diadophis1 0 Posté(e) le 29 avril 2009 La salamandre pourpre 1- C’est la plus grosse espèce de salamandre de ruisseau, également la moins fréquente. Selon certaines sources, c’est la deuxième salamandre la plus rare au Québec, après la salamandre sombre des montagnes. 2- La salamandre pourpre est un prédateur (elle mange d’autres salamandres) par conséquent, comme beaucoup de prédateur, elle est moins abondante. 3- L’énoncé ci-présent est basé sur deux populations dont plus de 4 individus ont été trouvés. Même si des agglomérations d’individus ont été observées sur 20-30 mètres, la salamandre pourpre a été trouvée de façon plus continue (que la salamndre sombre) en amont et en aval d’un ruisseau. 4- Dans la plus importante population trouvée dans le cadre de mes inventaires, près de la moitié des spécimens étaient des métamorphes (stade larvaire avancé). Ce stade est particulièrement long chez la salamandre pourpre et dure généralement quelques années. Chez ces spécimens, j’ai remarqué que l’arcade sourcilière était moins prononcée que chez l’adulte, le dessin maillé était particulièrement saillant, la couleur de fond était plus terne que chez l’adulte et finalement, il était possible de voir des vestiges de branchies près des pattes antérieures. 5- Comme la salamandre sombre, la salamandre pourpre semble peu tolérante à la dégradation de son habitat. 6- Malgré des centaines d’heures de recherches en 3 ans, seulement 6 localités ont été découvertes et ce dans 3 villes. Dans la moitié des cas, 1 seul spécimen a été observé. 7- Le nombre maximal de salamandres pourpres trouvées dans une même journée/localité est de 10. Ici 2 adultes salamandre pourpre, notez la différence de coloration. L’adulte du bas était un vieil individu, très gros, observé tardivement en saison. Comparaison entre une salamandre sombre albinos et une salamandre pourpre La dégradation des ruisseaux Le problème majeur avec les salamandres de ruisseau est qu’elles sont confinées à un habitat restreint. Pour vous donner un bon exemple, si la couleuvre rayée est commune, elle doit son succès à ses exigences écologiques peu strictes ; on la trouve dans pratiquement tous les biotopes et son régime alimentaire est varié et facile à trouver. Le tout accompagné du fait que les portées peuvent être nombreuses, voilà la recette du succès ! Par contre, les exigences écologiques pour les salamandres de ruisseaux sont beaucoup plus restreintes. Qui plus est, comme elles font parti de la famille des plethodontidae, c’est-à-dire des salamandres sans poumons, elle sont plus fragiles et risque de mourir plus facilement si certaines conditions vitales ne sont pas respectées. Citons en premier lieu la sécheresse, ces salamandres ont constamment besoin d’humidité et de fraîcheur pour survivre. Un cour d’eau s’asséchant à un niveau critique (jusque sous les roche et autre abris) pourrait être fatal rapidement pour ces animaux, à moins qu’ils réussissent à trouver un abris humide et frais. Mais ce qui me semblait le plus critique lors de mes inventaires, c’est la dégradation des cours d’eau. Parfois il est possible de voir des signes de dégradation, d’autres fois, ils sont extrêmement subtils et imperceptibles à l’œil nu. Ce que j’ai le plus souvent observé, c’est la sédimentation des ruisseaux. Dans des cas majeurs, il est possible de voir une couche de sédiment et/ou de débris organiques, parfois aussi de l’ocre ferreux (dégradation extrême) causé par une altération du terrain en amont du lieu d’observation. Comme les terrains en altitude (sur une colline ou une montagne) sont très prisés par les promoteurs immobiliers (les plus grands destructeurs d’habitats naturels), pour leur cachet, mais aussi parce que les maisons s’y vendent à fort prix, nous pouvons parier que de plus en plus de ruisseaux seront détériorés lors du défrichement pour construire les habitations et/ou les routes. Et une fois que les maisons sont construites, nous pouvons compter sur une autre menace, invisible mais tout aussi destructrice, la pollution par les pesticides et autre matières toxiques. Notons que les terres agricoles peuvent être également une source de détérioration et/ou pollution majeur d’un ruisseau. Comme l’échange gazeux se fait par la peau, pour respirer, chez les salamandres de ruisseaux, nous pouvons déduire qu’elle peuvent assimiler très facilement dans leur organisme une substance toxique quelconque qui est libérée de quelque façon que ce soit dans un ruisseau. Ainsi, lors de mes inventaires, j’ai constamment trouvé des ruisseaux sans sédimentation et…….. sans salamandre !!!! Lors de recherches plus poussées, que ce soit par l’inventaire ou à l’aide de cartes satellites, je me rendais compte que j’étais en aval d’une zone perturbée. Ici voici un schéma qui vous illustre une situation assez fréquente en Estrie ; lorsque l’on trouve le ruisseau en aval on pense avoir trouvé le ``Jackpot``, mais une petite visite en amont nous démontre qu’il est altéré. En rouge, vous voyez la zone altérée, zone cachée par la forêt. En gros je pourrais vous parler de salamandres de ruisseaux pendant des heures (ici, pendant d’innombrables lignes), mais je vais terminer par certaines petites règles élémentaires concernant les salamandres (et aussi le reste de l’herpétofaune) ; 1- Il est extrêmement important de bien remettre les roches et autres cachettes dans la même posture qu’avant que vous ne la retourniez. 2- Une étude américaine (communication personnelle de David Rodrigue) stipule que retourner 1 fois ou plus à chaque 1 ou 2 semaines peut sérieusement perturber l’habitat des salamandres de ruisseaux. 3- Éviter le plus possible de manipuler les animaux, particulièrement si vous avez les mains sèches et/ou avec de l’insecticide. (De plus, officiellement la manipulation de ces salamandres est interdite sans permis) 4- Évitez de ramener des salamandres chez vous (pour des raisons légales, mais surtout pour le bien de l’animal) 5- Finalement (par expérience personnelle fort désagréable), ne divulguez pas ou le moins possible l’emplacement des salamandres à monsieur-madame tout le monde. Je vous encourage cependant, à votre discrétion, à rapporter vos mentions aux autorités compétentes telles l’Atlas des amphibiens et des reptiles du Québec et/ou à Jean-François Desroches. Sur ce, je vous souhaite une bonne fin de journée Patrice Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Marc Dubois 0 Posté(e) le 29 avril 2009 Merci Patrice de nous faire part de tes observations, c'est très intéressant !! J'ai hâte de voir ma première Salamandre pourpre en nature Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
aspisatra1 0 Posté(e) le 29 avril 2009 Très, très interessant!! Merci Patrice! Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Stav 0 Posté(e) le 29 avril 2009 Superbes posts J'ai aussi quelques spots a sutton c'est vraiment de jolies salamendres Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites