Bourreaux acquittés

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Bourreaux acquittés


Incroyable. Contre toute attente, la cour d'appel de Bruxelles acquitte les marchands de l'abattoir d'Anderlecht


Philippe Boudart
La Dernière Heure 2007

BRUXELLES : Gaia et Animaux en péril n'en reviennent pas. Hier, les sept marchands de l'abattoir d'Anderlecht ont été acquittés. C'est la décision de la cour d'appel de Bruxelles. Trente-huit coups de bâton en une minute. Sur le museau. Sur les pattes. Sur la colonne vertébrale. Mais aussi sur le pis ou encore la zone anale. Un taureau meuglant de douleur des minutes durant sous la violence des coups. Puis, il est piqué par le bout du bâton dans la narine. Des animaux épuisés après avoir reçu des décharges électriques un peu partout sur le corps, et même sur les parties sensibles.
Et puis aussi, des animaux traînés sur le sol et tirés à la corde avant d'être soulevés par les pattes arrière avec un treuil. Direction, le camion.
Tout le monde se souvient de ces images à peine soutenables enregistrées en cachette par Gaia. Nous sommes alors en juillet et août 2000. Ces bandes vidéo ont entraîné l'inculpation des sept marchands de bestiaux poursuivis devant la justice bruxelloise. Hier, la cour d'appel a estimé qu'il fallait acquitter les prévenus, estimant que les marchands n'avaient qu'un seul objectif, celui de déplacer les animaux, et que leur attitude correspondait à l'usage en vigueur dans le secteur. Pourtant, un scientifique oeu- vrant pour le compte de la Commission européenne avait expliqué à la cour que les actes commis par les marchands n'étaient rien d'autre que des maltraitances inutiles et douloureuses. Un autre expert de la santé et du bien-être des animaux avait abondé dans le même sens en affirmant que les marchands avaient démontré qu'ils étaient dépourvus de tout sens professionnel pour exercer ce métier. Malgré cela, les sept marchands ont été acquittés. Comment expliquer, alors, que les marchands de bétail de Ciney, eux, de leur côté, ont été condamnés pour des faits semblables tant devant la justice liégeoise que celle de Mons ? Une justice à deux vitesses ? En tout cas, les défenseurs des animaux qualifient l'arrêt de révoltant. À leurs yeux, cette décision de justice risque de renforcer le sentiment d'impunité. "Messieurs les marchands, battez-les encore, les animaux, avec la bénédiction de la cour" , ont déclaré hier Gaia et Animaux en péril dans un communiqué de presse.
Pour les deux associations, cet arrêt est un mépris pour les animaux qui ont tellement souffert.