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Filoue11

La soupe de boa, c’est bon pour la santé

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La soupe de boa, c’est bon pour la santé




Les remèdes traditionnels à base de chair de serpent connaissent un regain d’intérêt sur les marchés du pays. Bouilli, réduit en poudre, il aurait de nombreuses vertus curatives, rapporte Fergana.

En Ouzbékistan, les traditions immémoriales de la médecine populaire restent très vivaces. Jour après jour, des quantités de serpents et d’autres animaux que l’on n’a pas l’habitude de consommer s’y vendent dans un but “thérapeutique”. Même si la science est loin d’apprécier ce genre de pratiques, avec un système public de santé qui s’effondre, les méthodes ancestrales attirent de plus en plus de monde.

“Efficace contre 1 001 maladies”, proclame un panonceau posé devant un vendeur de serpents installé sur l’un des marchés de Tachkent. Il déroule la liste des maux concernés : maladies de l’estomac, de l’intestin, problèmes cardio-vasculaires, sciatique, hémorroïdes, bronchite, angine, goitre, cancer, migraine, diabète, asthme, affections pulmonaires et rénales, eczéma, troubles de la fertilité chez la femme, etc. A l’en croire, la viande de serpent serait la panacée universelle, un médicament miracle qui guérit tout, et, si elle ne se vend pas en pharmacie, ce n’est qu’à cause du conservatisme des professionnels de la médecine, voire d’un complot de la Faculté. Toutefois, certains médecins diplômés, également spécialistes de la médecine orientale traditionnelle, approuvent ces recettes et vont jusqu’à les recommander.

Les recettes proposées n’ont quasiment pas varié depuis l’époque du savant iranien Avicenne, dont l’ouvrage Canon de la médecine, rédigé il y a un millénaire, a figuré pendant des siècles au programme des étudiants d’Orient et d’Occident. Il décrit les vertus curatives du serpent, expliquant comment on le cuisine : bouilli dans de l’eau salée et agrémentée de fenouil, à laquelle on ajoute parfois de l’huile d’olive. Le jus de cuisson, qui se consomme aussi, apporterait d’ailleurs “autant de force que la viande elle-même”.

Dans l’Ouzbékistan contemporain, on peut rencontrer des adeptes de l’illustre médecin dans la plupart des recoins des grands marchés. Ce sont parfois des familles entières, enfants compris, qui s’investissent dans cette activité. L’approvisionnement en serpents prélevés dans les régions désertiques du pays est bien organisé. Il ne s’agit toutefois pas de capturer tout et n’importe quoi. Ce que l’on recherche, ce sont les “kour ilon”, c’est-à-dire les “serpents aveugles”, ou les boas nains des sables, Eryx miliares.

Le plus souvent, le plat concocté est une soupe de boa. Le processus est barbare, le serpent étant jeté vivant dans de l’eau bouillante. Personne ne prend la peine de le tuer préalablement. La viande réduite en poudre est aussi utilisée, ainsi que la graisse et tout le reste, y compris la peau. La viande séchée et réduite en poudre connaît un succès qui ne se dément pas. Mélangée à de la farine, cette poudre entre aussi dans la préparation de galettes de pain, “pour que la viande ne soit pas trop forte”, selon l’un des commerçants du marché. La graisse est vendue en fioles et flacons, ou sous forme d’amulettes.

Le reptile est devenu cher sur les marchés de Tachkent : de 45 à 60 euros, une somme considérable en regard des revenus locaux. Ceux qui ont de petits moyens peuvent se rabattre sur des soins plus abordables, à base de hérisson, qui coûtent un peu moins de 3 euros. En général, les marchands disposent une caisse de hérissons à côté de leur sac empli de serpents. Ils vous demandent pourquoi vous en avez besoin, puis vous expliquent avec prévenance comment les utiliser et contre quelles maladies. En fait, on prête aux hérissons exactement les mêmes vertus curatives qu’aux serpents.

La popularité de ces thérapies avait entraîné il y a quelques années l’apparition d’un médicament baptisé Eriksine (“Reptiline”), élaboré à partir de viande de boa des sables. La notice affirmait qu’il participait au renforcement des défenses immunitaires et aidait à lutter contre les affections virales, mais aussi contre les hépatites, la tuberculose et les rhumatismes. Aujourd’hui, ce stimulant a disparu des rayons, mais personne ne sait pourquoi. Peut-être le fabricant n’arrive-t-il pas à s’approvisionner assez régulièrement en “ingrédient vivant” à transformer.

La demande crée de l’offre, mais le contraire est vrai également. Toute la chaîne de personnes impliquées dans ce commerce d’animaux “bons pour la santé”, depuis ceux qui les capturent dans le désert jusqu’aux guérisseurs qui les écoulent, ont un vif intérêt à maintenir un important volume de transactions, et à faire en sorte que petits boas et hérissons arrivent sans cesse sur les marchés. Mais Dieu seul sait combien sont réellement “utilisés”…

courrierinternational.com

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