir s’y blottir juste le temps d’un soir ?

Le lendemain je suis resté à la fenêtre
Au froid du firmament, tendant ma main joufflue
Un espoir insensé qui me soufflait «Peut-être…»
Et mon cœur qui battait… Mais il n’est pas venu

Pourquoi m’avoir caché qu’il faut fuir les chemins
Où les soudains bonheurs s’éparpillent en cendres
Crois-tu qu’il est normal d’éprouver du chagrin
Pour un point qui du ciel a tenté de descendre ?

Catherine

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J'aime ces doux oiseaux...

J'aime ces doux oiseaux, qui promènent dans l'air
Leur vie et leur amour, et plus prompts que l'éclair,
Qui s'envolent ensemble !
J'aime la fleur des champs, que l'on cueille au matin,
Et que le soir, au bal, on pose sur son sein
Qui d'enivrement tremble !

J'aime les tourbillons des danses, des plaisirs,
Les fêtes, la toilette, et les tendres désirs
Qui s'éveillent dans l'âme !
J'aime l'ange gardien qui dirige mes pas,
Qui me presse la main, et me donne tout bas
Pour les maux un dictame !

J'aime du triste saule, au soir muet du jour,
La tête chaude encor, pleine d'ombre et d'amour,
Qui se penche et qui pense !
J'aime la main de Dieu, laissant sur notre coeur
Tomber en souriant cette amoureuse fleur
Qu'on nomme l'espérance !

J'aime le doux orchestre, en larmes, gémissant
Qui verse sur mon âme un langoureux accent,
Une triste harmonie !
J'aime seule écouter le langage des cieux
Qui parlent à la terre, et l'emplissent de feux

De soleil et de vie.

J'aime aux bords de la mer, regardant le ciel bleu,
Qui renferme en son sein la puissance de Dieu,
M'asseoir toute pensive !
J'aime à suivre parfois en des rêves dorés
Mon âme qui va perdre en des flots azurés
Sa pensée inactive !

J'aime l'effort secret du coeur, qui doucement
S'agite, la pensée au doux tressaillement,
Que l'on sent en soi-même !
Mieux que l'arbre, l'oiseau, la fleur qui plaît aux yeux,
Le saule tout en pleurs, l'espérance des Cieux...
J'aime celui qui m'aime.


______________________________



Connaissez-vous mon Andalouse

Connaissez-vous mon Andalouse,
Plus belle que les plus beaux jours,
Folle amante, plus folle épouse,
Dans ses amours, toute jalouse,
Toute lascive en ses amours !

Vrai dieu ! de ce que j'ai dans l'âme,
Eussé-je l'enfer sous mes pas,
Car un mot d'amour de ma dame
A seul allumé cette flamme,
Mon âme ne se plaindra pas !

C'est que ma belle amante est belle,
Lorsqu'elle se mire en mes yeux !
L'étoile ne luit pas tant qu'elle,
Et quand sa douce voix m'appelle,
Je crois qu'on m'appelle des Cieux !

C'est que sa taille souple et fine
Ondule en tendre mouvement,
Et parfois de si fière mine,
Que sa tête qui me fascine
Eblouit comme un diamant !

C'est que la belle créature
Déroule les flots ondoyants
D'une si noire chevelure
Qu'on la couvre, je vous jure,
De baisers tout impatients !

C'est que son oeil sous sa paupière
Lance un rayon voluptueux,
Qui fait bouillir en mon artère,
Tout ce que Vénus de Cythère
Dans son sein attise de feux !

C'est que sur ses lèvres de rose
Le sourire de nuit, de jour
Brille comme une fleur éclose
Et quand sur mon coeur il se pose,
Il le fait palpiter d'amour !

C'est que lorsqu'elle m'abandonne
Sa blanche main pour la baiser,
Que le ciel se déchaîne et tonne,
Que m'importe, - Dieu me pardonne,
Il ne peut autant m'embraser !

C'est que sa bouche bien-aimée
Laisse tomber comme une fleur
Douce haleine parfumée,
Et que son haleine embaumée
Rendrait aux roses leur couleur !

C'est que sa profonde pensée
Vient se peindre en son beau regard,
Et que son âme est caressée,
Comme la douce fiancée
Quand l'amant vient le soir bien tard !

Allons l'amour, les chants, l'ivresse !
Il faut jouir de la beauté !
Amie ! oh que je te caresse !
Que je te rende, ô ma maîtresse,
Palpitante de volupté !

Oh ! viens ! viens toute frémissante,
Qu'importe qu'il faille mourir,
Si je te vois toute expirante
Sous mes baisers, ma belle amante,
Si nous mourons dans le plaisir !

Jules VERNE (1828-1905)

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nerval a écrit:
Lettre de George Sand à Alfred de Musset

Je suis très émue de vous dire que j'ai
bien compris l'autre soir que vous aviez
toujours une envie folle de me faire

danser. Je garde le souvenir de votre
baiser et je voudrais bien que ce soit
là une preuve que je puisse être aimée
par vous. Je suis prête à vous montrer mon
affection toute désintéressée et sans cal-
cul, et si vous voulez me voir aussi
vous dévoiler sans artifice mon âme
toute nue, venez me faire une visite.
Nous causerons en amis, franchement.
Je vous prouverai que je suis la femme
sincère, capable de vous offrir l'affection
la plus profonde comme la plus étroite
en amitié, en un mot la meilleure preuve
que vous puissiez rêver, puisque votre
âme est libre. Pensez que la solitude oú j'ha-
bite est bien longue, bien dure et souvent
difficile. Ainsi en y songeant j'ai l'âme
grosse. Accourrez donc vite et venez me la
faire oublier par l'amour où je veux me
mettre.

Celle qui vous aime"

George Sand





Lisez maintenant une phrase sur deux

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Ce que disent les hirondelles
Chanson d'automne

Déjà plus d'une feuille sèche
Parsème les gazons jaunis ;
Soir et matin, la brise est fraîche,
Hélas ! les beaux jours sont finis !

On voit s'ouvrir les fleurs que garde
Le jardin, pour dernier trésor :
Le dahlia met sa cocarde
Et le souci sa toque d'or.

La pluie au bassin fait des bulles ;
Les hirondelles sur le toit
Tiennent des conciliabules :
Voici l'hiver, voici le froid !

Elles s'assemblent par centaines,
Se concertant pour le départ.
L'une dit : " Oh ! que dans Athènes
Il fait bon sur le vieux rempart !

" Tous les ans j'y vais et je niche
Aux métopes du Parthénon.
Mon nid bouche dans la corniche
Le trou d'un boulet de canon. "

L'autre : " J'ai ma petite chambre
A Smyrne, au plafond d'un café.
Les Hadjis comptent leurs grains d'ambre
Sur le seuil d'un rayon chauffé.

" J'entre et je sors, accoutumée
Aux blondes vapeurs des chibouchs,
Et parmi les flots de fumée,
Je rase turbans et tarbouchs. "

Celle-ci : " J'habite un triglyphe
Au fronton d'un temple, à Balbeck.
Je m'y suspends avec ma griffe
Sur mes petits au large bec. "

Celle-là : " Voici mon adresse :
Rhodes, palais des chevaliers ;
Chaque hiver, ma tente s'y dresse
Au chapiteau des noirs piliers. "

La cinquième : " Je ferai halte,
Car l'âge m'alourdit un peu,
Aux blanches terrasses de Malte,
Entre l'eau bleue et le ciel bleu. "

La sixième : " Qu'on est à l'aise
Au Caire, en haut des minarets !
J'empâte un ornement de glaise,
Et mes quartiers d'hiver sont prêts. "

" A la seconde cataracte,
Fait la dernière, j'ai mon nid ;
J'en ai noté la place exacte,
Dans le pschent d'un roi de granit. "

Toutes : " Demain combien de lieues
Auront filé sous notre essaim,
Plaines brunes, pics blancs, mers bleues
Brodant d'écume leur bassin ! "

Avec cris et battements d'ailes,
Sur la moulure aux bords étroits,
Ainsi jasent les hirondelles,
Voyant venir la rouille aux bois.

Je comprends tout ce qu'elles disent,
Car le poète est un oiseau ;
Mais, captif ses élans se brisent
Contre un invisible réseau !

Des ailes ! des ailes ! des ailes !
Comme dans le chant de Ruckert,
Pour voler, là-bas avec elles
Au soleil d'or, au printemps vert !


Théophile GAUTIER (1811-1872)
(Recueil : Emaux et camées)

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Invité val
La lettre de Georges Sand :rire: :rire: :rire:

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Le voilà Nerval :


LORSQUE L’AMOUR S’EN VA



Mon Amour m’a laissée dormir dans d’autres draps
Et je n’ai pas pleuré car il ne voulait pas
Pourtant j’avais envie de rêver dans ses bras
Mais pourquoi se meurtrir lorsque l’amour s’en va.

Mon Amour m’a laissée partir vers d’autres lieux
Et je m’en suis allée sans même dire adieu
Pourtant j’avais envie de courir dans ses bras
Mais pourquoi revenir lorsque l’amour s’en va.

Mon Amour m’a laissée vivre d’autres émois
Et moi, j’ai obéi pour qu’il soit fier de moi
Pourtant j’avais envie du calme de ses bras
Mais pourquoi supplier lorsque l’amour s’en va.

Mon Amour m’a laissée crever du mal de lui
Et je me suis éteinte une nuit sans un bruit
Car d’autres amoureux je n’avais pas envie
Pourquoi se souvenir quand l’Amour est parti.

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LE COUREUR


Tu m’as dit tout à l’heure
Qu’un soudain repentir
Te remuait le cœur
A en vomir
Et j’ai cru tout à l’heure
Entendre à tes soupirs
Que ton premier malheur
C’était mentir
Mentir à toutes celles
Pour qui ton cœur chavire
Et que tu trouves belles
A en mourir
Et mentir à ta femme
Lorsque tu rentres à l’heure
Tout brûlant de la flamme
De leur ardeur
Mais pourquoi t’en vouloir
D’accepter les baisers
Des filles de couloir
Enamourées ?
Et pourquoi t’en vouloir
D’être ainsi adoré
Pourquoi te décevoir
D’aimer aimer ?


Catherine

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Réponse d'Alfred De Musset à George Sand :


Quand je mets à vos pieds un éternel hommage,
Voulez-vous qu'un instant je change de visage ?
Vous avez capturé les sentiments d'un coeur
Que pour vous adorer forma le créateur.
Je vous chéris, amour, et ma plume en délire
Couche sur le papier ce que je n'ose dire.
Avec soin de mes vers lisez les premiers mots,
Vous saurez quel remède apporter à mes maux.


Alfred de Musset


Réponse de George Sand à Alfred de Musset :


Cette insigne faveur que votre coeur réclame
Nuit à ma renommée et répugne à mon âme.


George Sand


Réfléchissez hi hi

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Il faut lire le premier mot de chaque vers successivement.
La réponse de Sand obéit aussi à ce second code.

Quelle ingéniosité entre ses deux amants !

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Je ne vous ferai pas languir (trois jours) comme Nerval.

je ne suis pas joueuse, moi !

La réponse, la voilà :

«Quand je mets à vos pieds un éternel hommage,
Voulez-vous qu'un instant je change de visage ?
Vous avez capturé les sentiments d'un coeur
Que pour vous adorer forma le créateur.
Je vous chéris, amour, et ma plume en délire
Couche sur le papier ce que je n'ose dire.
Avec soin de mes vers lisez les premiers mots,
Vous saurez quel remède apporter à mes maux.»

Alfred de Musset


Faut prendre le premier mot de chaque vers

«Cette insigne faveur que votre coeur réclame
Nuit à ma renommée et répugne à mon âme.»


George Sand


Idem

Dire qu'Il s'appelait Alfred !!!!
Et Elle George !!!

Faut pas se fier aux apparences...........

Bonne nuit à tous.

 

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J'y ai répondu deux minutes avant toi, donc je ne languis pas Mr.Red
Je connais cette invitation codée.

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