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Loup : Retour progressif et contrôlé en Europe de l'Ouest

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Retour progressif et contrôlé en Europe de l'Ouest




Il y aurait actuellement près de 200 animaux sur le territoire français.


«Il doit y avoir aujourd'hui près de 200 loups en France», affirme Éric Marboutin, coordinateur des études loup et lynx au sein de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). Quelques meutes sont implantées dans les Alpes et la présence permanente d'individus isolés est avérée dans le Massif central, les Pyrénées et, plus récemment, dans les Vosges et le Jura. Mais peu de vacanciers auront la chance d'en voir car l'animal est extrêmement discret, quasiment invisible. Des attaques de troupeaux sont parfois signalées mais pas toujours authentifiées car elles peuvent aussi être le fait de chiens errants.

Depuis l'arrivée des premiers mâles venus d'Italie au début des années 1990, la progression du loup est constante dans notre pays. Capable de parcourir une trentaine de kilomètres en une seule journée, il occupe un vaste territoire, d'une centaine de kilomètres carrés. «On ne peut pas prédire quelles régions l'espèce va encore coloniser à l'avenir, souligne Olivier Gimenez, du Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive (Montpellier). Le loup est très opportuniste et capable de modifier son régime alimentaire selon les disponibilités.»

Actuellement, la totalité des animaux présents en France sont de souche italienne, issus d'un petit groupe qui avait échappé à l'éradication et subsistait encore dans les Apennins à la fin des années 1970. «On devrait assister dans les prochaines années à l'arrivée de loups originaires d'Europe de l'Est et des Balkans», assure Luca Fumagalli, de l'Institut d'écologie de Lausanne (Suisse). Il a mis en place et coordonne un protocole d'identification génétique de l'espèce commun à la France, l'Italie et la Suisse. Son évolution doit en effet être suivie à l'échelle européenne et non pas nationale, estime le chercheur suisse. À terme, l'espèce pourrait avoir le profil génétique retrouvé sur les spécimens naturalisés au XIXe siècle et conservés dans plusieurs musées.
Photo VALERY HACHE/AFP
Des loups du parc national du Mercantour, dans les Alpes-Maritimes.


Le retour du loup dans notre pays est étroitement contrôlé. D'une part, parce que l'espèce est emblématique, protégée par la convention de Berne et la directive européenne habitat, faune, flore. Et aussi parce que sa présence est parfois violemment contestée pas certains éleveurs qui craignent pour la survie de leur troupeau et leur métier.


La gestion de l'espèce est donc une affaire très politique. Les éleveurs sont indemnisés en cas de prédation. Par exemple, des fonds sont attribués pour l'acquisition de chiens de troupeau et de clôtures antiloup. Des tirs de défense et de prélèvement peuvent même être autorisés par les préfets si la pression des éleveurs est trop forte. Or, toutes ces décisions sont censées s'appuyer sur des données scientifiques.

Le réseau loup (1200 bénévoles cette année) collecte des crottes, des poils, de l'urine conservé dans la neige, des traces de sang. Ces échantillons sont transmis au laboratoire d'écologie alpine (Grenoble). «Nous réalisons 600 à 700 analyses génétiques par an pour un montant allant de 40 € pour les plus simples à 300 €» , rapporte Christian Miquel.

Ces analyses sont ensuite communiquées au laboratoire de Montpellier qui, à l'aide de modèles, s'efforce d'évaluer le nombre de loups sur le territoire français. La marge d'erreur est évidemment assez grande (+ ou - 50 sur 200 loups) car plusieurs individus échappent à la vigilance des membres du réseau. Ceux-ci sont surtout actifs en hiver quand les traces sont visibles sur la neige et au mois d'août quand ils effectuent ce qu'on appelle le «hurlement provoqué» qui permet de comptabiliser les jeunes de l'année grâce à leur réponse qui se distingue facilement de celle des adultes.

On aurait tort toutefois de limiter le rôle des scientifiques au comptage. «Nous avons aussi des modèles de gestion. Nous savons par exemple que tirer un mâle dominant n'a pas du tout le même impact sur la meute qu'un dominé», explique Olivier Gimenez.

...Le Figaro 11/07/2011

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