kti 0 Posté(e) le 3 décembre 2005 LA MARIEE L’amour sourit, l’Amour abîme L’amour est un montage russe D’un côté rouge et l’autre prusse Subtil est celui qui sublime. La voix console un coup donné L’Amour oublie et évapore L’important reste le remord Jusqu’à quand peut-on pardonner ? Les mains caresse les blessures Les baisers calment la terreur «Ma chérie, de quoi as-tu peur ?» L’Amour canaille presque sûr Qu’il n’y aura pas de séquelles Les enfants dorment à côté, Les voisins l’année ont fêté Et la mariée restera belle. Mais l’Amour est allé trop loin A tout jamais ne reviendra A chaque instant se souviendra Subtil est celui qui parvient A oublier. (écrit le surlendemain du drame, le 2 janvier 1992) Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
luciole1 0 Posté(e) le 4 décembre 2005 Spleen Les roses étaient toutes rouges Et les lierres étaient tout noirs. Chère, pour peu que tu ne bouges, Renaissent tous mes désespoirs. Le ciel était trop bleu, trop tendre, La mer trop verte et l'air trop doux. Je crains toujours, - ce qu'est d'attendre ! Quelque fuite atroce de vous. Du houx à la feuille vernie Et du luisant buis je suis las, Et de la campagne infinie Et de tout, fors de vous, hélas ! A Charles Baudelaire Je ne t'ai pas connu, je ne t'ai pas aimé, Je ne te connais point et je t'aime encor moins : Je me chargerais mal de ton nom diffamé, Et si j'ai quelque droit d'être entre tes témoins, C'est que, d'abord, et c'est qu'ailleurs, vers les Pieds joints D'abord par les clous froids, puis par l'élan pâmé Des femmes de péché - desquelles ô tant oints, Tant baisés, chrême fol et baiser affamé ! - Tu tombas, tu prias, comme moi, comme toutes Les âmes que la faim et la soif sur les routes Poussaient belles d'espoir au Calvaire touché ! - Calvaire juste et vrai, Calvaire où, donc, ces doutes, Ci, çà, grimaces, art, pleurent de leurs déroutes. Hein ? mourir simplement, nous, hommes de péché. Paul VERLAINE (1844-1896) ________________________________ IDYLLE HIGH-LIFE La galopine A pleine main Branle la pine Au beau gamin. L’heureux potache Décalotté Jouit et crache De tout côté. L’enfant rieuse A voir ce lait Et curieuse De ce qu’il est, Hume une goutte Au bord du pix, Puis dame ! en route, Ma foi , tant pis ! Pourlèche et baise Le joli bout, Plus ne biaise Pompe le tout ! Petit vicomte De je-ne-sais, Point ne raconte Trop ce succès, --- Fleur d’élégances, Oaristys De tes vacances Quatre-vingt-dix : Ces algarades Dans les châteaux, Tes camarades, Même lourdeaux, Pourraient sans peine T’en raconter A la douzaine Sans inventer ; Et les cousines, Anges déchus, De ses cuisines Et de ces jus Sont coutumières, Pauvre trognons, Dès leurs premières Communions ; Ce, jeunes frères, En attendant Leurs adultères Vous impendant. Paul VERLAINE (extrait de "FEMMES" puis de "HOMBRES")~ 1890 et 1891 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Invité val Posté(e) le 4 décembre 2005 Madrigal Triste Charles Baudelaire Que m'importe que tu sois sage! Sois belle! et sois triste! Les pleurs Ajoutent un charme au visage; L'orage rajeunit les fleurs. Je t'aime surtout quand la joie S'enfuit de ton front terrassé; Quand ton coeur dans l'horreur se noie; Quand sur ton présent se déploie Le nuage affreux du passé. Je t'aime quand ton grand oeil verse Une eau chaude comme le sang; Quand malgré ma main qui te berce, Ton angoisse, trop lourde, perce Comme un râle d'agonisant. J'aspire, volupté divine! Hymne profond, délicieux! Tous les sanglots de ta poitrine, Et crois que ton coeur s'illumine Des perles que versent tes yeux! .... Je sais que ton coeur, qui regorge De vieux amours déracinés, Flamboie encor comme une forge, Et que tu couves sous ta gorge Un peu de l'orgueil des damnés; Mans tant, ma chère, que tes rêves N'auront pas reflété l'Enfer, Et qu'en un cauchemar sans trêves, Songeant de poisons et de glaives, Eprise de poudre et de fer, N'ouvrant à chacun qu'avec crainte, Déchiffrant le malheur partout, Te convulsant quand l'heure tinte, Tu n'auras pas senti l'étreinte De l'irrésistible Dégoût, Tu ne pourras, esclave reine Qui ne m'aimes qu'avec effroi, Dans l'horreur de la nuit malsaine, Me dire, l'âme de cris pleine: "Je suis ton égale, ô mon Roi!"[/b] Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
kti 0 Posté(e) le 4 décembre 2005 SI TU L'AVAIS VOULU Une nuit, cette nuit, si tu l’avais voulu J’aurais garé ma mobylette dans ta rue Et doucement monté l’escalier de service Pour surprendre tes rêves, et tu aurais ouvert Ta porte à ma folie, et je t’aurais offert Mon corps nu sous ma jupe et le feu de mes cuisses. Je t’aurais apporté, mêlé à mes cheveux Le parfum capiteux des amours improvistes Sans un mot, sans un bruit, j’aurais voulu que glisse Ta main sous ma chemise et au fond de tes yeux J’aurais voulu voir naître un désir impérieux. Puis tu aurais posé mon corps sur notre lit Et malgré l’impatience de tes doigts agiles Tu l’aurais lentement dévêtu.... Docile, J’aurais fermé les yeux de me sentir ainsi Toute entière exposée aux feux de ton regard. Et ton souffle s’affole et ta langue s’égare Au fin fond de ma bouche et l’eau que tu me donnes Liquéfie mes soupirs, tandis que tes doigts fouillent Mon sexe humide et chaud qui jouit et s’abandonne Et la fièvre qui monte attise ton ardeur Tes gestes sont plus fous, et je hurle et je pleure Alors que tu deviens le maître de chacun Des mystères du ventre que tu prends enfin. Catherine Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Invité val Posté(e) le 4 décembre 2005 Ouch! Quelle passion, quel feu! J'en ai le souffle coupé. Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
kti 0 Posté(e) le 4 décembre 2005 J'avoue, ma Val, que je me suis fendue pour la mobylette !!!! Vu que je sors en combinaison ignifugée avec trois casques sur la tête et deux pitt bulls, l'un devant, l'autre derrière... Et uniquement quand le soleil décline... Et qu'il fait plus de dix degrés dehors... On peut dire que là oui, j'me suis surprise ! Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
luciole1 0 Posté(e) le 4 décembre 2005 «Je t'aime» en : Anglais, I love you En Allemand, Ich liebe diche En Italien, Ti amo En Espagnol, Te quiero En portugais, Eu amo-te ou Amo-te En catalan, T'estim molt En basque, Nere Maitea En grec, S'agapo En breton, Karout a ran ac'hanout En créole, En ka emé ou En latin, Amo te En gitan, Camav tu En hébreu, Ani ohev otakh En néerlandais, Ik hou van jou En flamand, Ik hou van jou En danois, Jeg elsker dig En finnois, Mina ragastan sinoa En norvégien, Jeg elsker deg En suédois, Jag älskar dig En polonais, Kocham chen En russe, Ya tibia loublou En persan, Doust tet daran En turc, Seni seviyorum En serbe, Vichte lepa En chinois, Wo ai ni En japonais, Aïshiteïmasou En thaïlandais, Tchan lak teu En sri lankais, Mame obete aderey En bambara, N'bifé __________________________ LE NOMBRIL Nombril, je t’aime, astre du ventre, Œil blanc dans le marbre sculpté, Et que l’amour a mis au centre Du sanctuaire où seul il entre, Comme un cachet de volupté. Théophile GAUTIER (1811-1872) Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
kti 0 Posté(e) le 6 décembre 2005 RUPTURE Peut-être tu t’endors en comptant les moutons Suppliant le sommeil de te laisser rôtir Encor, à la chaleur du temps où nous aimions Ensemble rire. Peut-être tu soupires en sentant ton lit vide Tandis que le réveil comme chaque matin Te rappelle à la vie que tu trouves insipide Et au chagrin. Peut-être tu enfiles un pull que j’ai porté Et le cœur te bat vite et tu voudrais vieillir Plutôt que jour à jour tous les jours supporter Mon souvenir. Peut-être tu t’amuses à soulever les jupes Mais l’objet désiré chaque fois te déçoit Tu espérais l’aimer mais ton corps n’est pas dupe Ce n’est pas moi. Peut-être tu m’en veux de n’avoir pas prévu A quel point mon absence allait te faire souffrir Peut-être tu me hais, mais toi pourquoi m’as-tu Laissée partir ? Catherine Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
kti 0 Posté(e) le 6 décembre 2005 Il vous plaît pas mon poème de rupture ? :pleur: :pleur: :pleur: :pleur: Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
luciole1 0 Posté(e) le 6 décembre 2005 Bien sûr, qu'il nous plait et tu es la meilleure Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
kti 0 Posté(e) le 8 décembre 2005 LE MAL DE VOUS M’en voudrez-vous si je l’avoue Mon Chéri j’ai le mal de vous Ces jours passant et qui me laissent Sans mot de toi qui me délaisses Me semblent si longs que j’en crève Et même si parfois en rêve Je te regarde vivre enfin C’est plus triste encor le matin Que je m’éveille sans espoir Oh mon amour, si notre histoire Ne doit pas survivre à l’hiver Ne te montre pas si sévère Epargne-moi de regretter Tous ces galants découragés Pour que tu puisses être le roi Dans ma vie ces six prochains mois. J’ai le mal de vous mon chéri Ecrivez-moi, je vous en prie. Catherine Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Invité val Posté(e) le 8 décembre 2005 Magnifique Kti! Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
luciole1 0 Posté(e) le 9 décembre 2005 Spectaculaire ! Lorsque l'on n'aime pas les poètes, on finit aux oubliettes !! Trompe l'Oeil Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
luciole1 0 Posté(e) le 9 décembre 2005 … Comment caresser une femme, en parcourant 21 départements français ? Il faut d'abord s'en faire une Allier, s'assurer qu'elle est Seine et bien en Cher et que Savoie vous séduit. Lorsqu'on sent son Eure venue, on commence par lui caresser le Haut-Rhin puis on descend vers le Bas-Rhin. On contourne alors l'Aisne pour entrer dans la Creuse. La, ça se Corse, on trouve quelque chose de bien Doubs. Sans perdre le Nord, et pour gagner ce Paris, on attend que ça Vienne et si on ne se débrouille pas comme un Manche, on peut entrer en Gard et y rester jusqu'à l'Aube. En Somme, il ne s'agit Pas-de-Calais ni de s'endormir comme un Loire si l'on veut devenir un Hérault… Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Invité val Posté(e) le 9 décembre 2005 Excellent! Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
kti 0 Posté(e) le 9 décembre 2005 :bravo: :bravo: :bravo: :bravo: :bravo: En voilà Ain qu'à tout pigé ! Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
kti 0 Posté(e) le 9 décembre 2005 MARIE A TROMPE SON MARI Marie a trompé son mari. Frappée, elle a découché cette nuit S’est envoyée en l’air avec un trapéziste, Et ce matin, Marie est triste. Sa morale s’en mêle et ses idées s’emmêlent. Elle est fière, n’est-il pas, D’avoir franchi le pas, Transgressé ses tabous En mal d’amour et de mots doux. L’ange de l’adultère ne manquait pas de classe Et Marie a 30 ans Et le temps passe… Elle est déçue aussi, Quoique les bras furent tendres Et l’ébat bon à prendre. Mais le plaisir fugace de cette presque garce N’a pas atteint la fulgurance De ses passions d’adolescence. Le plastique peut-être… Et puis le cœur n’y était pas Et on dira ce qu’on voudra On redira ce qu’on voudra L’ardeur, le tact et la tendresse, Ne suffisent pas dans la détresse. Elle aurait bien voulu l’aimer Ce blond tout droit tombé du ciel Pour lui prouver qu’elle était belle Mais Marie est fidèle, Elle le hait cet équilibriste Et c’est pourquoi Marie est triste. Catherine Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
luciole1 0 Posté(e) le 9 décembre 2005 Les enfants qui s'aiment Les enfants qui s'aiment s'embrassent debout Contre les portes de la nuit Et les passants qui passent les désignent du doigt Mais les enfants qui s'aiment Ne sont là pour personne Et c'est seulement leur ombre Qui tremble dans la nuit Excitant la rage des passants Leur rage leur mépris leurs rires et leur envie Les enfants qui s'aiment ne sont là pour personne Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuit Bien plus haut que le jour Dans l'éblouissante clarté de leur premier amour. ------------------------ À toi mon amour Je suis allé au marché aux oiseaux Et j'ai acheté des oiseaux Pour toi mon amour Je suis allé au marché aux fleurs Et j'ai acheté des fleurs Pour toi mon amour Je suis allé au marché à la ferraille Et j'ai acheté des chaînes De lourdes chaînes Pour toi mon amour Et puis je suis allé au marché aux esclaves Et je t'ai cherchée Mais je ne t'ai pas trouvée mon amour. --------------------- Page d'écriture Deux et deux quatre quatre et quatre huit huit et huit seize... Répétez ! dit le maître Deux et deux quatre quatre et quatre huit huit et huit font seize Mais voilà l'oiseau-lyre qui passe dans le ciel l'enfant le voit l'enfant l'entend l'enfant l'appelle : Sauve-moi joue avec moi oiseau ! Alors l'oiseau descend et joue avec l'enfant Deux et deux quatre... Répétez ! dit le maître et l'enfant joue l'oiseau joue avec lui... Quatre et quatre huit huit et huit font seize et seize et seize qu'est-ce qu'ils font ? Ils ne font rien seize et seize et surtout pas trente-deux de toute façon et ils s'en vont. Et l'enfant a caché l'oiseau dans son pupitre et tous les enfants entendent sa chanson et tous les enfants entendent la musique et huit et huit à leur tour s'en vont et quatre et quatre et deux et deux à leur tour fichent le camp et un et un ne font ni une ni deux un à un s'en vont également. Et l'oiseau-lyre joue et l'enfant chante et le professeur crie : Quand vous aurez fini de faire le pitre ! Mais tous les autres enfants écoutent la musique et les murs de la classe s'écroulent tranquilement. Et les vitres redeviennent sable l'encre redevient eau les pupitres redeviennent arbres la craie redevient falaise le porte-plume redevient oiseau. Jacques Prévert (1900-1977) Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
kti 0 Posté(e) le 10 décembre 2005 Ouf ! C'est BEAU ! Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
kti 0 Posté(e) le 10 décembre 2005 DECEPTION L’ascenseur au bruit sourd monte de marche en marche Jusqu’à moi, ton Amour, où te conduit sa marche Plus que quelques instants pour que sonne l’instant Ou tu m’apparaîtras, splendide et triomphant. A la porte de chez nous Ca sentira le ragoût J’aurai mis des pâquerettes Et dressé nappe de fête. En jupon blanc Pour mon amant L’air guilleret Je t’ouvrirai. Mais l’ascenseur sans cœur dépasse le palier Et tu n’es pas dedans, non plus dans l’escalier Il est déjà deux heures et j’ai l’air imbécile Debout dans cette entrée tout à fait inutile. A la porte de chez nous Je regarde par le trou Le ragoût a accroché Et les fleurs se sont fanées. Et cet oeil noir Vide d’espoir M’a vu pleurer Comme un bébé. Catherine Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
luciole1 0 Posté(e) le 10 décembre 2005 J'ai tant rêvé de toi J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité. Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant Et de baiser sur cette bouche la naissance De la voix qui m'est chère? J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués En étreignant ton ombre A se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas Au contour de ton corps, peut-être. Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante Et me gouverne depuis des jours et des années, Je deviendrais une ombre sans doute. O balances sentimentales. J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps Sans doute que je m'éveille. Je dors debout, le corps exposé A toutes les apparences de la vie Et de l'amour et toi, la seule qui compte aujourd'hui pour moi, Je pourrais moins toucher ton front Et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venu. J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, Couché avec ton fantôme Qu'il ne me reste plus peut-être, Et pourtant, qu'a être fantôme Parmi les fantômes et plus ombre Cent fois que l'ombre qui se promène Et se promènera allègrement Sur le cadran solaire de ta vie. Si tu savais Loin de moi et semblable aux étoiles et à tous les accessoires de la mythologie poétique, Loin de moi et cependant présente à ton insu, Loin de moi et plus silencieuse encore parce que je t'imagine sans cesse, Loin de moi, mon joli mirage et mon rêve éternel, tu ne peux pas savoir. Si tu savais. Loin de moi et peut-être davantage encore de m'ignorer et m'ignorer encore. Loin de moi parce que tu ne m'aimes pas sans doute ou, ce qui revient au même, que j'en doute. Loin de moi parce que tu ignores sciemment mes désirs passionnés Loin de moi parce que tu es cruelle. Si tu savais. Loin de moi, ô joyeuse comme la fleur qui danse dans la rivière au bout de sa tige aquatique, ô triste comme sept heures du soir dans les champignonnières. Loin de moi silencieuse encore ainsi qu'en ma présence et joyeuse encore comme l'heure en forme de cigogne qui tombe de haut. Loin de moi à l'instant où chantent les alambics, l'instant où la mer silencieuse et bruyante se replie sur les oreillers blancs. Si tu savais. Loin de moi, ô mon présent tourment, loin de moi au bruit magnifique des coquilles d'huîtres qui se brisent sous le pas du noctambule, au petit jour, quand il passe devant la porte des restaurants. Si tu savais. Loin de moi, volontaire et matériel mirage. Loin de moi, c'est une île qui se détourne au passage des navires. Loin de moi un calme troupeau de boeufs se trompe de chemin, s'arrête obstinément au bord d'un profond précipice, loin de moi, ô cruelle. Loin de moi, une étoile filante choit dans la bouteille nocturne du poète. Il met vivement le bouchon et dès lors il guette l'étoile enclose dans le verre, il guette les constellations qui naissent sur les parois, loin de moi, tu es loin de moi. Si tu savais. Loin de moi une maison achève d'être construite. Un maçon en blouse blanche au sommet de l'échafaudage chante une petite chanson très triste et, soudain, dans le récipient empli de mortier apparaît le futur de la maison : les baisers des amants et les suicides à deux et la nudité dans les chambres des belles inconnues et leurs rêves- à minuit, et les secrets voluptueux surpris par les lames de parquet. Loin de moi, Si tu savais. Si tu savais comme je t'aime et, bien que tu ne m'aimes pas, comme je suis joyeux, comme je suis robuste et fier de sortir avec ton image en tête, de sortir de l'univers. Comme je suis joyeux à en mourir. Si tu savais comme le monde m'est soumis. Et toi, belle insoumise aussi, comme tu es ma prisonnière. Ô toi, loin de moi, à qui je suis soumis. Si tu savais. If you only knew Far from me and like the stars, the sea and all the trappings of poetic myth, Far from me but here all the same without your knowing, Far from me and even more silent because I imagine you endlessly. Far from me, my lovely mirage and eternal dream, you cannot know. If you only knew. Far from me and even farther yet from being unaware of me and still unaware. Far from me because you undoubtedly do not love me or, what amounts to the same thing, that I doubt you do. Far from me because you consciously ignore my passionate desires. Far from me because you are cruel. If you only knew. Far from me, joyful as a flower dancing in the river at the tip of its aquatic stem, sad as seven p.m. in a mushroom bed. Far from me yet silent in my presence and still joyful like a stork-shaped hour falling from on high. Far from me at the moment when the stills are singing, at the moment when the silent and loud sea curls up on its white pillows. If you only knew. Far from me, o my ever-present torment, far from me in the magnificent noise of oyster shells crushed by a night owl passing a restaurant at first light. If you only knew. Far from me, willed, physical mirage. Far from me there's an island that turns aside when ships pass. Far from me a calm herd of cattle takes the wrong path, pulls up stubbornly at the edge of a steep cliff, far from me, cruel woman. Far from me, a shooting star falls into the poet's nightly bottle. He corks it right away and from then on watches the star enclosed in the glass, the constellations born on its walls, far from me, you are so far from me. If you only knew. Far from me a house has just been built. A bricklayer in white coveralls at the top of the scaffolding sings a very sad little song and, suddenly, in the tray full of mortar, the future of the house appears: lovers' kisses and double suicides nakedness in the bedrooms strange beautiful women and their midnight dreams, voluptuous secrets caught in the act by the parquet floors. Far from me, If you only knew. If you only knew how I love you and, though you do not love me, how happy I am, how strong and proud I am, with your image in my mind, to leave the universe. How happy I am to die for it. If you only knew how the world has yielded to me. And you, beautiful unyielding woman, how you too are my prisoner. O you, far-from-me, who I yield to. If you only knew. Robert Desnos (1900-1945) A la Mystérieuse Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Invité val Posté(e) le 10 décembre 2005 Magnifique Nerval! Y en a-t'il de toi? Terriblement prenant. Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
luciole1 0 Posté(e) le 11 décembre 2005 Page 2, regarde ma Val... mais Kti est plus douée que moi !!! Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
luciole1 0 Posté(e) le 11 décembre 2005 Je veux une vie en forme d'arête Je veux une vie en forme d'arête Sur une assiette bleue Je veux une vie en forme de chose Au fond d'un machin tout seul Je veux une vie en forme de sable dans des mains En forme de pain vert ou de cruche En forme de savate molle En forme de faridondaine De ramoneur ou de lilas De terre pleine de cailloux De coiffeur sauvage ou d'édredon fou Je veux une vie en forme de toi Et je l'ai, mais ça ne me suffit pas encore Je ne suis jamais content Boris Vian Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
kti 0 Posté(e) le 11 décembre 2005 Celui-ci est déjà passé sur le tchat, mais à une heure tardive. Je le remets pour Val : SOS PQ Il n’y a pas de plus grand stress : Plus de quoi se torcher les fesses ! Là je frôle le désespoir : Plus de papier sur le portoir ! On s’essuie donc avec les mains ? On lèche après ? C’est pas demain ! Mais bientôt viendra le Sauveur Je l’attends d’jà depuis une heure. Mon fils Mathieu passe sa route Ma fille Marie-Charlotte écoute Mon fils Simon passe à l’action : «Maman, du Sopalin, c’est bon ?» Glisse trois feuilles par la fente — Merci mon grand, je suis contente Tu me rends-là un fier service Quel bonheur de t’avoir pour fils ! Catherine Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
kti 0 Posté(e) le 11 décembre 2005 TRENTE ANS Juste une petite chose Une petite bouée dans l’océan Une virgule dans le roman Une «Bonne Journée !» chez le marchand Un bisou pour ses chenapans Qui ne savent pas encore… Juste un petit truc, presque rien La blouse blanche du médecin Le tablier tâché du boucher Le jean’ sale du père des gamins Juste rien. Juste une bouche qui n’a pas de droits Crier, hurler, pleurer Déjà parler est difficile Juste une larme sur sa joue Juste un soupir de sa gorge Juste un semblant, un faux fuyant Juste la vie, le souffle, et elle s’en va. Juste trente ans. Catherine Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
luciole1 0 Posté(e) le 11 décembre 2005 Lettre de George Sand à Alfred de Musset Je suis très émue de vous dire que j'ai bien compris l'autre soir que vous aviez toujours une envie folle de me faire danser. Je garde le souvenir de votre baiser et je voudrais bien que ce soit là une preuve que je puisse être aimée par vous. Je suis prête à vous montrer mon affection toute désintéressée et sans cal- cul, et si vous voulez me voir aussi vous dévoiler sans artifice mon âme toute nue, venez me faire une visite. Nous causerons en amis, franchement. Je vous prouverai que je suis la femme sincère, capable de vous offrir l'affection la plus profonde comme la plus étroite en amitié, en un mot la meilleure preuve que vous puissiez rêver, puisque votre âme est libre. Pensez que la solitude oú j'ha- bite est bien longue, bien dure et souvent difficile. Ainsi en y songeant j'ai l'âme grosse. Accourrez donc vite et venez me la faire oublier par l'amour où je veux me mettre. Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
kti 0 Posté(e) le 11 décembre 2005 Je suis très émue aussi Nerval Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
luciole1 0 Posté(e) le 11 décembre 2005 Les pas Tes pas, enfants de mon silence, Saintement, lentement placés, Vers le lit de ma vigilance Procèdent muets et glacés. Personne pure, ombre divine, Qu'ils sont doux, tes pas retenus ! Dieux !... tous les dons que je devine Viennent à moi sur ces pieds nus ! Si, de tes lèvres avancées, Tu prépares pour l'apaiser, A l'habitant de mes pensées La nourriture d'un baiser, Ne hâte pas cet acte tendre, Douceur d'être et de n'être pas, Car j'ai vécu de vous attendre, Et mon coeur n'était que vos pas. Paul Valéry Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
kti 0 Posté(e) le 11 décembre 2005 JE CHERCHE Je cherche un homme que je ne connais pas mais dont les traits me seront familiers dès le premier regard Je voudrais lui parler de rien, tout de suite, et qu’il ait envie de m’entendre. Je sortirai des inepties, mes yeux dedans ses yeux, et sa bouche sourira, contente. Je voudrais le désirer, d’emblée, et en entier. M’imaginer comblée entre ses bras serrés, saoulée par son entreinte. Je voudrais que sa voix me rassure, Je cherche un homme, un vrai, un pur Je cherche un homme que je ne connais pas mais qui vient trop souvent me réveiller la nuit Je voudrais qu’il s’amuse de mes enfantillages, choisisse mon parfum et me rende jolie, Accepte la vraie vie, Me regarde dans les yeux quand il me déshabille, Murmure à mes oreilles des paroles gentilles Je voudrais que sa bite soit dure Je cherche un homme, un vrai, un pur. Je cherche un homme que je ne connais pas mais qui se balade tranquille dans la nature Je voudrais le rencontrer, le respirer, le boire jusqu’à plus soif Je voudrais jouir, et jouir, et jouir et plein d’orgasmes L’aimer pour le plaisir, sans craindre le sida Ne pas flipper si le présa... L’aimer sans qu’il m’en veuille, profiter de l'aventure Je cherche un homme, un vrai, un pur. Catherine Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
kti 0 Posté(e) le 11 décembre 2005 J'Y SUIS POUR RIEN J'suis écrivain je n'y peux rien J'suis romancière C'est la galère Mon coeur me tue Ma plume me sauve A demi nue Sous les alcoves Je crache, je jouis je sais ma prose Incandescante Et insultante Mais c'est comme ça Si tu veux pas Tu me lis pas Catherine Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
luciole1 0 Posté(e) le 11 décembre 2005 Tableau de Gustave Courbet _____________________ De la volupté en art Aussi j'aime tes courtisanes, Amant du vrai, grand Titien, Roi des tons chauds et diaphanes, Soleil du ciel vénitien. Pour rendre sa beauté complète, Laisse-moi faire, grand vieillard, Changeant mon luth pour ta palette, Une transposition d'art; Et poète trempant ma phrase Dans l'or de tes glacis ambrés, Comme un peintre montrer sans gaze Des trésors par l'amour ambrés. Théophile Gautier, «Musée Secret» ______________________________ La Femme au perroquet de Gustave Courbet (1819-1877) Date : 1866 Artiste : Jean-Désiré-Gustave Courbet Matériaux : Peinture à l'huile sur toile Dimensions : 129x195cm Lieu : Metropolitan Museum of Art Acquisition : Legs de madame H. O. Havemayer (1929) Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
kti 0 Posté(e) le 11 décembre 2005 Oui Nerval, C'est comme ça qu'on est belle. Grosse ou mince, quelle est l'importance ! Du moment qu'on soit dévétue Sous l'oeil de l'homme qui nous trouve belle. Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Invité val Posté(e) le 11 décembre 2005 S.O.S PQ Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
kti 0 Posté(e) le 11 décembre 2005 LE TANGO Absent le 4, parti le 8 J’appelle et le tango Sorti le jour, la nuit exit Le tango joue sur son bateau. Ailleurs demain, hier en fuite J’insiste et le tango Le tango me saoule et m’excite Il dit que tu es là bientôt. Demain, hier, l’Amour, ta bite Et il rit le tango Trois pas, deux coups, viens je t’invite Viens m’enlacer sur ton bateau Absent le 4, parti le 8 J’insiste et le tango Trois pas, deux coups, viens je t’invite Ton tango m’a rendue marteau Catherine Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
luciole1 0 Posté(e) le 12 décembre 2005 Éloge et pouvoir de l'absence Je ne prétends point être là, ni survenir à l'improviste, ni paraître en habits et chair, ni gouverner par le poids visible de ma personne, ni répondre aux censeurs, de ma voix; aux rebelles, d'un oeil implacable; aux ministres fautifs, d'un geste qui suspendrait les têtes à mes ongles. Je règne par l'étonnant pouvoir de l'absence. Mes deux cent soixante-dix palais tramés entre eux de galeries opaques s'emplissent seulement de mes traces alternées. Et des musiques jouent en l'honneur de mon ombre; des officiers saluent mon siège vide; mes femmes apprécient mieux l'honneur des nuits ou je ne daigne pas. Égal aux Génies qu'on ne peut récuser puisqu'invisibles, -nulle arme ni poison ne saura venir ou m'atteindre. Victor Segalen Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
kti 0 Posté(e) le 12 décembre 2005 RACONTE-MOI PAPA Raconte-moi papa, les petits points brillants Tu sais, ceux que dévoile une nuit sans nuage C’est vrai qu’il me faudrait tout un échafaudage Pour en attraper un, même si j’étais grand ? Les copains à l'école n’ont pas voulu savoir Qu’une nuit, moi j’ai pu, poser mes doigts dessus Mais dis-moi, d’après toi, se sentait-il perdu Pour vouloir s’y blottir juste le temps d’un soir ? Le lendemain je suis resté à la fenêtre Au froid du firmament, tendant ma main joufflue Un espoir insensé qui me soufflait «Peut-être…» Et mon cœur qui battait… Mais il n’est pas venu Pourquoi m’avoir caché qu’il faut fuir les chemins Où les soudains bonheurs s’éparpillent en cendres Crois-tu qu’il est normal d’éprouver du chagrin Pour un point qui du ciel a tenté de descendre ? Catherine Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
luciole1 0 Posté(e) le 15 décembre 2005 J'aime ces doux oiseaux... J'aime ces doux oiseaux, qui promènent dans l'air Leur vie et leur amour, et plus prompts que l'éclair, Qui s'envolent ensemble ! J'aime la fleur des champs, que l'on cueille au matin, Et que le soir, au bal, on pose sur son sein Qui d'enivrement tremble ! J'aime les tourbillons des danses, des plaisirs, Les fêtes, la toilette, et les tendres désirs Qui s'éveillent dans l'âme ! J'aime l'ange gardien qui dirige mes pas, Qui me presse la main, et me donne tout bas Pour les maux un dictame ! J'aime du triste saule, au soir muet du jour, La tête chaude encor, pleine d'ombre et d'amour, Qui se penche et qui pense ! J'aime la main de Dieu, laissant sur notre coeur Tomber en souriant cette amoureuse fleur Qu'on nomme l'espérance ! J'aime le doux orchestre, en larmes, gémissant Qui verse sur mon âme un langoureux accent, Une triste harmonie ! J'aime seule écouter le langage des cieux Qui parlent à la terre, et l'emplissent de feux De soleil et de vie. J'aime aux bords de la mer, regardant le ciel bleu, Qui renferme en son sein la puissance de Dieu, M'asseoir toute pensive ! J'aime à suivre parfois en des rêves dorés Mon âme qui va perdre en des flots azurés Sa pensée inactive ! J'aime l'effort secret du coeur, qui doucement S'agite, la pensée au doux tressaillement, Que l'on sent en soi-même ! Mieux que l'arbre, l'oiseau, la fleur qui plaît aux yeux, Le saule tout en pleurs, l'espérance des Cieux... J'aime celui qui m'aime. ______________________________ Connaissez-vous mon Andalouse Connaissez-vous mon Andalouse, Plus belle que les plus beaux jours, Folle amante, plus folle épouse, Dans ses amours, toute jalouse, Toute lascive en ses amours ! Vrai dieu ! de ce que j'ai dans l'âme, Eussé-je l'enfer sous mes pas, Car un mot d'amour de ma dame A seul allumé cette flamme, Mon âme ne se plaindra pas ! C'est que ma belle amante est belle, Lorsqu'elle se mire en mes yeux ! L'étoile ne luit pas tant qu'elle, Et quand sa douce voix m'appelle, Je crois qu'on m'appelle des Cieux ! C'est que sa taille souple et fine Ondule en tendre mouvement, Et parfois de si fière mine, Que sa tête qui me fascine Eblouit comme un diamant ! C'est que la belle créature Déroule les flots ondoyants D'une si noire chevelure Qu'on la couvre, je vous jure, De baisers tout impatients ! C'est que son oeil sous sa paupière Lance un rayon voluptueux, Qui fait bouillir en mon artère, Tout ce que Vénus de Cythère Dans son sein attise de feux ! C'est que sur ses lèvres de rose Le sourire de nuit, de jour Brille comme une fleur éclose Et quand sur mon coeur il se pose, Il le fait palpiter d'amour ! C'est que lorsqu'elle m'abandonne Sa blanche main pour la baiser, Que le ciel se déchaîne et tonne, Que m'importe, - Dieu me pardonne, Il ne peut autant m'embraser ! C'est que sa bouche bien-aimée Laisse tomber comme une fleur Douce haleine parfumée, Et que son haleine embaumée Rendrait aux roses leur couleur ! C'est que sa profonde pensée Vient se peindre en son beau regard, Et que son âme est caressée, Comme la douce fiancée Quand l'amant vient le soir bien tard ! Allons l'amour, les chants, l'ivresse ! Il faut jouir de la beauté ! Amie ! oh que je te caresse ! Que je te rende, ô ma maîtresse, Palpitante de volupté ! Oh ! viens ! viens toute frémissante, Qu'importe qu'il faille mourir, Si je te vois toute expirante Sous mes baisers, ma belle amante, Si nous mourons dans le plaisir ! Jules VERNE (1828-1905) Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
luciole1 0 Posté(e) le 15 décembre 2005 nerval a écrit:Lettre de George Sand à Alfred de Musset Je suis très émue de vous dire que j'ai bien compris l'autre soir que vous aviez toujours une envie folle de me faire danser. Je garde le souvenir de votre baiser et je voudrais bien que ce soit là une preuve que je puisse être aimée par vous. Je suis prête à vous montrer mon affection toute désintéressée et sans cal- cul, et si vous voulez me voir aussi vous dévoiler sans artifice mon âme toute nue, venez me faire une visite. Nous causerons en amis, franchement. Je vous prouverai que je suis la femme sincère, capable de vous offrir l'affection la plus profonde comme la plus étroite en amitié, en un mot la meilleure preuve que vous puissiez rêver, puisque votre âme est libre. Pensez que la solitude oú j'ha- bite est bien longue, bien dure et souvent difficile. Ainsi en y songeant j'ai l'âme grosse. Accourrez donc vite et venez me la faire oublier par l'amour où je veux me mettre. Celle qui vous aime" George Sand Lisez maintenant une phrase sur deux Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
kti 0 Posté(e) le 15 décembre 2005 :bravo: Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
luciole1 0 Posté(e) le 15 décembre 2005 Ce que disent les hirondelles Chanson d'automne Déjà plus d'une feuille sèche Parsème les gazons jaunis ; Soir et matin, la brise est fraîche, Hélas ! les beaux jours sont finis ! On voit s'ouvrir les fleurs que garde Le jardin, pour dernier trésor : Le dahlia met sa cocarde Et le souci sa toque d'or. La pluie au bassin fait des bulles ; Les hirondelles sur le toit Tiennent des conciliabules : Voici l'hiver, voici le froid ! Elles s'assemblent par centaines, Se concertant pour le départ. L'une dit : " Oh ! que dans Athènes Il fait bon sur le vieux rempart ! " Tous les ans j'y vais et je niche Aux métopes du Parthénon. Mon nid bouche dans la corniche Le trou d'un boulet de canon. " L'autre : " J'ai ma petite chambre A Smyrne, au plafond d'un café. Les Hadjis comptent leurs grains d'ambre Sur le seuil d'un rayon chauffé. " J'entre et je sors, accoutumée Aux blondes vapeurs des chibouchs, Et parmi les flots de fumée, Je rase turbans et tarbouchs. " Celle-ci : " J'habite un triglyphe Au fronton d'un temple, à Balbeck. Je m'y suspends avec ma griffe Sur mes petits au large bec. " Celle-là : " Voici mon adresse : Rhodes, palais des chevaliers ; Chaque hiver, ma tente s'y dresse Au chapiteau des noirs piliers. " La cinquième : " Je ferai halte, Car l'âge m'alourdit un peu, Aux blanches terrasses de Malte, Entre l'eau bleue et le ciel bleu. " La sixième : " Qu'on est à l'aise Au Caire, en haut des minarets ! J'empâte un ornement de glaise, Et mes quartiers d'hiver sont prêts. " " A la seconde cataracte, Fait la dernière, j'ai mon nid ; J'en ai noté la place exacte, Dans le pschent d'un roi de granit. " Toutes : " Demain combien de lieues Auront filé sous notre essaim, Plaines brunes, pics blancs, mers bleues Brodant d'écume leur bassin ! " Avec cris et battements d'ailes, Sur la moulure aux bords étroits, Ainsi jasent les hirondelles, Voyant venir la rouille aux bois. Je comprends tout ce qu'elles disent, Car le poète est un oiseau ; Mais, captif ses élans se brisent Contre un invisible réseau ! Des ailes ! des ailes ! des ailes ! Comme dans le chant de Ruckert, Pour voler, là-bas avec elles Au soleil d'or, au printemps vert ! Théophile GAUTIER (1811-1872) (Recueil : Emaux et camées) Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Invité val Posté(e) le 15 décembre 2005 La lettre de Georges Sand Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
luciole1 0 Posté(e) le 15 décembre 2005 On attend le poème de Kti ! Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
kti 0 Posté(e) le 15 décembre 2005 Le voilà Nerval : LORSQUE L’AMOUR S’EN VA Mon Amour m’a laissée dormir dans d’autres draps Et je n’ai pas pleuré car il ne voulait pas Pourtant j’avais envie de rêver dans ses bras Mais pourquoi se meurtrir lorsque l’amour s’en va. Mon Amour m’a laissée partir vers d’autres lieux Et je m’en suis allée sans même dire adieu Pourtant j’avais envie de courir dans ses bras Mais pourquoi revenir lorsque l’amour s’en va. Mon Amour m’a laissée vivre d’autres émois Et moi, j’ai obéi pour qu’il soit fier de moi Pourtant j’avais envie du calme de ses bras Mais pourquoi supplier lorsque l’amour s’en va. Mon Amour m’a laissée crever du mal de lui Et je me suis éteinte une nuit sans un bruit Car d’autres amoureux je n’avais pas envie Pourquoi se souvenir quand l’Amour est parti. Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
kti 0 Posté(e) le 16 décembre 2005 LE COUREUR Tu m’as dit tout à l’heure Qu’un soudain repentir Te remuait le cœur A en vomir Et j’ai cru tout à l’heure Entendre à tes soupirs Que ton premier malheur C’était mentir Mentir à toutes celles Pour qui ton cœur chavire Et que tu trouves belles A en mourir Et mentir à ta femme Lorsque tu rentres à l’heure Tout brûlant de la flamme De leur ardeur Mais pourquoi t’en vouloir D’accepter les baisers Des filles de couloir Enamourées ? Et pourquoi t’en vouloir D’être ainsi adoré Pourquoi te décevoir D’aimer aimer ? Catherine Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
kti 0 Posté(e) le 16 décembre 2005 Réponse d'Alfred De Musset à George Sand : Quand je mets à vos pieds un éternel hommage, Voulez-vous qu'un instant je change de visage ? Vous avez capturé les sentiments d'un coeur Que pour vous adorer forma le créateur. Je vous chéris, amour, et ma plume en délire Couche sur le papier ce que je n'ose dire. Avec soin de mes vers lisez les premiers mots, Vous saurez quel remède apporter à mes maux. Alfred de Musset Réponse de George Sand à Alfred de Musset : Cette insigne faveur que votre coeur réclame Nuit à ma renommée et répugne à mon âme. George Sand Réfléchissez hi hi Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
luciole1 0 Posté(e) le 16 décembre 2005 Il faut lire le premier mot de chaque vers successivement. La réponse de Sand obéit aussi à ce second code. Quelle ingéniosité entre ses deux amants ! Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
kti 0 Posté(e) le 16 décembre 2005 Je ne vous ferai pas languir (trois jours) comme Nerval. je ne suis pas joueuse, moi ! La réponse, la voilà : «Quand je mets à vos pieds un éternel hommage, Voulez-vous qu'un instant je change de visage ? Vous avez capturé les sentiments d'un coeur Que pour vous adorer forma le créateur. Je vous chéris, amour, et ma plume en délire Couche sur le papier ce que je n'ose dire. Avec soin de mes vers lisez les premiers mots, Vous saurez quel remède apporter à mes maux.» Alfred de Musset Faut prendre le premier mot de chaque vers «Cette insigne faveur que votre coeur réclame Nuit à ma renommée et répugne à mon âme.» George Sand Idem Dire qu'Il s'appelait Alfred !!!! Et Elle George !!! Faut pas se fier aux apparences........... Bonne nuit à tous. Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
luciole1 0 Posté(e) le 16 décembre 2005 J'y ai répondu deux minutes avant toi, donc je ne languis pas Je connais cette invitation codée. Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites