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pacemaker91

À Cachan, la mort des pigeons par explosion

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http://www.charliehebdo.fr/index.php?id=900

Vendredi 11 septembre dernier, à la suite d'une capture ordonnée par la Ville de Cachan (94) trois jours auparavant, dans laquelle quelque 200 pigeons ont été piégés, des militants de la SNDA (Société nationale pour la défense des animaux), de la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux) et de la SPOV (Société protectrice des oiseaux des villes), répondant à l’appel de Stéphane Lamart, président de l’association «Pour la défense des droits des animaux», se sont rassemblés devant la mairie afin de protester, et dans l’espoir qu’une délégation soit reçue. En 2004 déjà, l’association était intervenue auprès du maire, Jean-Yves Le Bouillonnec, député PS du Val-de-Marne, pour empêcher une capture de pigeons. La mairie semblait, depuis, avoir renoncé à ces méthodes barbares consistant à tuer les pigeons, emprisonnés dans des caissons à vide, d’une façon particulièrement horrible et douloureuse: par décompression explosive. Cinq ans plus tard, aucune avancée: la cruauté est toujours employée. Entretien avec Stéphane Lamart, qui témoigne. Charlie Hebdo : Quelle est l’origine de votre intervention ? Stéphane Lamart : Mardi 8 septembre, un protecteur m’a annoncé par téléphone qu'il venait d'avoir une violente altercation avec le personnel de la société de capture (bien connue de toutes les associations et de tous les protecteurs d'animaux, mais dont je ne souhaite pas citer le nom afin d’éviter de lui faire de la pub). De nombreux appels sont parvenus au standard de l'association, tous me suppliant de faire quelque chose pour empêcher ces pratiques. Les noms d'oiseaux fusent, la colère a pris le dessus. Ce protecteur a été projeté au sol en tentant d'empêcher les oiseaux de se faire prendre sous les filets. Sa tête est passée à quelques centimètres d'un objet métallique qui l'aurait sans doute assommé ou gravement blessé. Résultat : cinq jours d'arrêt de travail. Les oiseaux n'ont pas pu être sauvés. Ce qui est insupportable, c'est que nous devons lutter contre des employés qui ne tiennent absolument pas compte de l'exaspération des citoyens. Pour remplir le contrat qu'ils ont avec les mairies, ils piègent les oiseaux comme des robots, sans aucune pitié, là, sous nos yeux, et nous devrions assister à ce massacre sans broncher. Je me bats pour informer les gens de la manière avec laquelle les oiseaux sont d'abord capturés, entassés comme des objets dans les caisses de transport avant de finir leur vie dans d'horribles souffrances au fond du caisson. Nous avons alors décidé d’une action de protestation, que nous avons fixée au vendredi 11. En quoi a-t-elle consisté ? Encadrés par un service d'ordre musclé, une trentaine de protecteurs ont répandu des plumes de pigeon sur des posters représentant ces oiseaux en déversant du faux sang sur le trottoir et en protestant énergiquement contre les captures. Le député-maire de la ville n'a pas daigné recevoir notre délégation, et c'est le bureau des services de l'hygiène qui nous a annoncé que l'installation d'un pigeonnier n'était pas une priorité pour le moment. Combien de pigeons sont-ils tués chaque année ? Ces oiseaux sont considérés comme gibier à plumes... On ignore le nombre exact de bêtes tuées ainsi en France par an, mais pas seulement des pigeons. Quelques dizaines de millions de cailles, certainement, et peut-être aussi quelques millions de pigeons de ville, voire des faisans, perdrix, canards colverts et autre gibier d'élevage à plumes. Cette méthode d'abattage des animaux a été mise au point dans les années 1950 à la suite des recherches effectuées sur les effets physiologiques provoqués par la décompression accidentelle des avions. Elle a été abandonnée dans les pays anglo-saxons, car il a été démontré qu'elle faisait souffrir les animaux. Comment fonctionnent exactement ces caissons à vide ? Les oiseaux sont enfermés dans un caisson étanche, puis une pompe puissante fait le vide (comme à 12 000 ou 16 000 m d'altitude) en moins de 5 secondes. Par les effets physiologiques de cette décompression explosive, les animaux meurent après une agonie de 30 secondes à 2 minutes. Mais beaucoup d'appareils utilisés sont vieux, bricolés et rafistolés : s’ensuit alors une agonie qui peut durer plus de 2 minutes. Les oiseaux possèdent des cavités remplies d'air, un peu comme les vessies natatoires des poissons. Quand l'oiseau, placé en conteneur étanche, subit cette décompression hyper-rapide, les gaz emprisonnés dans ces cavités se détendent en raison de la sous-pression extérieure, une sorte d'explosion... Nous pouvons imaginer la souffrance des oiseaux encore conscients. Quelles solutions pour éviter la prolifération et bannir ainsi toute cruauté ? À Paris, Bertrand Delanoë (un autre PS… comme quoi !) encourage les pigeonniers. Notre association tente de convaincre les mairies d'en installer. Beaucoup de villes ont déjà adopté cette méthode, qui semble répondre au problème de la surpopulation des pigeons, puisqu'il devient alors possible de contrôler les naissances. Bien sûr, il faut considérer l'aspect financier, l'entretien du pigeonnier et la partie technique, mais il faut également prendre en compte une valeur difficilement négociable : le respect de la vie. Or que voulez-vous que je dise à un maire qui va décrocher son fusil le dimanche pour aller dégommer des perdrix avec ses potes les chasseurs ? Parlez-lui de la protection du pigeon... Non, je crois en la mobilisation de nos concitoyens contre la violence que nous, les humains, nous exerçons à l'encontre des animaux. Une mobilisation pour faire pression sur nos responsables. D'ailleurs, une étude a démontré que la plupart des dispositions prises en faveur des animaux l’ont été grâce à la pression qu'exercent les associations sur nos dirigeants, à la suite, notamment, de pétitions. Je croyais que l’emploi du caisson avait été interdit, une des rares bonnes décisions prises lors du Grenelle de l’environnement… Révolté une fois de plus contre tout ce système de meurtre organisé, j'ai aussitôt appelé le ministère de l'Agriculture après l'histoire de Cachan. Il faut savoir que nous avons obtenu que soit pris un décret qui interdit l'emploi du caisson, et qui devrait être appliqué, mais voici qu'un autre problème est soulevé par nos dirigeants : l'encadrement légal du pigeon. Au ministère, la personne habilitée à valider tel ou tel système d'élimination des animaux m'explique que le vide juridique qui engloutit nos pigeons dans un flou absolu empêche de définir leur statut : doivent-ils être considérés domestiques, sauvages, nuisibles ? Du coup, la loi piétine depuis des années, rien n'est prévu pour sa protection et le décret roupille au fond d'un tiroir. Pour moi, la solution est simple : quel que soit l'animal, fût-il le plus « nuisible », aucun outil, aucun piège, aucune machine, aucun caisson ne doit être toléré s'il engendre la moindre souffrance. Franchement, je ne parviens pas à comprendre que cette réaction ne soit pas unanime. Dans quel monde sommes-nous pour permettre à la souffrance animale de s'installer comme elle le fait au cœur de notre société en toute impunité ? Nous sommes des barbares, qui massacrons des millions d'animaux chaque jour dans le monde, pour que nos assiettes soient garnies de bouts de cadavres sanguinolents. Pour notre petit confort, notre hygiénisme, notre suprématie. C’est juste à vomir, conclut Stéphane Lamart. Sur place, une habitante de Cachan, adhérente et militante à la SPOV : « Les impôts locaux et fonciers sont exorbitants, je crois qu’ils sont les plus chers du Val-de-Marne : je paie près de 3 500 euros en tout par an, une vraie pigeonne ! » Combien ça coûte, un pigeonnier, Monsieur le Maire ? • www.associationstephanelamart.com • Pour aider les associations : adhérez ! Propos recueillis par Luce Lapin lucelapin@charliehebdo.fr 13 septembre 2009

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