pacemaker91 0 Posté(e) le 5 septembre 2007 -----Article globalement très positif, surtout quand on sait que c'est dans Le Monde, qui n'est pas à la pointe de la cause animale en général...Décidément sur la corrida il s'est vraiment passé qq chose cet été dans lesrédactions parisiennes.Antoine=========================== LE MONDE - EDITION DU 5 SEPTEMBRE 2007 - PAGE 3Appel aux personnalités, renfort de la SPA : cet été, la lutte des militantsanticorrida a redoublé. Du côté des aficionados, on brandit argumentsécologiques et économiques La bataille des arènes a commencé NÎMES, ARLES CORRESPONDANT RÉGIONALCe sont deux femmes actives, engagées, passionnées. Deux femmes qui vivent àquelques kilomètres de distance, ne se connaissent pas, ne se sont jamaisparlé. Pourtant chacune, sincèrement, honnêtement, déteste profondément ce que fait l'autre. A Nîmes (Gard), dans une villa des confins de la cité, vitClaire Starozinski, fondatrice et infatigable présidente d'une association,l'Alliance anticorrida, créée en mai 1994. Après avoir longtemps prêché dans le désert, son association réussit désormais à se faire entendre. A Arles(Bouches-du-Rhône), au sud de la Grande Camargue, dans une ancienne gareplantée au milieu des marais, vit et travaille Francine Yonnet, présidente de l'Association des éleveurs français de taureaux de combat.La première, pied-noir arrivée enfant à Nîmes, est enseignante. La seconde,médecin scolaire, est née dans le nord de la France, mais a épousé à Arles un descendant, aujourd'hui défunt, de la dynastie Yonnet, qui introduisit enFrance les taureaux " braves " (qui chargent le plus vite).Deux femmes de conviction, donc. Voici ce qu'écrit Mme Starozinski dans *La Face cachée des corridas*, qui fournit la base de l'argumentation desinnombrables documents que diffuse l'association aux 1 492 adhérentsrecensés : *" Qu'elles s'exercent sur un animal ou sur un être humain, la cruauté et l'humiliation me révoltent, et c'est cette révolte-là que je veuxporter dans le discours anticorrida* (...). *Les toreros ne respectent pasplus le cheval que le taureau, considérés comme de simples moyens de se faire valoir auprès d'un public aveugle. "*Et voilà ce que dit, timidement mais fermement, Mme Yonnet : *" Si lacorrida est interdite, la race des taureaux de combat disparaîtra. Lesanticorrida, qui ne savent pas combien nos bêtes vivent bien, nous proposent un monde idéalisé, sans souffrance, sans microbes. Je préfère voir mourirmes taureaux dans les arènes qu'à l'abattoir. "*Deux femmes de réseaux, aussi. Presque inaudible pendant des années, la bataille anticorrida a pris consistance assez récemment : *" Je lie ça àl'émergence d'Internet au milieu des années 1990 "*, dit Mme Starozinski.Thierry Hély, du Comité résolument anticorrida (CRAC), installé en Dordogne et qui revendique 2 500 cotisants, ajoute qu'on sent un *" changement netdans les mentalités depuis quatre ou cinq ans "*.Cette année, ces militants ont reçu le renfort de la direction nationale de la Société protectrice des animaux (SPA) : la présidente des 63 000adhérents, élue en novembre 2006, Caroline Lanty, veut *" faire del'anticorrida un thème majeur d'intervention "* et *" renouveler les modes d'action "*. D'où l'idée d'un spot télévisé, dont le refus par le Bureau devérification de la publicité en juillet a fait grand bruit, et *" nous abeaucoup aidés "*, précise-t-elle. Mme Starozinski aimerait d'ailleurs *" rebondir sur cette affaire "* : " Sile BVP estime que nos images pouvaient choquer les mineurs, c'est bien quele spectacle taurin est choquant : il faut donc l'interdire aux mineurs ! " La SPA et les antitaurins ont donc décidé de faire cette interdiction unnouvel axe de bataille. Ils estiment avoir sur ce point *" une chance degagner à court terme "*. Mme Starozinski sort deux documents de ses dossiers : la question écrite que la députée UMP, devenue ministre, Valérie Pécresse,a posé le 4 janvier 2005 et qui proposait de *" limiter l'âge d'accès auxcorridas "*. Et la réponse du candidat Sarkozy, en mars, à une lettre de son association. Le texte se concluait par l'idée que *" les ferias sanscorridas sont une voie possible d'évolution "*.Quant aux signataires de pétitions anticorrida, ils croissent parmi lespersonnalités politiques et artistiques : l'animateur et producteur NicolasHulot et le philosophe Michel Onfray, l'acteur Jean-Claude Van Damme et lechanteur Renaud, la présidente du comité Miss France, Geneviève de Fontenay, et l'astrophysicien Hubert Reeves figurent sur une liste de 117 000signatures qui a été remise le 24 août à l'Elysée. C'est cette montée enpuissance des militants et des donateurs qui expliquent aussi, selon Mme Starozinski, que son association puisse salarier deux personnes et, pour unbudget annuel de 70 000 euros, payer 12 000 euros pour que, cet été, unavion tire une banderole anticorrida deux fois au-dessus de Nîmes et quatre fois devant le littoral méditerranéen.Mme Yonnet n'a pas créé de réseau, mais elle incarne ce petit mondecompliqué et plutôt taiseux des 40 éleveurs français de taureaux de combat,installés pour la plupart dans les Bouches-du-Rhône et le Gard. Ils élèvent plus de 6 000 bêtes, en vendent moins d'un sur six aux arènes chaque année,et aucun d'eux ne vit exclusivement de cet élevage.Mais le réseau taurin ne se résume pas aux éleveurs : il est ancré dans les territoires de corridas. Didier Olivry, directeur du parc régional deCamargue, qui tient le secrétariat et le livre généalogique de l'associationde Mme Yonnet, explique que *" l'élevage des taureaux, complémentaire à celui des chevaux, et qui, par nature, doit occuper de grandes zoneshumides, est un outil important de la biodiversité "*. Tant parce qu'ilrespecte la diversité existante du delta camarguais que parce qu'il empêche *" l'émergence d'espèces végétales ou animales exogènes " *. Surtout, ajoutele scientifique, il *" conserve les grands espaces libres : le maintien del'agriculture est toujours le moyen le moins cher d'entretenir les espaces protégés comme la Camargue "*, couloir majeur de migrations pour lesoiseaux.Hervé Schiavetti (PCF), maire de la commune d'Arles, qui englobe laCamargue, renchérit en expliquant que *" la corrida, c'est d'abord la gestion d'un territoire " *. C'est ensuite *" le maintien d'une cultureautour de cette pratique profondément enracinée dans la ville depuis que lesimmigrés espagnols l'y ont apportée "*. C'est aussi un apport économique décisif : *" Grosso modo, 200 000 personnes sont venues à la feria de Pâques2007, chacune dépensant entre 100 et 150 euros. Et le chiffre d'affaires desarènes, gérées dans le cadre d'une délégation de service public, est de 3,3 millions d'euros en 2006. "*Corridas et ferias apportent aussi une notoriété que confirme pour Nîmes,Daniel-Jean Valade (UMP), adjoint au maire, délégué à la culture et à latauromachie. On ne dispose que d'estimations approximatives et anciennes sur la fréquentation de la feria nîmoise, dont l'invention date de 1952. Mais onestime que 300 000 personnes doivent déambuler dans Nîmes (140 000habitants) un jour de feria de printemps. En résumé, *" on ne peut pas être maire de Nîmes si on n'aime pas sincèrement la tauromachie "*, dit M.Valade.*Michel Samson**============== *La corrida n'intéresse plus que 27 % des Espagnols MADRID CORRESPONDANTE Pour le monde taurin espagnol, le retour inattendu de José Tomas dans lesarènes, en juin, a été une bénédiction. Pas seulement parce que la retraitesubite, il y a cinq ans, à l'âge de 26 ans, de ce torero fameux autant que secret, considéré comme le plus important de ces trente dernières années,avait désespéré les amateurs. Mais aussi parce qu'un tel événement,médiatiquement bien accompagné, était l'un des rares à pouvoir donner au monde taurin l'occasion de marquer un point face à un mouvement anticorridaoffensif.Car José Tomas a choisi les arènes de Barcelone. Et le 17 juin, pour lapremière fois depuis plus de vingt ans, la Monumental de la capitale catalane a affiché complet pour une course de toros. Dans les gradins, descélébrités de la culture, de la politique et des affaires s'étaient donnérendez-vous, au milieu de 17 000 spectateurs. A l'extérieur, entre 2 000 et 5 000 manifestants (selon les sources) s'étaient rassemblés pour conspuerles aficionados.Ils sont particulièrement actifs en Catalogne. Là, les nationalistesalimentent le combat contre la corrida, qu'ils identifient comme une sorte de quintessence d'un *" espagnolisme "* qu'ils rejettent. C'est àl'initiative d'un élu du parti indépendantiste Esquerra Republicana perCatalunya que la municipalité a voté, en 2004, une résolution déclarant Barcelone *" ville antitaurine "*. Cette proclamation avait aussi reçu lesoutien des nationalistes de centre droit et des écologistes de gauche.*LA TÉLÉVISION PUBLIQUE RÉTICENTE*Les socialistes, qui dirigent la mairie en coalition, n'avaient pas pris position. Aujourd'hui, le maire, Jordi Hereu, tempère la frénésieanticorrida, jugeant qu'il n'appartient pas aux responsables politiques dedécider de l'avenir de ce spectacle, mais au marché, dans la mesure où il s'agit d'une activité promue et organisée par des entrepreneurs privés.C'est d'ailleurs pour cela que, faute de spectateurs, les arènes deBarcelone ont bien failli fermer cette année.Ce n'est pas le cas partout. Les corridas, novilladas et autres spectacles taurins sont toujours aussi nombreux, aux alentours de 2 000 chaque année.Mais le monde taurin semble surtout rendu plus fragile par l'éloignementd'une part croissante de la population.L'institut de sondage Gallup, qui pose régulièrement la question, enregistre, depuis vingt ans, une baisse lente mais régulière de la passionportée aux courses de toros. En 1987, elle intéressait 48 % des Espagnols,contre 27 % en 2006.Dans ce contexte, le mouvement anti- corrida s'active. Plusieurs centaines de militants nus, mais pourvus de cornes, ont ainsi manifesté en juillet àPampelune contre le sort réservé aux toros lors des fêtes de San Fermin. Onsent, à différents indices, que leur discours porte. La télévision publique est devenue réticente à diffuser des corridas en direct, nécessairement àl'heure où les enfants sont nombreux devant les écrans, même si la plupartdes retransmissions sont le fait des télévisions locales et de Canal+. Il y a quelques mois, la ministre socialiste de l'environnement, CristinaNarbona, avait provoqué un tollé en évoquant l'idée d'une interdiction de lamise à mort des toros à la fin du combat.*Cécile Chambraud* Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites