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L'imperméabilisation des sols progresse inexorablement en Europe

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L'imperméabilisation des sols progresse inexorablement en Europe

L'imperméabilisation des sols continue sa progression dans l'Union Européenne compromettant de manière irréversible la fourniture des écosystémes indispensables.

Un sol est dit imperméabilisé, artificialisé ou minéralisé lorsqu'il est recouvert d'un matériau imperméable tel que l'asphalte ou le béton. Chaque année, en Europe, des sols représentant une superficie plus vaste que la ville de Berlin sont perdus en raison de l'expansion urbaine et de la construction d'infrastructures de transport.

En France, d'après le Service de l'Observation et des Statistiques (SOeS) du Ministère du Développement Durable, les espaces artificialisés représentent 9,4 % du territoire en 2008, soit 5,1 millions d'hectares. D'après l'enquête Teruti-Lucas, 16 % de ces surfaces correspondent à des sols bâtis (maisons, immeubles...), 44 % à des sols revêtus ou stabilisés (routes, parkings...) et 40 % à d'autres espaces artificialisés (jardins, chantiers...). Ces espaces s'accroissent d'environ 60 000 hectares par an depuis 1993, principalement aux dépens des terres agricoles, mais aussi des milieux semi-naturels : 90 % des sols artificialisés entre 2000 et 2006 proviennent de zones agricoles.

Ce sont les régions déjà très urbanisées comme l'Alsace, l'Ile-de-France et le Nord – Pas-de-Calais, qui ont connu la plus grande disparition des terres agricoles, ainsi que les Pays de la Loire, Rhône-Alpes et le littoral méditerranéen (Languedoc-Roussillon, Paca).

...En Ile-de-France, l'imperméabilisation des sols s'intensifie davantage chaque année. Selon l'IAU-idf, plus de 21% des sols sont déjà artificialisés, tandis que les forêts et cultures régressent (- 1 point entre 2003 et 2008). Cette tendance ne devrait pas s'inverser.

... Dans l'Union européenne, entre 1990 et 2000, au moins 275 hectares de sols ont été perdus chaque jour, soit 1 000 km2 par an.

... D'après un nouveau rapport publié fin mai 2011 par la Commission européenne cette tendance s'est ralentie et a été ramenée à 252 hectares par jour au cours de ces dernières années, mais le rythme de consommation des terres demeure préoccupant. ... C'est en Irlande, à Chypre et en Espagne que cette augmentation a été la plus marquée (respectivement 14 %, 14 % et 15 %).

... L'imperméabilisation des sols engendre de graves conséquences environnementales : Elle favorise le ruissellement de l'eau le long des pentes au détriment de son infiltration, l'érosion des sols, les coulées d'eau boueuse et le risque d'inondation, comme en témoignent de nombreuses catastrophes naturelles exacerbées par l'absence de couvert végétal protecteur.

De plus, la concentration du ruissellement intensifie le transfert de sédiments chargés de contaminants des sols vers les cours d'eau (engrais azotés ou phosphatés, hydrocarbures, métaux lourds, produits phytosanitaires). L'artificialisation des sols peut aussi provoquer un destockage de carbone rapide et conséquent, qui contribue au changement climatique lorsque le sol n'est pas très vite couvert (végétation, revêtement).

Elle fragmente (découpe) les habitats naturels, les écosystèmes et les paysages, affectant fortement la biodiversité. Ce phénomène est particulièrement visible dans les zones d'extension périurbaine, où la construction de logements individuels de plus en plus éloignés des centres historiques urbains est extrêmement consommatrice en sols cultivés. Enfin, l'imperméabilisation des sols contribue fortement à l'îlot de chaleur urbain qui ne permet pas aux villes de se rafraîchir suffisamment la nuit.

Or, l'imperméabilisation des sols est le plus souvent irréversible et particulièrement dommageable pour les sols à grande valeur agronomique : le potentiel de production alimentaire y est perdu à jamais. Le Centre commun de recherche de la Commission européenne estime que quatre millions de tonnes de blé sont perdues chaque année du fait de l'artificialisation des sols.

M. Janez Potočnik, membre de la Commission européenne chargé de l'environnement, a déclaré : "Certains des services fondamentaux liés aux écosystèmes sont tributaires de la qualité des sols, sans lelsquels, la vie sur notre planète serait menacée d'extinction. Nous ne pouvons pas laisser l'imperméabilisation des sols se poursuivre.

Pour faire face au problème de l'imperméabilisation des sols, le rapport de la Commission propose une approche en trois volets.

- limitation de la progression de l'imperméabilisation des sols par une amélioration de l'aménagement du territoire ou le réexamen des subventions «négatives» qui encouragent indirectement l'imperméabilisation des sols ;
- mise en œuvre de mesures d'atténuation afin de limiter les dommages lorsque l'imperméabilisation des sols ne peut être évitée. Il s'agit par exemple de recourir à des revêtements perméables au lieu de l'asphalte ou du ciment classiques, ou de prévoir des toitures végétales ;

- mise en place de mesures de compensation permettant de compenser partiellement les pertes de sols dans une zone par d'autres mesures réalisées ailleurs. Ces mesures peuvent se présenter sous la forme de paiements, comme dans la République tchèque et en Slovaquie, ou d'actions de remise en état de sols déjà imperméabilisés. Des exemples de bonnes pratiques ont notamment été observés à Dresde et à Vienne.


... la Commission a présenté en 2006, avec le soutien du Parlement européen, une proposition de directive-cadre sur les sols. La proposition est toutefois bloquée au Conseil en raison de l'opposition de certains États membres.

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Un partenariat mondial contre la dégradation des sols


Le directeur général de la FAO Jacques Diouf a mis en garde mercredi à Rome contre la dégradation des terres qui menace la sécurité alimentaire de la planète, à l'occasion du lancement du Partenariat mondial sur les sols.

"Le sol est une composante essentielle des systèmes de production et des écosystèmes terrestres. Cependant, il est aussi une ressource fragile et non renouvelable", a souligné M. Diouf, lors de son discours d'ouverture d'une conférence de trois jours pour lancer ce nouveau partenariat.

Ce dernier, destiné à être le pendant du Partenariat mondial pour l'eau lancé en 1996, a pour nom complet "partenariat mondial sur les sols pour la sécurité alimentaire et l'adaptation au changement climatique et l'atténuation de ses effets".

Le sol "est très facilement soumis à la dégradation et sa régénération est lente, difficile et coûteuse", a aussi averti M. Diouf, qui a invité à redoubler d'efforts pour garantir des sols sains et fertiles au profit des générations actuelles et futures.

Selon la FAO, rien qu'en Afrique, 6,3 millions d'hectares de terres agricoles dégradées ont perdu leur fertilité et doivent être régénérées pour satisfaire la demande de nourriture d'une population appelée à plus que doubler au cours des 40 prochaines années.

"En Afrique, l'exploitation des sols reste la principale ressource des populations", a rappelé de son côté le ministre nigérien de la Planification, Amadou Boubacar Cissé.

En 1982, la FAO avait déjà adopté une "Charte mondiale des sols" énonçant les principes de base et les directives de gestion durable et de protection des sols approuvés par les gouvernements et les organisations internationales.

"Il y a cependant un grand retard dans l'application de cette Charte par de nombreux pays et régions du monde. Sa mise en oeuvre doit être relancée au plus vite", avait déclaré M. Diouf.

Le Partenariat mondial sur les sols devrait contribuer non seulement à la mise en oeuvre des dispositions de cette Charte, mais aussi à renforcer la sensibilisation sur l'importance des sols pour la sécurité alimentaire et à motiver l'action des décideurs.

Le Partenariat a également pour vocation d'offrir un environnement propice et des solutions techniques de protection et de gestion des sols, et d'aider à mobiliser des ressources et compétences pour des activités et programmes conjoints.

La crise actuelle dans la Corne de l'Afrique est due aux politiques et pratiques inadéquates de gestion des sols et des eaux, qui s'ajoutent aux problèmes d'insécurité et de gouvernance, selon la FAO.

Sciences et Avenir 07/09/2011

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