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Patrick de Tourcoing01

La reproduction

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Commençons donc par le commencement. Une des conditions sine qua non pour avoir de la reproduction, c’est de posséder un couple en âge de reproduire et en bonne santé. Cette évidence peut faire sourire mais vu le nombre de reptiles incorrectement sexés par des soit disant « spécialistes », je pense qu’il était important de le préciser. J’ai d’ailleurs était la victime de cette erreur et j’ai eu la surprise de voir mes deux femelles Boas s’accoupler et me donner une belle portée de petits Boas constrictor imperator en août 2010.

Selon les espèces, l’âge de la maturité peut changer. Chez bon nombre de reptiles, les mâles sont bien souvent sexuellement actifs avant les femelles. Il ne faudra donc jamais maintenir un couple dans le même terrarium tant que les deux individus n’ont pas atteint leur maturité sexuelle. Faire reproduire une femelle qui n’aurait pas terminé sa croissance, c’est prendre des risques avec sa santé. Dans le meilleur des cas elle risque de stopper sa croissance et au pire, elle peut très bien faire une rétention d’œufs pouvant entrainer la mort. Chez quelques espèces, le mâle est très actif et la cohabitation doit souvent être interrompue pour préserver des périodes de repos à la femelle.

Aucune reproduction n’est envisageable sans un couple de reproducteurs adulte et en parfaite santé. Il faudra donc s’assurer que le couple ne présente aucun signe de maigreur ou d’apathie. Le processus de reproduction est long est fatigant, surtout pour la femelle. L’âge est souvent le seul critère retenu pour savoir si une femelle est apte à reproduire, je rajouterai que le poids est quasiment plus important. La femelle ne doit pas être obèse mais doit avoir assez de réserves pour passer les quelques mois de la reproduction.

Des espèces comme le Python regius ont besoin d’un repos hivernal, alors que d’autres espèces comme le Boa constrictor imperator, peuvent reproduire sans préparation préalable. Il est toujours important de respecter le cycle naturel des reptiles que l’on élève. C’est encore plus vrai lorsque l’éleveur souhaite reproduire ses animaux tout en les maintenant en bonne santé. Il est donc très important de bien connaitre la zone de répartition géographique de l’espèce que l’on souhaite reproduire, pour lui donner une période de repos avec des températures adaptées. Le respect du rythme nycthéméral est des plus important, c’est un déclencheur qui indique au reptile qu’il doit se mettre au repos en attendant que les beaux jours reviennent. Les espèces des zones continentales ou tempérées vont même cesser de s’alimenter pendant cette période. Les espèces des zones désertiques peuvent également cesser de s’alimenter ou alors diminuer leur alimentation. Les espèces des zones tropicales quand à elles, continuent généralement de s’alimenter.





Espèces de milieu tempéré : 10 – 13 °C pendant 8 a 12 semaines.
Espèces continentales ou de haute altitude : Températures plus basses.
Espèces désertiques ou subdésertiques : chute moins drastique (20-24°C) avec 4-8h par jour de températures un peu plus chaudes mais en respectant toujours un refroidissement nocturne (point capital).
Espèces tropicales ou subtropicales : Baisse très légère des températures. Pour beaucoup d’espèces ce n’est même pas obligatoire.

Lorsque toutes les conditions auront été respectées, la femelle sera introduite dans le terrarium du mâle. Les accouplements ne tardent généralement pas. Certains éleveurs présentent deux mâles à l’accouplement pour stimuler l’instinct de reproduction du trio ainsi formé. Les mâles s’affronteront alors dans des combats rituels pour obtenir la chance de s’accoupler en premier. Ces affrontements terminés, je ne pense pas qu’il soit nécessaire de laisser le mâle dominé, de toute façon, le couple ainsi formé se désintéressera du troisième individu. Lorsque le mâle dominant semblera ne plus s’intéresser à sa femelle, il pourra à son tour regagner son terrarium.

A noter que certains reptiles comme les Boas, peuvent vivre ensemble toute l’année mais le mâle aura tendance à refuser de s’alimenter pendant la période des accouplements. Il sera bien plus préoccupé par son instinct de reproduction pour penser à autre chose.

D’autres espèces par contre doivent absolument être séparées tellement le mâle est actif, et cela sous peine d’épuiser la femelle qui y perdrait sa santé. Ces espèces sont toujours ovipares et peuvent avoir 3 pontes par an.

Il ne faudra pas négliger le fait que certaines espèces sont capables de stocker le sperme et de reproduire après le retrait du mâle.


Malgré les signes apparents d’accouplements, l’éleveur se pose toujours la question : ma femelle est-elle gravide ?


 Les signes de gravidité :


Voici les quelques signes qui viendront confirmer la gravidité de la femelle :

- L'augmentation du diamètre chez la femelle gravide.

Il s'observe au niveau de la deuxième moitié du corps. Alors que cette augmentation du diamètre pendant l'ovulation ne dure que quelques jours, elle demeure en revanche constante pendant la gestation.

- Le refus de nourriture.

Les femelles gravides refusent parfois de se nourrir. Dans le meilleur des cas, l’appétit diminue et elles préfèrent souvent des proies plus petites que d’habitude. A noter que même en cas de refus répéter lors des nourrissages, il faut continuer à proposer des proies tout au long de gestation, certaines femelles reprenant de l’appétit sans que l’on puisse savoir pourquoi.

- La recherche de chaleur.

Une femelle gravide va presque systématiquement rechercher de la chaleur pour aider au bon développent des œufs. Lorsque vous utilisez une lampe chauffante, il lui arrive même de se mettre sur le dos et de présenter son ventre en direction de la source de chaleur.

- L’inactivité.

En règle générale, les femelles gravides sont beaucoup plus calmes qu’en temps normal. Il existe parfois des exceptions mais ça reste relativement rare.

Une méthode quasiment infaillible existe pour s’assurer qu’une femelle est gravide, c’est la radiographie. Si votre vétérinaire possède un équipement radiographique et c’est souvent le cas, il pourra vous confirmer la réussite des accouplements.



Merci à Phelsumalain de m'avoir permis d'utiliser ses radiographie.
(Radiographies d’une femelle Boa constrictor imperator gestante)


Il conviendra ensuite de vérifier le mode de gestation pour appréhender la reproduction.


 La gestation :

• Espèces ovovivipares

Une espèce est ovovivipare lorsque les œufs incubent et éclosent dans le ventre de la femelle, sans relation nutritive avec celle-ci (simples échanges d'eau et de gaz). L'ovoviviparité est un pas évolutif car ce mode de développement confère l’avantage d’une incubation protégée dans les voies génitales de la mère.
Pour les espèces ovovivipares, la durée de gestation peut être assez élevée (entre six et huit mois pour les Boas constrictor par exemple) mais l’avantage et de ne pas avoir à incuber les œufs puisqu’ils se développent dans le ventre de la femelle. Nous pouvons donc passer directement à l’étape soins des nouveaux nés.

• Espèces ovipares

L'oviparité est une stratégie de reproduction d'une espèce où les femelles pondent des œufs fécondés ou non, dont la croissance embryonnaire se termine hors de l'organisme maternel. Elle se distingue en cela de l'ovoviviparité où le développement, appelé incubation, se fait au sein de la mère.
Je vais prendre l’exemple du Python regius. Quand les accouplements se sont bien passés, la femelle ne tarde pas à ovuler (entre une à quatre semaines après le dernier accouplement). Environ trois semaines après l'ovulation, la femelle fera une mue. De 25 à environ 35 jours plus tard, la mue sera suivie de la ponte.

Certaines femelles peuvent se montrer légèrement agressives durant la gestation et il est conseillé de ne pas manipuler une femelle gravide plus qu’il n’est utile. D’autres femelles par contre deviennent réellement passives.

 La ponte :


Pendant les quelques heures qui précèdent la ponte, la femelle semble toute excitée et déborde d'activité. Elle cherchera un endroit humide pour déposer ses œufs. Il est alors préférable de retirer les gros bacs à eau (pour éviter que la femelle ne ponde dedans) et de le remplacer par un petit récipient. Comme j’utilise la tourbe blonde comme substrat, il est possible d’humidifier une partie du terrarium pour inciter la femelle à pondre à cet endroit. Il est également possible de confectionner une boite de ponte à l’instar des boites de mues pour certains geckos mais ayant une taille adaptée. La femelle essaiera de chercher l’endroit du terrarium le moins inhospitalier. Le risque quand le terrarium n’est vraiment adapté, c’est que la femelle ne veuille pas pondre et fasse une rétention d’œufs. Cette situation met en cause le pronostic vital de la femelle.



 Le choix de l’incubateur :


Le rôle de l’incubateur est de créé un environnement stable apportant chaleur et humidité constante. Il vous faudra une hygrométrie de 80 % minimum et une température pouvant dépasser les 28°. Une légère variation de température est admissible durant la journée mais il faut savoir que les embryons peuvent mourir d’un excès de chaleur.

• L’incubateur du commerce.
Il existe actuellement des incubateurs vendus dans le commerce à des prix raisonnables. Ces appareils sont destinés aux amateurs et ont une capacité réduite mais suffisante à nos besoins. A part l’hygrométrie qui n’est toujours très bien contrôlée et qu’il vous faudra surveiller, les résultats sont très satisfaisants. L’incubateur le plus vendu dans le commerce est équipé d’une ventilation qui évite la condensation. Je conseille ces incubateurs à ceux qui envisagent de reproduire régulièrement leurs reptiles.

• L’incubateur fait maison.
Quand je compte le prix du matériel qu’il faudra acheter pour construire un incubateur acceptable, je ne pense pas que l’opération soit réellement rentable sauf pour les espèces très tolérantes. Par contre elle ravira les bricoleurs qui auront la satisfaction d’avoir construit l’appareil eux même.

Voici la liste du matériel qu’il vous faudra pour la construction de l’incubateur :

Une boite isolante pour conserver chaleur et humidité (souvent en polystyrène).
- Un système de chauffage (câble, tapis chauffant ou chauffage d’aquarium)
- Un thermostat pour contrôler la température
- Un hygromètre électronique pour contrôler l’humidité
- Des boites qui contiendront les œufs
- Du substrat d’incubation (vermiculite, humus de coco ou tourbe blonde)


 L’incubation :


Lorsque la femelle aura pondu, les œufs seront récoltés prudemment et surtout sans être retournés. En les retournant, vous risquez de décrocher l’embryon et de le tuer. Il ne faudra pas non plus essayer de les séparer s’ils sont collés, vous risqueriez là aussi de les endommager. Il faudra ensuite les déposer dans des boites contenant un substrat d’accueil conservant suffisamment l’humidité, la vermiculite est la plus fréquemment employée. Attention toutefois aux exceptions, certains reptiles et notamment les sauriens, nécessitent une incubation avec une hygrométrie relativement élevée mais un substrat sec. Vient ensuite la longue attente pour le terrariophile car la durée d’incubation peut être longue. Elle variera selon les espèces et il faudra bien se renseigner sur le temps prévu avant l’éclosion. Mais comme je le dis souvent, la plus grande qualité lorsqu’on élève des reptiles, c’est la patience.

Voici un exemple qui m’est malencontreusement arrivé. Pour le Python regius, avec une température d’incubation aux alentours de 32°, il faut compter entre 51 et 62 jours après la ponte. J’ai malheureusement été mal renseigné lorsque ma femelle Python regius avait pondu il y a quelques années de cela et j’ai arrêté l’incubation alors que les jeunes étaient quasiment prêts à sortir. Lorsque j’ai ouvert les œufs quelques jours plus tard, les jeunes étaient morts à l’intérieur sauf un qui a vécu quelques heures. Je n’avais pas l’expérience actuelle mais je me suis bien juré de ne plus me faire prendre avec ce genre d’informations erronées, je connais maintenant suffisamment de personnes compétentes pour ne plus renouveler une telle erreur.


 Naissance des bébés :


Le moment tant attendu de l’éclosion est enfin arrivé pour les espèces ovipares, les espèces ovovivipares quant à elles mettront bas.

• Pour les espèces ovipares.

Le serpenteau va inciser la coquille de l’œuf avec un « outil » que la nature lui a donné et qui se situe au bout du museau : « la dent de l’œuf ». Cette fameuse dent indispensable au moment de l’éclosion finira par tomber peu de temps après son unique utilisation. A ce stade, le jeune reptile préfère souvent rester dans la coquille entrouverte, un peu comme s’il évaluait la situation. Il faut laisser faire la nature et ne jamais le forcer à quitter sa coquille. En voulant l’extraire, vous risquez d’endommager son cordon ombilical et lui ôter par la même occasion toute chance de survie. De toute façon, les premières heures lui servent souvent à absorber les dernières réserves vitellines.

• Pour les espèces ovovivipares.

Les reptiles nouveau-nés naissent dans une poche qui se présente comme une membrane élastique et transparente, qu'ils doivent eux aussi percer. Cette phase est importante parce que les jeunes y jouent leur existence et si l’éleveur n’est pas rapidement présent, les sujets les plus faibles risquent leur vie. Les œufs inféconds, appelés « slugs » en anglais, sont aussi expulsés lors de la mise bas. Dans le pire des cas, aucun des œufs n'est fécond et on se retrouve avec 100% de slugs (c'est le cauchemar de tout éleveur). Ca ne m’est heureusement jamais arrivé.


 Le soin des nouveau-nés :


- Essuyer le bébé avec une serviette en papier pour le débarrasser des résidus de la naissance
- Baigner l'animal dans de l'eau tiède (environ 30°) pour le laver des derniers résidus collants
- Sécher délicatement le bébé avec une serviette en papier
- Placer l'animal dans des conditions de propretés parfaites, le sopalin étant dans ce cas le meilleur substrat.

Les nouveau-nés sont souvent très sensibles à la déshydratation et il conviendra de les placer dans un environnement humide. Lorsque c’est possible, il est préférable d’installer les jeunes individuellement dans de petites boites. Vous pourrez ainsi avoir une suivi détaillé pour chaque bébé, première mue, repas, excréments ... D’ailleurs, de nombreuses espèces d’ophidiens apprécient la maintenance en espace confiné pendant les premières semaines de leur existence.

La première mue se fera entre 10 et 15 jours après la naissance, il sera alors temps de commencer le nourrissage. Il est courant que les jeunes serpents refusent la ou les premières proies, rien d’inquiétant, ils mangeront un peu plus tard.

Un grand éleveur Allemand de Boas annonce que les manipulations qui suivent immédiatement la naissance, habituent l'animal à la personne, ce qui contribue à lui faire perdre une grande partie de son agressivité. Je suis très sceptique quant à cette affirmation qui pour moi s’apparente davantage à de l’anthropomorphisme.

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