Des moutons pour entretenir l'île d'Ilur

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Nés au pied des menhirs de Carnac où leurs mères sont chargées de l'entretien des espaces autrefois ouverts au public, ces moutons ont rapidement trouvé leurs marques en débarquant hier dans le Golfe du Morbihan pour débroussailler l'île d'Ilur. : Ouest-France

Les ovins sont de retour sur cette île du Morbihan, propriété du Conservatoire du littoral. Pour assurer le débroussaillage mais aussi dans l'espoir de création d'un parc naturel régional.
Hier en fin de matinée, ce sont des passagers insolites qui ont débarqué de la barge d'un ostréiculteur dans le Golfe du Morbihan. Six moutons sont arrivés sur l'île d'Ilur, un bout de terre de 37 hectares émergeant entre l'Île d'Arz et la presqu'île de Rhuys.

Longtemps laissée à l'abandon et inhabitée ¯ mais fragilisée par les passages sauvages de plaisanciers ¯ elle est aujourd'hui l'objet d'un sérieux débroussaillage, depuis son acquisition par le Conservatoire du littoral en 2008 et surtout depuis que Jonathan Guéguen a été recruté, parmi quatre-vingts candidats, au poste de gardien. L'ampleur de la tâche est si grande qu'il a fallu faire appel à de véritables « tondeuses » naturelles que sont ces ovins.

Cette démarche s'inscrit en fait dans le projet, en cours, de parc naturel régional que tente de mettre en place le syndicat d'aménagement du golfe, avec l'appui de la Région Bretagne.

« L'arrivée de ces moutons n'est pas un gadget. Elle fait partie de notre objectif de concilier protection du patrimoine du golfe et aménagement harmonieux de son territoire, dans un développement raisonné, explique Joël Labbé, porteur de ce parc naturel. L'expérimentation qui est menée à Ilur, avec la remise en valeur des anciens bâtiments agricoles, la valorisation de la faune et de la flore, l'accueil et la sensibilisation du public, préfigure ce que sera le futur parc naturel. »

Nés entre les menhirs de Carnac

Les cinq agnelles et le jeune bélier qui les accompagne pour assurer la reproduction sont issus d'un autre site du Morbihan, tout aussi symbolique et fragile car lui aussi menacé par la fréquentation de l'homme. « Quand la décision a été prise en 1990 de fermer au public l'accès aux menhirs de Carnac pour éviter leur déchaussement par le passage répété des visiteurs, nous avons introduit des moutons pour assurer un entretien naturel. Car il n'était bien sûr pas question d'y passer un tracteur, raconte Antoine Lataste, administrateur de ces alignements mégalithiques. Aujourd'hui nous avons un troupeau d'une cinquantaine de têtes et nous avons décidé de donner au Conservatoire du littoral une partie des trente agneaux qui naissent chaque année. Cette espèce, dite Landes de Bretagne, est très rustique et solide. Elle est adaptée à la végétation de nos îles et demande peu de soins. »

Le retour de moutons sur l'île d'Ilur, qui en a compté jusqu'à 300 dans les années cinquante, pourrait être un atout supplémentaire pour les porteurs du futur parc naturel régional dans leur quête d'obtention de ce label. Une première fois rejeté par la commission nationale, leur dossier a été représenté à la fin du printemps. « La décision doit tomber début septembre. Nous sommes confiants, maintenant que l'on a revu notre copie. On l'a axé sur une meilleure maîtrise de l'urbanisation parce que nous ne voulons pas mettre ce territoire sous cloche », assure Joël Labbé. Car la difficulté majeure est bien là : ce parc naturel serait le premier en France à voir le jour dans un environnement urbanisé et en plein développement démographique.


Patrick CERTAIN.